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Citations de Emma Becker (222)


Emma Becker
J’aurais pu ne parler que de ce qui me faisait effectivement jouir. Mais je crois que j’ai toujours préféré bander. Ça dure plus longtemps. Les faits le prouvaient, le sexe c’était souvent décevant ; mais le désir, la montée sans fin des escaliers, on n’avait encore pas inventé de meilleure raison de se lever le matin.

(Revue Aventures N°1)
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J’en ai un peu ras le cul de faire le Gainsbourg de service. J’aimerais bien être la Jane Birkin de quelqu’un, pour une fois. C’est trop demander, putain, un type qui me regarde comme s’il n’avait jamais rien vu de plus beau ?
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Je veux parler de ce nid de femmes et de filles, de mères et d'épouses, se confortant toutes dans la conscience d'œuvrer aussi un peu, avec leur chair et leur infini patience, pour le bien des individus qui composent notre société. S'oubliant elles-mêmes par définition, transcendant leurs faiblesses et prêtant, pour quelques instants de joie, ce corps dont il a été décidé un jour, au nom d'un ciel aveugle et sourd, qu'il ne pouvait appartenir qu'à un homme ou au diable. Je veux parler de ces femmes qui font et défont, de leurs doigts délicats, la notion illusoire de sacré, ces êtres au-dessus de la femme, qui semblent n'exister qu'entre les murs d'un bordel.
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Avant, disent-ils, elle adorait le sexe. Avant, on passait des nuits entières à baiser. Avant, aucun de ses orifices ne m’était inconnu. Avant, elle me suçait. Avant.
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Bien sûr qu’il est moins dramatique de baiser contre de l’argent que de rester assis dans la rue à tendre la main.
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Ma vie n'est pas intéressante, ça n'est rien qu'une vie parmi des milliards d'autres, la différence, c'est que j'ai la présomption de penser qu'elle mérite d'être racontée. Ma raison d'être sur cette terre se résume toute entière à ce culot. Sans ça, je ne suis rien qu'une petite bonne femme percluse de doutes, et ces doutes sont la façon la plus agréable que j'aie trouvée de gagner ma croûte.
Mes histoires sont de la littérature parce qu'elles existent sous forme de papier, derrière une couverture sur laquelle il y a mon nom, ça donne l'impression que je sais de quoi je parle. C'est tout. Et la raison pour laquelle j'écris si lentement, c'est que je ne peux pas pondre une page sans devoir penser aux Grand Ecrivains Français et me souhaiter la confiance d'un homme blanc médiocre. Il faut que je m'en souvienne chaque fois que la tentation me prend de me dire que mes histoires n'intéressent personne d'autre que moi. Si on les laisse aimablement représenter le regard universel sur ce monde, pourquoi douterais-je une seconde de l'intérêt qu'ont mes histoires de fesses ? Pourquoi n'aurais-je pas le droit d'être aussi anodine, particulière et égoïste qu'eux ? Qu'est-ce qu'ils savent, eux, des empreintes qu'ils laissent dans nos mondes piétinés, pour en extraire la substantifique moelle ? Le prix de leurs incursions dans ma vie ? Si on les laisse cracher quatre cents pages sur le plaisir qu'ils prennent, sur la façon dont le contact des femmes les transforme, alors qu'on me laisse aussi parler du gâchis, des attentes, des grands emportements [...]
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Pour expliquer ce que je fuis en essayant de fuir Lenny (à part peut-être la sensation d'appartenance à quelqu'un, à un lieu), il faudrait que j'explique comment c'est d'essayer d'écrire des choses sur soi, des choses graves et intimes, prise en tenaille entre les cris du Petit et le regard du père, de supporter le pouvoir qu'on s'accorde sur votre corps et sur votre tête juste parce que vous vivez là et que vous ne pouvez pas y changer grand-chose, les demi-accords pour garder une bonne atmosphère, les dix minutes de levrette sur le canapé après avoir couché le Petit et avant de se coucher soi-même, la tête dans l'oreiller, à transformer sa haine en corvée, et entendre le sifflement de générations et de générations de femmes, comment on a fait, nous, comment on y a survécu, pourquoi ton statut d'écrivain te protègerait-il d'une vie de femme tout ce qu'il y a de plus banal, la bouffe, le ménage, les exigences sans fin, et quand la journée est finie, une autre journée commence, une demi-journée où il faut faire rentrer le boulot et la réplétion de l'homme puisque rien n'est gratuit ici-bas, tout a un prix, ton travail a un prix, ta tranquillité a un prix, et la tranquillité des femmes passe toujours par un de leurs trous, sur les trois il y en a forcément un que tu peux céder à moindre coût vers vingt-deux heures, presque morte de fatigue, et que tu aies dit "c'est fini entre nous" au fond n'importe pas, le fait est que tu vis encore ici, tu manges ici, il y a de l'argent que tu peux donner pour t'en acquitter et la marchandise que tu dois livrer ici chaque soir, que tu devrais livrer en tout cas, et les soirs où tu y échappes on ne manqueras pas de te le faire remarquer, regarde ma patience, mon indulgence, je sais que tu me voles mais tu me rembourseras à un autre moment, j'attendrai, chaque fois que tu passeras la porte les bras chargés de courses je serai là et j'attendrai mon heure, parce que mon heure vient toujours, et lorsqu'elle ne vient pas c'est là que je m'énerve, c'est là que je dis en frappant les murs qu'il faut que tu partes, ma vie est un enfer, tout est de ta faute, sans toi je me déteste mais tout pourrait s'arranger avec une pipe, avec une pipe j'oublie que rien ne va dans ma vie et j'oublie jusqu'à l'avoir dit, je ne le pensais pas, ce que je voulais dire par là c'est que j'aimerais que tu me suces, même si tu n'en as pas envie, tu as fait ça pendant trois ans contre de l'argent, tu n'as qu'à imaginer que tu te paies quelque chose en me prenant dans ta bouche, on pourrait dire que c'est un fantasme, mais si tu tires la gueule à cette idée je peux aussi te rappeler qui t'héberge ici.
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Il a fallu se taire. Depuis toujours. Ne pas prendre trop de place, ne pas penser trop fort, ne pas trop exister. Pas de "je". Il a fallu se taire, et dans ce silence-là nos désirs sont devenus fantômes. Comment savoir ce que l'on veut si l'on ne peut le prononcer à voix haute ? Comment connaître ses désirs si l'on n'est pas autorisés à les penser ? Comment les inventer sans les formuler ? Les vivre, dans le flou de soi-même ?
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… Peut-être que j'ai tout confondu depuis le début, peut-être que c'est eux qui ont raison, il faudrait ne rien en faire, ne rien espérer de plus que cette demi minute pendant laquelle c'est toujours l'été, où la peau tire sous les tissus légers, la nature est pleine d'endroits où on s'allongerait si cette minute était réelle. Parce qu'il n'est pas réel, ce rêve. Il n'existe pas, cet homme qui habite dans mon désir et dans le désir duquel j'habite … (p364)
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Peut-être est-ce le traitement que l'on réserve aux femmes de ma classe sociale ? Encore une considération que je me promettais de garder pour moi, mais maintenant que j'ai l'écume aux lèvres, comment résister à la touche de couleur qu'ajoute le mépris de classe au portrait de ce mythe qui se paraphrase ? ça me vient comme un renvoi, comme un éclat de rire. (p.333)
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- Non, je veux dire, qu'est-ce qui t'a donné l'envie de m'écrire ça, précisément ?
Vincent était coincé, ça l'ennuyait. Il aurait bien voulu faire rentrer tout le mail, cette phrase, et les embêtements qui s'ensuivaient - dont moi ici, chez lui -, dans le même panier de trucs à la con qu'il aurait fallu ne jamais entreprendre, je l'avais vu au mouvement avorté de sa main.
"Ah, tu veux dire ...?
- Oui, Pourquoi ça, en particulier ? avais-je répété, mortifiée derrière ma fausse curiosité de connaisseuse pour qui les mots importent plus que le fond.
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... Il sourit, et je souris aussi, tandis qu'une vague de tristesse immense s'enfle en moi comme un orage (p. 241)
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Une femme ou une pute, pour un homme qui se retrouve seul face à elles, ce sont les mêmes créatures mystérieuses au visage desquelles on voudrait bien accrocher un sourire.
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En fait, ce qui me tue dans ce boulot, c'est cette possibilité, en tant que femme, d'anéantir d'un seul coup cette fierté masculine qui s'enfle de tout et ne repose sur rien, et de s'en priver.
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"Tu sais, le pire, quand on a une femme, des enfants et une maîtresse, ce n'est pas d'être amoureux de quelqu'un avec qui on ne pourra jamais passer plus de deux heures d'affilée. Ce n'est pas que cet amour soit unilatéral ou condamné d'avance. Le pire, c'est de devoir rentrer chez soi en portant sur ses épaules un monde écroulé et de faire en sorte que ça ne se voie pas. Trouver la force, Dieu sait où, de sourire et d'être normal, alors qu'à chaque seconde de cette comédie, ce monde écroulé s'émiette encore, inlassablement. Le pire, c'est que ce soit possible. Et faisable. Et qu'on le fasse. Des jours, des semaines, des mois entiers, avec ce trou béant dans le coeur."
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ll faudrait vraiment être bête comme seuls les hommes peuvent l'être pour imaginer qu'une fille qui s'évapore est forcément dans une mauvaise passe - c'est le contraire. Elle était radieuse.
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Parce que cette queue a une manière de la remplir, de résonner en elle, qui la ferait tomber amoureuse si elle ne l'était déjà. Et ses cris sonneront comme une musique adorée qu'on écoute enfin au lieu de l'entendre en bruit de fond. Comme un morceau de Pink Floyd sur un sound-system adéquat, quelque chose de vrai, e puissant, qui donnerait presque envie de pleurer. Elle se demandera s'il le sent, s'il perçoit la sincérité ; mais comment le pourrait-il ? Ce sont les bruits de sa femme, il y a là-dedans quelque chose de primitif et d'immédiat, c'est sa femme qu'il n'a pas vue depuis longtemps. Et les bruits qu'elle fait, sa façon de s'abandonner, tout ça est bon et familier comme de rentrer chez soi après des mois d'errance. Peu importe combien de fois on baise avec d'autres, et peu importent les raisons, lorsqu'on le fait avec celui qui compte, c'est comme revenir au port. [...] peut-être que s'il ne sait rien de la Maison, ce n'est pas une tromperie parce ce qu'elle pensait à lui, tout le temps.
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Emma Becker
De l'auteur dans une interview sur France Culture:
"J'avais envie de vivre la prostitution et de vivre la tout puissance qu'une femme peut y avoir et qui la rend capable de mettre le monde entier à genoux"
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Je ne suis jamais qu'une parenthèse dans la vie de Monsieur, et aussi accaparante ou passionnante que puisse être une parenthèse, après tout ça n'est jamais qu'un minuscule insert au milieu d'un texte déjà dense, une technique ornementale à laquelle on a recours lorsqu'il est impossible d'ajouter une phrase en plus. Je ne suis qu'une parenthèse parmi d'autres, oubliées au fur et à mesure, tandis qu'Estelle reste, année après année, assise sur le même piédestal - et ça n'est pas une métaphore : il existe une photo prise durant l'anniversaire de leur troisième fils, où on la voit sautant dans les airs, assise sur une chaise portée par une dizaine de personnes. Parmi elles, invisible au premier coup d'oeil, Monsieur qu'on entend presque éclater de ce grand rire juvénile en la couvant d'un regard où explosent tout l'amour et toute l'admiration du monde. Je suis restée plusieurs minutes à les fixer tous les deux avec mon coeur qui hésitait à saigner, éblouie.
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Quelle genre de fin je peux créer, à partir d'une fin aussi piteuse ?
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