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Citations de Eugen Ruge (37)


C'est comme de la magie. Staline penche la tête, fait un geste de la main, souffle un nuage de fumée et l'appareil entier se met en marche. Et tous se décarcassent font des discours, se dénoncent à qui mieux mieux.
Si tous les accusés se levaient maintenant et disaient la vérité.
Tous les seize... Ils feraient tomber Staline.
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Qu'elle lui a expliqué pourquoi les gigantesques portraits de Staline étaient indispensables.
Le peuple russe a besoin d'un visage, pas du Politburo. Ça, elle l'avait tout de suite compris. Elle avait vu ce peuple russe. Elle avait été choquée par ces hordes à l'aspect oriental qui traînaient devant la gare Leningrad. Elle avait été déconcertée par les petites mères qui se signaient sur la place Rouge, bpar les ivrognes dans les rues, par la brutalité des femmes qui vous bousculaient dans le tramway, par les enfants qui mendiaient.
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Toute son enfance, elle avait fait la queue pour avoir du pain ; toute son enfance, elle avait mangé des pommes de terre à moitié pourries (car il fallait toujours manger d'abord les pommes de terre à moitié pourries, si bien que l'on mangeait toujours des pommes de terre à moitié pourries) ; toute son enfance, elle avait attendu dès le début de l'hiver les premiers grands froids parce que le maigre cochon que grand-mère Marfa nourrissait toute l'année avec des épluchures était tué à ce moment-là -et sans tarder- quand la température extérieure de moins cinquante degrés lui gelait littéralement les pattes dans son abri fait de simples planches clouées.
Pauvre bête, se dit Irina.
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A Slava, on faisait en ce moment les pommes de terre, les premiers feux fumaient, les fanes de pommes de terre brûlaient, et quand les fanes de pommes de terre commençaient à brûler, c'était le signe qu'il était arrivé de façon inexorable, le temps où la lumière décline.
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Et soudain... la voix de Staline. Ténue et métallique, mais LA VOIX DE STALINE...
C'est mystérieux l'effet que fait cette voix métallique à peine audible. De voir comme tout se rétracte, comme tous se rétractent, Vychinski le premier, même s'il se redresse, essaie de garder sa dignité.
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Il y eut aussi d'autres moments: les fins d'après-midi, quand le soleil rentrait dans mon appartement. La lumière est couleur framboise , l'air en semble saturé, je la bois comme du sirop pendant que j'erre entre mes deux pièces, pieds nus sur le parquet.
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Lui qui, douze années durant, à toutes les soirées, avait donné l'impression d'être une cane oubliée dans un coin, qui n'avait jamais pu lire le moindre panneau en espagnol et devait à chaque fois appeler Charlotte à la rescousse quand un policier lui adressait la parole, se présentait comme un grand connaisseur et amateur du Mexique, distrayant toute la tablée du capitaine avec des histoires véritablement étonnantes, et alors que, depuis sa période hambourgeoise -Lüddecke Import-Export -, il avait toujours parlé par énigmes et allusions, il n'avait pas tardé à convaincre tout le monde qu'il avait parcouru à cheval la distance entre les deux océans, avait attrapé des requins à Puerto Angel avec une simple petite embarcation et découvert tout seul le temple maya de Palenque enfoui sous la végétation - tandis que Charlotte trempait une biscotte dans une tasse de camomille.
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Non, ici il n'était pas dans la taïga. Ici il n'y avait ni camp de travail, ni ours bruns mais des Trabi dans les forêts avec des couples en train de baiser. Si ce n'est pas un progrès ! se dit Kurt. Et n'était-ce pas aussi un progrès d'exclure les gens du parti - plutôt que de les fusiller ?
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Cela faisait dix ans exactement, au mois près qu’ils étaient revenus de 
Russie. Même ciel laiteux au dessus-des champs et quand on regardait bien, on 
voyait surgir ça et là les premiers bourgeons ; mais vu de loin, le
 paysage était aussi morne qu’aujourd’hui, les villages étaient tout aussi
 désolés, et Kurt se rappelait comment il avait regardé par la fenêtre du 
minibus ce qui était là-dehors et qui 
était son pays.
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Viendrait un nouveau Khroutchev. Viendrait un socialisme qui mériterait son nom - ce ne serait peut-être plus de son vivant, au cours de cette minuscule période de l'histoire universelle dont il était par hasard le témoin et qu'il comptait bien mettre à profit, nom d'un chien ! ou du moins ce qu'il en restait après dix années de goulag et cinq années de bannissement.
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Avec ce qui leur restait d'argent, ils s'étaient payé des dents en or, chacun une incisive, pour faire bonne figure en Allemagne.
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Oui , il est réconfortant de pouvoir penser ainsi à toi et je me demande parfois : peut-être que ça suffit ? D’un côté, ça me fait mal de dire que j’ai été si négligent avec tout ça, alors que tu étais si près. D’un autre je fait justement l’étrange expérience qu’on n’est pas forcément obligé de posséder ce que l’on aime.
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- Une belle chambre, dit Nadejda Ivanovna, très bien. Il n’y a que le téléviseur que l’on aurait mieux fait d’acheter à Moscou.
- Mais, maman, intervient Irina, je t’ai bien acheté une télévision ! tu as bien une télévision !
- Oui, dit Nadjeda Ivanovna. Mais ça aurait été mieux de l’acheter à Moscou.
- C’est absurde dit Irina. Comme si on n’était pas déjà assez chargés comme ça ! Et puis le téléviseur que je t’ai acheté est bien mieux que tout ce qu’on aurait pu avoir à Moscou.
- Oui, mais si on l’avait acheté à Moscou, dit Nadejda Ivanovna, il aurait parlé russe.
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C’est sur cette minuscule table que Kurt avait écrit toute son œuvre (…) dix ou douze ouvrages que Kurt avait rédigés seul – son œuvre occupait toujours une longueur d’étagère (…) : un mètre de science. Pour ce mètre de science, Kurt avait travaillé dur pendant trente ans ; il avait terrorisé sa famille pendant trente ans. C’est pour ce mètre qu’Irina avait fait la cuisine et la lessive. C’est pour ce mètre que Kurt avait reçu des médailles et des décorations mais aussi essuyé des réprimandes et même un blâme de la part du parti, qu’il avait marchandé ses tirages avec les maisons d’édition sans cesse aux abois par manque de papier, qu’il avait bataillé pour imposer des formulations et des titres, qu’il avait dû faire machine arrière ou parfois obtenu gain de cause à force de ruse et de ténacité – et maintenant tout cela était bon pour le REBUT.
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Charlotte est déjà entrée dans l’hôtel Métropol avec Isa pendant sa première semaine à Moscou.
Car le Métropol n’est pas un simple hôtel, il est étroitement lié à l’histoire de l’Union Soviétique. (...)
Le Métropol fut déclaré Deuxième maison des soviets juste après l’hôtel National où résidait Staline.
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Papa était docteur. Pas un vrai docteur mais un docteur ès machines à écrire. Papa était très grand et très fort, et savait tout. Maman ne savait pas encore très bien parler allemand.
_ Et comment tu dis Kryssa en allemand ?
C'était suffisant pour mettre maman hors course.
D'un autre côté, maman s'était battue pendant la guerre : contre les Allemands.
_ Tu en as tué ?
_ Non, Sachenka, je n'ai jamais tiré. J'étais infirmière.
Ca le remplissait de fierté malgré tout. Sa mère avait gagné la guerre. Les Allemands avaient perdu. Bizarrement, papa était aussi allemand.
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Au printemps, il y aurait de nouveau le jardin si elle vivait jusque-là, mais il fallait bien passer le temps d'ici là, regarder tout le temps la télévision, c'était à devenir stupide dans sa tête, parfois elle lisait le livre que Kurt lui avait donné, car elle savait lire, elle s'était alphabétisée quand ils étaient venus à Slava où il y avait les Soviétiques, sauf qu'il était trop gros, ce livre, Guerre et Paix : quand on était arrivé au milieu on avait oublié le début, il était question de faire les foins, ça, elle s'en souvenait, un travail difficile, elle avait suffisamment fait les foins dans sa vie, le soir après sa journée de travail quand elle rentrait de la scierie, c'était en août, les foins, et puis en septembre il y avait les pommes de terre, voilà comment c'était à Slava.
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_ Maman, quand est-ce qu'on va voir Baba Nadja ?
_ Ah Sachenka, ça va durer encore un petit peu.
_ Mais pourquoi ça dure toujours aussi longtemps ?
_ Tu devrais être content que ça dure longtemps. Quand tu seras grand, tout ira brusquement très vite.
_ Pourquoi ?
_ C'est comme ça : quand on vieillit, le temps passe plus vite.
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Non, elle n'avait rien contre Catrin... mais en se disant aussi qu'elle ne comprenait vraiment pas ce que Sacha trouvait à cette femme... Bien sûr, ce n'étaient pas ses affaires. Et elle se gardait bien de faire ne serait-ce que la moindre remarque. Mais elle s'étonnait quand même qu'un jeune homme aussi bien de sa personne, intelligent, ne trouve pas une femme mieux. Actrice, paraissait-il. Il ne voyait donc pas que cette femme était moche ? Des genoux moches, pas de taille, pas de fesses. Et un menton, pour être honnête, qui faisait penser à celui d'un ouvrier de chantier. Elle avait de beaux yeux, ça on devait le reconnaître. Quoique, d'un autre côté : ce regard papillonnant, cette agitation dans les yeux quand on parlait avec elle... Cette femme semblait toujours être ailleurs, en train de réfléchir, avec fébrilité même; il y avait toujours quelque chose qui se passait dans sa tête quand elle était en train de vous sourire.
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Kati avait accueilli le fait que ses grands-parents aient été communistes avec un « Oh » soufflé, comme si elle venait d'ouvrir par mégarde la porte de toilettes occupées.
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