Emily Koch | On If I Die Before I Wake
Depuis que j'ai perdu l'usage de la parole, j'ai énormément à raconter.
Comme le dit l'adage, on est pas obligé de participer à toutes les disputes auxquelles on est invité.
Je me disais que je ne faisais pas une croix sur la vie. Pouvait-on continuer à parler de vie, dans mon état ? Je pouvais respirer par moi-même. Mon coeur battait. Mon cerveau fonctionnait. Mais je n'avais pas l'impression d'être vivant. Il me manquait, entre autres, un élément primordial, vital : qu'on s'aperçoive que j'existais.
"On ne laisse pas partir les gens qu'on aime. On se bat pour les garder. À eux de choisir s'ils veulent de nous ou pas." (p. 84)
Imaginez qu'on vous glisse des lames de rasoir dans la gorge comme si c'étaient de simples gouttes de miel.
La plus légère caresse sur mon visage m'apportait autant de satisfaction qu'un massage intégral dans mon ancienne vie.
Everyone thinks that behind my eyes there is darkness.
They think that when I wake up they will have to fill me in on months of lost time. They believed, of course, that I would wake up. At first. But after a year or so had passed – when I heard nurses discussing their New Year’s Eve plans for the second time since I’d been in this place – I knew. My family were turning. When they visited my hospital bed, I picked it up in their voices. Hope and determination were becoming weariness and doubt.
Hope For An End – whatever end – raced head-to-to-head with Hope For A Sign Of Life. Would the race have been run differently, if they’d known the truth about what happened when the starting gun was fired? Who knows? As it was, Hope For An End was edging it.
And who can blame them? I must look totally lifeless. I can’t talk, I can’t move. I can’t tell them that I hear every word they say.
My life as I knew it was stopped shortly after I turn twenty-seven. Now hours, days and months merge together into a trick of time, so all I know for sure is that I’ve been conscious for two Christmases- you can’t miss it when carol singers visit each bed on the ward – and I assume that makes the length of my imprisonment a couple of years so far. The words the doctors and nurses use include ‘coma’ and ‘vegetative state’. They have no idea that I am awake; no tests show them the activity in my brain that I’m desperate for them to see.
Comme le dit l'adage, on n'est pas obligé de participer à toutes les disputes auxquelles on est invité. Les derniers temps nous n'avions pas respecté cette règle. Tout donnait lieu à une discussion compliquée. Je ne me rappelais pas tous les détails - seulement mon agacement, une sensation d'épuisement et de tristesse.
J'avais pris conscience qu'en restant en vie , je gâchais la leur. C'est à ce moment-là que j'ai arrêté de me battre.
Quel temps de chien ! s’était exclamée Bea lorsqu’elle m’avait rendu visite, peu après Eleanor.
Elle s’interrompait sans cesse pour mastiquer bruyamment son chewing-gum - une habitude horripilante, mais elle prétendait que ça l’aidait à ne pas fumer trop de roulées.
Ça me fiche la trouille (mâche, mâche, mâche), on dirait un mauvais présage.
J’avais entendu un bruit de fermeture à glissière et senti une petite pluie de gouttelettes froides sur mon bras gauche. J’avais imaginé Bea en train de sortir maladroitement les bras des manches de son imperméable. Les gouttes m’avaient paru agréables - rafraîchissantes.
Regarde-moi ce ciel … Il fait presque nuit en plein jour. Ça fait surnaturel.
Son ton avait changé lorsqu’elle s’était détournée, peut-être pour contempler le ciel qu’elle me décrivait. C’était trop dur à supporter. La soif me tenaillait : ma gorge était sèche comme le désert. Avant qu Bea arrive, j’avais fantasmé sur une Corona bien fraîche avec un quartier de citron vert coincé dans le goulot.J’avais senté les bulles sur ma langue, l’amertume du fruit. Mais maintenant qu’elle me parlait de pluie, je m’étais vu en train de sortir de la chambre - de m’enfuir comme un voleur. Je fonçais dans les couloirs de l’hôpital, je débouchais sur le trottoir. Je levais la tête vers le ciel violet noirâtre et j’ouvrais la bouche en grand, la laissais se remplir d’eau avant d’avaler une grande gorgée. Ma chemise d’hôpital imbibée me collait à la peau, mais je ne m’en inquiétais pas. L’eau dégoulinait sur mon menton, mes joues, mon cou. Je contemplais le sol, où des flaques se formaient dans l’herbe bien verte un peu plus loin ; je m’en approchais pour y tremper les pieds.
Bea s’était penchée vers moi, m’avait soufflé une odeur de menthe sur le visage, avait remis en place les oreillers sous ma tête avant de me donner un baiser sur le front. J’avais encore décelé une trace de vanille sur elle. Un parfum qui évoquait un gâteau sortant du four, ou une des bougies hors de prix qu’elle faisait brûler dans notre chambre.
Pour qui tu t’es parfumée ?
J’ai perçu la douce pression de sa chair contre la mienne quand elle s’est assise à côté de moi.