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Citations de Emmanuel Roblès (141)


La vie continuait au-delà de sa vie propre, puissante, inconsciente comme le cours d’un fleuve.
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« Syndicat » signifiait « renvoi ». C’était un mot dangereux. Et leur demi-misère valait mieux, pensaient-ils, que les jours sinistres d’avant. Beaucoup étaient fraîchement naturalisés et craignaient l’hostilité de ceux qui, du haut de leur faux-col, les appelaient métèques.
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Il y a commencement à tout.
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Camarades ! Si vous voulez améliorer vos salaires et vos conditions de travail ! Si vous voulez ne pas risquer d’être jetés sur le pavé au moindre prétexte, unissez-vous ! Créez un syndicat ! Unis, vous serez forts ! Unis, vous pourrez obtenir des revendications qui vous permettront de vivre avec dignité !
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Et le temps qui fuyait...
On est jeune d’abord, avec des jours nombreux devant soi comme du sable plein la main. Et puis, on s’aperçoit que le sable file entre les doigts, qu’il n’en reste guère... On s’étonne de se découvrir changé, usé, vieilli, avec le regret d’une existence gâchée et la hantise de la mort... Cette angoisse-là, chacun la ressent un jour.
Elle empoisonne la vie, elle la vide de sens. Elle met partout un « à quoi bon » désespéré. On essaie de l’oublier comme un malade s’acharne à oublier le mal qui le mine, – lent mais sûr.
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Comment peut-on vivre heureux, jouir de ta beauté du jour, de la douceur de l’air, de la grâce des promeneuses, du sourire de la lumière avec, pas à pas, la voix de ces misérables qui disent leur défaite, cette voix humble, basse, cassée, comme celle des mourants !...
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La colonie abîme le foie, voyez-vous ! Et le grand chic, c’est d’affirmer, en buvant du mascara ou du kébir impérial, qu’il n’y a de vrai que les vins d’Algérie et que les vins de France sont des piquettes en comparaison.
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Je me suis marié. J’étais heureux avec elle. Ma vie prenait un sens. Un gosse allait venir. Des rêves, des projets... Elle est morte en couches. Je suis retombé comme avant. Une existence sans but, sans rien à quoi s’accrocher. Et des jours qui passent bêtement tous pareils, avec la mort au bout... Ça m’a rendu fou...
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C’était tout ce passé misérable qui s’était inscrit en rides très fines au coin des paupières et sur le front. C’était le poids des jours de désespoir qui donnait à son masque quelque chose de grave, de dur, de tendu. Il ne savait plus rire. Il riait rarement, d’un rire silencieux, un peu inquiétant. Et il avait appris à se taire, à s’écouter vivre.
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C’était fini. Quelque chose était changé en lui. Il ne pouvait plus supporter cet horizon morne, ce désert d’eau, cette solitude, cette suite uniforme de jours dans cette prison flottante où tout rendait plus atroce son obsession de mort.
Il se rendit à Berlin.
Parce qu’il parlait plusieurs langues, il fut embauché comme chauffeur par un bureau de tourisme qui faisait visiter aux étrangers la capitale et organisait des excursions dans les environs. La prise du pouvoir par les nazis lui fit perdre sa place. Un Français... Il fallait chercher du travail ailleurs... Hambourg encore. Matelot de nouveau.
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Et cette nuit algérienne, douce, transparente et pailletée d’étoiles appelait les souvenirs : ses nuits pourries du Tonkin, lourdes, suintantes, avec l’appel sinistre des jonques fantômes sur le fleuve boueux ; ses nuits d’Allemagne, sereines et graves, vibrantes comme un gong de chœurs lointains, écrasant les faubourgs dans leur brouillard maudit ; ses nuits du Maroc, crissantes d’insectes, pesant à peine sur les terres calcinées, élargies soudain par les cris funèbres des hyènes en maraude...
Toute cette obscurité sur le monde comme un désespoir... Tant d’images, de souvenirs que le moteur semblait moudre à son rythme fantastique...
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Il se vengeait sur les parents. Tous les jours, comme une araignée aux aguets, il était à l’affût des potins et des médisances qu’il resservait ensuite avec des mines pudiques. Il n’avait pas son pareil pour envenimer les querelles, grossir les soupçons, attiser les haines et entretenir les rancunes. Tout cela avec des airs doucereux de ne pas y toucher.
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Croyez-vous au mauvais sort ,
Pas du tout... Les Napolitains m'ont appris à le repousser.
Et avec deux doigts, l'index et l'auriculaire, il fit le signe cornu de conjuration. Ensuite il raconta la mésaventure d'un de ses camarades, un Oranais d'origine espagnole, qui s'était introduit dans les sous-sols d'un couvent à la découverte de quelque butin.
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Le nazisme, le fascisme sont assurément liés à des circonstances précises de l'Histoire, et non réductibles à ce qu'il est convenu d'appeler si commodément le 'mal de la nature humaine'. Il est vrai, cependant, qu'en certaines conditions politiques et sociales, ils expriment une attitude toujours POSSIBLE des individus et des foules : dépouillée des mythes qui l'appuient, c'est seulement celle de la faiblesse intime, de la frustration et de l'humiliation. Il importe, comme il est fait [dans cette pièce], de ruiner aussitôt tant de fausses gloires et de fausses raisons. On l'a vu : la vérité d'Izquierdo est honteuse, et d'abord pour lui-même [...]. Inavouable aussi, d'homme à homme, la vérité du nazisme et de ses camps d'extermination, de ses haines convulsives. Inavouable, la vérité des répressions coloniales, des 'indigènes' bafoués, humiliés, torturés et massacrés dès qu'ils entendent se réclamer des droits de l'homme.
Alors il faut d'innombrables alibis, quantité de masques, d'étendards et d'éloquence et, même, un certain nombre de héros volontaires ou involontaires du côté des oppresseurs...

(postface de Georges-Albert Astres, p. 157)
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MONTSERRAT : Je ne parviens plus à me contenir. J’étouffe depuis que je suis ici. Vous, mon Père n'êtes vous point révolté par ces persécutions, ces massacres, ces pillages, ces violences ? Vous qui approuvez cette levée de tout notre peuple en Espagne contre les mercenaires de Bonaparte, comment pouvez-vous condamner ces hommes qui, sur leur propre sol, veulent se battre pour être libres et vivre comme des hommes ? Avant-hier, encore, des soldats du bataillon d'Alora ont voulu enlever des jeunes filles indigènes au village de Totulas. Ils se sont heurtés à la résistance de toute la population qu'ils ont attaqué sauvagement et dont ils ont incendié les chaumières... En Espagne, les Français sont nos oppresseurs cent fois haïs. Et ici, sur cette terre neuve, ce sont les soldats espagnols qui maintiennent tout un peuple dans un noir esclavage.
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MONTSERRAT : Je veux voir le général. Son Excellence me fera fusiller pour avoir trahi, pour avoir préféré la cause des hommes que nous opprimons à la fidélité au Roi. Il me fera fusiller pour tout ce qu'il voudra. Ça m'est égal. Je consens à mourir en traître. Je suis un traître dans ce camp, je l'avoue. Et c'est parce que je suis un homme. Parce que j'ai des sentiments d'homme ! Que je ne suis pas une machine à tuer, une machine aveugle et cruelle !...
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Jusque-là j'avais cru que le pire était de n'être pas accepté par les autres et je commençais à concevoir que le vrai malheur, peut-être, était de ne pas s'accepter soi-même.
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Je comprenais que j'avais atteint le fond d'une impasse mais avec l'intuition qu'il existait quelque chose au delà, quelque chose que mon esprit peu à peu finirait par pénétrer. En somme, j'apprenais à vivre, c'est à dire à reconnaître les limites de ce monde et les ressources dont je disposais pour remplacer ce Dieu qui était mort en moi.
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Toute ma vie je devrais subir cet encerclement, faire face comme le grand cerf, mais sans espoir, avec, pour seul refuge, cette fierté des vaincus qui n'ont pas mérité leur défaite.
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Chaque jour le monde réel lézardait un peu plus les murailles de mon utopie.
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