Imaginez-vous recevoir un jour un papa (presque) parfait à la maison ! Il range, fait le ménage et la cuisine, joue avec les enfants, va les chercher à l’école, connaît tous les noms des Pokémon, s’occupe du jardin, rend service aux voisins… c’est ce qui arrive à Gabin et Clémence. Emmanuelle Rey s’amuse dans ce roman jeunesse à faire une critique de la perfection parentale, à s’en questionner et nous montrer que plusieurs modèles peuvent exister.
J’avais adoré le précédent roman d’Emmanuelle Rey « l’incroyable évasion de Marguerite Chèvrefeuille ». Je reconnais être une adepte de son humour et de son imagination. “Un papa (presque) parfait” ne fait pas exception (le wagon pendant mon trajet en train aura eu droit à quelques rires.) Celui-ci m’a beaucoup plu pour son développement de la figure parentale appelée à être parfaite et pour cette famille très attachante.
Une famille atypique, certes, mais attachante
Emmanuelle Rey sait, en quelques pages, nous plonger dans son roman et nous présenter ses personnages. Nous prenons plaisir à suivre les aventures de Clémence et Gabin. Ils sont jumeaux mais sont, au final, très différents. Ils réagissent assez bien à la présence de ce papa (presque) parfait. Eux qui n’ont jamais eu de papa, c’est l’occasion d’expérimenter.
Ce qui est bien c’est qu’à aucun moment l’autrice nous laisse supposer que cette famille monoparentale manque d’un homme dans la famille. Ce papa devient avant tout un compagnon pour tous. Ne cherchez pas un discours qui explique comment une famille doit être composée. Chez eux la maman a décidé d’avoir des enfants seules. Et elle prend, au début, assez mal la venue de cet homme.
Pourquoi ? Parce qu’elle n’a absolument pas fait la demande d’avoir un parent parfait avec elle ! Tout simplement.
L’injonction à être un parent parfait (un papa (presque) parfait)
Sous couvert d’une aventure, Emmanuelle Rey nous parle de perfection parentale avec beaucoup d’humour. La maman des jumeaux jongle entre sa vie professionnelle et sa vie de mère (comme tout le monde dans le monde réel.) Sa mère, qui garde parfois les enfants, peut être qualifiée de grand-mère excentrique. Et les enfants sont heureux comme ça.
Mais il existe une injonction à être parfait et l’entreprise PP (parent parfait) surfe sur cette tendance. Une famille peut faire la demande de recevoir un parent parfait pour aider et accompagner. Et voici ce qui est attendu des parents parfaits :
« Le parent parfait intègre la famille qui en fait la demande. Il veille en premier lieu au bien-être, à la sécurité et à l’éducation des enfants. Le parent parfait n’élève pas la voix, ne se met pas en colère et règle les conflits avec calme et sagesse. Le parent parfait joue avec ses enfants, tout en étant capable de les guider avec autorité. Le parent parfait assure l’entretien de la maison, en plus de son travail si nécessaire, et cela sans jamais ressentir la moindre fatigue ou lassitude car le parent parfait n’a besoin que de deux heures de sommeil pour retrouver sa forme optimale. […] »(PAGE 28 DE “UN PAPA (PRESQUE) PARFAIT”)
Je n’ai pu m’empêcher d’y voir les injonctions dont je vous parlais. Et derrière tout ça se pose une question : comment peut-on définir ce qu’est la perfection ? car cette famille va apprendre à ce papa à être « moins parfait » et… je vous laisse découvrir.
Le conseil de la bibliothécaire : “Un papa (presque) parfait” peut se lire dès 9 ans et plus. J’ai développé le côté injonction à la perfection et modèle familial (car je l’ai lu en tant qu’adulte) mais il est surtout un super roman d’aventure pour les enfants. Ils vont devoir faire preuve de créativité et d’inventivité pour garder leur papa parfait avec eux et le sauver quand il sera kidnappé. C’est prenant et efficace.
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