Vingt années après Philip Kerr, l'italien Fabiano Massimi exploite à nouveau le filon découvert par l'écrivain écossais et nous entraîne dans l'atmosphère délétère des derniers instants de la République de Weimar, alors que le vieux Président Hindenburg vient de nommer à la chancellerie Adolf Hitler, imaginant pouvoir le manipuler, et que se font face les communistes et les paramilitaires nazis.
Les nazis ne sont pas encore majoritaires mais ont fait progresser leur score électoral dans des proportions inouïes en quelques années dans une Allemagne en pleine crise économique. Ils infiltrent tous les rouages du pays, en particulier la police.
Cette fiction politico-historique se déroule du 23 au 27 février 1933, une semaine avant les élections, et met en scène les principaux personnages de la galaxie hitlérienne qui s'apprêtent à prendre le pouvoir après un magistral coup d'éclat justifiant la dictature.
En choisissant ce livre posé sur un tréteau de ma librairie, je n'ai pas pris garde qu'il s'agit du deuxième épisode d'une série avec pour personnage récurrent un ancien policier, Siegfried Sauer, replié à Vienne mais qui revient prendre du service à Berlin pour retrouver Rosa, son ancienne amante disparue, résistante à la montée du nazisme. Il y retrouve son équipe de compagnons de tranchées : Bernie (tiens, tiens, un clin d'oeil à Günther ?), le colosse Sandor et le commissaire Mutti suité de la belle inspectrice Johanna. Ensemble, parviendront-ils à retrouver la trace de Rosa et contrecarrer les sombres desseins des comploteurs ?
Sauer (en Allemand : « aigre ») est bel homme, il ressemble à s'y méprendre à Heydrich, le parfait aryen blond dont il est le total négatif : bourrelé de scrupules, encore hanté par les horreurs de la Grande Guerre, farouchement opposé à l'idéologie nazie et à celui qu'il nomme l'Ennemi, justement Reinhardt Heydrich, le "cerveau" de Himmler.
Sa recherche de Rosa dans les bas-fonds de la capitale européenne du vice va le mettre en contact avec les éminences du prochain pouvoir comme Diels, chef de la police politique, Hanfstaengl le pianiste d'Hitler, Göring, ministre de l'intérieur de Prusse et président du Reichstag, le parlement symbole de la république et leurs sbires.
La montée des fascismes est à la mode depuis quelques années dans la littérature policière, en liaison avec le développement des tendances politiques d'extrême droite dans l'opinion.
J'apprécie ainsi les suites de romans historiques des auteurs qui parlent de la période : au premier chef le regretté Philip Kerr et puis Volker Kutcher, Harald Gilbers, Romain Slocombe, Cay Rademacher, plus récemment Antonio Scurati …
Malgré ses indéniables qualités narratives et son scénario bien emballé, avec force descriptions de combats spectaculaires, mon impression n'est cependant pas totalement positive. Je n'ai pas tellement envie de découvrir le premier épisode de la saga de Sigfried Sauer … mais qui sait ?
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