Citations de Emanuele Coccia (16)
Intimità è il vero nome di quello che chiamiamo «coscienza» e «cura».
L’intimité est le vrai nom de ce que nous appelons « conscience » et « soin ».
Le premier fait qui permet au monde animal de se constituer est celui par lequel les plantes transforment notre planète. Leur existence est ipso facto cosmogonique : les plantes fondent le monde et ne se contentent pas de l'habiter.
Vivre est essentiellement vivre de la vie d’autrui : vivre dans et à travers la vie que d’autres ont su construire ou inventer. Il y a une sorte de parasitisme, de cannibalisme universel, propre au domaine du vivant. (Page 19)
Toute lecture…est comparable à une prise de LSD ou à une session d’ayahuasca. Les mots sont de la poudre blanche ou une boisson à la saveur désagréable. Mais gorgée après gorgée, quelque chose apparaît devant nous, quelque chose qui n’a rien à voir avec notre corps ou avec le monde qui l’entoure. Avec une différence décisive : grâce à cette substance , nous pouvons dompter les visions, les induire de nous-mêmes et, surtout, les reproduire à volonté. (Page 115)
Respirer signifie savourer le monde. Et le monde est pour tout être vivant et pour tout objet ce qui se donne à travers et grâce au souffle. Le monde à la saveur du souffle. Si tout esprit fait monde, c’est parce que tout acte de respiration n’est pas la simple survivance de l’animal qui est en nous, mais la forme et la consistance du monde dont nous sommes la pulsation. (Page 96)
Le souffle est la première activité de tout vivant supérieur, la seule qui peut prétendre se confondre avec l’être. C’est le seul travail qui ne nous fatigue pas, le seul mouvement qui n’a pas d’autre fin que lui-même. Notre vie commence avec un (premier) souffle et se terminera avec un (dernier) souffle. Vivre c’est : respirer et embrasser en son propre souffle toute la matière du monde. (Page 74)
Grâce aux fleurs, la vie végétale devient le lieu d’une explosion
inédite de couleurs et de formes, et de conquête du domaine des
apparences.
[…]
Les formes et les apparences ne doivent pas communiquer du sens
ou du contenu, elles doivent mettre en communication des êtres dif-
férents.
La raison est une fleur.
[…]
La fleur est la forme paradigmatique de la rationalité : penser,
c’est toujours s’investir dans la sphère des apparences, non
pour en exprimer une intériorité cachée, ni pour parler, dire
quelque chose, mais pour mettre en communication des êtres
différents.
ce n'est que parce que nous avons fait de notre personnalité et de notre nature purement humaine un fétiche -un objet de foi absolue- que nous considérons la mort comme un événement absolu.la fin de notre vie n'est jamais la fin de la vie :tout "cadavre" est la transformation,la métamorphose de la vie qui change d'espèce ,de forme , de mode d'existence.
Un vêtement est une maison retournée en une vitrine qui donne à voir son contenu hors de ses frontières, et une maison est un habit qui s’est élargi au point de devenir une armoire psychique couvant toutes les transformations de celui qui le porte.
La naissance et la mort,par exemple, sont là pour permettre à chacun d'être un arche:naître signifie toujours s'installer dans la vie d'un autre corps ,en être véhiculé pendant neuf mois,pour ensuite se faire le véhicule ,l'arche de son identité génétique ,de son souffle,de son souvenir pendant le reste de la vie.
Chaque fois que nous ingérons un être vivant,qu'il soit végétal ou animal ,nous sommes à la fois le lieu ,le sujet et l'objet de la métamorphose .Chaque fois que nous mangeons ,nous nous transformons en cocon dans lequel une autre forme de vie (un poulet, une seiche,un porc,une pomme,une asperge,un champignon) devient humaine.
Notre corps n'est que l'archive de ce que le soleil offre à la terre.
La maison correspond à une auto domestication de nous-mêmes pour nous adapter au monde dans lequel nous vivons, et inversement, à la domestication du monde pour le transformer en un vêtement, un costume qui adhèrerait à nous jusqu’à se confondre avec notre anatomie et notre image.
La maison contemporaine est une sorte de caverne platonicienne, la ruine morale d'une humanité archéologique.
Faire de la Terre un corps céleste, c'est rendre à nouveau contingent le fait qu'elle représente notre habitat. Elle n'est pas habitable par définition, ainsi que la plupart des astres.
L'origine de notre monde n'est pas un événement, infiniment distant dans le temps et dans l'espace, à des millions d'années lumières de nous-elle ne se trouve pas non plus dans un espace dont nous avons plus aucune trace. L'origine du monde est saisonnière, rythmique, caduque comme tout ce qui existe. Ni substance ni fondement, elle n'est pas plus dans le sol que dans le ciel ; mais à mi-distance entre l'un et l'autre. Notre existence n'est pas en nous, - mais en dehors, en plein air. Elle n'est pas quelque chose de stable ou d'ancestrale, un astre aux dimensions démesurées, un dieu, un titan. Elle n'est pas unique. L'origine de notre montre ce sont les feuilles : fragiles, vulnérables et pourtant capables de revenir revivre après avoir traversé la mauvaise saison.