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Critiques de Eric Laurrent (67)
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Un beau début

Il faut savoir que Un bon début prélude à Une fille de rêve du même auteur, sinon la déception risque de prendre toute la place à la fermeture du roman.

Nicole Sauxilange est abandonnée à sa naissance par sa mère adolescente. Fruit d’une union incestueuse, la petite Nicole est élevée par ses grands-parents, au sein d’une famille reconstituée, bancale, un environnement qui ne prédispose aucunement à l’édification. Sans repère sérieux, influencée par la musique pop et ses vedettes instantanées, Nicole se projette dans un avenir rêvé, nimbé d’une célébrité qu’elle aura atteinte en tant que chanteuse, actrice, écrivaine (« Elle avait déjà en tête le titre de l’ouvrage : Adieu joie. Cela valait bien Bonjour tristesse. Elle n’alla pas au-delà du premier paragraphe. »), diariste ou pourquoi pas, athlète. Mais sans talent évident, comment parvenir à la gloire?

Éric Laurrent décrit très bien l’obsession d’une fille issue d’un milieu modeste qui table sur son apparence pour parvenir à ses fins. Malgré des phrases à rallonge et l’abus des doubles parenthèses, un style qui m’a rebutée au début, j’ai aimé cette histoire à la fois sordide et belle, portée par un langage châtié.

C’est donc avec une grande curiosité que j’aborderai la suite, Une fille de rêve.

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Un beau début

Imaginez qu’un jour vous découvrez dans les pages centrales d’un magazine dit «de charme» la photo d’une ancienne camarade classe. C’est ce qui arrive au narrateur du nouveau roman d’Eric Laurrent, né comme cette pin-up en juillet 1966 à Clermont-Ferrand. Avec lui, nous allons remonter la biographie de Nicky Soxy, qui s’appelle en fait Nicole Sauxilange.

L’ironie du sort fait que parmi les milliers de personnes qui ont choisi d’agrémenter leur décoration en affichant cette photo du magazine Dreamgirls d’octobre 1982 sur leur mur figure Robert Malbosse. « Pas un seul instant, cet homme de trente-six ans, qui achevait de purger dans la maison d’arrêt des Baumettes, à Marseille, une peine de réclusion pour trafic de stupéfiants, ne soupçonnerait que la jeune femme dont les généreux appas égayaient les murs décrépis de sa cellule pût être sa propre fille. Il ignorerait même jusqu’à la fin de sa vie qu’il en avait une. »

Car ce petit délinquant ne se voyait pas en chef de famille et aura préféré prendre la poudre d’escampette en apprenant que Suzy était enceinte. Mais ce n’est ici que l’un des épisodes de cette chronique de la misère sociale. Car Suzy est le fruit – défendu – d’un viol perpétré par son beau-père alors qu’elle était à peine pubère. Aussi est-ce davantage pour échapper à sa famille qu’elle se jette dans les bras de Bob, plus que par amour. Laissant sa fille aux bons soins de sa mère, elle prend aussi la clé des champs.

La petite Nicole apprendra bien vite que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Fini l’alcool et les drogues, bonjour les principes stricts. Car après un soir de beuverie Max Turpin, en vomissant son alcool, entend une voix le menacer de damnation éternelle. « À l'instar de tous les repentis, l'homme déployait en effet la même ardeur à respecter, et surtout à faire respecter, les principes religieux qu'il avait mise pendant vingt à fouler aux pied. » Si Nicole veut tout d’abord être une sainte, elle va bien vite comprendre que cette vocation est très limitée, tout comme celle de prendre la place de Nadia Comaneci. « À la vérité, pour n'avoir de disposition ni d'inclination bien marquées pour aucune discipline, Nicole Sauxilange ne se sentait nulle vocation particulière : la célébrité seule l'intéressait– c'était un but en soi. Par conséquent, le domaine dans lequel le sort lui accorderait toute latitude de s'illustrer lui importait bien peu ; ses exigences étaient mêmes fort modestes en la matière : qu'un simple fait divers la révéla au monde la comblerait pleinement. » En partant pour Paris et en se faisant photographie rsous toutes les coutures par son petit ami, elle réussira dans son entreprise, deviendra Nicky Soxy. Durant près d’une dizaine d’années, elle sera à la une des magazines et arpentera les plateaux télé. Puis mourra sans faire de bruit.

L’auteur de Berceau et Les Découvertes réussit le tour de force de raconter ce drame avec un style néo-proustien fait de longues phrases, utilisant un vocabulaire soigné, recherchant quelques mots «compliqués» quand il ne les invente pas lui-même. Aussi le suit-on avec délectation dans ce récit qui allie l’élégance au sordide. Un contraste saisissant, un peu comme si Cosette partait à la recherche du temps perdu…


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Un beau début

Effectivement le début est bien, mais au final il n'en restera pas grand-chose. Des phrases longues, des parenthèses dans la parenthèse. Exemple de phrase page 196 : 'Bientôt elle n'en put mais.' Des familles glauques, une jeune fille qui veut devenir célèbre. Une fin à l'eau de rose.
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Un beau début

Sous un titre malicieux, on comprendra à la suite pourquoi, ce roman débute avec Robert Molosse surnommé Bob. Dans sa cellule de prison, cet homme de trente-six ans contemple une photo prise dans une revue d’une jeune fille dénudée. Il ignore qu’il s'agit de sa fille (et ne le saura d’ailleurs jamais). Nicole Sauxilange née en juillet 1966 à Clermont-Ferrand est la fille de Bob et de Suzy. Une mère adolescente abusée par son beau-père, déjà mère, qui prend la poudre d’escampette car Bob, petit voyou, à l’annonce de sa grossesse a filé. Suzy laisse Nicole à sa mère et à son beau-père devenus bigots sur le tard. Il faut dire qu’avant l’alcool et d’autres les vices comptaient plus pour eux. "Dès lors que Max Turpin s'installa chez sa femme, plus rien ne serait comme avant. À l'instar de tous les repentis, l'homme déployait en effet la même ardeur à respecter, et surtout à faire respecter, les principes religieux qu'il avait mise pendant vingt à fouler aux pied". Baignée dans une éducation religieuse, la petite Nicole rêve d’être une sainte. Mais son pépé Max tant aimé décède et sa mère Suzy revient pour s’occuper de sa fille et l’embarque.



Dans leur appartement, Suzy s’abandonne volontiers dans les bras de multiples amants. Et elle supporte très mal les chansons des Petits chanteurs à la croix de bois et les différentes bondieuseries de sa fille. A l’adolescence, la foi de Nicole se tourne vers le culte de l’image de soi. « À la vérité, pour n'avoir de disposition ni d'inclination bien marquées pour aucune discipline, Nicole Sauxilange ne se sentait nulle vocation particulière : la célébrité seule l'intéressait– c'était un but en soi. Par conséquent, le domaine dans lequel le sort lui accorderait toute latitude de s'illustrer lui importait bien peu ; ses exigences étaient mêmes fort modestes en la matière : qu'un simple fait divers la révéla au monde la comblerait pleinement. » Etre célèbre voilà à quoi rêve Nicole. Son petit ami la photographiera sous tous les angles et une fois la rupture amoureuse digérée, Nicole rejoint Paris en 1981 et envoie ses photos à des magazines. Elle devient alors Nicky Soxy.

On apprendra un peu par hasard au cours du récit sa mort après avoir vécu pendant quelques années de son physique (plateaux télé et magazines).



Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman mais il ne faudrait pas oublier le style d’Eric Laurrent. De longues phrases amples où parfois s’enchâssent des parenthèses, un vocabulaire érudit alliant le sens des détails, les petites notes de l’auteur qui s’amuse à inventer un mot et à le référencer. L’ensemble est un mélange de sensualité et d’élégance. L'auteur ne tombe jamais dans les clichés même s’il n’est pas tendre avec ses personnages.

Avec des pointes d’ironie et de la sensibilité, c’est un roman diablement réussi que l’on a terriblement envie de relire une fois terminé !


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Un beau début

Des héroïnes de roman qui portent mon prénom et qui ont mon âge, ça ne court pas les rues. Alors cette Nicole Sauxilange née en 1966, j'ai eu très envie de m'intéresser à son cas, alléchée par une chronique bien troussée dans Télérama. Bien m'en a pris puisque j'ai découvert un auteur et surtout une plume comme on n'en fait plus beaucoup, de celles capables de vous tricoter des phrases sur plusieurs pages, de celles qui usent des parenthèses au point d'en mettre aussi dans les parenthèses (eh oui... mieux vaut avoir l'esprit clair, pas d'alcool avant de se plonger dans ce livre, hein.). Et surtout, de celles qui vous transforment l'histoire d'une fille banale en celle d'une héroïne à vous tirer des larmes (de rire le plus souvent). Ou l'art de réenchanter le fait divers.



L'histoire de Nicole Sauxilange (prénommée ainsi par une mère qui détestait autant ce prénom que le bébé non désiré) est narrée par l'un de ses anciens camarades de classe après qu'il l'a reconnue sur la photographie d'une page du magazine Dreamgirls, affichant tous ses charmes sur papier glacé avec, semble-t-il un certain talent. Photographie qui figure également, par un heureux hasard au-dessus du lit d'un prisonnier nommé Robert Malbosse qui ne se doute pas un instant que cette pin-up est sa fille. A partir de ce début jouissif, on retrace la vie de Nicole - plus connue sous le pseudo de Nicky Soxy - et on n'est pas déçu du voyage. Une dose de Cosette, un saupoudrage du Rémi de Sans famille et on a un bon aperçu du pedigree de la donzelle confrontée dès sa naissance à un environnement de frappadingues et de tarés en tout genre. D'ailleurs, je ne veux même pas déflorer cette partie tellement c'est croustillant. Très tôt, Nicole veut devenir célèbre mais, sans trop se fatiguer. Elle a bien songé à faire comme Françoise Sagan ou Anne Franck mais n'a jamais dépassé l'étape du titre sur le cahier dédié à son œuvre. Lorsqu'elle lit pour la première fois un magazine de charme, elle se dit qu'elle tient la solution (d'ailleurs, Marylin Monroe elle-même a débuté ainsi) qui la mènera de Clermont-Ferrand à Paris...



Mine de rien, Eric Laurrent nous dresse le tableau d'une certaine société des années 80 où pointait déjà le règne des medias et des paillettes, avant l'invention de la télé-réalité dont Nicole aurait certainement été une reine. Le petit monde qu'il décrit, même dans ses aspects les plus sordides (et il y en a), il a une façon jubilatoire de nous le donner à déguster, sans lésiner sur le vocabulaire d'une érudition rare (nécessitant la compagnie d'un dictionnaire). Résultat : on se régale.



Je ne peux que vous inciter à passer un bon moment avec ce livre aussi croustillant dans le fond que surprenant dans sa forme. Quant à moi, je vais sûrement m'intéresser à la dizaine de romans déjà commis par l'auteur. Et puis le relire, celui-là.
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Un beau début

Une qualité d'écriture et une finesse psychologique à peu près incomparables à notre époque (pour le style, cependant, É. Chevillard est un rival sérieux, mais dans un tout autre genre), et l'on est d'autant plus abasourdi que l'auteur n'ait pas remporté de "grands" prix littéraires.



Dans le "Portrait souvenir" consacré à Proust, Paul Morand décrit la phrase de Proust comme "pleine d'incidentes qui soutenaient la phrase et l'empêchaient de retomber, qui soutenaient la phrase comme des ballonets d'oxygène et l'empêchaient de retomber", et je n'ai pu m'empêcher d'y songer en lisant se roman. À cela se combine en revanche une certaine économie dans l'intrigue, laquelle ne comporte que des faits qui concourent, d'une façon ou d'une autre, à sa progression (et l'on ne saurait en dire de "La Recherche").



Il serait trop long d'énumérer toutes les trouvailles de l'auteur, qui a le bon goût de les limiter à une ou deux occurrences: notes de bas de page fort drôles, révélation soudaine du point de vue du narrateur, concentration, un un ou deux paragraphes, de quatre ou cinq termes particulièrement rares - la langue est toujours précise, non précieuse, mais je pense que la succession des mots "vultueux", "paréidolie", "thérianthropes" aux p. 139-140 est voulue, car à moins d'avoir de bons souvenirs de grec et de latin, difficile de ne pas ouvrir son dictionnaire!



Je n'ai désormais qu'une hâte, qui est de lire: "Une fille de rêve", où l'on retrouvera l'héroïne de ce roman.
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Un beau début

Ce roman se lit vite et, malgré qu'il soit écrit dans un langage on-ne-peut-plus soutenu et en phrases plutôt longues (mais pas longues à la Claude Simon), il n'en devient pas somnolant ou barbant. Cela est due au fait que l'histoire retrace seize années de vie du personnage principal ainsi que les années avant sa naissance, celles de ses parents. Pour parcourir tout ce temps en 200 pages, le rythme est nécessairement rapide et la narration elliptique ; les personnages en deviennent des caricatures sans épaisseur, sans nuances, justes bons à remplir leur rôle, de poncif en poncif ; car ce texte donne l'impression d'une succession de clichés : la conversion catholique, l'éducation stricte pour mater une ado rebelle, ado qui tombe pour le voyou mauvais genre et macho, la cancre au fond de la classe près du radiateur, le salaud qui cherche la rédemption, la beauferie des classes populaires (dont l'auteur semble bien éloigné), la petite fille chouchou des profs, jusqu'à la pornstar aux problèmes émotionnels et au père absent : pitié quoi !

C'est bien écrit, certes, mais à quoi bon un style si distingué pour raconter des fadaises ?



À titre personnel, certaines manies stylistiques m'ont déplu, voire irrité :



« le garçon refusant d’en dire plus, aussi bien par superstition que par précaution – car il ne voulait pas qu’on lui piquât l’idée ni qu’on le balançât. »

[...]

« si tel devait être le tribut à supporter pour qu’elle débarrassât le plancher, ils étaient prêts à élever le petit Patrick »

En mettant en italique des mots ou expressions familières mais très courantes (piquât, balançât, débarrasser le plancher), l'auteur crée une distanciation qui participe d'un air de préciosité bourgeoise, comme si ces mots étaient trop ploucs pour sa plume et qu'il souhaitait les prononcer du bout des lèvres.

Plus bas sur la même page :



« Le grand dessein de Bob était en effet de se « tirer fissa de ce trou pourri », où il ne comptait pas « moisir » comme un « cul-terreux ». »

[...]

« l’atmosphère qui régnait chez les Malbosse lui paraissait incommensurablement plus animée, plus vivante, que le régime de maison de correction que ce « salaud » de Turpin avait instauré chez sa mère, où l’on ne la vit plus, sinon de loin en loin pour embrasser son « gosse » »

Même remarque mais pour les guillemets. Je me suis dis que c'était pour citer les personnage et bien faire comprendre qu'on était au discours indirect libre, mais ça se comprenait déjà facilement : l'auteur parle dans un langage soutenu alors que les personnages non. Le contexte lui même était d'ailleurs suffisant. Aussi, pourquoi des guillemets dans un cas et de l'italique dans l'autre ?



« la promesse d’une vie différente et, au premier chef, bien meilleure que celle à laquelle, par ce fatalisme propre aux classes populaires, nourri de la conviction qu’une extraction modeste vous condamne nécessairement à occuper une position inférieure dans la société et à exercer une fonction subalterne dans les rapports de production »

Remarque sans rapport, mais il me semble qu'il ne s'agit ni de fatalisme, ni d'une conviction ; seule une minorité parvient à s'extraire de leur condition, les autres sont effectivement condamnés.
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Un beau début

Un style qui métamorphose une histoire ordinaire en apparent conte de fées et qui offre, à un petit monde cradingue, une musique somptueuse.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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Une fille de rêve

Ascension et décadence d'un mannequin-starlette dans les années 80, sur fond d'apparition du sida. Un bon roman contemporain, qui parlera à ceux qui ont vécu cette période, une fiction fortement shootée, grandement alcoolisée, largement dénudée. Les aventures de l'héroïne (c'est le mot) s'inscrivent dans les méandres d'une époque révolue mais, au fond, pas si ancienne (les Bains Douches... la Cinq de Berlusconi ...). A lire, ne serait-ce que pour le style maîtrisé, sinueux et fleuri de l'auteur que, personnellement, je découvre (la longueur des phrases ne rebutera pas les lecteurs de Proust).
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Une fille de rêve

Tout d’abord merci à la masse critique et à l’éditeur Flammarion qui m’ont permis la découverte de cette fille de rêve à la vie de cauchemar célébrée par les mots d’Eric Laurrent.

Illico, je suis surpris voire dérouté par les longues phrases aux virgules multiples, aux tirets canailles et aux savantes parenthèses.

Brillamment, ce roman est bardé de phrases toutes « fêtes », tellement bien faites parfois que c’est un plaisir consternant de ne pouvoir décrypter les stances de Nicky la blonde de rêve et de sa copine Saphir la brune sans passer par les alinéas chics « litt » du ventru Larousse.

«Parfois trop littéraire, voire précieux, c’est simplement écrit en bon français » fait préciser par un des ses protagonistes l’auteur soucieux de nous prévenir contre toutes idées mal reçues.

Notez bien que j’ai trouvé ces difficultés bien que chronophages, d’une élégance rare, qui m’ont élevé tel un ascenseur intellectuel vers un sommet où j’ai pu contempler l’immensité

de mes lacunes, mon cerveau n’étant pas plus hypertélique que mon intelligence coruscante.

Pour la forme, c’est fait…



Pour le fond, on peut le toucher plus aisément. La fille de rêve a les dents longues bien vite gâtées par le sucre qu’on lui casse sur le dos. Le sucrier toujours rempli de substances hallucinogènes. Où serait le plaisir…



Les rencontres de sa vie seront aussi scabreuses que sont pulpeuses les courbes de son anatomie et feront frémir d’envies et de fantasmes la junte nocturne des années 80 dans le Paris branché des Bains-Douches et du Palace. On y croisera, entre autres, Alain Pacadis, défoncé et journaliste de métier, tué par amour par son amant. (Itinéraire d’un dandy-punk – A.Bernier et F.Buot).



Le destin donnera à cette jeune fille de seize ans aux songes exaltés seulement huit années pour se griser, aimer, se perdre, espérer faire la comédienne, se droguer, pleurer, se faire aimer, trop grossir, danser, se faire plaisir, avoir des amis pour la vie, puis remaigrir, refaire rêver, et puis, le nez dans la poudre et les cachets, finir sur les lèvres offertes du velours rouge de son canapé Dali.



Dissolu et tendre, impudique et affectueux le roman d’Eric Laurrent, fait renaître Nicole Sauxilange, celle qui a préféré mourir que retomber dans l’anonymat. « Il vaut mieux être réduite à son corps qu’être réduite à néant ».

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Une fille de rêve

Nicky Soxy, cette fille de rêve souhaite conquérir le monde des étoiles et des médias dans les années 1980. Cela ne vous rappelle rien ? Non…? Moi j’y ai vu les starlettes de maintenant qui, en passant dix minutes ou dix semaines à la télévision, se voient déjà devenir des stars influentes du jour au lendemain…

Sauf que voilà, dans les années 1980, pas de téléphone portable, pas de réseaux sociaux et très peu de choix d’émissions à la télé pour percer. Heureusement, il y a encore les magazines…

Nicky Soxy, de son vrai nom Nicole Sauxilange, va en fait passer de main en main. Heureusement d’ailleurs. L’ascension sera forcément plus longue que la descente aux enfers…

Elle apprendra à s’entourer rapidement, et sera, dès le début, prise sous l’aile de Claudie Meyer.

Je ne connaissais absolument pas la plume d’Eric Laurrent. Il n’en est pourtant pas à son coup d’essai… Ceci étant, j’ai beaucoup aimé la progression du roman, l’évolution du personne de Nicole/Nicky ainsi que la montée en puissance de sa notoriété.

Force est de constater que j’ai eu beaucoup de sympathie pour ce personnage.

Ce qui est également plaisant c’est la satire du roman. Nicole/Nicky est un personnage qui ressemble à beaucoup d’autres finalement. Un brin enfantine, une femme-enfant au départ qui deviendra au fur et à mesure sexualisée à tel point que les hommes se retourneront sur elle plus pour son physique que pour sa personnalité. Le besoin de séduction et d’attention de Nicole/Nicky est flagrant. C’est aussi surement ce qui m’a donné de l’empathie pour ce personnage.

La plume quant à elle est fluide, un peu alambiquée puisqu’il y a tout de même pas mal d’ironie (qui d’ailleurs fait bien sourire) mais la profession se fait simplement, et c’est bien le principal.
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Une fille de rêve



L’ascension puis la chute d’une jeune mannequin starlette dans les années 80 écumant les lieux branchés, dont les fameux Bains Douches, fréquentant des gens alcoolisés et shootés, riches pour la plupart.



Une histoire assez classique, déjà lu, déjà vu, rien de bien surprenant.



Je n’ai pas éprouvé de sympathie ou d’émotion pour cette jeune femme pourtant bien malmenée et exploitée par les hommes.

Femme objet durant toute sa courte vie, femme objet de l’auteur qui ne lui donne jamais la parole (ce parti pris m’a gênée).



J’ai découvert en même temps l’écriture d’Eric Laurrent très travaillée, sophistiquée à outrance aux phrases très longues entrecoupées de parenthèses et de digressions.



En résumé, un livre auquel je n’ai pas adhéré, qui manque de chair (jeu de mot facile j’en conviens). Une lecture qui, au final, m’a ennuyée.



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Une fille de rêve

Je découvre un personnage qui représente bien des femmes des années quatre-vingt tentant d'atteindre le gloire mais se brûlant les ailes. Cette époque riche, grisante libérant les corps et les mœurs mais brisant voire broyant les moins solides. Nicole Sauxilange alias Nicky Soxy, cette blonde au corps de rêve et au visage de poupée se fera broyer par la machine à succès et ses sangsues. L'auteur décrit des personnages peut être un peu trop caricaturaux mais qui se mélangent si bien aux décors de fêtes, de belles maisons et à cette atmosphère vulgaire et immorale. Pourtant point de leçon de morale juste de longues descriptions qui nous plonge dans ces années 80 où l'on pensait que tout était possible même atteindre les sommets de la gloire sans égratignures.

A seize ans entrer dans un tel monde ne se fait pas sans fracas, elle aura au moins vécu dans la lumière pendant huit ans avant d'être emportée.

On ressent de la tendresse pour cette jeune fille perdue, la regardant sombrer pour ne pas se faire oublier. L'écriture est belle et sensuelle un peu comme Nicky.
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Une fille de rêve

La quatrièeme de couverture annonce une nouvelle "Nana" ? Qui est-elle, alors?

Née à Clermont-Ferrand au début des années 60, Nicole Saxifrage sera tout juste majeure au début du roman.

Les fans de l'auteur ont fait sa connaissance lors du précédent roman d'Éric Laurrent: "Un beau début".

Si son visage est juvénile, il contraste toutefois avec la "maturité de ses formes". Nicole veut en user pour devenir une célèbre starlette sans trop se fatiguer.



Elle monte donc à Paris pour forcer la porte du magazine de charme "Dreamgirls" où elle fera ses débuts en dévoilant ses atouts sous le pseudonyme de "Nicky Soxy". Sans dévoiler son histoire, elle connaîtra des hauts et des bas, des joies et des peines. Elle aura de véritables amours : "Futile et ignorante", elle attire les hommes (souvent "cérébraux et cultivés") sans qu'ils sachent vraiment pourquoi.



J'ai particulièrement apprécié la description de "ce monde de la nuit où les excès usent les organismes plus vite que partout ailleurs et souvent même les tue prématurément.", où le sucre est remplacé par une autre poudre blanche dans les sucriers... J'ai été curieux de découvrir cet auteur apparemment caractérisé par un style où il cherche à être juste en utilisant le bon mot de la langue française qui en est si riche (nécessitant la compagnie d'un dictionnaire), ce qui devient cependant pénible par moment.

Si j'ai apprécié au début du récit les parenthèses dans les parenthèses, les cascades d'imparfait du subjectif, je m'en suis parfois agacé par la suite. De nombreux traits d'humour allègent quand même le tout.

Même si ce livre est surprenant dans sa forme, il m'a fait passer un bon moment de lecture en cette fin d'été
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Une fille de rêve

Imaginez Proust qui croise Loana de Loft Story ; vous aurez ainsi une idée de ce roman.

Je remercie sincèrement l'auteur de permettre au lecteur, sur un sujet au premier abord qui ne méritait que des mots kleenex, du langage facile, du parlé de la nuit, quand l'alcool embrouille les neurones et débrouille les langues à d'autres actions plus organiques que rhétoriques, d'enrichir son vocabulaire et avoir le plaisir de s'installer dans une phrase confortable d'une bonne dizaine de lignes, ponctuée d'humour et de finesse, comme cela se faisait avant.



Vachement bien foutu, comme son héroïne.

Qui ne craint pas de se mettre à nu, comme son héroïne.

Qui plonge dans les nuits parisiennes et la télé racoleuse pré-loftstorienne de la fin du siècle dernier et ses excès. Comme son héroïne.



On l'aime bien Nicky. C'est une brave fille, pas méchante, consciente qu'à part son corps qu'elle dénude sans souci, elle n'a pas trop d'atout pour réussir dans la vie. Alors elle l'utilise, avec toute l'intelligence dont elle est capable, et aussi une spontanéité et une naïveté quasi enfantine, qui l'empêchent de sombrer dans du porno grotesque. Elle est nue ? Oui et alors ? C'est inconvenant, mais surtout naturel. Donc pas malsain. C'est la magie de Nicky.

Bon, comme la vie est moche, c'est pas rose tous les jours, mais je ne vous raconterai rien de plus, pour vous laisser le plaisir de vous trimbaler aux Bains (boite de nuit hyyyyyyyper à la mode dans les années 80/90 à Paris) au bras de Nicky. C'est pas donné à tout le monde d'y entrer, alors profitez-en. C'est gratuit.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Un grand oui. Prévoyez google ou un dico pour quelques mots à décrypter. Car ce roman, qui reste tout à fait accessible, ne freinez pas vos ardeurs, est à l'opposé du langage SMS. Et ça fait du bien.









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Une fille de rêve

Une fille de Rêve, de Eric Laurrent : la suite(*) du roman Un Beau Début, paru chez Minuit(**), qui relate les splendeurs et misères, la grâce et la disgrâce, les hauts et les bas (aussi vestimentaires) de cette jeune femme qui veut briller comme ses idoles Béatrice Dalle ou encore Marilyne Monroe et qui s'entichera finalement d'une ombre lors de la fin bouleversante du roman. Ce livre retrace à merveille les années 80 : Paris, les Bains, les magazines érotiques, le cinéma d'alors (et les mœurs), le journal Libération, Pacadis, la coke, les néo-dandys du monde de la nuit... comme la Nana de Zola, cette "Fille de Rêve" veut devenir "une femme chic, rentière de la bêtise et de l'ordure des mâles, marquise des hauts trottoirs", et elle éprouvera, subira tout cela, pour finir victime des hommes mais aussi de la pharmaceutique. L'amour est plus fort que la mort ? pas sûr.(***)



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(*) oui, il s'agit bien de la SUITE d'un Beau début, et pas une redite comme la hâtivement déclaré Olivia de Lamberterie durant l'émission le Masque et la Plume.



(**) contrairement à ce que pense les "critiques" du Masque et la Plume, ce roman n'a pas été refusé par Minuit mais l'auteur a choisi d'aller le publier ailleurs - Flammarion - pour, comme son héroïne, être vu, reconnu, et ainsi trouver un plus large lectorat et donc d'être lu. Ce qui explique un texte "allégé" en comparaison du style et des phrases plus longues de la première partie parue chez Minuit il y a quelques années.



(***) N'écoutez pas Patricia Martin de France Inter, autrice d'une prétérition - durant la même émission du Masque et la Plume - consistant à dire qu'elle "s'en voudrait de laminer un livre qui est sur le point de sortir mais...", et qui ajoute que ce roman est démodé et "qu'on l'a déjà lu", auquel je répondrais que la littérature n'est pas une affaire de mode (heureusement), qu'elle aussi je me demande si elle l'a vraiment lu et en citant Gide : "Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer."
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Une fille de rêve

D'une écriture fluide et avec un vocabulaire recherché, l'auteur nous conte la vie et la chute d'une jeune femme attirée par les paillettes, et la célébrité.

Tôt, on éprouve une empathie pour cette jeune starlette qui ne voulait qu'une chose, être connue et reconnue. On peut comparer ce triste destin à celui de la "Nana" de Zola
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Une fille de rêve

Dans ce roman Eric Laurrent nous retrace la vie de Nicole Sauxilange, jeune de 16 ans sans grand talent qui veut a tout prix se faire connaitre, se faire un nom, devenir starlette.

L'ascension sociale tant voulue, le besoin de décrocher les étoiles, se couvrir de paillettes relève pour elle de la survie.

Elle n'a guère froid aux yeux, elle fait tout pour accéder à la gloire, se dénude, se déprave, soigne son image, se refait un physique parfait. Mais : ''Il n'est vent qui tourne''. Un chapelet de malheurs vient troubler sa vie déjà tumultueuse.

Abandonnée par son amant bourgeois qui finit par la trouver superficielle après une relation torride, elle s'amourache d'un cinéaste raté plus âgé qui voit en elle l'héroïne de son adaptation cinématographique du roman Nana de Zola. Un rôle qu'elle ne tiendra jamais. Cet amant qui s'éteint au lit, éteint toute envie de vivre en elle. Elle culpabilise, elle déprime, se laisse aller, prend du poids, disparait sous sa graisse, sous ses bourrelets.

Mais la peur de tomber dans l'oubli et l'esquisse d'un contrat l'aident à remonter la pente. Elle devient ambassadrice d'une marque de pilule amaigrissante, elle retrouve son éclat après un régime draconien.

Mais un malheur ne vient jamais seul, un autre deuil la terrasse alors qu'elle se voyait déjà partager la vie future de l'intellectuel qui fait son autobiographie.

Prisonnière de son image parfaite, sa superficialité sidérante se mue en complexe, elle se trouve bête, pas assez intelligente et en plus poisseuse. Elle noit son chagrin dans l'alcool qu'elle accompagne de différentes drogues, somnifères, cocaïne qui finissent par l'arracher à la vie à la fleur de l'âge.

Un destin tragique, une vie malheureuse qui pourrait rappeler celui de plusieurs starlettes de la téléréalité tombées dans l'oubli.



Si le sujet parait banal, le titre et la couverture bien loin de mes choix habituels, j'ai quand même trouvé cette histoire fictive touchante, le destin de cette jeune femme m'a peinée.

j'aurai quand même aimé que l'auteur nous retrace les méandres et les scoumounes qui ont poussé cette belle adolescente de 16 ans à tout quitter pour la célébrité. On ne connait rien d'elle, de sa vie avant ses 16 ans.

J'apprends que son avant dernier roman ''un beau début '' aborde ce volet.

Une lecture que je me ferai un plaisir de découvrir ! D'autant plus que la plume de l'auteur est raffinée, travaillée et riche de vocabulaire.

Si vous êtes adeptes des starlettes de télé réalité, des shows télévisés, des mannequins de magazine ce roman est pour vous.

Roman reçu et lu dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2020 de lecteurs.com.
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Une fille de rêve

Une fille de rêve s'effeuille. Magnifique
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Une fille de rêve

Dans les années 1980, Nicole, une jeune Clermontoise qui souhaite forcer le destin en comptant sur son physique avantageux, part à l’aventure à Paris et devient Nicky Soxy. Elle pose d’abord pour des photos sexy dans « Dreamgirls », puis pour un photographe moins scrupuleux et pour une publicité de crème dépilatoire, à chaque fois avec une impudeur totale. L’intérêt de ce roman tient surtout dans la description de l’évolution des mœurs qui autorisent une plus grande banalisation de la représentation des corps (surtout féminins) et dans la verve faconde de l’auteur qui nous réjouit par son écriture descriptive, humoristique et n’hésitant pas à recourir à l’imparfait du subjonctif pour grossir le trait. Nicky et les autres personnages incarnent parfaitement le sujet de cette narration vivante, décomplexée reflétant une époque où la femme objet se révèle.
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