"L’homme ressemble à une valise. Pendant son voyage à travers la Vie, il recueille comme elle des étiquettes colorées. Mais c’est l’intérieur qui compte."
(page 82).
" ...mais si vous avez passé votre temps à nourrir votre âme d'espoirs, la réalité risque fort d'être décevante. "
Les Néerlandais propriétaires de plantations de caoutchouc se trouvaient dans une situation quasi désespérée. Ils n'étaient pas autorisés à hypothéquer ou à vendre leur exploitation, sauf au gouvernement qui leur versait la somme convenue sur un compte bloqué, rendant impossible toute exportation de capitaux. S'ils continuaient à exploiter la plantation, ils étaient tenus de vendre leur production au gouvernement, au prix fixé par celui-ci. Par ailleurs, on leur imposait de verser aux ouvriers agricoles le salaire minimum garanti ; dans ces conditions, il leur était pratiquement impossible de rester solvables. S'ils voulaient survivre, leur seule chance était de dissimuler une partie de leur production aux inspecteurs gouvernementaux et de la céder, en échange de dollars Hong Kong, à des colporteurs chinois qui faisaient des affaires en or en achetant du caoutchouc au marché noir en Sunda et en le revendant à Singapour.
A Selampang, le marché noir sévissais dans tous les domaines. Dans les sanatoriums installés par l'Organisation mondiale de la santé, les "mantris" faisaient des piqûres d'eau à leurs malades pour conserver le BCG et le revendre au marché noir.
La pièce tirait sans discontinuer, tressaillant dans le trou exigu qui lui servait d'abri, soulevant des nuages de poussière jaunâtre et ajoutant au vacarme des rafales de mitrailleuses. Puis un bref silence se fit et je crus entendre le grincement des chenilles d'un char.
Il apparut prudemment au bout de la rue. Une fois là, il parut hésiter, tel un taureau qui cligne bêtement des yeux en débouchant dans la clarté aveuglante de l'arène. Il y avait une tache noire sur ses flancs qui semblait être due à un cocktail Molotov.
Dans une civilisation mourante, le prestige politique n'appartient pas au profond diagnosticien mais à l'habile charlatan. C'est la distinction accordée à la médiocrité par l'ignorance.
Le poste ne possédait pas de cellule; on me plaça donc dans les W.-C. sous bonne garde, tandis que le commandant envoyait un rapport sur mon arrestation au quartier général et attendait des instructions. Les toilettes se trouvaient à quelques mètres de son bureau et pendant les vingt minutes qui suivirent le téléphone sonna quatre fois. Le son de sa voix me parvenait. Je notais que le ton se faisait de plus en plus respectueux à mesure que les communications se succédaient.
Je me demandais si je devais m'en réjouir ou non.
Dans une civilisation mourante, le prestige politique n'appartient pas au profond diagnosticien mais à l'habile charlatan . C'est la distinction accordée à la médiocrité par l'ignorance .
La lèvre de Muichkine palpitait d'émotion. Il fixait Latimer du regard fixe de l'ivrogne parvenu à la phase philosophique de l'ivresse. (p. 64)
Un Français nommé Chamfort , qui aurait dû être mieux inspiré , a dit que le hasard était le surnom de la providence . c'est là un de ces aphorismes confortables , fabriqués pour nier la vérité déplaisante que le hasard joue un rôle important, sinon prédominant , dans les affaires humaines . Il n'est pourtant pas sans escuse . Le hasard agit parfois avec une sorte de cohérence inepte qu'il est facile d'interpréter comme l'oeuvre d'une providence consciente .
Ce sont les premières phrases du "Masque de Dimitrios" .