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Citations de Eugène Le Roy (43)


Comme bien on pense, avec les douze sous par jour
que gagnaient les ouvriers de terre en ce temps-là, il
avait peine à entretenir le pain à ses drôles, car le
seigle était cher alors, et la baillarge et le méteil.
De blé froment il n’en fallait pas parler, on n’en
mangeait que dans les bonnes maisons.

Pour le reste, les drôles de Jansou étaient à la charité, habillés de morceaux de vieilles hardes toutes rapetassées, de mauvaises culottes en guenilles percées à montrer la peau, et tenues sur l’épaule par un bout de corde. Avec ça, les pieds nus toute l’année, et couchant dans un coin de la cahute sur une mauvaise paillasse bourrée de fougères.
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Eugène Le Roy
Je tâchais de relever ces pauvres gens courbés sous cette tyrannie humiliante, de leur faire sentir qu’ils étaient des hommes pourtant, et qu’ils seraient débarrassés de ce brigand, le jour où ils auraient le courage de lui résister et de prendre leur fourche.
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Tout ce qui est entre les mains des hommes est incertain ; mais le mieux est d’espérer jusqu’à la fin.
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De même avant qu'il y eut des routes et des voitures publiques, ceux qui s'en allaient à cheval ou de pieds n'en sentaient pas la privation.on à augmenté beaucoup, et trop selon mon petit jugement, les jouissances,les plaisirs, les satisfactions de luxe, mais on n'a pas ajouté un fétu à notre bonheur. Toutes les commodités, toutes les facilités que nous avons de faire ceci ou ça, ne font que nous en dégoûter de bonne heure, parce que ce qui ne coûte aucune peine finit par ne donner aucun plaisir.
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J ai oublié de dire que nous avions un régent dans notre commune depuis quelques années. M Lacaud ne le voulait pas trop, il disait que ça n'était pas utile pour les enfants des paysans, d'apprendre à lire et à écrire, parce que ça les détournait de travailler la terre,et que lorsque qu'ils seraient tous instruits,on ne trouverait plus de metayers. Mais un jour, comme il disait cette raison dans le conseil, le vieux Roumy, qui en était toujours, lui repondu:
Ca ne sera pas un malheur, au contraire, parce qu'alors les travailleurs de terre seront tous propriétaires, et ne travailleront plus pour les autres.
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Ainsi ma vie s'achève de s'écouler doucement, en paix avec moi-même, aimé des miens, estimé de mes voisins, bien voulu de tout le monde. Et dans une pleine quiétude d'esprit, demeuré le dernier de tous ceux de mon temps, rassasié de jours - comme la lanterne des trépassés du cimetière d'Atur, je reste seul dans la nuit, et j'attends la mort.
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Elle n’était point d’ailleurs comparable, comme femme, ni à l’une ni à l’autre. C’était une forte fille de la race terrienne de notre pays, mais sans point de ces beautés qui, sauf les exceptions semblables à Lina, veulent, pour se développer dans une suite de générations, l’oisiveté, l’abondance des choses de la vie et le milieu favorable. De taille moyenne, elle ,n’avait donc point de ces perfections de forme de la femme des temps antiques : ses hanches larges, sa poitrine robuste, ses bras forts accusaient la fille d’un peuple sur lequel pèse le dur esclavage de la glèbe, qui, depuis des siècles et des siècles, peine et ahane, vit misérablement, loge dans des tanières, et néanmoins puise dans notre sol pierreux et sain la force de suffire à sa tâche, le travail et la génération : on voyait qu’elle était faite pour le devoir, non pour le plaisir.
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Mon dessein était d’attaquer le château et, après l’avoir pris, d’y mettre le feu, afin de purger le pays de cette famille de brigands. J’espérais bien dans l’assaut, trouver le comte et le tuer. […].
J’étais sûr que ça n’irait pas tout seul, et que le comte et ses gens ne se laisseraient pas déloger sans résistance, et je cherchais les moyens d’y arriver sans trop exposer mon monde. Tout de suite je compris que pour cela il fallait brusquer l’attaque du château endormi et la mener vivement. Je pensais longtemps à la manière dont il fallait s’y prendre, et après avoir bien tout pesé et examiné, mon plan était arrêté dans ma tête.
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Nous étions bien tranquilles à La Granval. Cette vie étroitement attachée à la terre me convenait ; j’aimais pousser mes bons bœufs limousins dans le champ que déchirait l’araire, enfonçant mes sabots dans la terre fraîche, et suivi de toutes nos poules qui venaient manger les vers dans la glèbe retournée. […]. Ça me faisait du bien d’employer ma force, et quand le matin, ayant fauché un journal de pré, je voyait l’herbe humide de rosée, coupée régulièrement et bien ras, j’étais content. Alors je prenais ma pierre à repasser, et j’aiguisais mon dail en sifflant un air de chanson. Le soir, dans le temps des moissons, lorsque, après avoir chargé la dernière gerbe sur la charrette, je voyais tout ce blé qui devait faire un bon pain bis et savoureux, j’avais comme un petit mouvement de fierté, en songeant que c’était moi qui avait fait tout cela, ou quasiment tout.
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La maison curiale était là, tout près de l’église, la porte donnant sue la petite place, pas loin d’un vieux puits à la margelle usée par les cordes à puiser l’eau. Entré que je fus derrière le curé, sa servante s’écria : « Hé, qui amenez-vous là ? »
― Tu le vois un pauvre enfant mal couvert qui n’a plus ni père ni mère.
― Mais, il doit avoir des poux ! »
Moi, je secouai la tête, ce qui amena sur les lèvres du curé un petit sourire, tandis qu’il répondait à la chambrière :
― Sril en a, ma pauvre Fantille, nous les lui ôterons ; le plus pressé, c’est de le faire manger, car je crois que depuis quelques temps, il ne vit pas trop bien.
Et là-dessus, allant au vaisselier, il prit une assiette de faïence à fleurs, une cuiller d’étain, et ensuite rempli l’assiette d’une bonne soupe aux choux.
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Voilà donc ma mère encore une fois sans travail, de manière qu’au bout d’un mois et demi, les quelques sous qu’elle avait amassés furent dépensés. Un jour vint où il n’y eut plus de pain chez nous, ni de pommes de terre. Les châtaignes, il y avait longtemps qu’elles étaient finies. […]. Dans un fond de sac, il restait un peu de farine de blé d’Espagne. Ma mère la pétri, en fit des miques qu’elle fit cuire en disant : « Lorsqu’elles seront finies, il nous faudra prendre le bissac et chercher notre pain. »
Entendant ça, je maudissais ce comte de Nansac qui était la cause de la mort de mon père aux galères, et qui voulait nous faire crever de misère. […] ;
Si j’avais eu le fusil de mon père, qu’au greffe ils gardaient, je crois que je me serais embusqué dans la forêt pour tuer comme un loup ce méchant noble.
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J'aimais cette solitude et ce quasi-silence, qui amortissaient, sans que j'y fasse attention, les cruels ressouvenirs de mon pauvre père, et, tous les jours, pendant que ma mère travaillait à Marancé, je courais dans les vois, mangeant une mique (pâte de farine cuite dans du bouillon) ou un morceau de pain apporté dans ma poche, me gorgeant de fruits sauvages, buvant dans les creux où l'eau s'assemblait, car il n'y a guère de sources dans la forêt, et en couchant sur l'herbe lorsque j'étais las.
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Outre ses chagrins par rapport à mon père, ma mère se tourmentait aussi en pensant à moi et à ce que nous allions devenir. Les riches, lorsqu'ils ont des peines, peuvent y songer à leur aise et se donner tout entiers à leur douleur ; mais les pauvres ne le peuvent point. Il leur faut avant tout affaner (gagner sa vie en peinant) pour vivre, et gagner le pain des petits enfants.
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Sur les deux heures, après avoir traversé un taillis, la charrette déboucha dans une grande clairière entourée de bois. Au milieu, était la tuilière ou ce qui en restait. De loin c'étaient des toitures à moitié écrasées, noircies par le temps, mais de prêt, c'était un amas de ruines. Les hangars effondrés montraient encore quelques piliers de bois à demi pourris, supportant une partie de charpente où se voyaient quelques restes de la couverture de tuiles, à côté d'autres parties où les lattes brisées l'avaient laissée s'affaisser.
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Comme bien on pense, avec les douze sous par jour que gagnaient les ouvriers de terre en ce temps-là, il avait peine à entretenir le pain à ses drôles.
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Lorsqu'on se fait brebis, le loup vous croque.
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"Il te faut aller au lit", me dit ma mère.
Elle me prit sur ses genoux et me dépouilla en un tour de main. Aussitôt couché, je m'endormis sans plus penser à rien.
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Eugène Le Roy
" Comme dit le chevalier : " Liberté et pain cuit sont les premiers des biens. " Manger le pain pétrit par sa ménagère, et fait avec le blé qu'on a semé; gouter le fruit de l'arbre qu'on a greffé, boire le vin de la vigne qu'on a plantée; vivre au milieu de la nature qui nous rappelle sans cesse au calme et à la modération des désirs, loin des villes où ce qu'on appelle le bonheur est artificiel - le sage n'en demande pas plus..."
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Eugène Le Roy
Il me sembla, en arrivant sur cette hauteur, d'où l'on domine le pays, que mes chagrins s'apaisaient. C'est qu'à mesure qu'on monte, l'esprit s'élève aussi; on embrasse mieux l'ensemble des choses de ce bas monde où tant de misères sont semblables aux nôtres, et l'on se résigne.
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Eugène Le Roy
De la tuilière, au milieu des bois, on ne pouvait pas apercevoir tous ces feux, mais je ne m'en souciais guère, car, sur le coup où j'avais pensé à cela, m'entra comme une balle dans la tête cette idée : mettre le feu à la forêt de l'Herm ! De cet instant, je ne m'occupai d'autre chose; la nuit, j'en rêvais. Ce n'était pas la résolution perverse d'un enfant précocement méchant, faisant le mal pour le mal, par plaisir; non. A la guerre sans pitié du comte je répondais par une guerre semblable; ne pouvant le tue- ce que j'aurais fait sans remords - je lui causais un grand dommage.
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