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Critiques de Eva Illouz (92)
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La fin de l'amour. Enquête sur un désarroi cont..

Dans son essai “La Fin de l’amour”, la sociologue Eva Illouz continue à observer avec finesse l’influence du capitalisme sur nos rapports affectifs.
Lien : https://www.telerama.fr/idee..
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La fin de l'amour. Enquête sur un désarroi cont..

Oh amour, où es-tu?

Une analys centrée principalement sur le XXième siècle, ses avancées et ses désordres, des extrêmes qui ont découlé par des luttes de pouvoir.

Si la femme a obtenu une apparente parité au fil du temps, grâce à la contraception, l'éducation, le travail et la libération sexuelle, le pouvoir lié à l'argent, ancien, perdure par le biais du capitalisme qui ne voit la sexualisation de la femme que comme une marchandise et non une réalité de la nature que nous revendiquons au même titre que chaque individu.

Encore une fois, l'entièreté de la femme est mise en péril, de manière sournoise par le pouvoir.

Une analyse à travers les médias actuels, des sites de rencontre à la publicité qui désormais, en bannissant la sexualisation du féminin, nous coupe aussi d'une dimension de séduction et donc du pouvoir, l'hyper-sexe féminin étant cantonné à la seule pornographie. La fin de l'amour, la fin du rêve...
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Happycratie

C’est avec beaucoup d’excitation que j’attendais de lire cet ouvrage, commandé à Noël et attendu avec impatience. Cela fait vraiment des années que le discours ambiant sur le bonheur me choque, et je dois le reconnaître, je suis plus sensible à la vertu, la morale ou la pensée critique qu’au bonheur comme fil conducteur de nos existences (même si c’est loin d’être facile, j’en conviens).



Happycratie n’est pas un essai simple à lire en raison de son écriture très académique, mais c’est un essai franchement salvateur. Un des rares essais qui tentent de nous faire conserver notre pensée critique en nous extrayant de la norme ambiante qui nous pousse non plus à travailler notre pensée, mais à écouter nos émotions, et uniquement elles. Comme si par ailleurs les émotions pouvaient être fiables et à elles-seules nous montrer ce qui est bon pour nous ! (Il suffit de comparer ses émotions ivre mort à minuit et frais à jeun à 8 heures du matin pour comprendre que les émotions peuvent nous induire en erreur !).



Publié en août 2018, et rédigé sous la plume de la sociologue Eva Illouz et du psychologue Edgard Cabanas, Happycratie a marqué par son sujet mais n’a pas pour autant freiné cette frénésie du bonheur, dont les auteurs nous démontrent l’aspect inutile, parfois dangereux, et individualiste. Énormément de contenu dans cet ouvrage très dense ! J’ai donc décidé de le résumer en principaux points clefs, en espérant ne pas commettre de contre-sens :



• La quête incessante du bonheur, et tout ce qui en découle, n’est que le pendant sociétal de l’individualisme libéral. Dans nos pays occidentaux, l’individu prime économiquement sur le collectif. Alors qu’auparavant les moyens de la France, de l’État, et des collectifs étaient les points de focalisation de nos économies, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, l’individu prime. Le fonctionnement même de l’économie est fondé autour de l’individu et lui seul : sa carrière, ses impôts, sa formation, son patrimoine etc. Que cela vous plaise ou non, que vous vous y retrouviez ou non dans cette doctrine, c’est la vérité de notre monde aujourd’hui. Indéniablement s’en est suivi un certain nombrilisme psychologique, relationnel et sociétal : il faut s’occuper de soi avant les autres. Soi avant son entreprise, soi avant sa famille, soi avant son pays, soi avant toute chose. C’est un paradigme très récent, car rappelons que pendant des années, « soi » était au service de la communauté, de la religion, du collectif, de la famille, de l’armée, du pays.



• Ce paradigme du soi essentiel, du soi à protéger, du soi à rendre meilleur, à rendre heureux, de ce « soi » qui doit toujours être en changement, en train d’apprendre est dangereux et culpabilisant. Bien sûr, chercher à voir l’aspect positif des choses et à vouloir devenir meilleur sont des démarches louables dans l’idée, mais fausses dans la réalité. D’abord, le bonheur ne se décrète pas, et rien ne dit qu’il est une fin en soi, une émotion plus intéressante que les autres. Les grands changements de société se sont faits sous le coup de la colère du peuple. Les plus belles œuvres d’art ont majoritairement été conçues durant des périodes de tristesse profonde. Les émotions dites « négatives » ne sont pas mauvaises, elles sont simplement des émotions comme les autres ! D’où vient cette injonction épuisante à « voir la vie en rose », à « positiver », comme si là était la vérité et non ailleurs ? Faut-il vraiment méditer, se lever à 5h du mat, avoir des pensées positives, chercher à tirer la leçon de tout, comme si cela faisait vraiment de nous des êtres en chemin ? Mais en chemin pour quoi, pour où, si ce n’est pour se conformer aux pensées, aux idéologies qui nous dominent ?

Les auteurs expliquent très bien le côté dangereux et culpabilisant de cet individualisme « psychologisant » : à force de croire que l’on peut être heureux si on le décide, on s’empêche les uns et les autres de faire part de nos faiblesses, de nos moments down. Il suffit de regarder Instagram pour vérifier combien nous nous empêchons de montrer à autrui autre chose que nos moments de « bonheur ». D’ailleurs, les rares individus qui s’y plaignent sont vite jugés insupportables. Pourquoi ? Parce que tout à chacun est maitre de son bonheur voyons ! Et celui qui n’arrive pas à être heureux est celui qui n’y met pas du sien et continue obstinément à voir les choses négativement. Voilà la pensée dominante aujourd’hui. Ce nombriliste individualiste ne nous permet plus d’avoir de la compassion pour autrui, mais nous ouvre la porte du jugement et du filtre « marche avec nous ou crève ». Mais pire que tout, cette pensée dominante tournée sur « le bonheur pour chacun » nous détourne complètement de la société. Nous devenons tous tellement centrés sur nos émotions que nous ne nous indignons plus pour les sujets de société. Et forcément, puisque cette idéologie nous pousse à penser que les personnes dans la merde sont un peu responsables de là où elles sont. Qu’importe les morts, les maladies, les accidents, car tout ça, c’est dans la tête si l’on en croit la psychologie dominante. Un peu de résilience voyons ! Après tout, on peut avoir une vie horrible, mais si on a une volonté de fer dans la tête, si on positive, on peut ne pas vraiment en souffrir. Voilà ce que nous apprend la psychologie positive : à se foutre de tout à part nous-mêmes, à ne plus se battre pour des idéaux autres que le bonheur à tout prix. Penser ainsi, c’est suggérer que l’environnement, la société, le monde, n’ont aucune influence sur l’individu, qui peut à lui seul refuser de subir les aléas de la vie grâce au pouvoir de son cerveau. Or, nous sommes avant tout des êtres sociaux. Je recopie ici un passage du livre qui résume tout cela :



« La forteresse intérieure n’est pas l’endroit où nous voulons construire nos vies. Nous ne voulons pas vivre dans l’obsession égocentrique de l’amélioration de soi, qui n’est qu’une façon de se discipliner à outrance, de se censurer. L’idée d’une meilleure version de nous-mêmes à laquelle il s’agirait de parvenir n’est que chimère et faux-semblant, et nous n’entendons pas nous épuiser à la poursuivre. Nous refusons de nous retrouver prisonniers de postulats prétendant que l’amélioration des sociétés ne passerait que par l’amélioration des individus ».



Les auteurs citent également le philosophe Robert Nozick qui enseignait à Harvard en reprenant son expérience. Imaginez-vous dans une machine vous fournissant à la demande telle ou telle sensation de plaisir. La personne s’installant dans une telle machine pourrait vivre à chaque seconde la vie plaisante qu’elle souhaite vivre. La question est la suivante : Pour vous, une telle machine est-elle préférable à la vraie vie, assurément moins agréable ? Si votre réponse est non, alors vous comprenez que le bonheur n’est pas un fil conducteur pertinent. Mais contribuer au monde, oui.



• Contribuer au monde, c’est sortir de ce nombrilisme ambiant certes, mais aussi être en mesure de tenir une pensée critique. Or, l’industrie du bonheur nous rend bêtes, dans le sens où nous ne cherchons plus d’autres vérités, d’autres accès au savoir. Désormais les gens ressassent des banalités issues du bon sens et les répètent comme des mantras philosophiques. On s’ennuie ferme du point de vue de la pensée, et c’est bien dommage. Les livres de développement personnel ont pris le pouvoir et nous éloignent de la sociologie, de la philosophie, de la « vraie » psychologie ; bref, de tout ce qui offre un regard sur le monde (et pour cause puisque que l’on ne regarde que soi). Or, nous pouvons choisir autre chose. Bien sûr, nous sommes touchés par ce discours ambiant. Bien sûr, malgré nous souvent, nous sommes l’esclaves de ces mantras puissants. Mais nous pouvons faire l’effort de nous en détacher. Nous pouvons essayer de mieux comprendre le monde, de faire l’effort de lire, de chercher, de comprendre, de se mobiliser, de se battre pour des causes collectives. Nos enfants ne nous admireront pas parce que nous avons « tout fait pour être heureux ». En revanche, ils admireront sûrement avoir des parents qui se battent pour que le monde aille mieux, même si pour cela, pour y parvenir, eux n’ont pas toujours été heureux !



• Enfin, cet essai retrace l’aspect économique du bonheur. Tout ce qui peut s’y rattacher de près ou de loin se vend. Tout est bon pour nous faire croire que nous allons être plus heureux. La Feel good littérature, les goodies de psychologie positive, les bouquins de développement personnel, les heures de coaching, etc., etc. Il y a toujours quelque chose pour nous convaincre soit que nous ne sommes pas assez heureux, soit pour nous convaincre que nous pouvons l’être encore plus. Et cela rapporte énormément, du moins d’un point de vue économique. Car comme le montre bien l’ouvrage, les populations de nos pays occidentaux ne sont pourtant pas plus heureuses. Et oui, les drames de la vie courent toujours, et tous les mantras du monde n’y peuvent rien.





Peut-être que toutes ces émotions déplaisantes ne sont pas là pour nous faire grandir ou autres, peut-être sont-elles juste là, comme tout le reste ? Peut-être que grandir ne veut rien dire quand nous en venons tous à répéter les mêmes phrases, les mêmes banalités de la psychologie positive ? Et si, au lieu de nous faire grandir, la psychologie positive nous rendait tous plus ou moins identiques, tenant tous plus ou moins les mêmes discours, tous plus ou moins asservis à la cause des individualistes libéraux ? Il faut avouer que cette interrogation est franchement interpellante, et que cela vaut le coup de se la poser.



Un essai pas simple, pas facilement abordable, mais « game changer » pour reprendre l’expression consacrée. Il y a indéniablement un « après » la lecture. Je terminerai en reprenant la dernière phrase du livre :



« Cette industrie du bonheur ne fait que perturber et brouiller notre capacité à connaître les conditions qui façonnent notre existence ; elle rend aussi nulle et non avenue une telle capacité. Ce sont la justice et le savoir, non le bonheur, qui demeurent l’objectif moral révolutionnaire de nos vies ».



Jo la Frite


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Les marchandises émotionnelles

Les marchandises émotionnelles est constitué d’une série d’études, réalisées par des historiens et des sociologues, encadrées d’une introduction et d’une conclusion par Eva Illouz, dans lesquelles elle défend l’hypothèse d’une rencontre de la marchandise et de l’émotion dans la société moderne.
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Happycratie

Les auteurs s'attachent à critiquer les auteurs et thèses de la psychologie positive qui ne reposerait sur aucune base ou méthode d'études scientifiques et qui serait de surcroît au service de l'idéologie égoiste et individualiste néo-libérale.

Depuis les années 1950, 1960, nous avons une injonction au bonheur. Le bonheur se construirait grâce à un travail sur soi. Il dépendrait ainsi de valeurs individuelles ce qui évite ainsi de poser la question des problèmes sociaux, structurels, des inégalités. Ces thèses sont reprises par l'Etat, l'armée et les entreprises. Celles-ci recherchent des individus positifs, résilients, productifs, capables de s'adapter et de se remettre en cause en permanence (sans pour autant le faire elles-mêmes).

L'inégalité serait même perçue par les adeptes de la psychologie positive comme moteur et facteur d'espoir, poussant les individus à progresser, à se dépasser mais culpabilisant par là ceux qui n'y parviennent pas. Les psychologues et individualistes du bonheur prônent des valeurs individualistes et méritocratiques qui sont des soutiens à l'économie néo libérale.

Les auteurs reprochent à ces psychologues de soutenir cette idéologie dominante, de favoriser l'aspect émotionnel aux dépens de la réflexion intellectuelle, de privilégier l'individualisme, de nier l'inconscient, les problèmes sociaux. En outre, l'hyperpositivité peut amener à un certain désengagement émotionnel, à l'égoisme. Enfin cette injonction au bonheur, cette tyrannie de la positivité est un marché très juteux. Plus de pensée critique, de réflexion sur le monde, il suffit d'acheter des manuels, de télécharger des applications payantes, de payer les services de coachs puisque le bonheur serait un choix accessible à tous.
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Happycratie

« Votre meilleur ami, c'est vous ! » Qui n'a pas déjà entendu cette petite phrase bien connue des coachs et adeptes des feelgood thérapies ? Qualité de vie, bien-être à l'école, au travail, et bienveillance sont désormais des indicateurs – et des termes – dont tiennent compte aussi bien les pouvoirs publics que le système éducatif et évidemment les professionnels du management. Cette exhortation à être heureux se décline d'ailleurs dans nos modes de vie : faire du sport, mieux manger, méditer, se relaxer, trier ses déchets, acheter bio et équitable, prendre soin de soi, écouter ses envies, être inspiré, analyser ses émotions…



Or, « le bonheur est-il cet objectif suprême que nous devrions tous nous efforcer d'atteindre ? » s'interrogent les chercheurs Eva Illouz et Edgar Cabanas dans leur ouvrage Happycratie. Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, paru le 23 août aux éditions Premier Parallèle. Ils dissèquent ce phénomène de société devenu une véritable tyrannie et surtout une industrie juteuse.

Si le présent ouvrage apporte une contribution à l'actuel débat, très vivace, sur le bonheur, c'est en vertu de sa perspective sociologique critique. Nous nous sommes appuyés ici sur les travaux que nous avons précédemment menés – des travaux consacrés aux émotions, au néolibéralisme et à la culture thérapeutique –, en creusant certaines idées déjà exposées ailleurs et en en introduisant de nouvelles, notamment quant aux rapports entre la poursuite du bonheur et les modalités d'exercice du pouvoir dans les sociétés capitalistes néolibérales.

L'industrie du bonheur qui cherche aujourd'hui à prendre le contrôle de nos subjectivités est l'équivalent contemporain de la “machine à expériences” de Robert Nozick, qu'un Aldous Huxley put en son temps mettre en scène à sa façon, à travers le roman [Le Meilleur des mondes, NDLR].



Cette industrie du bonheur ne fait pas que perturber et brouiller notre capacité à connaître les conditions qui façonnent nos existences ; elle rend aussi nulle et non avenue une telle capacité. Ce sont la justice et le savoir, non le bonheur, qui demeurent l'objectif moral révolutionnaire de nos vies. »
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Happycratie

Ne pas être heureux est aujourd’hui synonyme d’échec personnel et social. Plus rien ne devrait être hors de notre pouvoir. Pas même le bonheur.



Mais quelles sont les conséquences du matraquage de cette « pensée positive » sur nos vies professionnelles et familiales, sur nos existences toutes entières?



Que tait-on pour être en mesure de renvoyer aux autres cette image de l’employé(e), de la femme, de la famille parfaite?



Comment est-il possible d’intérioriser sans dommage une telle injonction au bonheur, une telle responsabilité?



Et de quoi cherchent à se dédouaner les acteurs du capitalisme en faisant reposer une telle responsabilité sur l’individu?



C’est ce que décortique ce livre. Un véritable bonheur pour moi qui suis depuis toujours horripilée par les rayonnages de développement personnel qui phagocytent toutes les librairies et par les petites phrases qui fleurissent inlassablement sur les réseaux sociaux telles que « Le bonheur est un choix » (celle contre laquelle j’ai été la plus véhémente je crois).



J’ai tellement ressenti de colère à ce sujet sans parvenir à en faire une analyse aussi juste que ce livre.



Parce que, oui, la société de consommation dans laquelle nous vivons a tout intérêt à nous voir nous ruer sur toutes les dernières méthodes de pleine conscience, de calinâge d’arbres et de pliage de tee-shirts. Pendant que nous nous occupons de nos armoires et de notre enfant intérieur, nous oublions que nous avons le droit de nous révolter. Mes émotions ne sont pas des marchandises. Je tiens tout autant à celles qui gênent qu’à celles qui rassurent. Parce que je suis une personne. Pas une unité de production.



A lire de toute urgence et l’esprit bien ouvert.


Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Happycratie

Eva ILLOUZ & Edgar CABANAS démontrent dans cet opus comment le bonheur est devenu une industrie servie par la psychologie positive.



Inscrite dans certaines constitutions la 'poursuite du bonheur' (et non pas le bonheur tout court) est bien au cœur de cette industrie sans limite car si le bonheur ne se mesure pas, il est très facile d'imaginer qu'on peut être encore plus heureux que ce qu'on est ... et donc contribuer ad vitam  eternam à cette quête sans fin ! 



A grand renfort d'applis, de livres, de magazinesn les gourous du bien être promettent monts et merveilles 



De leur côté, les entreprises apprécient d'autant lsu les salariés heureux que ceux-ci sont beaucoup plus motiés, affables et souriants au point même de tant adhérer à la Culture d'entreprise qu'on pourrait moins les payer ! Et c'est ce que Directeurs du Bonheur et autres responsables du Bien être au travail sont chargés de mettre en place tout en faisant passer en douceur les plans de licenciement devenus opportunités de rebond et de réorientation vers les vraies passions (faire de ses passions un métier !!! )



Quant aux accompagnaterus de projets et autres coachs, un peu de bon sens et des listes détaillées des étapes indispensables pour l'atteinte des objectifs pourraient les remplacer aisément ... à bien moindre coût !



Bref, après la lecture de cet essai, je ne regarderai plus du même œil les étalages de livres et revues feel-good ou bien être ! 




Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Pourquoi l'amour fait mal

Eva Illouz nous invite à penser l'évolution du sentiment amoureux dans la modernité. Pourquoi continuons nous de souffrir en amour alors que les obstacles dus à la classe ou à la famille ont aujourd’hui presque disparus ? Nous pourrions a priori désirer et s'engager avec qui nous voulons dans les conditions que nous voulons... Ce livre suggère que l'organisation sociale de la souffrance amoureuse a profondément changé et se propose de comprendre la nature de cette transformation à travers l'étude de trois changement intervenus dans la structure du moi: La dérégulation normative du mode d'évaluation des partenaires potentiels (hors des normes de groupes et des cadres communs), une tendance croissante à envisager le partenaire sexuel et amoureux simultanément en termes psychologiques et sexuels, et l'apparition de champs sexuels, le fait que la sexualité joue en tant que telle un rôle de plus en plus important dans la compétition entre acteurs sur le marché du mariage.



Elle explique aussi d'où vient cette souffrance psychique, à la fois influencée par les idéaux et les attentes et par notre incapacité à lui donner sens.







L'autrice définit la modernité et en quoi elle a pu perturber les échanges entre les individus. Elle s'appuie sur les œuvres célèbres de Jane Austen pour expliquer l'évolution du principe matrimonial, à cette époque régit par des considérations de classe plus que par le désir brut. Aujourd'hui l'engagement ne précède pas mais succède aux émotions éprouvées par le sujet, émotions qui devient la motivation de l'engagement. C'est ainsi que toutes nos interrogations prennent vie. Un régime d'authenticité émotionnelle envahit les rapports amoureux modernes, l'authenticité exige des acteurs qu'ils connaissent et agissent selon leurs sentiments pour en faire les piliers de leur relation. L'intensité et l'irrationalité des sentiments deviennent un indice de l'authenticité.







Un autre parti pris de cet ouvrage consiste a traiter de la condition amoureuse plus nettement du point de vue des femmes et plus particulièrement celles qui optent pour le mariage, la procréation et les modes de vie de classes moyennes.



La sociologue parle aussi de féminisme car elle reconnait que le libre marché des rencontres sexuelles ainsi que les aspirations et positionnements des femmes sur ce marché contribuent à la création de nouvelles formes de domination affective des femmes pour les hommes.



Eva Illouz n'ignore pas non plus que la liberté sexuelle et affective a produit ses propres formes de souffrances. En effet elle ne diffère pas de la liberté économique en ce qu'elle organise, encadre et légitime des inégalités.







Un ouvrage très complet et absolument passionnant.



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L'âge de la régression

Le désarroi et l’instabilité sont devenus les traits caractéristiques de notre époque. Cet ouvrage les prend à bras-le-corps pour repenser le monde social et politique.
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Happycratie

Dans un essai stimulant, Edgar Cabanas et Eva Illouz dénoncent les « sciences du bonheur » au service de l’idéologie néolibérale. Non seulement elles invitent à renoncer à tout changement politique, mais elles culpabilisent les « psytoyens » qui ne parviennent pas à se plier à leurs injonctions.
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Happycratie

C’est lorsqu’on ne reconnaît plus le sens d’un mot qui nous est pourtant intimement familier, lorsqu’on suppose qu’un détournement de sa signification a eu lieu sans pour autant saisir à quel moment, au cours de quel détour rhétorique (à la suite de quel sophisme…) et surtout dans quel but il s’est produit, lorsqu’à partir de prémisses qui semblent de bon sens l’on est confronté à des conclusions qui sonnent faux, lorsqu’une certaine répétition obsédante d’une petite musique de persuasion nous assaille, c’est alors que l’on se rend compte avec effroi que nous vivons déjà dans un monde orwellien. Le mot dont parle ce livre, c’est « le bonheur » ; le détour idéologique, c’est la dénommée « psychologie positive » née de Martin Seligman au tournant du XXIe siècle ; la résonnance de cette mélodie incantatoire, et la raison de son fulgurant succès mondial dans un si grand espace de notre vie sociale et économique, sont à mettre en relation avec son absolue compatibilité, sa congruence, la coïncidence de ses finalités avec le néolibéralisme.

Fondée à la fois sur une négation axiomatique du savoir psychologique pluri-centenaire fondé sur thérapeutique des pathologies psychiques, la psychologie positive a d’abord une visée inverse : responsabiliser toute personne, et d’autant plus les « saines », au sujet de leur propre bonheur, quantifiable, universel, individuel, décontextualisé et toujours absent, toujours insuffisant, toujours perfectible – à l’instar de la flèche du paradoxe de Zénon –, en leur faisant d’abord accepter les adversités comme autant d’opportunités pour affiner leurs qualités de résilience. La poursuite du bonheur, axiome indiscutable sous peine des stigmates de « malade » et de « déméritant », est une voie unique, un idéal imposé, une norme en passe de devenir impérative, dans des contextes multiples. En effet, si ce bonheur-ci est essentiellement politique, mètre et objectif des politiques publiques, critère d’évaluation du progrès social, fondement d’une métamorphose de la morale (ch. Ier), il devient aussi argument d’autorité, tout particulièrement en temps d’incertitudes et de précarisation sociale (ch. II). En particulier, l’idéologie du bonheur a colonisé irréversiblement le monde du travail (ch. III). Mais le bonheur de la psychologie positive est devenu aussi une industrie en soi, voire une « marchandise fétiche », dont les produits sont les thérapies positives, la littérature du self-help et du développement personnel, voire même des applications téléphoniques ad hoc (ch. IV)… En élargissant les champs d’application de cette idéologie, on la découvre en outre déjà opérante (sans surprise) dans les armées, mais aussi dans le langage, comme système d’évaluation du normal et de l’anormal, du sain et su maladif, des émotions « positives » et « négatives ». En somme, dans l’happycratie, le règne du bonheur, il est question d’un ensemble simplifié à l’extrême de critères de jugement des comportements, actes et sentiments qui a pour effet une culpabilisation du souffrant, un discrédit de tout autre but existentiel que celui qui est imparti ; il contient enfin d’implacables moyens de déconsidérer non seulement les critiques de son idéologie pernicieuse, mais la pensée critique tout entière.

La prose est parfois un peu aride, les redites ne sont pas absentes, mais elles sont sans doute nécessaires à déceler le « nœud », le « point de rupture » entre le sens généralement acceptable des concepts et le moment de leur détournement idéologique.

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Happycratie

Pas si simple de résumer cet essai d'Edgar Cabanas et Eva Illouz en quelques lignes.

L'idée principale est bien résumée dans le sous-titre "Comment l'industrie du bonheur à pris le contrôle de nos vies". Les auteurs développent cette idée en présentant les origines de la psychologie positive, le soutient financier inédit qu'a reçu cette discipline, le manque de sérieux scientifique sur lequel elle s'appuie, l'émergence en parallèle d'une économie du bonheur très lucrative. Ils dénoncent les dérives de cette psychologie qui renforce l'individualisme en rendant chacun responsable de son propre bonheur, dédouanant ainsi les structures collectives (société, gouvernements, entreprises, etc) de toute responsabilité dans l'amelioration des conditions de vie des hommes et femmes qui les composent. Les auteurs rappellent également que les émotions négatives ont participé à faire se révolter les individus qui, ensemble, ont fait avancer certaines causes.

Il me semble que les auteurs ont avant tout voulu alarmer contre une tyrannie qui s'est répandue dans le monde entier ces 15 dernières années via les canaux de l'économie libérale et qui risque de construire une société d'individus isolés , éternellement insatisfaits et culpabilisés.

Il y aurait encore bien d'autres aspects de cet essai à présenter mais comme je le disais, pas simple de résumer toutes les notions abordées dans l'ouvrage. La démonstration est parfois un peu redondante et le ton pas toujours très mesuré envers ceux qui ont permis à cette industrie du bonheur de se développer. Mais Happycratie est une lecture qui donne incontestablement à réfléchir sur les temps que nous vivons et sur les valeurs de nos sociétés.
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Happycratie

« Happycratie ». Edgar Cabanas et Eva Illouz (245 pages, Premier parallèle).

Ou « comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies ».

J’avais entendu une interview d’Eva Illouz, le sous-titre est alléchant, la 4ème de couverture accroche bien. Il s’agit pour les auteurs de démontrer en quoi les nouvelles écoles de pensées de la « psychologie positive », alliées aux courants de « l’économie du bonheur », sont une toile tissée autour des salariés, et des citoyens, pour mieux les enfermer dans des logiques de profit. C’est une critique féroce du règne de l’individualisme à outrance, de ces pseudo-scientifiques grassement payés pour convaincre que chacun est responsable de son propre bonheur… ou de ses malheurs, qui ne sont que des questions de décision personnelle, que l’organisation sociale délirante et exclusivement centrée sur les bénéfices des grandes sociétés n’est en rien coupable de l’appauvrissement humain, du repli sur soi, du délitement des solidarités. Et comme je partage a priori le point de vue des auteurs, j’imaginais trouver des argumentations solides et convaincantes. Hélas, le livre est mauvais, mal écrit, mal construit, très fouillis, déstructuré, souvent répétitif. Il se veut militant, il n’est que pauvrement propagandiste. C’est dommage, le sujet, et le courant de saines critiques d’une organisation sociale qui mène l’immense majorité de l’humanité à de nouvelles formes d’esclavage méritaient un autre traitement, plus solide. Je me suis arrêté au milieu du livre.

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Happycratie

Des livres de développement personnel, à l'application qui mesurerait votre niveau de bonheur et vous rendrait plus heureux, en passant par l'embauche de Chief Happiness Officer dans les start-ups et autres grands groupes, jamais l'industrie du bonheur n'a été aussi juteuse. La sociologue Eva Illouz nous met en garde : la psychologie positive a transformé la quête du bonheur en tyrannie. Devenue idéologie de notre siècle, elle fait peser sur l'individu tout le poids de son destin social, l'invitant à la résilience et à l'art de positiver, quitte à le perdre dans une vaine obsession de lui-même, jusqu'à l'happycondrie.
Lien : https://tendancez-vous.fr/4-..
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Happycratie

Bien avant de lire ce livre, j'ai suivi les cours d'Edx sur le bonheur, j'en ai même été "diplomé".

Ce livre m'a paru très intéressant, prétendant que la recherche du bonheur entre en contradiction avec une vision politique du monde. Les critiques du Mode Diplomatique à l'encontre de Pierre Rabhi vont dans ce sens et j'avais envie de connaître l'idéologie politique qui sous tend ce livre écrit à l'évidance par des gauchistes.

Ce livre est très intéressant. Il s'appuie notament sur financement de la psychologie positive et les motifs de celui-ci. Pour travailler dans le monde de la santé et être versé en pharmacovigilance, l'argent et les financements sont d'une importance capitale pour comprendre les conflits d'intérêts.Si c'est déjà largment préjuditiable à la médecine somatique, j'ai tendance à penser que les craintes sont fondées pour la psychologie.

Ce livre amène à pas mal de réflexions sur mes motifs de rechercher plus de bonheur et sur les leçon et méthodes qu'apporte la psychologie positive.

J'aime bien sa conclusion éminemment politique : "Ce sont la justice et le savoir, non le bonheur, qui demeurent l'objectif moral révolutionnaire de nos vies."
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Pourquoi l'amour fait mal

Ce n'est pas tous les jours qu'un livre me permet de mieux me comprendre et change durablement le regard que je porte sur le monde !



Eva Illouz examine les relations de couple avec l'oeil du sociologue, et cela change tout ! Alors qu'un nombre infini d'ouvrages vous parle des relations hommes-femmes, d'un point de vue psychologique, ce livre se place sur le terrain de la société et de son organisation. Les livres de psychologies vous expliquent que, si vos précédentes relations ont échouées, c'est quelque part parce que vous répétez des schémas que vous auriez pu changer en faisant un travail sur vous-même, et cela se révèle assez culpabilisant, car cela vous montre que c'est de votre faute si vous n'avez pas su changer. Eva Illouz nous montre, au contraire, comment une grande partie de nos choix amoureux sont guidés par des marqueurs sociaux, dont elle nous fait prendre conscience. Ainsi, la variété des partenaires que je peux choisir et l'architecture même de mes choix amoureux, sont en grande partie limités par ma place dans la société et des marqueurs sociaux dont j'ai hérités et dont je ne suis pas responsable. C'est brillamment démontré dans son argumentation que je ne peux rendre que de façon imparfaite (c'est pour ça qu'il faut absolument lire ce livre !!!).



En plus, Eva Illouz prend de multiples exemples dans la littérature (Jane Austen...) pour illustrer son propos et nous montrer comment les relations hommes-femmes ont évoluées dans le temps. Elle nous montre qu'il y a une façon bien spécifique de souffrir de l'amour dans notre monde contemporain. Une rupture remet en cause notre identité profonde car beaucoup de marqueurs sociaux qui nous permettaient autrefois de nous définir en dehors de la relation de couple ont disparus.



Elle met aussi en lumière deux besoins contradictoires qui mettent en péril nombre de couples qui ne s'entendent pas sur leur juste équilibre : le besoin d'autonomie et le besoin de reconnaissance.



Eva Illouz a mis vingt ans à écrire ce livre et il est passionnant de bout en bout !
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Happycratie



Les auteurs ont fait du beau travail à démontrer comment les apôtres de la "psychologie positive", ce qui sonne peut-être, de prime abord, moderne et méritoire, est loin d'être positive dans la mesure où cette doctrine nie l'aspect social et fait fi de bien d'autres aspects fondamentaux de cette soi-disante science. Ce sont Eva Illouz et Edgar Cabanas qui ont forgé ce charmant terme de "Happycratie" pour désigner l'essor incroyable, en une bonne décennie de temps, et la place considérable de "l'industrie du bonheur" dans le monde contemporain. Une industrie qui brasse des sommes folles sans beaucoup d'égards au destinataire final de leurs efforts : l'individu et son réel bonheur.



Selon le père spirituel de cette mouvance moderne qui nous vient des États-Unis, Martin Seligman né en 1942 à Albany (New York), la recherche du bonheur de l'homme est, en fait, très simple : "tout un chacun peut réinventer sa vie et atteindre le meilleur de lui-même en adoptant tout bonnement un regard plus positif sur soi et sur le monde environnant". C'est l'oeuf de colon : votre bonheur ci-bas ne dépend que de vous, de votre attitude et de vos efforts, tout le reste est baliverne et compagnie. Votre origine, milieu, situation géographique, familiale et sociétale, votre éducation (ou manque d'éducation), votre emploi etc. ne sont que des bagatelles.



Le succès de cette belle théorie psychologique, exposée dans son manifeste "Le bonheur authentique" de 2002, a été immense, pour ne pas dire foudroyant, malgré les "simplifications théoriques abusives, tautologies et contradictions" (page 45). Le mot "platitudes" me paraît en vérité plus approprié.



La raison de ce succès est lié au succès du néolibéralisme. Une telle "science" est une aubaine pour le patronat et les multinationales. Coca-Cola l'a très vite compris et a créé sans hésiter la "Coca-Cola Institute of Happiness". Il va de soi que pour des managers de tous genres, des directeurs des ressources humaines dans les entreprises (avant appelés plus prosaïquement directeurs du personnel) et des coachs de tout gabarit c'est un merveilleux cadeau.

Pas étonnant que Seligman fût élu président de l'APA ("American Psychological Association), la plus grande association dans ce secteur, qui compte 117.500 membres, et cela à une écrasante majorité de voix.



Cela revient un peu à la variante du slogan électoral de Donald Trump : "Make Psychology Great Again !"



Mais ce n'est pas uniquement en Amérique que la psychologie positive du bonheur a trouvé ses chantres. Outre-Manche il y a le noble Sir Richard Laylard de la "London School of Economics" qui a poussé le bouchon même un brin plus loin dans son "Le Prix du bonheur : Leçons d'une science nouvelle" de 2007 et qui est surnommé entretemps le "tsar du bonheur".

Cette nouvelle science ne constitue cependant pas non plus un monopole anglo-saxon, des politiciens comme Pinochet au Chili et Nicolas Sarkozy en France par exemple en sont tout à fait convaincus et dans l'émirat de Dubaï un "Ministère du Bonheur" a même vu le jour.



D'après les auteurs le nombre de bouquins dédié à notre bonheur est devenu complètement incalculable. "Juste avant le tournant du siècle, on recensait chez Amazon 300 livres dont le titre comportait le terme en question ; aujourd'hui on en compte plus de deux mille." Idem pour l'explosion de tweets et de posts Instagram et Facebook.



Et comme de bien entendu, la politique n'est pas restée dans l'expectative devant cette manne céleste, qui permet de couper brutalement dans les allocations dites sociales. Pour certains gouvernements de droite c'est une occasion rêvée de tenter à remettre en question l'acquis social. Un acquis qui a demandé des décennies de luttes et d'efforts à mettre en place.



Pour certains fanatiques de la nouvelle doctrine il faudrait remplacer les données statistiques du produit national brut, PNB, par une espèce de produit national de bonheur, comme si une telle notion serait objectivement quantifiable. Mais pour arriver à des chiffres, aucun problème : ces nouveaux experts élaborent des questionnaires plus ou moins sophistiqués que le commun des mortels est supposé remplir, en vue d'aboutir à des données chiffrées, qui servent de base à leurs théories. N'oublions pas que ces experts sont payés pour leurs travaux créatifs par une gamme de sponsors du monde économique et financier, par le biais d'associations de "bienfaisance" créées spécialement à cet effet.



Je n'irai pas aussi loin qu'à prétendre que Martin Seligman, Sir Richard Laylard et consorts sont des "nuls" bien sûr, mais il me paraît incontestable, qu'emportés par leur succès, ils ont perdu une bonne part de leur esprit critique et scientifique. Les grands responsables de cette regrettable débauche sont évidemment les industriels qui ont sorti leurs calculatrices pour stimuler ces psychologues dans le sens de leurs gains escomptés. Et les dons, subventions et autres aides atteignent des montants vertigineux. Argent qui serait certainement mieux utilisé comme aide aux personnes qui vivent dans la misère. Selon certains énergumènes ces aides sont contreproductives, car elles empêchent les individus affectés d'avoir recours à leurs splendides programmes d'épanouissement personnel !



Dans leur livre, Eva Illouz et Edgar Cabanas citent le cas d'un spécialiste de la réduction d'effectifs dans les entreprises qui disait à un employé, père de famille, qui perdait son travail après des décennies de loyaux services à la suite d'une restructuration, que la perte de son job était "une occasion inespérée de se transformer et de transformer son existence..." (page 118). Lorsqu'on est près de la retraite, formé sur le tas et qu'on a un ménage à entretenir les "encouragements" de cet expert, royalement payé lui, auront à coup sûr des effets de bonheur mirifiques !



Autre exemple de l'ampleur de ce phénomène : il existe une application sur le net "Happify" qui compte plus de 3 millions d'utilisateurs. Une des applications les plus lucratives pour smartphones, dont l'accès coûte 11,99 dollars par mois et qui permet de sélectionner les contributions les plus "positives" pour en faire de temps à temps un bouquin, qui est vraisemblablement acheté par le même public.



À lire certains passages de ces psychologues positifs modernes, on ne peut que regretter la rigueur de leurs prédécesseurs, tels Wilhelm Wundt, Ivan Pavlov, Sigmund Freud, George Herbert Mead, Alfred Adler, Carl Gustav Jung, Henri Piéron, Jean Piaget, Hans Eysenck etc.



Un mot sur les auteurs. Edgar Cabanas est docteur en psychologie rattaché à l'institut Max Planck de Berlin et professeur à l'université Camilo José Cela de Madrid. Eva Illouz est née à Fès au Maroc, a enseigné à l'université de Princeton et à l'École des hautes études sociales de Paris. L'hebdomadaire allemand sérieux "Die Zeit" la considère comme une des 12 intellectuelles les plus influentes au monde.
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Happycratie

Transversal et documenté, l'ouvrage d'Edgar Cabanas et Eva Illouz fournit une passionnante grille de lecture de nos sociétés occidentales contemporaines. Une lecture terrifiante et indispensable.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Happycratie

Happycratie ou comment le bonheur est devenu à la fois un but, une injonction et une marchandise infinie.

Happycratie ou comment les salariés sont devenus leur propres bourreaux volontaires.

Happycratie ou pourquoi la recherche perpetuelle du bonheur est contre-productive.



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