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Vous connaissez Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Arsène Lupin ou Maigret, vous connaissez leur auteur...Mais connaissez-vous l'inventeur du roman policier de langue française ?
« L'affaire Lerouge », d'Emile Gaboriau c'est à lire en poche dans la collection le Masque.
- [...] Les beaux crimes deviennent rares. La race force des scélérats sans peur fait place à la tourbe de nos filous vulgaires. Les quelques coquins qui font parler d'eux de loin en loin sont aussi bêtes que lâches. Ils signent leur crime et on soin de laisser traîner leur carte de visite. Il n'y a nul mérite à les pincer. Le coup constaté, on n'a qu'à aller les arrêter tout droit.
Le jeudi 6 mars, le surlendemain du mardi gras, cinq femmes du village de la Jonchère se présentaient au bureau de police de Bougival.
Elles racontaient que depuis deux jours personne n'avait aperçu une de leurs voisines, la veuve Lerouge, qui habitait seule une maisonnette isolée.
A plusieurs reprises, elles avaient frappé en vain.
Les fenêtres comme la porte étant exactement fermées, il avait été impossible de jeter un coup d'oeil à l'intérieur. Ce silence, cette disparition, les inquiétaient.
Redoutant un crime ou tout au moins un accident, elles demandaient que la "Justice" voulût bien, pour les rassurer, forcer la porte et pénétrer dans la maison......
Il oubliait le mot du duc illustre qui disait : « Je paye mes valets pour être insolents afin de m’épargner le ridicule et l’ennui de l’être. »

Tout en parlant, elle attachait des regards enflammés à une mauvaise photographie suspendue au mur et qui représentait un affreux garnement à l’œil louche, à la bouche grimaçante à peine ombragée d’une légère moustache, portant des mèches de cheveux bien collées aux tempes. C’était là Polyte.
[…..]
C’était bien, de la tête aux pieds, de la casquette de toile cirée aux pantoufles de tapisserie à dessins voyants, c’était bien l’homme du portrait que la pauvre Toinon-la-Vertu enveloppait de ses regards passionnés.
Seulement, le portrait était flatté.
La photographie n’avait pu fixer l’expression de basse astuce de ce visage de coquin, l’impudence du sourire, la lâche férocité de l’œil fuyant. Elle n’avait pu rendre ni le teint flétri et plombé, ni le clignotement inquiétant des paupières, ni les lèvres minces, pincées sur des dents courtes et aiguës.
Du moins devait-il lui être difficile de surprendre son monde.
Le voir, c’était le juger à sa valeur.
Quelle homme songe d'ailleurs jamais à se mettre en garde contre la femme dont il est épris? Toujours Samson amoureux livrera, sans défense, sa chevelure aux ciseaux de Dalila.

Le 20 février 18..., un dimanche, qui se trouvait être le dimanche gras, sur les onze heures du soir, une ronde d'agents du service de la sûreté sortait du poste de police de l'ancienne barrière d'Italie.
La mission de cette ronde était d'explorer ce vaste quartier qui s'étend de la route de Fontainebleau à la Seine, depuis les boulevards extérieurs jusqu'aux fortifications.
Ces parages déserts avaient alors la fâcheuse réputation qu'ont aujourd'hui les carrières d'Amérique.
S'y aventurer de nuit était réputé si dangereux que les soldats des forts venus à Paris avec la permission du spectacle, avaient l'ordre de s'attendre à la barrière et de ne rentrer que par groupe de trois ou quatre.
C'est que les terrains vagues, encore nombreux, devenaient, passé minuit, le domaine de cette tourbe de misérables sans aveu et sans asile, qui redoutent jusqu'aux formalités sommaires des plus infimes garnis....
(extrait du premier chapitre du volume paru à "La bibliothèque mondiale" en 1954)
Miss Sarah Brandon est bien une des ces aventurières cosmopolites comme les cinq parties du monde nous en envoient depuis les progrès de la vapeur… Ni plus ni moins que les autres, elle est venue tendre à Paris son piège à imbéciles et à pièces de cent sous. Mais elle est d’une pâte plus fine et plus souple que les autres.
- Retenez bien ceci, vicomte : la puissance a été, est et sera toujours à qui possède la fortune, à plus forte raison à qui détient le sol. Les hommes de 93 ont bien compris cela (1793). En ruinant la noblesse, ils ont détruit son prestige bien plus sûrement qu'en abolissant les titres. Un prince à pied et sans laquais est un homme comme un autre. Le ministre de Juillet qui a dit aux bourgeois "Enrichissez-vous" n'était point un sot. Il leur donnait la formule magique du pouvoir. Les bourgeois ne l'ont pas compris, ils ont voulu aller trop vite, ils se sont lancés dans la spéculation. Ils sont riches aujourd'hui, mais de quoi ? de valeurs de Bourse, de titres de portefeuilles, de papiers, de chiffons enfin.
Après il s'habillait, et ça le menait jusqu'à deux heures, car il était coquet et soigneux de sa personne plus qu'une mariée.
Au milieu des ténèbres, la plus humble veilleuse brille comme un phare.