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Citations de Eugen Ruge (37)


Il se balance légèrement, se poussant de temps en temps du bout des doigts sur la rambarde de la terrasse. Les sonorités d'Allemagne du Sud qui arrivaient parfois de la grande table installée de l'autre côté se sont tue. Fin aussi les cris et les rires montant parfois du village, la rumeur des moteurs de voiture, les voix fantomatiques de la radio apportées de temps à autre par le vent, et les cliquetis affairés venus de la cuisine de l'auberge. Même les palmiers ont cessé de bruire. Le monde semble s'être arrêté un instant dans la canicule de cet après-midi. On entend seulement le grincement régulier des cordages. Et la rumeur lointaine et indifférente de la mer. Etat de lévitation. Passivité embryonnaire.
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Après le troisième chapitre, le style se délite. On a l'impression de lire des notes pour un livre à venir. Explication : l'éditeur aurait proposé un contrat à la lecture des premières pages de ce premier roman. Ensuite un prix littéraire, et roule l'opération commerciale... Dommage car le début est remarquablement bien écrit. Ah ! l'argent !
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Les trois premiers chapitres sont splendides. Les personnages sont bien décrits, le style épouse leurs façons de penser et l'auteur fait preuve d'une lucidité, d'un cynisme réjouissants. Après cela se gâte. On a l'impression qu'il s'agit d'un canevas pour un livre à écrire. Peut-être cela correspond-il au moment ou un éditeur, enthousiasmé par les premières pages de ce premier livre, lui a fait signer un confortable contrat ? Le reste est une opération commerciale...
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Kurt mangeait, bouffait pour vivre. Manger = vivre. Cette formule, se disait Alexander, il l'avait apprise dans le camp de travail - de façon indélébile. Une fois pour toutes.
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Toute son enfance, elle avait fait la queue pour avoir du pain ; toute son enfance, elle avait mangé des pommes de terre à moitié pourries (car il fallait toujours manger d'abord les pommes de terre à moitié pourries, si bien que l'on mangeait toujours des pommes de terre à moitié pourries) ; toute son enfance, elle avait attendu dès le début de l'hiver les premiers grands froids parce que le maigre cochon que grand-mère Marfa nourrissait toute l'année avec des épluchures était tué à ce moment-là -et sans tarder- quand la température extérieure de moins cinquante degrés lui gelait littéralement les pattes dans son abri fait de simples planches clouées.
Pauvre bête, se dit Irina.
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Viendrait un nouveau Khroutchev. Viendrait un socialisme qui mériterait son nom - ce ne serait peut-être plus de son vivant, au cours de cette minuscule période de l'histoire universelle dont il était par hasard le témoin et qu'il comptait bien mettre à profit, nom d'un chien ! ou du moins ce qu'il en restait après dix années de goulag et cinq années de bannissement.
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Non, ici il n'était pas dans la taïga. Ici il n'y avait ni camp de travail, ni ours bruns mais des Trabi dans les forêts avec des couples en train de baiser. Si ce n'est pas un progrès ! se dit Kurt. Et n'était-ce pas aussi un progrès d'exclure les gens du parti - plutôt que de les fusiller ?
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Avec ce qui leur restait d'argent, ils s'étaient payé des dents en or, chacun une incisive, pour faire bonne figure en Allemagne.
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A Slava, on faisait en ce moment les pommes de terre, les premiers feux fumaient, les fanes de pommes de terre brûlaient, et quand les fanes de pommes de terre commençaient à brûler, c'était le signe qu'il était arrivé de façon inexorable, le temps où la lumière décline.
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Pour ce mètre de science, Kurt avait travaillé dur pendant trois ans. C'est pour ce mètre qu'Irina avait fait la cuisine et le lessive. C'est pour ce mètre que Kurt avait reçu des médailles et des décorations mais aussi essuyé des réprimandes et même un blâme de la part du parti, qu'il avait marchandé ses tirages avec les maisons d'éditions sans cesse aux abois par manque de papier, qu'il avait bataillé pour imposer des formulations et des titres, qu'il avait dû faire machine arrière ou parfois obtenu gain de cause à force de ruse et de ténacité et maintenant tout cela était bon pour le REBUT.
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Cela faisait dix ans exactement, au mois près qu’ils étaient revenus de 
Russie. Même ciel laiteux au dessus-des champs et quand on regardait bien, on 
voyait surgir ça et là les premiers bourgeons ; mais vu de loin, le
 paysage était aussi morne qu’aujourd’hui, les villages étaient tout aussi
 désolés, et Kurt se rappelait comment il avait regardé par la fenêtre du 
minibus ce qui était là-dehors et qui 
était son pays.
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Quand elle fermait les yeux, elle savait déjà comment elle se sentirait à la fin de cette journée, elle sentait ses joues figées par les faux sourires, elle sentait les relents de mayonnaise qui remontaient de son estomac après qu'elle avait écumé le buffet par ennui, elle sentait le goût d'aluminium du cognac servi dans ces gobelets de couleur.
Quoiqu’il en soit, elle n'aimait pas aller chez ses beaux-parents et la seule idée de devoir y aller lui était désagréable. Elle détestait les meubles lourds et sombres, les portes, les tapis. Tout dans cette maison était lourd et sombre.
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Oui , il est réconfortant de pouvoir penser ainsi à toi et je me demande parfois : peut-être que ça suffit ? D’un côté, ça me fait mal de dire que j’ai été si négligent avec tout ça, alors que tu étais si près. D’un autre je fait justement l’étrange expérience qu’on n’est pas forcément obligé de posséder ce que l’on aime.
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- Une belle chambre, dit Nadejda Ivanovna, très bien. Il n’y a que le téléviseur que l’on aurait mieux fait d’acheter à Moscou.
- Mais, maman, intervient Irina, je t’ai bien acheté une télévision ! tu as bien une télévision !
- Oui, dit Nadjeda Ivanovna. Mais ça aurait été mieux de l’acheter à Moscou.
- C’est absurde dit Irina. Comme si on n’était pas déjà assez chargés comme ça ! Et puis le téléviseur que je t’ai acheté est bien mieux que tout ce qu’on aurait pu avoir à Moscou.
- Oui, mais si on l’avait acheté à Moscou, dit Nadejda Ivanovna, il aurait parlé russe.
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Elle se rappela qu’il y a très longtemps (…) une voyante lui avait prédit son avenir en lisant dans ces mains délicates ou presque rien n’était encore imprimé, et elle lui avait prédit la prospérité et le bonheur – et c’était bien ce qui était arrivé. Elle avait eu sa propre maison, sa propre petite exploitation et même une vache pie, marron et blanche et elle l’avait appelée Marfa en l’honneur de sa mère qui ne vivait plus. Oui. Tout était simple.
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C’est sur cette minuscule table que Kurt avait écrit toute son œuvre (…) dix ou douze ouvrages que Kurt avait rédigés seul – son œuvre occupait toujours une longueur d’étagère (…) : un mètre de science. Pour ce mètre de science, Kurt avait travaillé dur pendant trente ans ; il avait terrorisé sa famille pendant trente ans. C’est pour ce mètre qu’Irina avait fait la cuisine et la lessive. C’est pour ce mètre que Kurt avait reçu des médailles et des décorations mais aussi essuyé des réprimandes et même un blâme de la part du parti, qu’il avait marchandé ses tirages avec les maisons d’édition sans cesse aux abois par manque de papier, qu’il avait bataillé pour imposer des formulations et des titres, qu’il avait dû faire machine arrière ou parfois obtenu gain de cause à force de ruse et de ténacité – et maintenant tout cela était bon pour le REBUT.
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