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Critiques de Eric Powell (209)
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Hillbilly, tome 1

Eric Powell construit un monde passionnant, entre western fantastique et fable gothique, non dénué d’humour distancié ou de références aux contes pour enfants, mais souvent glauque à souhait.
Lien : http://www.bodoi.info/hillbi..
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Hillbilly, tome 1

Je ne suis pas familière de l'univers du comics, ni de l'heroic fantasy. Mais lorsque l'occasion s'est présentée de lire ce premier tome de la série Hillbilly, série étiquettée "dark fantasy", l'occasion était trop belle pour y résister !



Hillbilly raconte les aventures de Rondel, un vagabond bouseux venu d'un coin perdu dans les montagnes (d'où le titre). Rondel a la particularité d'être né "maudit" mais sauvé (du moins en apparence) par une sorcière qui lui a offert un hâchoir du Diable - arme qui terrasse les sorcières.

Le récit joue sur les codes de différents genres et registres (du conte en appasant par l'épique, la mythologie, le cinéma, les récits biblique, etc) et sur les attentes des lecteurs familiers de ses écits. Souvent Eric Powell joue sur ses attentes pour les "dénaturer" et la chute n'en est que plus drôle !



C'est le point que je retient le plus de cette lecture : en plus du dynamisme fou qui se dégage des planches et la précisions des traits du scénariste, qu'est-ce que j'ai rit !



Et j'en redemande de ces aventures ! Ce fut une découverte inattendue, mais quelle découverte - addictive !



Challenge USA 2019
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Hillbilly, tome 2

Coutumiers des légendes celtes, gréco-romaines et nordiques, les lecteurs de "Hillbilly" vont pouvoir découvrir avec ce nouvel héros des temps anciens - ou à venir - la mythologie du sud profond américain. De la magie noire, l'Enfer, et la noirceur sur Terre sont au rendez-vous.
Lien : http://www.actuabd.com/Hillb..
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Hillbilly, tome 2

Ce tome fait suite à Hillbilly Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre qui sont les personnages. Il contient les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2017, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Eric Powell. Les épisodes 2 et 4 bénéficient d'une histoire courte supplémentaire écrite par Powell, dessinée par Steve Mannion pour la première, et par Simone di Meo pour la seconde. Ces 4 épisodes constituent autant d'aventures indépendantes mettant en scène Rondell le bouseux, dans chaîne de montagnes des Appalaches, armé du couperet du diable.



Dans la première histoire, Rondell vagabonde dans la forêt et arrive à proximité d'une maison isolée devant laquelle se tient un homme armé d'un arc, au bord de l'épuisement, n'ayant pas fermé l'œil depuis plusieurs nuits. Il perd littéralement conscience dans les bras de Rondell qui le ramène dans sa cabane. Le trappeur explique qu'il est harcelé par une créature surnaturelle appelée Tailypo dont il a eu le malheur de couper la queue et de la manger. L'histoire complémentaire raconte la fois où Tailypo a essayé de duper Iron Child pour s'approprier sa hache. Dans la deuxième histoire, Rondell est prisonnier d'une créature surnaturelle, un gros monstre dont une partie du dos forme des cages avec des barreaux. Il partage cette situation d'infortune avec un autre homme dans une cage à côté. Maggie, la sorcière aux 12 orteils, s'est emparée de son couperet du diable. Sentant qu'ils vont bientôt être mis à mort, l'homme confesse une infidélité à sa femme dont le chagrin occasionné a entraîné le déclin de sa santé jusqu'à sa mort. Suite à cette confession, Rondell raconte qu'il n'a eu que 3 amours dans sa vie : sa mère, une femme à qui il n'a jamais pu avouer ses sentiments, et Lucille, une ourse qui parle. Il raconte comment il a rencontré Lucille, en poursuivant la sorcière Ezerat.



Dans la troisième histoire, Rondell progresse avec difficulté dans les montagnes Appalaches, sous la neige qui tombe dru. Alors qu'il a de plus en plus de mal à progresser dans la neige collante qui lui arrive jusqu'au genou et qu'elle alourdit son manteau, il arrive devant une petite cabane, avec un indien qui lui fait signe d'entrer. L'hôte lui offre un bol de soupe devant un feu vrombissant. Rondell s'endort aussitôt sa soupe finie et se met à rêver à un loup géant. Cet épisode est réalisé en 3D, nécessitant l'utilisation d'une paire de lunettes avec un verre rouge et un bleu (non fourni avec le comics) pour pleinement l'apprécier. Dans la quatrième histoire, au fil de ses vagabondages, Rondell arrive dans le village de James Stoneturner. Sa sœur lui apprend qu'il a été enlevé par des créatures surnaturelles, l'une d'elle se nommant Judd Hogslopp, une sorte de phacochère anthropomorphe. Par contre les ravisseurs ont laissé la pierre dans la chapelle. Rondell se met en quête de Judd Hogslopp, pendant que James Stoneturner répond aux questions que lui posent les 3 sorcières pour le compte desquelles il a été enlevé. L'histoire courte montre Rondell dans une auberge, alors que les individus présents le regardent d'un mauvais œil. L'un d'entre eux finit par proposer de l'embaucher pour apporter des peaux de bête à un marchand dont la maison est en haut de la colline. Rondell accepte en sachant très bien qu'il s'agit d'une forme de piège.



En découvrant ce deuxième tome, le lecteur ne se pose de question. Il sait qu'il va retrouver Rondell, un individu aveugle de grande taille, armé d'un couperet réagissant aux créatures surnaturelles et maléfiques. Il sait qu'il va découvrir 4 histoires menées à leur terme en 1 épisode, dans lesquelles Rondell va appliquer sa justice définitive sur des monstres qui le méritent bien, dans des décors naturels boisés. Il est servi dès la page d'ouverture avec la haute carcasse de Rondell, avançant d'un pas sûr au milieu d'arbres aux formes torturées. Le lecteur voit bien que la nature est mise en scène par Eric Powell pour la sublimer en un décor gothique, une forêt plus impressionniste que naturaliste, un milieu naturel propice à abriter des monstres pouvant disparaître et apparaître à leur gré dans ses sous-bois enténébré. Il note que les futs des arbres sont assez espacés, mais que la frondaison des arbres doit être d'une surface telle que les feuillages de touchent d'arbre en arbre dans les hautes cimes. La majeure partie du deuxième épisode se déroule dans des grottes de vaste taille. Le lecteur peut apprécier le volume de chaque grotte, ainsi que la texture de la roche. La troisième aventure propose 4 pages de pénible progression dans la neige, avec une texture extraordinaire, et une luminosité crépusculaire verdâtre totalement envoutante. La dernière aventure est moins riche en décor, à part pour la caverne dans laquelle est détenu James Stoneturner. Si le lecteur dispose de lunettes 3D, il peut apprécier les éléments naturels du troisième épisode, sinon il regrette de ne pas en disposer.



Eric Powell répond donc aux attentes du lecteur en termes d'environnements naturels sublimés en décors aux formes épurés, propres à distiller une ambiance macabre. Le lecteur retrouve avec grand plaisir la haute silhouette de Rondell, avec son grand manteau descendant jusqu'aux chevilles, ses bottes de cuir, son étrange chapeau melon, et sa longue tignasse. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit bien d'un individu habitué à vivre dans la nature, n'ayant pas accès au luxe de l'eau courante et des installations sanitaires de la ville. C'est un individu fort physiquement, sans que le dessinateur ait besoin de montrer ses muscles, ténébreux, du fait du bandeau qu'il porte sur les yeux, avec une forme de résignation dans sa posture, comme s'il était accablé par la certitude de ne jamais trouver le repos. Le lecteur apprécie également la forte présence visuelle des autres personnages. Comme à son habitude, Powell dose avec précision les ingrédients graphiques, réussissant à allier une forme de réalisme (la tenue du pauvre trappeur), avec une fibre tragique ou horrifique (la fatigue du trappeur, le rictus de la sorcière) et un zeste comique qui ne vient pas contredire la dimension tragique. En regardant le trappeur, le lecteur voit un individu pauvre, subsistant tant bien que mal grâce à une maigre chasse, accablé par la fatigue, sur les nerfs, mais aussi une représentation affectueusement moqueuse qui reconnaît qu'il s'agit d'un plouc. Le lecteur y voit plus du respect que de la condescendance, car Eric Powell reconnaît la dureté de cette vie proche de la nature, reconnaît l'effort de l'individu.



Le lecteur vient également pour la vitalité et l'inventivité des créatures surnaturelles. Il est servi avec la malice méchante de Tailypo, avec la masse de la créature qui transporte ses 2 prisonniers sur son dos, avec la cruauté de Maggie la sorcière, avec la sauvagerie du loup géant, avec la veulerie de Judd Hogslopp et avec le décharnement des 3 sorcières finales. Powell n'a rien perdu de sa dextérité pour donner vie à ces créatures, à les rendre naturelles et évidentes dans le cours du récit, et à leur faire irradier leur méchanceté innée. Comme à son habitude il met en scène des affrontements aussi rapides que violents, où un coup s'avère décisif. Comme dans le premier tome, il en développe un plus que les autres, celui contre le loup géant, avec des cases plus grandes pour laisser s'exprimer l'ampleur de grands mouvements et la violence des chocs. Le lecteur apprécie au premier degré la catharsis que représente ces affrontements physiques, où le bien peut ainsi triompher du mal grâce à un coup de couperet définitif et bien placé.



En termes d'intrigue, le lecteur n'a pas l'impression d'un schéma répétitif ou d'histoires trop réduites à leur plus simple expression. Dans la première, il apprécie le sadisme de Tailypo à l'encontre du trappeur, ainsi que la réflexion qui permet à Rondell de prendre le dessus. Dans la seconde, il se retrouve émotionnellement impliqué dans la naissance de la relation contre nature entre Rondell et Lucille, et dans la valeur sur laquelle elle repose. Dans la troisième, il se laisse complètement emporter par cette vision mystique, à la dimension spirituelle. Dans la dernière, il est un peu plus déstabilisé car finalement le personnage principal n'est pas Rondell, mais James Stoneturner. Il espère alors que ce personnage reviendra dans un prochain épisode. Dans tous les cas, l'auteur réussit à surprendre le lecteur, et à délivrer son quota de divertissement et de dépaysement.



Le lecteur part avec un a priori négatif contre les 2 histoires courtes car ce n'est pas pour elles qu'il a acheté ce tome. Il est déjà un peu rassuré quand il constate qu'elles ont été écrites par Eric Powell, ce qui assure qu'elle reste dans la tonalité des histoires des 4 épisodes, et qu'elles s'intègrent parfaitement dans la mythologie développée. Steve Mannion ne dessine pas comme Eric Powell, et il a choisi d'utiliser une seule couleur. Mais le lecteur apprécie sa verve visuelle et se dit que la narration visuelle reste dans la veine de celle de Powell, avec une approche plus détaillée, mais toute aussi facétieuse. Simone di Meo se montre plus appliqué dans le traçage des contours, et plus porté à l'exagération comique des formes. Cependant il conserve lui aussi la tonalité des aventures de Rondell, avec une narration plus appuyée sur la farce. Ces 2 récits ne sont pas indispensables, mais ils déparent pas dans le recueil.



Ce deuxième tome savoure aussi efficace et savoureux le premier, avec des histoires rondement menées, mélangeant une forme de drame et de conte surnaturel, dans lequel les créatures maléfiques reçoivent le sort qu'elles méritent.
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Hillbilly, tome 2

Suite des aventures de Rondel, le vagabond aux yeux noirs et à la hache mortelle qui erre dans les Appalaches à la recherche de quelques créatures monstrueuses à dégommer.



Eric Powell a gardé les mêmes ingrédients que dans le premier tome, certains traits style cartoon ajoutent toujours la touche d'humour décalée qui fait sourire. Mais je n'est pas été plus emballée que ça par ce tome. Rien de bien mémorable malheureusement !
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Hillbilly, tome 2

Ce tome fait suite à Hillbilly, tome 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre qui sont les personnages. Il contient les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2017, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Eric Powell. Les épisodes 2 et 4 bénéficient d'une histoire courte supplémentaire écrite par Powell, dessinée par Steve Mannion pour la première, et par Simone di Meo pour la seconde. Ces 4 épisodes constituent autant d'aventures indépendantes mettant en scène Rondell le bouseux, dans chaîne de montagnes des Appalaches, armé du couperet du diable.



Dans la première histoire, Rondell vagabonde dans la forêt et arrive à proximité d'une maison isolée devant laquelle se tient un homme armé d'un arc, au bord de l'épuisement, n'ayant pas fermé l'œil depuis plusieurs nuits. Il perd littéralement conscience dans les bras de Rondell qui le ramène dans sa cabane. Le trappeur explique qu'il est harcelé par une créature surnaturelle appelée Tailypo dont il a eu le malheur de couper la queue et de la manger. L'histoire complémentaire raconte la fois où Tailypo a essayé de duper Iron Child pour s'approprier sa hache. Dans la deuxième histoire, Rondell est prisonnier d'une créature surnaturelle, un gros monstre dont une partie du dos forme des cages avec des barreaux. Il partage cette situation d'infortune avec un autre homme dans une cage à côté. Maggie, la sorcière aux 12 orteils, s'est emparée de son couperet du diable. Sentant qu'ils vont bientôt être mis à mort, l'homme confesse une infidélité à sa femme dont le chagrin occasionné a entraîné le déclin de sa santé jusqu'à sa mort. Suite à cette confession, Rondell raconte qu'il n'a eu que 3 amours dans sa vie : sa mère, une femme à qui il n'a jamais pu avouer ses sentiments, et Lucille, une ourse qui parle. Il raconte comment il a rencontré Lucille, en poursuivant la sorcière Ezerat.



Dans la troisième histoire, Rondell progresse avec difficulté dans les montagnes Appalaches, sous la neige qui tombe dru. Alors qu'il a de plus en plus de mal à progresser dans la neige collante qui lui arrive jusqu'au genou et qu'elle alourdit son manteau, il arrive devant une petite cabane, avec un indien qui lui fait signe d'entrer. L'hôte lui offre un bol de soupe devant un feu vrombissant. Rondell s'endort aussitôt sa soupe finie et se met à rêver à un loup géant. Cet épisode est réalisé en 3D, nécessitant l'utilisation d'une paire de lunettes avec un verre rouge et un bleu (non fourni avec le comics) pour pleinement l'apprécier. Dans la quatrième histoire, au fil de ses vagabondages, Rondell arrive dans le village de James Stoneturner. Sa sœur lui apprend qu'il a été enlevé par des créatures surnaturelles, l'une d'elle se nommant Judd Hogslopp, une sorte de phacochère anthropomorphe. Par contre les ravisseurs ont laissé la pierre dans la chapelle. Rondell se met en quête de Judd Hogslopp, pendant que James Stoneturner répond aux questions que lui posent les 3 sorcières pour le compte desquelles il a été enlevé. L'histoire courte montre Rondell dans une auberge, alors que les individus présents le regardent d'un mauvais œil. L'un d'entre eux finit par proposer de l'embaucher pour apporter des peaux de bête à un marchand dont la maison est en haut de la colline. Rondell accepte en sachant très bien qu'il s'agit d'une forme de piège.



En découvrant ce deuxième tome, le lecteur ne se pose de question. Il sait qu'il va retrouver Rondell, un individu aveugle de grande taille, armé d'un couperet réagissant aux créatures surnaturelles et maléfiques. Il sait qu'il va découvrir 4 histoires menées à leur terme en 1 épisode, dans lesquelles Rondell va appliquer sa justice définitive sur des monstres qui le méritent bien, dans des décors naturels boisés. Il est servi dès la page d'ouverture avec la haute carcasse de Rondell, avançant d'un pas sûr au milieu d'arbres aux formes torturées. Le lecteur voit bien que la nature est mise en scène par Eric Powell pour la sublimer en un décor gothique, une forêt plus impressionniste que naturaliste, un milieu naturel propice à abriter des monstres pouvant disparaître et apparaître à leur gré dans ses sous-bois enténébré. Il note que les futs des arbres sont assez espacés, mais que la frondaison des arbres doit être d'une surface telle que les feuillages de touchent d'arbre en arbre dans les hautes cimes. La majeure partie du deuxième épisode se déroule dans des grottes de vaste taille. Le lecteur peut apprécier le volume de chaque grotte, ainsi que la texture de la roche. La troisième aventure propose 4 pages de pénible progression dans la neige, avec une texture extraordinaire, et une luminosité crépusculaire verdâtre totalement envoutante. La dernière aventure est moins riche en décor, à part pour la caverne dans laquelle est détenu James Stoneturner. Si le lecteur dispose de lunettes 3D, il peut apprécier les éléments naturels du troisième épisode, sinon il regrette de ne pas en disposer.



Eric Powell répond donc aux attentes du lecteur en termes d'environnements naturels sublimés en décors aux formes épurés, propres à distiller une ambiance macabre. Le lecteur retrouve avec grand plaisir la haute silhouette de Rondell, avec son grand manteau descendant jusqu'aux chevilles, ses bottes de cuir, son étrange chapeau melon, et sa longue tignasse. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit bien d'un individu habitué à vivre dans la nature, n'ayant pas accès au luxe de l'eau courante et des installations sanitaires de la ville. C'est un individu fort physiquement, sans que le dessinateur ait besoin de montrer ses muscles, ténébreux, du fait du bandeau qu'il porte sur les yeux, avec une forme de résignation dans sa posture, comme s'il était accablé par la certitude de ne jamais trouver le repos. Le lecteur apprécie également la forte présence visuelle des autres personnages. Comme à son habitude, Powell dose avec précision les ingrédients graphiques, réussissant à allier une forme de réalisme (la tenue du pauvre trappeur), avec une fibre tragique ou horrifique (la fatigue du trappeur, le rictus de la sorcière) et un zeste comique qui ne vient pas contredire la dimension tragique. En regardant le trappeur, le lecteur voit un individu pauvre, subsistant tant bien que mal grâce à une maigre chasse, accablé par la fatigue, sur les nerfs, mais aussi une représentation affectueusement moqueuse qui reconnaît qu'il s'agit d'un plouc. Le lecteur y voit plus du respect que de la condescendance, car Eric Powell reconnaît la dureté de cette vie proche de la nature, reconnaît l'effort de l'individu.



Le lecteur vient également pour la vitalité et l'inventivité des créatures surnaturelles. Il est servi avec la malice méchante de Tailypo, avec la masse de la créature qui transporte ses 2 prisonniers sur son dos, avec la cruauté de Maggie la sorcière, avec la sauvagerie du loup géant, avec la veulerie de Judd Hogslopp et avec le décharnement des 3 sorcières finales. Powell n'a rien perdu de sa dextérité pour donner vie à ces créatures, à les rendre naturelles et évidentes dans le cours du récit, et à leur faire irradier leur méchanceté innée. Comme à son habitude il met en scène des affrontements aussi rapides que violents, où un coup s'avère décisif. Comme dans le premier tome, il en développe un plus que les autres, celui contre le loup géant, avec des cases plus grandes pour laisser s'exprimer l'ampleur de grands mouvements et la violence des chocs. Le lecteur apprécie au premier degré la catharsis que représente ces affrontements physiques, où le bien peut ainsi triompher du mal grâce à un coup de couperet définitif et bien placé.



En termes d'intrigue, le lecteur n'a pas l'impression d'un schéma répétitif ou d'histoires trop réduites à leur plus simple expression. Dans la première, il apprécie le sadisme de Tailypo à l'encontre du trappeur, ainsi que la réflexion qui permet à Rondell de prendre le dessus. Dans la seconde, il se retrouve émotionnellement impliqué dans la naissance de la relation contre nature entre Rondell et Lucille, et dans la valeur sur laquelle elle repose. Dans la troisième, il se laisse complètement emporter par cette vision mystique, à la dimension spirituelle. Dans la dernière, il est un peu plus déstabilisé car finalement le personnage principal n'est pas Rondell, mais James Stoneturner. Il espère alors que ce personnage reviendra dans un prochain épisode. Dans tous les cas, l'auteur réussit à surprendre le lecteur, et à délivrer son quota de divertissement et de dépaysement.



Le lecteur part avec un a priori négatif contre les 2 histoires courtes car ce n'est pas pour elles qu'il a acheté ce tome. Il est déjà un peu rassuré quand il constate qu'elles ont été écrites par Eric Powell, ce qui assure qu'elle reste dans la tonalité des histoires des 4 épisodes, et qu'elles s'intègrent parfaitement dans la mythologie développée. Steve Mannion ne dessine pas comme Eric Powell, et il a choisi d'utiliser une seule couleur. Mais le lecteur apprécie sa verve visuelle et se dit que la narration visuelle reste dans la veine de celle de Powell, avec une approche plus détaillée, mais toute aussi facétieuse. Simone di Meo se montre plus appliqué dans le traçage des contours, et plus porté à l'exagération comique des formes. Cependant il conserve lui aussi la tonalité des aventures de Rondell, avec une narration plus appuyée sur la farce. Ces 2 récits ne sont pas indispensables, mais ils déparent pas dans le recueil.



Ce deuxième tome savoure aussi efficace et savoureux le premier, avec des histoires rondement menées, mélangeant une forme de drame et de conte surnaturel, dans lequel les créatures maléfiques reçoivent le sort qu'elles méritent.
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Hillbilly, tome 2

Rondel, le Hillbilly, est de retour dans les Appalaches. Et avec lui, tout une flopée de monstres et autres êtres magiques. Au mieux, égoïstes et dangereux. Au pire, emplis de mauvaises intentions et très dangereux. Heureusement, rien ne résiste au hachoir géant qui pend au bout de sa puissante main.



C’est donc parti pour cinq nouveaux chapitres des aventures de Rondel : « Il y a de nombreuses histoires qui courent à propos de Rondel, le Hillbilly errant. En voici une. » Le personnage est le même : silhouette massive, de longs cheveux noirs courant jusque sur la peau d’animal qui la couvre, un chapeau qui cache dans l’ombre ses yeux noirs, fendus, aux larmes définitives. Même assurance dans sa démarche. Même tristesse aussi sur son visage. Car Rondel est témoin de situations souvent noires. Les missions qu’il se donne à lui-même le conduisent devant la lie de l’humanité. Il est le témoin des pires sentiments, exacerbés : orgueil démesuré, folie de la cupidité. Quand l’homme est un loup pour l’homme et pour les autres êtres vivants.



Et comme cela ne suffit pas, il a également affaire à des créatures surnaturelles rarement sympathiques : Tailypo, un monstre à la grande queue, qui perd cette dernière et ne l’accepte pas ; Ezerat, un serpent gigantesque, aux crocs (car oui, ce serpent possède des pattes) acérés et aux dents pointues et tranchantes ; Hogslopp, « un rat à grosses bajoues », qui ressemble à un homme difforme à la tête monstrueuse et aux bras terriblement musclés. Et d’autres encore, dont trois sorcières terrifiantes dont le chapeau pointu semble dévorer le haut du visage. Pas de quoi s’ennuyer. Pas de quoi retrouver foi en l’humanité et les autres.



Mais tout n’est pas sombre. Par exemple, le chapitre 2 est l’occasion de découvrir comment Rondel et Lucille, l’ourse plus que massive qui l’accompagne partout, se sont rencontrés et sont devenus amis. Rencontre qui correspond bien à la façon dont on voit leur amitié s’exprimer : tout en remarques bourrues, mais pleines d’affection. Et surtout pleines d’un profond respect et de sentiments très forts. Et c’est amusant de voir Lucille jeune, petite ourse déjà bien solide sur ses pattes et au caractère déjà bien affirmé.



Plus tard, dans le chapitre 5, on retrouve un personnage qui ouvrait le premier tome. James, le petit garçon que Rondel avait sauvé d’une sorcière pleine d’appétit, a grandi. Et se trouve enlevé par Hogslopp pour le compte de trois sorcières (c’est fou ce qu’il y a comme sorcières ans les Appalaches). L’histoire, et donc l’album, reste en suspens. L’auteur maintient le suspens et il faudra attendre le tome 3 (déjà paru, donc tout va bien) pour comprendre ce qui s’est passé dans cette grotte entre James et les trois femmes aux chapeaux pointus.



Eric Powell n’a pas travaillé seul sur cet album.Steve Mannion l’a accompagné, au dessin, pour l’épisode de flash-back intitulé « Tailypo et l’enfant de fer ». Rondel y voit son visage affiné, plus affûté. Et on retrouve le personnage de l’enfant de fer, comme promis par Eric Powell dans le premier tome. Dans le chapitre quatre intitulé « Le clochard Opossum rafle tout », il est aidé par Simone di Meo pour le dessin et Warren Montgomery pour la couleur. Les personnages sont plutôt cartoonesques et m’ont un peu fait penser à un autre comics que je lis en parallèle, Tony Chu, détective cannibale, de John Layman et Rob Guillory. Cela correspond au ton de l’histoire, un peu caricatural et exacerbé dans ses sentiments, très agréable à lire si on aime l’humour noir et qu’on ne se fait aucune illusion sur l’humanité et ses aspirations. Enfin, dans le chapitre 3, l’auteur tente une expérience : suite à une absorption de drogue, Rondel a des visions. Eric Powell propose alors treize pages en 3D. Mais si vous n’avez pas de lunettes adéquates (vous savez, les lunettes rouge et bleu), pas d’inquiétude : ce passage est très lisible. Et ça claque !



Même si j’ai été moins admiratif qu’à la lecture du premier tome (l’effet de surprise est passé), j’ai beaucoup aimé lire les nouvelles aventures de Rondel. Je suis toujours subjugué par la force du trait et le choix efficace des couleurs. Tout est magnifié, dans la beauté comme, surtout, dans l’horreur. Une série à laquelle je reste attaché.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Hillbilly, tome 2

"Il y a de nombreuses histoires qui courent à propos de Rondel le Hillbilly errant. En voici une."



V'là la suite des aventures du Sieur Rondel, m'sieur.

Oh, faut pas chercher trop loin les raisons qui l'pousse à avancer. On voit bien qu'c'est pas un mauvais bougre, malgré ses yeux noirs, ça carrure de boeuf et son haut d'forme poivré d'terre. Faut dire qu'y passe son temps à affronter l'malin ou ses représentations, l'pôv.

'fin j'dis l'pôv... C'est que c'est surtout les ceusses qui lui veulent du mal qu'ont intérêt à compter leurs abattis quand qui prennent la fuite après s'êt fait dérouiller.

L'a pas la tolérance facile l'père Rondel, c'est même plutôt un gars comme qui dirait qui préfère trancher qu'causer.



Pour sûr, dans c'bouquin on r'marque aussi qu'il a du coeur tout d'même le gars. Pis ses potos sont renfloués pour qu'on leur donne plus d'image et plus d'corps. Et même que dans la dernière histoire...



Ah oui. L'chang'ment d'dessinateur.

Pour ma part, ça m'a pas perturbé. Après si t'es un peu tatillon, j'comprends qu'ça t'fasse grognasser, mais honnêtement, r'garde toi : t'en veux encore, hein !! Ca t'plaît !!



Ben t'as d'la chance dans ton malheur : l'tome 3 est déjà annoncé !
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Hillbilly, tome 3

Rondel is back ! le hillbilly, le vagabond sans yeux au hachoir "gros comme une roue de charrette" est de retour !!

Si le tome précédent m'avait laissé une impression très mitigée, en revanche celui-ci m'a complètement embarquée ! Avec une ambiance à la Tolkien, la communauté du hachoir se rassemble pour faire face aux sorcières bien décidées à mettre leurs querelles de côté pour mieux s'unir et dézinguer les humains, et surtout mettre Rondel hors d'état de nuire. Mais c'est sans compter James Stoneturner, Lucille l'ours, Alma Rose et Esther - qui finissent quand même par être rejoints par d'autres pecnos des Appalaches.



Eric Powell réussit à merveille à mélanger les genres (épiques, fantastiques, fantasy, contes revisités, etc) et les niveau de narration sans embrouiller ou perdre le lecteur. Les touches d'humour sont toujours aussi appréciables, et les découpages et le travail de coloration apportent davantage de dynamisme et d'effets dramatiques au récit.



Super lecture d'évasion !
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Hillbilly, tome 3

Ce tome fait suite à Hillbilly, tome 2 (épisodes 5 à 8) qu'il vaut mieux avoir lu avant car il est fait référence à des événements s'y déroulant. Il contient les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2018, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Eric Powell, le créateur de The Goon. Par opposition aux 2 premier tomes, ces 4 épisodes forment une histoire complète, pas 4 histoires indépendantes auto-conclusives.



Dans les montagnes appalachiennes, James Stoneturner a été enlevé par une assemblée de sorcières qui voulaient des renseignements sur Rondel. Il s'en est sorti en découvrant un pouvoir en lui. Il est ensuite rentré à son village pour y récupérer l'étrange pierre avec des arabesques luminescentes. Puis il s'est mis en route. Marchant dans la forêt, Rondel, toujours armé de son tranchoir, arrive devant les cadavres de 3 sorcières. Il interroge la marmotte qui se trouve sur les lieux qui lui indique qu'elles avaient capturé un individu dont elles ont fait de la soupe. Rondel met sa parole en doute et poursuite son chemin. Il est observé à son insu par un petit démon appelé Taylipo. Ce dernier va trouver 2 monstres : Hensel et Grendel. Il exige qu'ils capturent Rondel pour le compte de la grande sorcière. À contre cœur, ces derniers acceptent et réussissent à neutraliser Rondel et à le séparer de son tranchoir.



James Stoneturner écoute la pierre qui semble communiquer avec lui d'une manière ou d'une autre, et qui l'amène au pied d'un arbre seul au milieu d'une vallée, d'une essence étrange. L'arbre s'adresse à lui, même s'il ne dispose pas du sens de la vue. Il lui confirme que c'est la pierre qui l'a conduit à lui. Il lui indique qu'il va raconter et révéler la véritable nature de son auditeur. Il parle d'un passé lointain où cette région était tourmentée par des créatures maléfiques. Le chef d'une tribu avait décidé d'aller chercher de l'aide de l'autre côté de l'océan, auprès d'une puissante tribu. Plusieurs membres de ladite tribu avait fait le voyage de retour sur le dos d'une tortue en pierre, faite de rochers agrégés par la puissante shaman. L'arbre continue à raconter son histoire à James Stoneturner et lui ouvre l'esprit à la manière de se servir de son pouvoir. Après quoi, Stoneturner rejoint Rondel. Ils sont ensuite rejoints par d'autres alliés. Ils font tout pour prévenir les villages alentours de l'attaque imminente d'une alliance sans précédent entre sorcières, mais ils ne sont pas écoutés. Le conflit est inéluctable.



Le lecteur revient avec grand plaisir pour ce troisième tome des aventures de l'aveugle au tranchoir surnaturel. Eric Powell n'a pas son pareil pour mêler des créatures de contes régionaux, avec un individu à la forte carrure exterminant les monstres, les démons et les sorcières. Comme dans les tomes précédents, le créateur est totalement libre de raconter son histoire comme bon lui semble, sans interférence éditoriale. Par exemple, il consacre la moitié du premier épisode à James Stoneturner. Une mère se met à raconter à son fils un conte mettant en scène Iron Kid dans le troisième épisode. Le quatrième épisode est raconté par un grand-père à ses petits-enfants, car il était présent lors de la bataille entre Rondel et la congrégation de sorcières. La première moitié de cet épisode 12 est donc sous forme de bande dessinée, avec des cellules de texte en lieu et place des phylactères. Dans le même ordre d'idées, Powell peut jouer avec la forme de ses dessins et la mise en couleurs. Comme dans les tomes précédents, il se restreint à une palette très réduite : des teintes vertes et des teintes grises déclinées en quelques nuances seulement. Contre toute attente, cela n'a pas pour effet de noyer les dessins dans une ambiance uniforme. L'artiste joue avec les espaces blancs et les couleurs pour apporter plus de relief à chaque forme, pour rendre compte de l'ambiance lumineuse et des ombres portées. Il joue également avec le rendu des dessins, passant de cases aux traits encrés, soigneusement lissés pour les contours, avec des aplats de noir, et une mise en couleurs sophistiquée allant jusqu'à représenter une partie des arrière-plans en couleur directe, à des dessins laissés à l'état de crayonnés avec des traits de contour irréguliers, et des hachures pour les ombres portées pour raconter la légende sur Iron Kid.



Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages croqués par Eric Powell. Rondel a toujours cette stature massive, ce long manteau avec une sorte de courte cape en fourrure, qui accentue encore son aspect monolithique. Ses cheveux longs, sa longue barbe et son chapeau cabossé ajoutent un air sinistre à sa personne, transmettant cette impression de fatalité dont il ne peut pas se défaire. Il aura même l'occasion de pleurer avant la fin de l'histoire, des larmes noires. Par contraste, James Stoneturner donne l'impression d'être presque joyeux. En tout cas, il passe par une phase de sa vie où il en découvre sur sa nature, avec un ressenti positif à utiliser ces capacités merveilleuses, même quand il s'agit de les mettre à profit dans un combat. Visuellement, Esther s'avère très déconcertante, à la fois pour sa tenue vestimentaire exclusivement choisie pour sa praticité, et pour son visage. Powell ne représente ses yeux que par deux points noirs, sans iris, sans pupille, et par ses expressions faciales évoquant plus celles d'un enfant que celles d'un adulte. Pourtant cet amalgame étrange fonctionne parfaitement, à la fois pour montrer l'état d'esprit de cette femme, son caractère entier et déterminé, et son refus de se laisser gagner par quelque forme de désespoir. Parmi les personnages secondaires, l'artiste s'amuse à croquer un trio de villageois obtus imbus de leur intelligence (à l'évidence très limitée) et de leurs certitudes, irrésistibles dans leur bêtise et la confrontation inéluctable avec la réalité qui s'annonce brutale. À part quelques figurants villageois, le lecteur peut observer la mère magnifique qui raconte une histoire d'Iron Kid à son fils, et le grand-père chenu qui raconte la bataille à ses petits-enfants.



Bien sûr, le lecteur attend également avec impatience les monstres en tout genre. Hansel et Grendel respirent la bêtise par leur gueule cassée et leur expression crétine, mais aussi par leurs bras et jambes trop longs dont ils ne savent pas quoi faire. Eric Powell représente des sorcières pustuleuses à souhait, et réussit quand même à leur donner une présence extraordinaire, les élevant au-dessus de la caricature. La sorcière à 4 bras arrive en arborant une assurance tellement crasse que s'en est un plaisir sans honte aucune de la voir se faire massacrer en deux temps, trois mouvements par Rondel. Il est impossible de ne pas sourire devant le dernier cyclope qui avance sur Rondel, tout aussi sûr de sa force que pouvait l'être la sorcière de ses sorts. Les dessins arrivent à combiner la douceur d'une peluche et l'appréhension face à quelqu'un de pas commode pour Lucille (la grande ourse) et la lionne des montagnes d'Alma Rose. Eric Powell réussit à insuffler de la vie à tous ces personnages, ainsi qu'un caractère propre à chaque fois différent.



Le lecteur découvre donc l'intrigue au gré de la fantaisie narrative de l'auteur, passant d'une séquence sur la découverte des pouvoirs magiques de James Stoneturner à une discussion entre une marmotte et Rondel, sans oublier une histoire sur des temps mythologiques, et un autre sur les hauts faits d'Iron Kid. S'il a l'esprit chagrin, il peut estimer que Powell articule ses séquences uniquement en fonction des besoins de l'intrigue et surtout de la séquence suivante. Sinon, il peut aussi y voir une trame composée de plusieurs fils narratifs concomitants, sans que le scénariste ne se repose sur le dispositif qui consiste à introduire un désordre chronologique pour augmenter artificiellement le suspense et donner l'impression au lecteur d'une structure plus complexe juste pour le plaisir de pouvoir le faire, sans justification quant à l'intrigue.



Il est donc recommandé d'avoir lu les 2 tomes précédents pour suivre l'intrigue de celui-ci, car Eric Powell évoque l'histoire personnelle de Rondel, son amitié passée avec Esther, et la mésaventure de James Stoneturner avec les 3 sorcières, ainsi que d'autres points de continuité. Il ouvre l'horizon de la série, avec un retour à une époque mythologique, celle de la shaman, mais aussi celle d'Iron Kid. Le lecteur sourit en voyant Stoneturner s'adresser à un arbre dépositaire de la mémoire de l'Histoire, évoquant d'une certaine manière le Parlement des Arbres créé par Alan Moore dans la série Swamp Thing. Il apprécie l'approche adulte et pragmatique de Stoneturner quand il manipule la foule pour qu'elle croit aux dires de Rondel, le faisant passer pour un être mythique. Le lecteur se retrouve rapidement emporté par la saveur de la narration visuelle, et par l'enjeu de l'affrontement. Il prend progressivement conscience que l'auteur utilise quelques conventions du récit d'horreur et de monstres pour faire émerger les valeurs morales de son héros et donner une dimension morale aux affrontements physiques.



A priori, le lecteur revient surtout pour retrouver la familiarité de la narration visuelle d'Eric Powell et son maniement des créatures monstrueuses. Il ne lui faut que quelques pages pour se rendre compte de la qualité extraordinaire des dessins, exhalant des nuances de saveurs remarquables et délicieuses. Il apprécie la consistance de l'intrigue et son ambition discrète, installant sa propre mythologie en douceur, allant crescendo vers une bataille mémorable, sans jamais perdre l'empathie générée par les personnages, leur destin dramatique, leur capacité à assumer cette tragédie.
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Hillbilly, tome 3

Un scénario magnifiquement ficelé pour que deux légendes se rencontrent enfin, enluminé par un trait minutieux et expressif où la laideur des uns explose dans un graphisme superbe et où le silence relève de la plus belle candeur.
Lien : https://www.actuabd.com/Hill..
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Hillbilly, tome 3

Et c'est ici que tout se lie. Les aventures fantastiques et formidablement écrites des deux tomes précédents nous amènent vers un arc plus long, couvrant tout ce troisième tome.



Tout les indices font corps, et les éclats d'horreur grotesques (au sens noble) illustrés juste comme il faut laissent place à la renaissance d'une épopée, à la réalisation d'une légende prophétique.



On y retrouve tout ce qui fait le charme de Powell. Les dessins cartoon qui paraissent parfois empruntés à une audacieuse campagne de com', un bonhomme malabar qui bénéficierait d'un background simple mais fort, percutant, déformé. Tout les personnages ont leur identité, les dialogues bien que parfois volontairement exagérés, sonnent juste jusque dans les reflets caricaturaux qui donne une belle couleur au face à face entre un ignare à mèche blond plus influent que les autres et une jeune femme à tresse venant prévenir de l'apocalypse à venir. La magie du cartoon encore une fois.



Donc oui, l'humour, l'histoire glauque de magie et de viles créatures dans la lignée d'un Corben, des personnages bien écrits et de la caricature. Pas de quoi remuer un lecteur assidu de Powell.



Sauf qu'ici, le format d'un récit courant sur 4 chapitres permet de développer l'épique. Le légendaire, l'évocation, l'union des forces de tous les péquenots contre les péquenots encore plus moches qui cherchent à les bouffer. Chaque page est une bouffée non plus seulement de Fantastique, mais aussi de fantasy héroïque.



On peut facilement reprocher la conclusion abrupte et peu subtile de quelques trames narratives de second plan qui, parfois, m'ont fait un peu buter la lecture par un coté ficelle de marionnettiste de 5 centimètres de diamètre. Mais malgré tout, ça fonctionne.



Je vous encourage donc à lire non pas seulement Hillbilly 3, mais aussi les autres travaux d'Eric Powell, notamment The Goon qui est réédité sous format intégrales.



Bon bain de boue à tous !
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Les seigneurs de la misère

Ce comics démarre dans un climat très intense. Le lieu clos de la camionnette permet de se concentrer sur les récits multiples et parfois contradictoires des hommes. La Diabla rôde autour d’eux sans qu’ils s’en rendent compte. Au fur et à mesure de leurs histoires, on voit la légende de cet être dont l’humanité a été sacrifiée depuis longtemps se dessiner. C’est terrifiant par les dessins d’Eric Powell qui use d’images de sorcellerie et de sacrifice. On quitte peu à peu une certaine réalité. Ces hommes n’essayeraient-ils pas de se rassurer sur le menace qui plane au-dessus d’eux ? L’auteur fait durer cela jusqu’à l’arrivée de cette femme puissante et vengeresse. Arrive alors l’organisation des Seigneurs et son recrutement d’êtres hors norme. Un enfant loup garou, un nain féroce, un homme au cerveau à découvert…

Le Goon, héros d’une précédente série, est aussi de la partie. Derrière ce visage à moitié brûlé, il cache ses souffrances et fait parler plus ses muscles que ses paroles. La deuxième partie du comics est un enchaînement d’actions entre cette organisation et des zombies aux allures nazies. Le fond, sombre et terrible, est face à un humour de façade. Les personnages, dont la vie ne représente plus vraiment grand chose et dont la mort est le quotidien, se lancent dans un combat qu’il faut gagner. Le rythme, la noirceur des dessins, n’effacent jamais les personnages, leurs personnalités, leurs réparties. L’humour, l’excentricité de certains cohabitent très bien avec l’apprentissage de l’enfant qui ne retient ni ses larmes ni son courage. Graphiquement, l’auteur joue sur les visages, certains meurtris qui dissimulent une passé lourd, d’autres plus ouverts et accessibles. On accroche, à la lecture, à des émotions tout en percevant le mystère de quelques personnages. Ceux-là sont tellement embrumés dans leurs émotions qu’ils ne parviennent jamais à mettre des mots dessus.
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Les seigneurs de la misère

"Les Seigneurs de la Misère" ressemble à un titre de transition de la série "The Goon" d'Eric Powell, un hors série qui pourrait bien être un nouveau départ. Eric Powell est un touche à tout, il dessine, contribue aux couleurs de ses livres, ces dialogues sont une malle à citation, avec une remarquable conduite des personnages et de l'humour.

Le personnage principal, The Goon est accompagné par son fidèle ami Franky, et du jeune Roscoe, tout ce petit monde évoluent dans un univers entre polar et aventure fantastique, fait de zombies nazies, et de surnaturel avec une copie de vampire emprunt de Dracula.

La lecture et le graphisme sont captivant et magnétique, toujours aussi percutant et efficace, les planches sont pertinentes, dans un style reconnaissable, et la colorisation finalise et complète le bon fonctionnement.

Le tome commence par un court chapitre sur La Diabla, son origine, son histoire et sa légende, vaguement racontées par des protagonistes à qui je ne confirai pas mon portefeuille.

Un autre personnage vient compléter l'équipe des seigneurs de la misère, il reste à découvrir sa véritable implication dans cette aventure...

Pour conclure rien de bien nouveau dans le pays du Goon, si ce n'est le plaisir de retrouver un personnage culte mené de main de maitre par son créateur.
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Les seigneurs de la misère

Whaoh ! Le retour inattendu, inespéré en français du GOON !

Après 13 albums, déjà chez Delcourt, la série s'était interrompue tout au moins dans sa version française.

C'était, à la réflexion, peut-être un moindre mal, les aventures de ce personnage commençaient un peu à tourner en rond.



C'est donc un one-shot (avec toutefois, un gros point d'interrogation après le mot "Fin") avec Le GOON, son pote Frankie, un jeune loup-garou nommé Roscoe et un nouveau personnage féminin : La Diabla.



Pour le scénario, nous retrouvons, le côté déjanté des chapitres précédents.

Eric Powell a bien intégré les codes et clichés des pulps et pour le graphisme et ceux des comics des années 50/60 ; Jack Davis et Jack Kirby sont manifestement deux grandes influences pour cet auteur.



Un album que les fans seront sans doute ravis de découvrir, et qui peut permettre aux néophytes de découvrir un auteur original à la forte personnalité !
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Les seigneurs de la misère

Un album qui plaira aux fans de Powell, qui veulent une petite dose supplémentaire du Goon et qui aiment les histoires de zombies. Pas grand chose à dire de plus. Ca se lit très bien, on passe un bon moment et c'est très bien dessiné, même si en refermant la dernière page, on se demande si l'auteur ira plus loin avec ces personnages… Un peu de patience !


Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Marvel

Dans les mains des créateurs

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Ce tome contient une histoire complète, tout en fonctionnant comme une anthologie de prestige, et un écho thématique à Marvels (1994) d'Alex Ross & Kurt Busiek. Chaque épisode à l'exception du dernier comprend un prologue et un épilogue entièrement réalisé par Alex Ross (scénario et peintures) avec l'aide de Kurt Busiek & Steve Darnall pour l'histoire, et deux ou trois histoires complètes assimilables à des nouvelles. Le tome commence par une courte introduction de Ross expliquant le lien thématique avec Marvels.



Doctor Strange a été réduit à l'impuissance par Nightmare qui se repaît des rêves des êtres humains. Spider-Man, par Frank Espinosa (avec Sajan Saini pour les dialogues) : Spider-Man se bat contre Rhino tout en pensant à la demande de Mary Jane Watson de réduire ses dépenses, en particulier en utilisant moins de fluide pour toile d'araignée, dont les composants chimiques coûtent si cher. Avengers, par Kurt Busiek (scénario) & Steve Rude (dessins) : les membres de l'équipe originale sont en train de se sustenter, alors que Rick Jones a revêtu un casque qui lui permet de projeter l'image de Hulk. X-Men, par Dan Brereton : juste après le sauvetage sur Krakoa, les membres des deux équipes de X-Men s'entraînent dans la Danger Room, les anciens ayant des réserves sur le comportement du petit canadien. Silver Surfer, Spider-Man, The Thing, par Eric Powell : Ben Grimm est parti acheter des Cannoli chez Giuseppe, mais il se fait piquer sa boîte par Spider-Man. Vision, par Paolo Rivera : Vision va extirper des décombres un enfant qui tient une figurine de Captain America dans sa main. Namor, par Alan Weiss : Namor est invité à une soirée pour collecter des fonds dans une base sous-marine où se trouve Argno Gwace. Uatu, par Bill Sienkiewicz : le gardien passe en revue l'enfance d'un garçon qui dessine des bandes dessinées. Rocket Raccoon, par Scott Gustafson : il se retrouve sur une planète avec des créatures à fourrure. Black Widow (Claire Voyant), par Ryan Heska : Black Widow est en enfer où elle se retrouve aux côtés de Red Skull, devant Satan lui-même.



Deviants, par Daniel Acuña : dans un futur proche, les déviants sont maîtres du monde et organisent des combats de gladiateurs entre superhéros. Doctor Droom (Anthony Druid), par Hilary Barta & Doug Rice : Droom n'a pas un instant de répit, à arrêter monstre après monstre à New York. Ben Grimm, par Alex Ross (scénario) et Sal Abbinanti (dessins) : Ben marche dans la rue en repensant à quel point il fait peur aux autres depuis qu'il a une peau de brique orange. Wong, par Gene Ha & Zander Cannnon : Wong se rend dans une autre dimension pour aider des novices en magie qui se sont retrouvés dans une situation périlleuse. Nick Fury, par Adam Hughes : à Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale, Nick Fury déverse ses propos cyniques devant une bouteille, au profit d'un jeune garçon allemand. Wolverine, par Mark Waid (scénario) et Lucio Parillo (dessins) : Cyclops s'interroge sur l'instinct de mort de Wolverine alors qu'il est en train d'affronter Hulk. Nick Fury, par Greg Smallwood : Fury accomplit mission d'espionnage après mission avec une classe extraordinaire. Silver Surfer, par Lee Bermejo : Surfer est de retour sur une terre dévastée et affronte un individu entouré d'un halo de flammes. Doctor Strange, par Alex Ross (scénario) et Mitch O'Connell (dessins) : Strange a réussi à trouver comment contrattaquer contre Nightmare.



C'est une copieuse anthologie, donc il y a à boire et à manger, du bon et du moins bon, en fonction des goûts du lecteur. Les responsables éditoriaux sont parvenus à respecter le principe édicté par Alex Ross : donner carte blanche à des artistes prestigieux. S'il dispose d'une large culture comics, le lecteur ne peut pas résister à la perspective de retrouver des légendes comme Adam Hughes, Bill Sienkiewicz, Gene Ha, des artistes confirmés plus récents comme Daniel Acuña, Lee Bermejo, et des artistes indépendants comme Eric Powell ou Steve Rude, sans oublier Alex Ross lui-même qui réalise toutes les couvertures originales ainsi que 14 planches intérieures réparties dans les 6 épisodes. Elles sont magnifiques, mais ne valent pas à elle seule le prix de l'ouvrage. Le lecteur passe alors à l'histoire de Spider-Man avec une personnalité graphique très séduisante, mêlant des personnages à la Bruce Timm, avec un rendu impressionniste des arrière-plans pour une histoire sympathique et visuellement mémorable. L'histoire suivante est tout aussi sympathique avec Steve Rude en mode Jack Kirby, ce qu'il fait très bien sans donner l'impression d'un ersatz au rabais, avec une saveur amusée sans être moqueuse ou railleuse, à nouveau très agréable. La page peinte par Alex Ross pour clore ce premier numéro et c'est fini. Sympathique.



C'est parti pour le deuxième numéro avec une histoire peinte et écrite par Dan Brereton, artiste à la saveur particulière, dans un registre descriptif et coloré, avec un ton adulte. Très sympathique. Puis arrive Eric Powell avec une histoire de 10 pages, résolument distrayante par sa bonne humeur et son prétexte léger : pouvoir déguster les fameux cannoli de Giuseppe. Les dessins du créateur de The Goon sont toujours aussi plein de vie avec des visages expressifs, et l'histoire se déguste. Paolo Rivera réalise des planches peintes dans un registre plus sombre, pour un récit poignant : excellent. Numéro 3 : un récit à l'ancienne de Submariner contre des sympathisants nazis, plein de malice, et une touche de bonne humeur, aussi savoureux que désuet. Changement total de registre avec les 8 pages de Sienkiewicz. Pas d'histoire de superhéros malgré la présence de Uatu, un scénario très particulier qui raconte le besoin de dessiner d'un jeune garçon qui va devenir un auteur de comics. Comme il a pu le faire par le passé, l'artiste raconte à sa manière, plutôt avec des cartouches de texte qu'avec des phylactères, avec une forme d'humour assez à froid, sans affrontement physique, mais le comics de superhéros est au cœur de l'histoire. Le lecteur sent bien qu'il est passé dans un registre un peu plus cérébral, moins axé sur le divertissement, fascinant et enrichissant. Indispensable. Cela ne l'empêche pas de revenir avec plaisir à des récits plus premier degré, comme cette illustration en double page dans laquelle Rocket Raccoon essaye de faire comprendre le concept de distance personnelle entre individus. Enfin Claire Voyant (avec une référence à son apparition dans Mystic Comics 4 d'août 1940) emmène le lecteur en enfer avec un style de dessin naïf, tout aussi personnel que ceux de Sienkiewicz, dans un registre très différent.



Par la suite, les récits vont mêler ces deux approches avec un dosage différent à chaque fois : soit un peu plus d'action, soit un peu plus de recul. Daniel Acuña se fend d'une dystopie mêlant à la fois la saveur de Killraven et celle de Earth X, inventant des croisements possibles entre des personnages Marvel pour un futur proche avec une narration visuelle axée sur l'action, sur un rythme soutenu et souvent explosif, tout en proposant une réflexion sur les jeux du cirque et sur l'inventivité et la créativité du genre humain. Hilary Barta et Doug Rice réalisent un délicieux pastiche en mettant en scène le personnage du docteur Droom, proto docteur Strange, pour neutraliser les monstres Marvel qui pullulaient dans années 1950 et début 1960, avec une narration visuelle à la saveur proche de celle d'Eric Powell : délicieux. Ross plonge dans la psyché de Ben Grimm à travers ses états d'âme avec des dessins aux crayons de couleurs, délicats et aventureux, une sensibilité d'une grande justesse. Gene Ha et Zander Cannon œuvrent dans un registre bien différent de Top 10 d'Alan Moore. S'il a lu Kaijumax de Cannon, le lecteur retrouve toute sa sensibilité et sa facétie dans cette mission indigne de Docteur Strange, donc réalisée par Wong, avec ces néophytes peu conscients des risques qu'ils prennent mais refusant de renoncer aux profits potentiels de leur petite entreprise, avec des dessins dans des teintes pastel évoquant bien des dimensions magiques.



Ça fait plaisir au le lecteur de retrouver Adam Hughes même si celui-ci a choisi un personnage masculin, et mal rasé de surcroît, plutôt qu'une jolie jeune femme accorte. Il retranscrit avec justesse le cynisme désabusé de Nick Fury, ainsi que sa volonté d'aller de l'avant, avec des dessins toujours aussi réalistes et arrondis. Wolverine contre Hulk, encore certes, mais avec un artiste réalisant des planches peintes évoquant Gabriele Dell'Otto au meilleur de sa forme, et un scénariste concis et pénétrant quant à la psyché de Logan : parfait. Arrivé à ce stade du recueil, le lecteur a acquis la conviction que le responsable éditorial a bien fait son travail pour s'assurer de la qualité des récits. Effectivement, Greg Smallwood est en pleine forme sur le plan visuel avec une touche pop art dans les aventures de Nick Fury, et une touche parodique dans ses missions et sa capacité à se sortir de toutes les situations périlleuses. Bermejo réalise un récit de Silver Surfer en noir & blanc avec des nuances de gris, dans une ambiance de monde en déliquescence, de toute beauté. Enfin, la dernière histoire voit Docteur Strange reprendre le dessus sur Nightmare avec des dessins à la naïveté évoquant celle des comics des années 1960, en totale cohérence avec la nature du récit.



Dans un premier temps, le lecteur se dit que les responsables éditoriaux ont profité de la notoriété d'Alex Ross pour assembler un produit de bric et de broc, plus ou moins bien ficelé, avec des auteurs plus ou moins inspirés. Dès le premier numéro, il constate que quel que soit le niveau d'inspiration des auteurs, leur investissement dans l'histoire qu'ils racontent est total, avec un savoir-faire éprouvé. Arrivé au numéro 3, il se produit comme un déclic avec le récit de Bill Sienkiewicz, à la fois en termes de liberté de ton, de prise de risque graphique, et la suite se maintient à un niveau extraordinaire, même si les créateurs suivants n'œuvrent pas dans le même registre.
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The Goon - Dark Horse 10 : Death's Greedy C..

Ce tome fait suite à Calamity of conscience (épisodes 18 à 31, parus en 2009). Il contient les épisodes 32 & 33, ainsi que les 3 épisodes de la minisérie dédiée à Buzzard, parus en 2010.



Épisode 32 - Franky a organisé une fête d'anniversaire en l'honneur de Goon, chez Norton, avec même un gorille violeur et le passage de Frank Darabont (scénariste et réalisateur hollywoodien). Mais Goon n'a pas le coeur à la fête.



Dans cette première partie, Eric Powell (scénario et dessins) s'en donne à coeur joie pour mêler la détresse psychologique de Goon (voir les tomes précédents), les délicates attentions prévues par Franky (avec la surprise de Mabel), la déchéance du Priest, l'apparition d'un monstre dont Powell a le secret, et les conseils de Frank Darabont (réalisateur de La Ligne verte et de quelques épisodes de The Walking Dead) qui vient donner des conseils à Eric Powell sur le potentiel comique d'un gorille violeur. Powell fait le grand écart narratif entre un humour noir et absurde, et des émotions intense, avec une facilité apparente qui fait que tous les éléments disparates s'intègrent dans une narration fluide, vive et drôle. 5 étoiles.



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Épisode 33 - Une jolie jeune femme a fait son apparition au bar de Norton. Un inconnu patibulaire arrive en ville pour la dessouder. Goon et Franky vont devoir y mettre bon ordre. Cette histoire présente la particularité d'être narrée sans texte.



Cet épisode est un régal de bout en bout et une démonstration exemplaire des talents de conteur d'Eric Powell. L'absence de tout texte permet de mettre en évidence (pour ceux qui ne l'avaient pas encore remarqué) la verve graphique de Powell. Uniquement par le biais de savoureuses illustrations, Powell raconte en 22 pages une histoire de vol, de vengeance, de manipulations, tout en incluant les états émotionnels de chacun des personnages. Non seulement chacun dispose d'une apparence graphique soignée comme d'habitude, mais en plus Powell trouve des idées visuelles à la pelle pour une histoire poignante, brutale et rapide. Une leçon de bande dessinée. 5 étoiles.



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Minisérie Buzzard - Buzzard a décidé de reprendre la route et de trouver une solution à son état. Il arrive à proximité d'un château où il a des visions de l'avenir. Puis son périple l'amène dans un village subissant l'assaut chronique de créatures monstrueuses. Buzzard accepte de leur venir en aide en se rendant près du dieu de ces créatures.



Lors de la pause de la série "The Goon", Eric Powell a pris le temps de concocter une histoire de Buzzard. Le premier épisode permet de rappeler qui est Buzzard, de quelle malédiction il est la victime, et d'expliquer comment il acquiert une vieille rosse pour voyager. La première couverture est magnifique, Eric Powell reprend le célèbre Death Dealer de Frank Frazetta, en mettant Buzzard à sa place. Les illustrations du récit reprennent les codes établis par Powell lui-même lorsque Buzzard expose son point de vue : des cases sans beaucoup de décors où Powell privilégie l'ambiance au travers d'un schéma de couleurs sophistiqué.



Powell construit son récit sur la base d'un schéma très classique de quête : Buzzard accepte d'aider les villageois, il voyage avec un gamin pour lui montrer le chemin et il croise une belle dame à sauver, avant d'affronter le gros monstre. À l'évidence l'intention de Powell est de mener un récit dépouillé, réduit à sa plus simple expression, de la même manière que Buzzard ne s'intéresse qu'à l'essentiel, bannissant toute fioriture. Il reste donc à apprécier le point de vue de Buzzard sur ses compagnons de route et son véritable objectif. Ce dernier a déjà été évoqué dans des épisodes de la série "The Goon", il ne constitue donc pas une surprise. Ses relations avec l'enfant et la femme sont elles aussi ténues puisqu'il souhaite maintenir une distance par rapport à eux, et éviter toute implication émotionnelle.



Au final, ce parti pris narratif de ne conserver que l'essentiel, de viser un récit dépouillé est un pari risqué puisqu'il n'est pas sûr que le lecteur y trouve suffisamment de quoi se divertir. À l'arrivée le résultat est mitigé. Powell réussit parfaitement à faire passer l'état d'esprit de Buzzard, ses motivations et sa fatigue existentielle. Le garçon et la femme ont assez d'épaisseur pour avoir un début de personnalité, mais guère plus. Le classicisme de la quête rend son déroulement trop prévisible, trop famélique, mais la personnalité de Buzzard évite l'ennui. Les dessins possèdent toujours cette intelligence et cette sensibilité qui font de Powell un illustrateur exceptionnel, mais ils ont perdu en substance et trop souvent les personnages semblent évoluer dans un espace mangé de brouillard ou sans consistance. Ce tome contient également une magnifique couverture alternative de Richard Corben pour l'épisode 1 de Buzzard. 3 étoiles.



Eric Powell reprend le cours de la série mensuelle dans The deformed of body and devious of mind (épisodes 34 à 37, + 2 histoires courtes).
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The Goon - Dark Horse 11 : The Deformed of ..

Ce tome fait suite à Death's greedy comeuppance (épisodes 32 & 33 + minisérie Buzzard en 3 épisodes). Il contient les épisodes 34 à 37, ainsi que l'épisode spécial "The Goon's on vacation" et l'histoire courte "An irish wake" (8 pages), parus en 2011.



Épisode 34 - Goon et Franky se heurtent à des vampires qui scintillent (avec de beaux abdominaux), et la pension McGreg pour enfants abandonnés accueille une nouvelle pensionnaire. Épisode 35 - Au détour d'une route de cambrousse, Goon et Franky atterrissent dans un cirque (ou plutôt une foire aux monstres) qui maltraitent ses clients. Épisode 36 - Roxy DLite (une reine du burlesque) et Abercrombie débarquent en ville pour relancer la boîte de striptease ; Franky est sous le charme de DLite. Épisode 37 - Goon prend parti pour le syndicat des ouvrières de l'usine de textile. "The Goon's on vacation" - Quelqu'un a chapardé les saucisses de Franky pour le barbecue et un hippie incarnant un double album en public de Supertramp vient donner son avis ; évidemment tout se termine avec des zombies. "An irish wake" - Le cadavre d'un mari repose sur l'une des tables du bar que fréquente Goon quand un goblin vient le réclamer.



Avec ces épisodes, Eric Powell fait une pause dans sa narration au long cours pour revenir à des histoires racontées en 1 seul épisode. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a conservé toute sa verve et son second degré, avec une bonne dose de provocation politiquement incorrecte. Goon a toujours aussi peu de patience pour tous les abrutis qui lui font perdre son temps (avec une mention spéciale pour les vampires un peu trop bellâtres qui pourraient faire penser à Twilight). Ces histoires permettent au lecteur de le retrouver dans son rôle de début de série : truand & cogneur. Powell a toujours le sens de la dérision, du bourre-pif, de la veulerie et de la défense des cas sociaux et autres marginaux. Il ne se contente pas de jouer sur un humour mêlant monstres trop bêtes pour être effrayants, et personnages principaux à qui on ne la fait pas. Dans ces épisodes, il aborde aussi la manipulation (à l'américaine) des syndicats par la pègre, mais également l'inhumanité du capitalisme sauvage dans toute son horreur. En inversant le schéma habituel des monstres de foire, il provoque son lecteur l'obligeant à réfléchir à ses valeurs, et à sa conception de la normalité. Roxy DLite est irrésistible dans son usage éhonté de sa beauté et de ses charmes, Franky est irrésistible dans son comportement imbécile dicté par ses hormones. Powell raille aussi bien le comportement de la femme fatale et vénale, que celui du mec viril mené par le bout du nez parce qu'il pense avec ce qu'il a entre les jambes.



Et bien sûr les illustrations sont un délice exceptionnel pour les pupilles. Impossible de ne pas ricaner bêtement devant le groupe de vampires scintillants. Difficile de résister au second degré kitch des 5 enfants sales et amochés couchés dans le même lit, inquiets devant une jeune fille propre sur elle en train de les regarder fixement. Eric Powell est déchaîné ; il fait rire avec les crimes barbares, il se moque des infirmes (un cul-de-jatte irrésistible), Il affuble des femmes avec un corps à se damner d'expressions veules et bêtes. Il s'approprie avec maestria les codes des pulps, pour mettre en scène des gros durs évoluant dans une Amérique fantasmée, au milieu d'individus déformés et de belles pépées. Il passe sans coup férir d'un humour grotesque et crade, à une scène dramatique et organique. Il utilise un homme tronc comme chair à canon, pour ensuite décrire l'horreur d'une vieille dame digne exploitée comme ouvrière dans un atelier de tissage. Les images racontent à elles seules les deux tiers, si ce n'est les trois quarts de l'histoire.



Eric Powell sait tout dessiner en mariant un premier degré balancé en pleine face du lecteur, et un second degré railleur et pas dupe. Le lecteur est à la fois subjugué par Goon en chemise hawaïenne, pataugeant dans la boue du marais, les poings fermés et l'ombre de sa casquette lui mangeant le haut du visage. Et il est à la fois souriant devant cette image improbable d'un gros dur implacable, massif, improbable, l'image même de la force virile que rien n'arrête et totalement impossible dans cette chemise, avec un gugusse (Franky) tout droit échappé d'un dessin animé humoristique. À la fois il s'agit d'une image mettant en valeur la force inéluctable de Goon, à la fois c'est une parodie se moquant des clichés du genre. Loin de se neutraliser, ces 2 niveaux de lecture se renforcent, augmentant ainsi le plaisir de lecture. À nouveau ses illustrations bénéficient de la mise en couleurs sophistiquées et discrètes de Dave Stewart, un orfèvre en la matière.



Avec ce tome composé de 6 histoires indépendantes, Eric Powell rappelle au lecteur qu'il est le maître dans le pastiche des histoires de truands, tout en racontant une histoire prenante et captivante. Il régale le lecteur de personnages truculents, plus grands que nature, irrésistibles, tout en donnant son point de vue sur des horreurs de notre société ou de la condition humaine.
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The Goon - Dark Horse 12 : Them That Raised..

Ce tome fait suite à The deformed of body and devious of mind (épisodes 34 à 37, épisode spécial "The Goon's on vacation" et l'histoire courte "An irish wake"). Il contient les épisodes 38 à 41, parus en 2012/2013. Tous les scénarios, dessins et encrages sont réalisés par Eric Powell. La mise en couleurs est effectuée par Powell, Dave Stewart et Bill Farmer.



Épisode 38 "The true life of Kizzie, the iron maiden" - Kizzie va à la seule école du village avec son frère Rooney. Ils habitent dans une ferme très pauvre. Rooney est un gamin brutal qui verse vite dans la criminalité et qui doit s'enfuir du domicile familial. Kizzie semble bien partie pour se marier avec un brave gars du coin (pas très futé) et travailler dur à la ferme en attendant de devenir une mère de famille nombreuse (et pauvre)... jusqu'à ce que son fiancé l'emmène au cirque et qu'elle tombe amoureuse de Fenton, le séduisant trapéziste.



C'est comme ça qu'on les aime les épisodes de The Goon : une histoire en 1 épisode qui plonge dans une Amérique fantasmée, parmi les petites gens, avec un mélange sophistiqué de grotesque et de tragédie. Eric Powell commence avec une salle de classe qui évoque immédiatement La petite maison dans la prairie, sauf qu'il ne faut pas prendre les élèves pour des caves, avec un beau spécimen qui refuse de porter le bonnet d'âne. Dès la troisième page, c'est l'accident bête (ou le meurtre atroce, au choix) et Powell croque un visage habité d'une rage intense qui passe très bien la page pour impressionner le lecteur autant que l'interlocuteur.



Puis Powell emmène le lecteur à la suite de Kizzie avec une image de femme forte réalisant les travaux les plus physiques de la ferme, sous le regard concupiscent des jeunes hommes du voisinage. À nouveau Powell se joue du lecteur en montrant une jeune femme impressionnante (mais pas pour la taille de ses bonnets), et en se moquant de la réaction du lecteur avec ces benêts qui pensent avec ce qu'ils ont entre les jambes. Vient ensuite un personnage assez rare dans les pages de cette série : le bellâtre. Le jugement de valeur de Powell sur le personnage ne supporte pas le doute (une condamnation de cet individu qui joue de son physique pour chavirer les femmes innocentes), mais comme à son habitude Powell ne se contente pas de jouer sur un seul aspect. Loin d'être un personnage unidimensionnel, ce monsieur devient un spécimen d'humanité prisonnier de ses idiosyncrasies, accablé par elles comme un destin inéluctable. 5 étoiles.



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Episode 39 "Death of the Goon" - Le temps des révélations est enfin venu : Goon avoue à Franky qu'il est un extraterrestre disposant de superpouvoirs et que Franky doit revêtir un habit de superhéros pour devenir son assistant (sidekick).



À l'opposé de l'épisode précédent, Eric Powell s'offre une récréation en parodiant les superhéros dans une satire qu'il veut mordante. Ses dessins apportent une dimension moqueuse très réjouissante. Par contre le scénario enfile quelques clichés sur les superhéros (des critiques plutôt basiques), en persiflant sur le regain de popularité de Green Lantern (Hal Jordan), depuis Green Lantern rebirth. Powell s'acharne sur les stratégies marketing de Marvel et DC pour vendre du papier, et surtout la récupération éhontée de la communication sur les minorités, à commencer par les homosexuels (ici il vise Alan Scott ayant changé d'orientation dans Earth 2). Évidemment cette critique est pertinente et justifiée, mais beaucoup d'autres auteurs se sont livrés à des satires beaucoup plus méchantes et mordantes (et quel lecteur se souvient encore que cette charge vise Alan Scott, un autre Green Lantern, ayant changé d'orientation sexuelle, après "New 52", mais dans un univers parallèle ?). Il reste un magnifique baiser à pleine langue entre Goon et Franky dont l'enthousiasme semble dénigrer autant la récupération que l'amour entre 2 hommes. 2 étoiles.



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Épisode 40 "Prohibition" - Un chanteur guitariste ventripotent (croisement improbable de Lynyrd Skynyrd et de Charlie Daniels) narre la montée en puissance du trafic d'alcool frelaté, réalisé par Goon et Franky pendant la prohibition, avec une belle course de voiture à la clef.



Pour le deuxième épisode consécutif, Eric Powell y va à fond dans le comique et l'exagération. Il est hors de question de dévoiler les trouvailles comiques, et l'absurde des situations mêlant grotesque, parodie dérivative, et inventivité. Le résultat est tordant du début jusqu'à la fin, avec des visuels irrésistibles et transgressifs dont Powell a le secret. Bon, si, mais alors juste un exemple : 2 personnages se lancent dans un défi impliquant de danser un charleston endiablé qui a pour conséquence de décupler la libido des spectateurs, jusqu'à une femme de bonne famille malaxant lubriquement le sein de sa voisine âgée de 70 ans. 5 étoiles.



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Episode 41 - Le prêtre zombie qui n'a plus qu'un oeil en est réduit à vivre dans la rue et à réaliser des tours de salon pour des clients veules et mesquins.



Powell change à nouveau de registre pour une histoire mêlant horreur et tragédie, avec un regard désabusé sur la condition humaine. À nouveau une grande réussite, avec une mise en couleurs en 2 tons de Dave Stewart, magnifique dans son minimalisme. Powell croque des individus dont le physique porte subtilement la marque de leur laideur psychologique. Le prêtre zombie n'a rien perdu de sa capacité à distiller le malaise chez le lecteur. 5 étoiles.



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Ce tome se termine avec 20 pages de trognes esquissées en pleine page par Eric Powell, en noir & blanc, des vraies gueules, des visages uniques, et pourtant très évocateurs. Mis à part le faux pas de l'épisode 39 se voulant une parodie moqueuse des superhéros (exercice, inutile, déplacé et peu convaincant), les 3 autres histoires sont magistrales chacune dans leur registre.
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