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Citations de Emilie Carles (55)


A qui profite le progrès ?
Pourquoi des journées de 8 heures ?
On pourrait supprimer le chômage en ne faisant que des journées de 4 à 5 heures et employer tout le monde. Apprendre à vivre très simplement : une table, quatre chaises, un lit, cela suffit à apprendre à profiter de nos loisirs, s'approcher le plus possible de la nature. Apprendre à lire, car lire c'est se fortifier l'esprit avec l'esprit des autres, s'imbiber le coeur de sentiments qui vous agrèent, c'est lutter avec un auteur suivant que nos idées ou nos sentiments s'accordent avec les siens ou s'en séparent.
Apprendre à vivre en sachant vivre et laisser vivre. Ne prendre dans la vie que les fleurs, des fleurs le parfum, laisser tomber cette religion qui a le plus d'adeptes, je parle de la religion de l'argent.
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C'est toujours étonnant de rencontrer dans les pays des hommes qui ne pensent pas comme les autres, ça l'est d'autant plus qu'ils sont rares...
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Depuis que j'étais petite fille, j'avais tellement désiré devenir maîtresse d'école que j'avais eu le temps de prendre conscience de l'importance de cette mission. A mes yeux les instituteurs sont responsables de toute la société. Ce sont eux qui ouvrent l'esprit aux gosses, qui leur montrent ce qui est bien et ce qui est mal. Cette responsabilité était maintenant la mienne et je devais en assumer les conséquences. Je me sentais suffisamment courageuse et patiente pour y parvenir, parce que, quand on a des gosses avec soi, il ne suffit pas de leur apprendre à lire, à écrire et à compter, il faut aussi leur apprendre à lire entre les lignes c'est-à-dire à réfléchir et à penser par eux-mêmes, et ça, ce n'est pas toujours facile. Ce qui est essentiel, c'est qu'un enfant dans une classe, n'importe lequel, se sente aimé et considéré, qu'il sente que le maître ou la maîtresse ne le prend pas pour un numéro ni pour un polichinelle, et que tout ce qu'on lui demande, c'est pour son bien. A partir de là bien des choses peuvent se passer, mais il faut de l'amour pour y parvenir. Sans amour il vaut mieux ne pas enseigner, il vaut mieux faire un autre métier. Pour moi c'était une vocation.

33 – [Le Livre de poche n° 5226, p. 133]
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Apprendre aux gosses à lire et à écrire est une grande chose, c'est important, mais ce n'est pas suffisant. J'avais toujours eu de l'école, de son rôle, et de celui du maître une idée plus élevée. A mes yeux c'est à l'école communale que les enfants prennent la mesure du monde et de la société, après, quels que soient leur métier, leur orientation, c'est trop tard, le pli est pris. S'il est bon tant mieux, mais s'il est mauvais il n'y a rien à faire.

Dans un pays arriéré comme ici, avec la vie que j'avais eue, ce qui me paraissait essentiel, c'était de leur ouvrir l'esprit à la vie, c'est-à-dire de faire éclater les barrières dans lesquelles, ils étaient enfermés, de leur faire comprendre que la terre était ronde, infinie et diverse et que chaque individu, qu'il soit blanc, noir ou jaune, a le droit – et le devoir – de penser, et de décider par lui-même. J'avais autant appris par la vie que par les études, c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais pu juger mes élèves uniquement sur le résultat de leurs devoirs, mais aussi sur la manière dont ils se comportaient dans la vie de tous les jours. Par exemple, je ne leur ai jamais caché que tous autant qu'ils étaient ils n'échapperaient pas à la réalité sociale et que, au bout du compte, ils devraient travailler pour gagner leur vie.

19 - [Le Livre de poche n° 5226, p. 275]
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J'ai déjà évoqué le respect que suscitait l'instituteur, cela était d'autant plus vrai que bien souvent il était le seul représentant de ce que bien humblement j'appelle la connaissance. C'est pour cela que les paysans venaient lui demander conseil. Il arrivait que cette connaissance suscite la méfiance et qu'une autre autorité s'oppose à celle du maître d'école, celle du curé par exemple. (Livre de poche n° 5226, 1977, p.119)
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Une amitié qui dure et ne vieillit pas c’est quelque chose d’extraordinaire.
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...je trouve inacceptable qu'un homme ne puisse travailler quand il veut. Comment parler de progrès ou d'humanité ?
Comment oser parler de Liberté, d'Egalité ou de Fraternité ? C'est du vent ! Tant qu'un homme ne peut choisir son métier, tout le reste c'est du vent ...
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Quant à mon père ce fut insupportable, avec tout l'amour que je lui dois, je peux le dire encore aujourd'hui, dans ce moment-là il fut atroce. Il ne voulait pas comprendre - ou bien il ne pouvait pas le supporter - que je pleure et que je sois malade à cause de la mort de ma petite fille. Il me dit : " Mais cesse de pleurer, c'est ridicule à la fin, cette petite ne fait faute à personne. " Des paroles comme celles-là étaient insupportables, je ne comprenais pas que mon père puisse dire des choses pareilles.
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… ici, les gens ne lisent rien, c'est ça le désastre. Mon père que j'adorais était de cette race-là, il n'avait jamais lu un livre de sa vie, ni un journal. Je me souviens, au moment de mon mariage c'est une des choses qu'il avait reproché à Jean, il avait dit comme l'ultime preuve de sa bonne foi : « Il lit trop », montrant ainsi où se trouvait sa méfiance et sa peur. Comment pourraient-ils penser par eux-mêmes après ça, ils ne sont pas avec un auteur ou contre, ni pour une idée, ni contre. En définitive ce manque, ça ne leur apprend qu'une chose, à se taire et à vivre dans un monde qui se tait, tout comme l'eau qui dort. Le moindre souffle, la moindre parole qui sort de l'ordinaire les fait fuir. C'était ça les paysans ici, et à peu de chose près c'est encore ça , car s'il y a eu ces changements c'est uniquement d'un point de vue matériel, pour le reste ils sont toujours les mêmes : la conversation, la participation, tout simplement être contre et le dire si on le pense, ça ils ne le connaissent pas. On peut dire que c'est l’Eglise qui est responsable de cet état d'esprit, elle a eu une emprise formidable sur les gens et elle les a marqués. Par la suite ce fut le patriarcat qui prit le relais, le père était le chef incontesté de la famille, on lui obéissait au doigt et à l'œil et le chef lui-même se pliait aux lois de l’Église et l'Etat. C'est vrai que les instituteurs sont tous fautifs de ce qui se passe dans les écoles, c'est eux qui ont la possibilité de changer la mentalité des gosses, de leur ouvrir l'horizon et de faire en sorte que le monde change.

20 - [Le Livre de poche n° 5226, p. 222]
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Les enfants, méfiez vous des beaux parleurs, méfiez-vous des politiques.
Efforcez-vousde juger par vous-même et surtout,
profitez des beautés de la vie.
Je me suis attaquée au patriarcat, à l'alcoolisme, au chauvinisme :
ils n'avaient fait que trop de ravages.
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… dès que j'ai su lire je me suis mise à dévorer les bouquins. Tout y passait… Il faut dire que dans un village comme le nôtre le choix était limité, mais j'avais toujours un livre dans les mains. Je lisais partout où je me trouvais, en me levant, dans la cuisine et pendant les récréations. J'avais un instituteur, ça le rendait malade de me voir lire pendant que les autres enfants jouaient, ça le mettait dans tous ses états. Il s'approchait de moi, il venait par-derrière et il m'arrachait mon le livre des mains disant : « Allez, va jouer avec les autres, t'as bien le temps de lire plus tard. » Moi je pleurais, je trépignais, je réclamais mon livre, il fallait que ce soit sa femme qui intervienne, elle était plus compréhensive, elle lui disait : « Mais rends-lui donc son livre, elle ne fait de mal à personne », et moi je disais : « Vous savez bien que je ne peux pas lire chez moi, il y a trop de chose à faire, il n'y a qu'ici que je suis tranquille. » Finalement il me le rendait et je me replongeais dans la lecture.

36 – [Le Livre de poche, n° 5226, p. 57-58]
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… mon père s'occupait de Marie (sa petite-fille). Je venais aussi souvent que cela m'était possible, mais pendant les mois d'hiver, avec la neige, c'était difficile. Je restais absente une semaine, parfois deux, et mon père seul avec cette fillette se débrouillait comme il pouvait. Par les temps froids la gosse portait une robe de laine, une grosse laine sèche et rêche comme une râpe, et lui ne voulait la déshabiller ni l'habiller, il la laissait comme ça, sans la changer pendant des semaines, avec la même robe, la même chemise, la même culotte et, quand je revenais, mon père me disait : « Je ne peux pas, je lui enlève ses chaussures, c'est tout ce que je peux faire. » Il y avait de la pudeur là-dessous, c'était un homme de l'ancien temps, et pour lui, une fille, fût-elle sa propre petite-fille âgée de trois ans, restait un domaine interdit. La nudité devait lui faire peur. Il appartenait à cette génération qui avait connu les longues chemises de chanvre que l'on ne quittait jamais, même entre époux, même au moment de faire l'amour… Un trou, « le pertuis », pratiqué à hauteur du bas-ventre permettait de procéder aux opérations nécessaires sans jamais dévoiler le corps. Je crois bien que mon père n'a jamais vu un corps de femme, et évidemment, celui de Marie lui faisait peur tout autant que n'importe quel autre.

22 – [Le Livre de poche, n° 5226, p. 150]
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Apprendre à lire, car lire c'est se fortifier l'esprit avec l'esprit des autres, s'imbiber le cœur de sentiments qui vous agréent, c'est lutter avec un auteur suivant que nos idées ou nos sentiments s'accordent avec les siens ou s'en séparent. Apprendre à vivre en sachant vivre et laisser vivre.

18 - [Le Livre de poche n° 5226, p. 316]
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Apprendre à lire car lire c’est se fortifier l’esprit avec l’esprit des autres, s’imbiber le cœur de sentiments qui vous agréent, c’est lutter avec un auteur suivant que nos idées ou nos sentiments s’accordent avec les siens ou s’en séparent.
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Les gens sont terribles, ils ne peuvent s’empêcher de prendre un malin plaisir à faire circuler les mauvaises nouvelles.
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A votre age, ce serait un crime de vous sacrifier pour votre famille,ce n'est pas en faisant abstraction de soi que l'on rend de vrais services...Imaginez le cadeau empoisonné que vous feriez à votre père si à la fin vous deviez lui dire:"J'ai sacrifié ma vie pour toi"...Quelle tristesse alors!
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En ce temps-là, il nous arrivait d'entendre encore des chansons dans le genre de celle-ci:
"A quoi bon quitter la chaumière
dit l'homme en les arrêtant
Depuis quand pour labourer la terre
A-t-on besoin d'être savant?
Que vous servira la science
Fera-t-elle mûrir les épis?
Elle fera germer l'espérance
Répondirent tous les petits."
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La méchanceté et la calomnie m’ont toujours fait très peur car on ne peut jamais en prévoir les limites.
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On vivait avec le jour et on mangeait tôt… Le soir après la soupe, les familles se réunissaient pour la veillée. Ces réunions se faisaient par affinité, chacun apportait sa chaise, son ouvrage, sa langue pour parler et ses oreilles pour écouter. Les veillées se tenaient dans l’étable… L’étable, c’était tout un monde. Dans un coin il y avait les vaches, dans un autre les moutons, plus loin le mulet. Outre l’odeur, la chaleur, on était éclairé par un unique quinquet suspendu au plafond. Il y régnait une atmosphère très particulière, les gens se regroupaient par catégories, les femmes dans un coin, qui n’arrêtaient jamais de faire aller leurs mains, tricotant, filant la laine, les hommes dans un autre qui fumaient la pipe et écoutaient, et les jeunes entre eux. On bavardait, on chantait de vieilles chansons que tous reprenaient en chœur et on racontait des histoires.
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Ce qui est le plus important pour un jeune c'est de choisir un métier qui lui plaise
et qu'il aime ; sinon, il devient un forcené, un escalve et un malheureux.
Je leur parlais toujours de la liberté qui ne devait pas être une liberté
abstraite et illusoire mais au contraire, une réalité pour chacun d'eux.
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