Citations de Errico Malatesta (18)
Si pour vaincre il faut pendre sur les places publiques, je préfère être vaincu.
Tous ces maux dérivent de la recherche du bien-être poursuivie par chacun pour soi et contre tous, nous voulons leur donner une solution en remplaçant la haine par l'amour, la concurrence par la solidarité, la recherche exclusive du bien-être par la coopération, l'oppression par la liberté, le mensonge religieux et pseudo-scientifique par la vérité.
Le mot anarchie vient du grec et signifie, à proprement parler, sans gouvernement : état d'un peuple qui se régit sans autorités constituées, sans gouvernement.
Avant qu'une telle organisation commence à être considérée comme possible et désirable par toute une catégorie de penseurs, et avant qu'elle ne soit prise comme but par un parti qui est désormais devenu l'un des facteurs les plus importants des luttes sociales modernes, le mot anarchie était universellement pris dans le sens de désordre, de confusion ; et il est encore utilisé aujourd'hui dans ce sens par les masses ignorantes et par les adversaires intéressés à déformer la vérité.
Le danger le plus grand qui menace le mouvement ouvrier est la tendance du leader à considérer la propagande et l'organisation comme un métier.
Ayant vécu enchaîné depuis sa naissance et étant l'héritier d'une longue série d'esclaves , l'homme a cru , quand il a commencé à penser , que l'esclavage était la caractéristique même de la vie , et la liberté lui est apparue comme étant chose impossible .
De la même façon , contraint depuis des siècles et donc habitué à attendre du patron le travail , c'est à dire le pain , et à voir sa propre vie perpétuellement à la merci de celui qui possède la terre et le capital , le travailleur a fini par croire que c'est le patron qui lui permet de manger et il se demande naïvement comment il pourrait vivre si les maîtres n'existaient pas .
Quand l’intérêt de tous sera l’intérêt de chacun (et il le sera nécessairement si la propriété individuelle n’existe pas), tous agiront.
Tous les anarchistes, à quelque tendance qu'ils appartiennent, sont d'une certaine façon individualistes.
Mais la réciproque est loin d'être vraie : tous les individualistes ne sont pas, loin s'en faut, des anarchistes.
Le gouvernement, c'est un certain nombre de personnes chargées de faire les lois et habilitées à se servir de la force de tous pour obliger chacun à les respecter : il constitue déjà, de ce fait, une classe privilégiée et séparée du peuple. Comme tout corps constitué, il cherchera instinctivement à élargir ses attributions, à se soustraire au contrôle du peuple, à imposer ses propres tendances et à faire prédominer ses propres intérêts particuliers. Placé dans une situation privilégiée, le gouvernement se trouve déjà en antagonisme avec la masse, dont il détourne la force pour en disposer.
.....Le gouvernement, c'est l'ensemble des gouvernants. Et les gouvernants - rois, présidents, ministres, députés, etc. - ce sont ceux qui ont la faculté de faire des lois pour réglementer les rapports des hommes entre eux et de les faire exécuter ; de décréter et de percevoir les impôts ; de contraindre au service militaire ; de juger et de punir ceux qui contreviennent aux lois ; de soumettre à des règles, de superviser les contrats privés et de leur donner une sanction légale ; de monopoliser certaines branches de la production et certains services publics, ou toute la production et tous les services publics s'ils le veulent ; de promouvoir ou d'entraver l'échange de produits ; de faire la guerre aux gouvernants d'autres pays ou de faire la paix avec eux; de concéder ou de retirer des franchises ; etc. Bref, les gouvernants, ce sont ceux qui ont, à un degré plus ou moins élevé, la faculté de se servir de la force sociale - c'est-à-dire de la force physique, intellectuelle et économique de tous - pour obliger tout le monde à faire ce qu'ils veulent, eux. Cette faculté constitue, pour nous, le principe de gouvernement, le principe d'autorité.
Quelle est la raison d'être du gouvernement ?
Pourquoi abdiquer sa propre liberté, sa propre initiative dans les mains d'un petit nombre ? Pourquoi leur donner cette faculté de s'emparer de la force de tous, contre la volonté de chacun ou non, et d'en disposer à leur gré ? Ont-ils donc tant de qualités exceptionnelles qu'ils puissent, avec quelque apparence de raison, se substituer à la masse et s'occuper des intérêts, de tous les intérêts des hommes, mieux que ne sauraient le faire les intéressés ? Sont-ils infaillibles et incorruptibles au point qu'on puisse avec apparemment assez de prudence confier le sort de chacun et de tous à leur science et à leur bonté ?
Et quand bien même il existerait des hommes dont la bonté et le savoir seraient infinis, quand bien même le pouvoir gouvernemental irait aux plus capables et aux meilleurs - et c'est là une hypothèse que l'Histoire n'a jamais confirmée, et dont nous pensons qu'il est impossible qu'elle soit jamais confirmée - est-ce que le fait d'avoir en main le gouvernement ajouterait quoi que ce soit à leur capacité de faire le bien ou est-ce qu'au contraire cette capacité ne s'en trouverait pas paralysée et détruite par la nécessité où se trouvent les hommes qui sont au gouvernement de s'occuper de multiples choses auxquelles ils n'entendent rien, et surtout de gaspiller le meilleur de leur énergie pour se maintenir au pouvoir, contenter leurs amis, tenir les mécontents en bride et mâter les rebelles ?
De plus, qui désigne les gouvernants, bons ou pas, savants ou ignorants, à cette haute fonction ? S'imposent-ils d'eux-mêmes par droit de guerre, de conquête ou de révolution ? Mais alors, quelle garantie peut-on avoir que c'est bien l'intérêt commun qui les inspire ? Ce n'est alors qu'une question d'usurpation, tout simplement, et à ceux qui sont dominés, aux mécontents, il ne reste plus qu'à faire appel à la force pour secouer le joug. Sont-ils choisis par telle ou telle classe, par tel ou tel parti ? Alors, ce seront sans aucun doute les intérêts et les idées de cette classe ou de ce parti qui triompheront, et la volonté et les intérêts des autres seront sacrifiés. Sont-ils élus au suffrage universel ? Mais alors, le seul critère, c'est le nombre, qui n'est certes pas une preuve de raison, de justice ou de capacité. Seront élus ceux qui savent le mieux emberlificoter la masse; et la minorité, qui peut très bien être la moitié moins un, sera sacrifiée. Sans compter que l'expérience a démontré qu'il est impossible de trouver un mécanisme électoral qui permette aux élus d'être, à tout le moins, les représentants réels de la majorité.
Abolissez cette puissance négative qu'est le gouvernement et la société sera ce qu'elle pourra être étant données les forces et les possibilités du moment, mais elle le sera pleinement. S'il y a des hommes instruits et désireux de répandre l'instruction, ils organiseront les écoles et s'efforceront de faire voir l'utilité et le plaisir qu'il y a à s'instruire. Et si ces hommes n'existaient pas, ou s'ils étaient peu nombreux, ce n'est pas un gouvernement qui pourrait les créer, car il ne pourrait rien faire de plus que ce qu'il fait aujourd'hui : prendre ces hommes, les enlever à leur travail fécond, les mettre à rédiger des règlements que la police doit imposer, et d'enseignants intelligents et passionnés, en faire des hommes politiques, autrement dit des parasites inutiles, dont le seul souci est d'imposer leurs propres lubies et de se maintenir au pouvoir.
Que la bourgeoisie l'ait ou non prévu quand elle a concédé pour la première fois au peuple le droit de vote, il n'en est pas moins certain que ce droit de vote s'est révélé parfaitement dérisoire et tout juste bon à consolider le pouvoir de la bourgeoisie en donnant à la partie la plus énergique du prolétariat l'espoir, vain, d'arriver un jour au pouvoir.
Même avec le suffrage universel, et nous pourrions dire particulièrement avec le suffrage universel, le gouvernement est resté le serviteur de la bourgeoisie et le gendarme à son service. S'il en était autrement, si le gouvernement menaçait de devenir hostile à la bourgeoisie, si la démocratie pouvait un jour être autre chose qu'un leurre pour tromper le peuple, la bourgeoisie menacée dans ses intérêts s'empresserait de se révolter et emploierait toute la force et toute l'influence qui lui viennent de ce qu'elle possède la richesse pour rappeler le gouvernement à son rôle de simple gendarme à son service.
Quel que soit le nom que prend le gouvernement, quelles que soient son origine et son organisation, son rôle essentiel est partout et toujours d'opprimer et d'exploiter les masses, et de défendre les oppresseurs et les exploiteurs. Et ses rouages principaux, caractéristiques, indispensables, sont le policier et le percepteur, le soldat et le garde-chiourme, auxquels s'ajoute immanquablement le marchand de mensonges, qu'il soit prêtre ou professeur, appointé et protégé par le gouvernement pour asservir les esprits et les rendre dociles au joug.
Nous sommes pour la paix, nous désirons ardemment la paix... mais nous ne sacrifierons pas la révolution à notre désir de paix. Nous ne la sacrifierons pas, parce que par elle seule peut être réalisée la paix véritable et permanente.
P. 139
Le peuple est composé d'individus et les individus ont mille volontés différentes variant suivant la diversité des tempéraments et des circonstances ; et vouloir obtenir d'eux, par la vertu magique de l'urne, une volonté générale, commune à tous, est simplement une absurdité.
P. 85
Les anarchistes ont commis certes mille erreurs, ils ont dit cent sottises, mais ils se sont toujours maintenus purs et restent par excellence le partie révolutionnaire, le parti de l'avenir parce qu'ils ont su résister à la sirène électorale.
Vous [la classe dominante] ne vivez que par la volonté inconsciente de vos victimes. Prenez garde à l'éveil des consciences.
P. 125
L'ouvrier est obligé de travailler pour ne pas mourir de faim, et sa liberté ressemble à celle du voyageur qui, assailli par des voleurs, donne sa bourse pour qu'on ne lui prenne pas la vie.
P. 58