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Critiques de Fabrice Lardreau (52)
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La Ville Rousse

La Ville rousse de Fabrice Lardreau ( Arthaud poche - 157 pages )



En lisant ce livre, j'ai découvert que l'auteur avait manipulé ses lecteurs. En effet, ce roman est à mon avis une dystopie.



Quand les renards envahissent Lutétia (Paris) j'ai vite imaginé que ces renards pouvaient s'appeler autrement.



Je vous laisse deviner les autres éléments du roman.



La pollution rousse sur Lutétia (Paris) je l'ai vu de mes propres yeux en arrivant de province.



Les premières pages lues, j'avais de la peine à poursuivre car les personnages ne m'accrochaient nullement.



Puis j'ai analysé le message de l'écrivain et j'ai comparé le Paris d'aujourd'hui avec ses travaux, sa pollution et sa faune dans certains quartiers, avec le Paris de mon enfance.



Pauvre renard qui depuis si longtemps est dénigré, il est pourtant bien utile.



En refermant ce bouquin qu'une amie m'avait prêté il me reste une impression bizarre, un goût amer.



Est ce une vision future, une mise en garde ou un gentil délire ? Qu'en pensez vous ?



Bonne lecture



Mireine
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La Ville Rousse

Tout d’abord je remercie chaleureusement les éditions Arthaud ainsi que Babelio pour l’envoi du livre. Ensuite je voudrais remercier l’auteur pour ce petit roman, qui m’a fait voyager à Lutetia, ville qui s’apparente grandement à Paris par ses lieux et à Londres pour son invasion de renards, ce livre a été une belle découverte, une pause dans mes lectures très noires du moment.

Lutetia donc, est une ville fictive où règne une multinationale : la Compagnie, chargée de la construction du Grand Métro. Christian Maupertuis la dirige d’une main de fer, n’hésitant pas à faire appel à des tueurs à gages pour mener à bien son projet. Goupil quand a lui provoque une guerre urbaine. Le sujet du livre est l’Homme face à lui-même, son animalité est toujours existante dans le monde de Lutecia… et la nôtre. Ne dit-on pas « requin » pour un grand chef d’entreprise ? C’est ce qu’est Christian, un requin dans un monde de goupils.

La fin brute m’a déçu en revanche, la narration met du temps à arriver et j’aurais aimé une finalité dans le même ton mais c’est avant tout ces facettes écologique et sociale qui m’ont le plus touché. J’ai aussi aimé que Fabrice Lardreau ne donne pas dans la leçon de morale.



« Le dénouement est pour le moins décevant, inattendu, mais soyons sport, ne cédons pas à l’amertume. » (Chapitre 1).



Oups, j’allais partir sans vous parler des personnages, je trouve que l’œuvre est totalement ancrée dans le contemporain, de part ses sujets mais aussi par ses protagonistes. Christian lui n’hésite pas une seconde à l’idée de couler des tonnes de bétons dans la ville, à la saccager, à l’éventrer tandis que Goupil lui, désabusé au début, n’hésitera pas à se battre pour des principes plus globaux. Les deux sont personnages principaux ont une éthique différente, et c’est cette lutte qui rend le livre bon selon moi.



En bref, c’est un roman engagé où s’affronte deux classes sociales, le rythme lent du début ne doit pas vous arrêter, promis après ça devient plus intense. La fresque sociale et écologique s’ancre dans le réel en très peu de pages, mais l’auteur prend tout de même le temps de développer. Dans l’ensemble ça m’a plu et m’a amené à réfléchir sur notre mode de vie.

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La Ville Rousse

Quelle belle première de couverture ! Rien moins qu'une photo d'un des lauréats du prestigieux concours de photographie animalière du Museum d'histoire naturelle de Londres. Et bien choisie, car ce roman interroge avec pertinence la frontière entre le monde urbain et la monde sauvage - question tellement actuelle et brûlante !

Que signifie cette arrivée des renards depuis le Morvan, qui peu à peu envahissent Lutetia ? La mégalopole, en p travaux pour son grand métro, devient le théâtre d'une guerre de territoire, où humanité et animalité, civilité et sauvagerie se brouillent.

Fabrice Lardeau prolonge explicitement la lignée littéraire de ce personnage (par des références au roman de Renart, aux fables de La Fontaine par exemple) : Le Renard, le Goupil, le Roux, est ici repris de façon originale, On a plaisir à le retrouver.

Un roman plaisant par sa construction et les interrogations qu'il pose, mais qui ne suscite pas suffisamment d'émotion à mon goût, peut-être à cause des personnages. Je ne me suis pas du tout attachée aux deux principaux. Christian Maupertuis le directeur de la multinationale, et, Patrick Amiot, le chargé de mission/tueur à gages. Ils m'ont semblé stéréotypés, figés dans leurs caractéristiques. si bien que leur sort m'importait peu.
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La Ville Rousse

La ville rousse – Fabrice Lardreau



Des loups (les hommes) en viennent aux armes fasse à des renards (les vrais) pour étendre un territoire trop petit et viser un monde toujours plus grand.

Patrick à la personnalité conflictuelle devient une main de fer pour le compte d’un dirigeant d’une multinationale chargé de la construction d’un Grand Métro dans la ville de Lutetia. Mais Patrick, garde une forme de gant de velours face à la rage d’une population et de ce chargé d’affaires qui souhaitent l’éradication des goupils.



Si l’on dit que les loups ne se mangent pas entre eux, pour l’homme il en est tout autre.



L’auteur nous plonge dans une atmosphère assez sombre, un style de triller avec un flash-back narratif aux méthodes mafieuses. Tournures courtes et mordantes, Fabrice Lardreau nous fait miroiter à chaque page un sursaut de lucidité, un suspens étriqué autour d’un affrontement social qui arrive tout doucement à nos portes.



Points communs des renards et des loups : ne jamais les embêter !

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La Ville Rousse

Deux tueurs sur le palier, Patrick Amiot, pris au piège sous sa douche et dans son appartement, se remémore ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée ...

Qu'a-t-il pu donc bien se passer pour qu'on en arrive là ?

Pour que Paris ne soit plus Paris mais Lutetia, pour que l'ado qu'il était devienne ce tueur cynique et froid, et pour que les renards envahissent la ville ...

"La ville rousse" est un roman policier de Fabrice Lardreau, paru en 2020 aux éditions "Juilliard", et en 2022 dans sa version poche aux éditions "Arthaud".

C'est un roman policier, mais un roman policier teinté d'anticipation, de social, de fantastique même et d'écologie.

C'est un mélange finement accommodé à petites doses.

Patrick Amyot, le personnage principal qui partage la vedette avec l'ami Goupil, est aussi le narrateur puisque le récit est déroulé à la première personne du singulier.

Patrick Amyot n'est ni sympathique, ni attachant.

Par conséquent c'est l'originalité de son histoire qui accroche principalement la lectrice ou le lecteur.

Et, ce livre est bien écrit et bien construit.

L'intérêt est soutenu par une intrigue intelligente et crédible.

La lecture ne s'essouffle à aucun moment durant ces quelques 156 pages noircies par des tribulations cyniques et quelque peu amorales.

Le roman démarre de façon un peu déconcertante.

Patrick a liquidé sans vergogne Edouard Emonnet, l'écologue de la Cie pour laquelle il bosse.

Il a raccompagné jusqu'à son lit la veuve éplorée ...

Ce roman est aussi et surtout un roman d'ambiance.

Il est cerné d'une fine atmosphère d'apocalypse et du grand effondrement sur lequel plane l'ombre menaçante de maître Renard.

Il arpente désormais le monde en propriétaire.

Et, puis enfin quelqu'un a osé dire que "le petit prince" est une niaiserie détestable !

Si, si, c'est ici, écrit à la 100ème page.

Bien sûr, cette appréciation venant d'un assassin sans vergogne, ni morale, du fait, en perd un peu de sa puissance et de sa crédibilité.

Mais bon, c'est dit, c'est dit !

Merci à l'auteur, Fabrice Lardreau, pour ce bon et mystérieux moment de lecture.

Merci aux éditions "Arthaud" pour ce petit plaisir en poche.

Merci à la Masse Critique qui, une fois de plus, a joué la bonne carte avec ce livre à découvrir ...

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La Ville Rousse

Je remercie Babelio et les éditions Arthaud pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.

Livre à multiples facettes, qui n'a pas choisi son genre. On est entre un polar, une dystopie, un roman écologique, un conte... Parce que le Renard est utilisé par l'auteur à de multiples fins. Il est à la fois prédateur et proie, l'homme devient progressivement prédateur et proie lui aussi. Dans une guerre de classes, dans un monde irrespirable, qui pue de plus en plus. Dans un Paris qui se cherche une ambition supérieure, Lutétia...

Le livre est aussi un questionnement sur ce qui déclenche l'horreur, ce qui transforme un individu, ce qui modifie une trajectoire.

L'écriture ne regorge pas de métaphores ou d'effets de style, elle est plutôt neutre, mais ce n'est pas du tout mal écrit non plus.

De ce livre, je ne peux pas faire fi de la filiation avec Rhinocéros de Ionesco, avec l'Aveuglement de Saramago, d'une certaine façon aussi la Peste de Camus... Et de tout livre inquiétant quand à la moralité et folie de l'humain.

L'esthétique rousse du goupil est un artifice relativement bien exploité par l'auteur. Mais elle n'est que secondaire. C'est pour mettre de la forme. Dans un texte qui semble à la fois partir dans tous les sens et en même temps qui ne semble pas sans maîtrise.

Seul son auteur le sait.

Le lecteur appréciera peut-être, mais ce n'est pas certain. Et me concernant, j'oublierai relativement vite cette lecture, qui n'a pas été assez loin dans ses ambitions.

Concernant l'objet matériel, je regrette très fort la taille bien trop petite des caractères, tout le monde n'a plus un oeil de lynx... Et tout me monde n'a pas envie d'employer un.e loup.e. A bon entendeur.
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La Ville Rousse

Avec le projet du Grand Métro, la ville de Lutétia devient un immense chantier. Dans cette métropole qui avait opté pour une végétalisation massive, ces travaux titanesques visent à transformer la capitale et sa périphérie en une « Ville-Monde » réservée aux privilégiés.

Alors, doucement, un par un, comme les loups dans la chanson de Serge Reggiani, LES RENARDS SONT ENTRÉS DANS LUTÉTIA.

Et tandis que LE BÉTON BOUFFAIT L'PAYSAGE

IL EN VINT DES MILLE ET DES CENTS

FAIRE CAROUSS', LIESSE ET BOMBANCE

DANS CE FOUTU PAYS DE FRANCE.

Patrick Amiot est engagé comme « chasseur urbain » par son ami d'enfance Christian Maupertuis, PDG de la Compagnie, une multinationale de construction en charge des travaux.

Mais au lieu de RETROUVER L'AMOUR ET LA FRATERNITÉ, les hommes aux commandes, dans un objectif de Grand remplacement, rejettent hors du Grand Lutétia, les classes populaires au profit des classes favorisées.

Un conte futuriste qui parle de renards mais pas que … et qui, comme on peut s'en douter, ne se termine pas aussi bien que le texte d'Albert Vidalie.

Drôle et percutant, ce court roman fait froid dans le dos. Fabrice Lardreau nous invite à réfléchir au déséquilibre que crée l'élitisme, en nous rappelant que, sans comptes à rendre et sans détracteurs, c'est la porte ouverte à toutes les immoralités.

Un boulevard pour les renards ….

Une histoire intelligente et visionnaire comme je les aime et un roman que je recommande vivement.



Merci à Babelio et aux éditions Arthaud Poche pour cette masse critique privilégiée.
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La Ville Rousse

Le roman du renard urbain.



Polar noir, social, et fable écologique, mêlé de cynisme, de questionnement sur le futur de nos milieux de vie.



L’homme et l’animal face à face, qui est qui ? « En roux et noir, j’exilerai ma peur…en roux et noir, mes luttes mes faiblesses… »



L’histoire se déroule dans une ville nommée Lutetia. Le projet de construction du Grand Métro, chantier d’envergure, semble compromis par des circonstances aux tons gris, vert et roux…



C’est Goupil qui donne le ton… Quand on arrive en viiiille… Et quand le Renard arrive en ville, ensauvagement et affrontement en perspective.



« D’habitude, le renard est plutôt méfiant, farouche, il a peur de l’homme ».



L’homme étant un loup pour l’homme, certains sont aux portes de chez Patrick Amiot, solitaire désabusé, peu scrupuleux chargé de missions particulières auprès de La Compagnie, entreprise en bâtiments dirigée par un homme d’affaires richissime, Christian Maupertuis, sans état d’âme et ne lésinant sur aucun moyen…

Alors traquenard ou traque au renard ?



Faune fauve, proies et prédateurs, ironie sarcastique. Intrigant et diffusant une ambiance malaisante.



« Le Roux surpassait tout le monde, dans mon esprit, y compris le loup (…) Comment le formuler ? »



Atmosphère en « roux » libres pour ce roman découvert grâce à une masse critique privilégiée, très en dehors de sentiers battus. Alors merci beaucoup à Babelio et aux éditions Arthaud poche.



Le genre n’a pas forcément ma préférence, mais le rythme est intéressant ainsi que les sujets abordés, l’ensemble ayant capté mon attention pour une lecture fluide.

J’ai toutefois eu beaucoup de mal avec la taille de la police d’écriture, trop petit !!! Un détail, mais qui m’a fait peiner.



Par ailleurs, j’ai repensé, à la fin de ma lecture, aux animaux que l’on a pu voir durant le confinement dans les villes du monde entier, l’espace urbain extérieur alors vidé de toute présence humaine.

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La Ville Rousse

Tout d'abord je remercie les éditions Arthaud et Babelio sans lesquels je n'aurais pas connu ce roman bien construit, porté par une écriture de qualité.

On vit les probables dernières heures du narrateur. Suivies de l'évocation du passé avec des chapitres nettement délimités.

Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt, voulant connaître la suite des événements.

Au final, le personnage marquant est le premier renard apparu et son cheminement jusqu'à la grande ville, Lutetia. L'auteur fait montre d'anthropomorphisme tant il est vrai que l'animal semble obéir à une force supérieure qui le guide.

Comme Christian Maupertuis, au faîte de sa puissance dans sa multinationale, Goupil multiplie sa descendance et ses facultés d'invasion et de perturbation.

J'ai vu dans ce roman la caricature des extrêmes dans la société actuelle et en ai apprécié l'humour.
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La Ville Rousse

Fabrice Lardreau voit la vie en roux, c’est peu de le dire. A la fois couleur de la beauté, de la sensualité, voire de la sexualité mais aussi de l’ensauvagement, le roux nous enveloppe de ces différentes tonalités, depuis les reflets auburn flamboyants jusqu’au morne et monochrome sépia, dans ce livre étonnant que nous pouvons qualifier de fable.



« Le ciel abandonne sa grisaille, adoptant une teinte rubigineuse qui imprègne les toitures, les façades des immeubles et la chevelure des lutéciens : la plupart d’entre nous avons des reflets auburn. Nous n’y prêtons plus attention, du reste, cette couleur étant devenue naturelle. Nous habitons la cité sépia, ensevelie sous la rouille, prisonnière d’un collier de feu ».



Une fable prenant tour à tour des allures de polar, de thriller politique, de récit écologique, de satire sociale, de conte fantastique rappelant immédiatement la métamorphose de Kafka. Voire de roman d’anticipation, grand remplacement et grand effondrement planant en effet en filigrane. Et c’est là que le bât blesse, ce petit livre, en voulant traiter de trop de thématiques, même instillées à faible dose, en dilue son message. Comme si ce livre n’avait pas réussi à trouver son genre, hésitant. C’est dommage car je l’ai trouvé agréable à lire et ce fut globalement une assez bonne surprise.



Le livre commence tambour battant avec un homme sous la douche pris au piège alors que deux tueurs l’attendent sur le palier de son appartement… Patrick Amiot, se remémore alors ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée. Dans une ville appelée Lutetia (il s’agit tout simplement de Paris dans un avenir plus ou moins lointain), Christian Maupertuis dirige une multinationale chargée de la construction du Grand Métro. En homme d’affaires avisé, il balaie tout ce qui entrave ses projets et n’hésite pas à s’allouer les services d’un tueur à gages pour supprimer tout obstacle à l’expansion de son empire, du militant écologiste au défenseur des droits de l’homme.

Solitaire et désabusé, cynique avec la société et les femmes rencontrées, Patrick Amiot, qui a été l’ami d’enfance de Christian Maupertuis, exécute cette mission sans états d’âme et en toute impunité. Jusqu’au jour où les renards envahissent la ville, ensauvagent les habitants et paralysent le chantier. Objet de tous les fantasmes, objet de haine et de convoitise, cristallisant les peurs et les passions, la bête rousse provoque une véritable guerre urbaine. La capitale devient un terrain de chasse, le théâtre d’un affrontement social où l’homme et l’animal se confondent jusqu’à s’intervertir. Le renard a réveillé chez les citadins leur part sauvage dont la ville les avait castrés, anesthésiés.



« On évoquait d’abord une mutation comportementale : ses liens s’étaient resserrés avec l’homme, qui avait commis l’erreur de le nourrir, de le caresser, l’intronisant animal de compagnie, Goupil n’avait plus peur de notre espèce, déchue de son statut vertical. Désormais sans crainte, il nous voyait comme des égaux et, qui sait, dans un avenir proche, peut-être comme des rivaux…Il n’hésiterait plus à se mesurer à nous, adversaire courant les rues et les souterrains, engageant une guerre des espèces à l’issue incertaine. A ce conflit larvé s’ajoutait la menace invisible : l’eau courante et la chaine alimentaire, affirmait-on, étaient souillées par des maladies que répandait Le Roux ».



J’ai trouvé intéressante la façon dont l’ensauvagement progresse dans la ville, suite tout d’abord à de petites nuisances sans gravité mais qui vont s’accumulant, puis suite à des attaques de renard. Ce processus d’ensauvagement alors enclenché est bien décrit, depuis la simple méfiance en passant par la volonté de déplacer l’animal, puis de l’exterminer jusqu’à la métamorphose. Le plus sauvage n’étant pas forcément celui que nous croyons. Intéressantes aussi les digressions sur le renard et notamment sa place dans la littérature, l’auteur, du moins Patrick Amiot dans le récit, prenant même la liberté de déclarer niaise l’histoire du petit Prince…



Quant à la rousseur évoquée en tout début de chronique, elle reste uniquement à but esthétique, instillant cependant une certaine ambiance étonnamment féline. C’est un aspect du livre, pourtant éminemment secondaire, qui m’a plu.



Une fable qui n’a pas réussi à trouver son genre, survolant de ce fait trop de thèmes, néanmoins bien écrite et même agréable à lire, sur le thème de l’ensauvagement, voilà un livre que je n’aurais pas lu sans masse critique. Je remercie donc chaleureusement Babélio et les éditions Artaud poche pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.



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La Ville Rousse

Le lecteur se retrouve projeté dans un monde contemporain, Lutetia pour être exact, légèrement futuriste. L'invasion de hordes de renards dans la ville va bouleverser le monde dans lequel les personnages essayent de survivre.



Roman relativement complexe mais qui repousse le champ des possibles dans une dystopie décalée qui met à l'honneur Goupil. Le style est hachuré, la répétition est utilisée, ce qui donne un rythme rapide à la lecture et donne le ton du roman.



J'ai apprécié la lecture, qui ne laisse pas indifférent et qui permet de s'interroger sur notre société actuelle, ses limites et ce dont l'avenir sera fait. En ces heures caniculaires, on peut aussi se demander, à travers le livre, quelle est la place de l'animal dans nos sociétés, quelle est la place de la nature, et comment inverser une tendance de destruction, de violence aussi, pour revenir vers une société beaucoup plus équilibrée entre la nature et les hommes.



Je conseille la lecture du roman, surtout aux lecteurs qui aiment se poser des questions, bel ouvrage.
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La Ville Rousse

Un moment un peu hors du temps avec cette fable dystopique...



Fabrice Lardreau sait manier le suspense et joue habilement sur plusieurs temporalités. Et dans chacune d'elle, il sème des graines dont on a hâte de connaître l'issue. C'est la raison pour laquelle j'avais le sentiment de ne pas tellement comprendre un certain nombre de choses au début. Mais, ça n'était pas moi, c'était en réalité voulu. Pas mal joué !



Le narrateur, anti-héros par excellence, était sombre, d'un cynisme presque malaisant, d'une cruauté dérangeante. Vraiment très antipathique ! On ne peut pas dire, de manière générale, que c'est une lecture plaisante, on en sort même un peu bizarre... Elle est également assez accrocheuse et fait réfléchir (comme bon nombre de dystopie), cela est sûr.



De l'écologie jusqu'à l'urbanisme, du"gavage" des multinationales avec exploitation des ouvriers (entre-autres) jusqu'à la folie humaine ; il y a de quoi faire.



Merci aux Editions Arthaud et à cette masse critique privilégiée !
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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

L’œil de Fabrice Lardreau est attiré par le détail. À onze ans, il est au cinéma avec sa mère pour voir « L’argent de poche » de François Truffaut. La première scène – avant le générique – l’intrigue. Il ne cessera de penser à cette petite fille avec sa carte postale en plein centre de la France. Quarante ans plus trad, il se dirige vers cette terre inconnue qu’est le Berry, à Bruère-Allichamps précisément, le cœur de la France ; même si des autres calculs le situe en divers lieux. L’écrivain journaliste va interroger les gens du village, humer cet endroit vallonné – bien loin du plat pays qu’il imaginait – pour y dresser une enquête sociétale au-delà des clichés. Car l’histoire de cette France du milieu est le carrefour d’une histoire française.



Le tournage de cette scène et François Truffaut prennent une large place dans cet essai aux côtés des habitants de Bruère et des souvenirs d’enfance de l’auteur. Cette dizaine de personnes interrogées est un échantillon représentatif des français moyens (sans aucune connotation péjorative) auxquels s’ajoutent quelques traits caractéristiques du Berrichon comme la simplicité, l’absence d’orgueil mal placé et la prudence.



Le lecteur fait donc la connaissance du maire Patrick Ciajolo (en 2016), de Madeleine Gilbert, la mémoire vivante de la commune, de Nicole et Didier du café central, Christine de l’agence postale, de Nicole… qui racontent leurs parcours respectifs et donnent leurs impressions sur cette vie villageoise où tout se sait, circule mais où il fait bon vivre par rapport aux grandes villes. Même si tous constatent le délitement du lien social, l’homogénéisation des territoires et la tendance cité-dortoir avec les nouveaux arrivants.



Ce cœur de la France a une longue histoire et Fabrice Lardreau nous apporte en apéritif des éléments pour que chacun puisse prolonger ensuite la dégustation sur place. À commencer par la fameuse colonne du centre de la France remontant au temps de l’empereur Caracalla jusqu’à sa position actuelle décidée en 1799 par le duc de Béthune Charost, un bienfaiteur de l’humanité et qui appartient à la grande histoire du château de Meillant situé à quelques kilomètres de Bruère. Autour, le prieuré d'Allichamps, l’abbaye de Noirlac, le domaine de Châteaufer et la ville de Saint-Amand-Montrond où le Grand Condé a laissé d’innombrables empreintes. Une région confrontée aux nombreuses guerres et qui se souvient, entre autre, des nombreux réfugiés espagnols envoyés sur ces terres.



Selon l’une de ses habitantes, Christine, on n’arrive pas dans le Berry par hasard… Et si tous les chemins menaient à Bruère-Allichamps ?
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

Dans cet essai paru aux éditions Plein Jour, Fabrice Lardreau entend étudier les Français. Pas de n'importe quels Français mais ces Français que l'on appelle "moyens" qui peuplent la "vraie" France et dont raffolent les hommes politiques, car loin de Paris et des préoccupations futiles des "bobos-hipsters". Fabrice Lardreau a décidé de voir exactement de quelle France il s'agit quand on parle de cette France-là. Ne se revendique-t-il pas "moyen" lui-aussi ? Mais qui est-il exactement et quel est donc ce peuple qui est aussi le sien ?



L'auteur s'est rendu dans un village qui a une grande importance à ses yeux, le village de Bruère-Allichamps qui non seulement est le centre exact de la France selon plusieurs mesures (toutes sujettes à caution mais peu importe) mais qui est également au coeur du film l'Argent de poche de François Truffaut, un film qui le fascine depuis de longues années. C'est que située ainsi au carrefour de la France et de son propre imaginaire de Français moyen, ce village lui permettra peut-être de révéler son identité profonde et comprendre exactement ce que l'on entend quand on parle des Français.



On découvre dans ce livre, à travers l’enquête et les interviews de l’auteur, la parole et la vie de ces habitants, à chaque fois mis en relation avec la propre vie de l’auteur. C’est peut-être un parti pris qui ne sera pas compris par tous les lecteurs mais il me semble évident que parler d’un objet culturel, politique ou sociologique implique de parler de soi. Comment comprendre quoi que ce soit si on ne le réfléchit pas à la lumière de sa propre expérience, ses propres visions ou illusions ? Si parler des autres revient de toute manière souvent à parler de soi, à parler des autres à travers ses propres yeux, ses propres expériences, ses propres insuffisances à véritablement comprendre l’autre, la dimension autobiographique est souvent absente ou disons cachée des essais qui peuplent les librairies. L’objectivité recherchée est pourtant bien illusoire. Dans ce livre, on comprend dès la deuxième page que Fabrice Lardreau ne sera pas seulement l’enquêteur mais également l’objet de son enquête.



Une enquête qui prend plusieurs formes. L’auteur explore une certaine France mythologique à travers le film L’argent de poche de Truffaut dont l’action commence dans ce village ( Les films issus ou sur un pays ne sont-ils pas des éléments de cohésion nationale, de fabrique d’une certaine société, dans le sens où ils fabriquent une mythologie commune) ; une France politique avec une analyse de l’auteur des résultats de plusieurs votes de la commune ; une France géographique avec une étude des différents lieux qui font la vie des habitants : le café du village -dont les propriétaires sont interrogés, le restaurant, les places importantes ; une France sociale aussi. Les habitudes des habitants, leurs relations le rapport des uns et des autres est ainsi disséqué, avec toujours, sur le côté cette mise en relation avec les propres habitudes de l’auteur, ses propres souvenirs. Le tout avec humour souvent et nostalgie parfois.



C’est au final un essai passionnant d’un auteur curieux qui permet, loin des phantasmes et des certitudes des politiciens, d’appréhender le cœur de la France et des Français. A travers le portrait de ce village et, en creux, de cet auteur, c’est toute une vie qui se dévoile. C’est une vision, celle de l’auteur, donc. Peut-être en avez-vous une autre mais vous vous retrouverez certainement quelque part au milieu de ce carrefour invisible.
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Le lieu essentiel

Ravie d'avoir déniché ce petit volume d'entretiens d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement !



Un dialogue où Philippe Claudel nous dit avec ferveur sa passion de la

montagne, comment elle est née tout d'abord dans les livres... à

commencer par "La Chèvre de Monsieur Seguin"..., "Premier de Cordée"

de Frison-Roche, etc. et plus tard Dino Buzzati, Primo Levi, et tous les

écrits de Mario Rigoni Stern... ainsi que l'auteur suisse-allemand, Ludwig Hohl, avec son roman, "Ascension" (1975)...



De très belles analogies entre entre la montagne et l'écriture !!...



"(...) la montagne entretient de nombreuses analogies avec l'écriture : " Ce qui me plaît dans la montagne comme dans l'écriture, c'est de me trouver confronté à quelque chose qui me dépasse, de façon humaine, et d'essayer d'y trouver ma voie, que ce soit sur une paroi ou dans un roman." L'alpiniste et l'écrivain, des conquérants de l'inutile ?

Tous deux se rejoignent dans ce lieu essentiel, empreint de passion et d'humilité.------[Fabrice LARDREAU p. 8]



Il nous décrit aussi l'abondance de ses courses en montagne, à travers

la France mais aussi le monde...leur beauté, leurs difficultés, les rencontres, camaraderies créées lors de ces échappées vers les sommets ...



Je me presse de rédiger ces quelques brèves impressions sur ce très

intéressant volume, pour son auteur mais aussi pour cette collection

qui m'était inconnue, souhaitant offrir des textes de grandes figures

des Lettres, des Arts, Sciences & du Voyage, passionnés par la montagne

et plus largement par la nature !!



Ensuite je transmettrai et offrirai cet ouvrage à un ami jurassien, vrai

montagneux convaincu, amoureux des sommets... qui devrait s'enchanter de ces entretiens où la Montagne et la Littérature sont

les noyaux de ces lignes!



"Aller au refuge, y dormir, et aller en montagne plus généralement, c'est tenter de retrouver une forme de simplicité essentielle. Redéfinir ce que nous sommes, quels sont nos besoins vitaux. Quel bonheur d'être encore des lieux où les réseaux de téléphonie ne passent pas. J'apprécie cette coupure. Cet au-delà. Je suis conscient en disant cela peut-être décalé ou nostalgique, mais j'assume cette nostalgie. Une fois encore, je plaque sur le réel l'image décantée de mes lectures. J'ai toujours essayé de retrouver dans les refuges où j'ai dormi l'image archétypale du refuge littéraire découverte dans tant de livres." (p. 46-47)



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P.S : voir le lien pour le contenu de cette nouvelle collection, qui ne

comporte pour l'instant que deux titres: Michel Butor et Philippe

Claudel...

https://www.arthaud.fr/Catalogue/versant-intime













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Le lieu essentiel

J'ai tendance à me ruer sur tous les nouveaux textes de Philippe Claudel. Mais devant cette œuvre, il faut un peu de retenue. On n'aborde pas un versant escarpé en sandales. Et on n'aborde pas ces entretiens au pas de course. On voudrait se presser que l'on serait retenu, happé par l'exaltation ressentie par Philippe Claudel. On est aussi frappé par l'humilité dont il fait preuve devant les cimes et leurs figures héroïques.



C'est avec admiration qu'il parle des auteurs des hauteurs, ceux qui ont mis leurs pas et leur plume dans des traces de neige fraiche et sur des sentiers pierreux. « Aller au refuge, y dormir, et aller en montagne plus généralement, c'est tenter de retrouver une forme de simplicité essentielle. Redéfinir ce que nous sommes, quels sont nos besoins vitaux. [...] J'ai toujours essayé de retrouver dans les refuges où j'ai dormi l'image archétypale du refuge littéraire découverte dans tant de livres. » (p. 46 &47) Et c'est avec joie et fierté qu'il fait découvrir la montagne à des proches. C'est un cadeau double : offrir et partager ces paysages vertigineux.



Évidemment, impossible de ne pas trouver de similitudes entre l'écriture et l'alpinisme. « J'ai toujours établi un parallèle entre le fait de grimper et celui d'écrire. Ce qui me plaît dans la montagne comme dans l'écriture, c'est de me trouver confronté à quelque chose qui me dépasse, de façon humaine, et d'essayer d'y trouver ma voie, que ce soit sur une paroi ou dans un roman. » (p. 67) Ce faisant, pour moi qui ne pratique pas les hauteurs, Philippe Claudel est un guide dans les chemins qu'il trace dans la littérature contemporaine. Ce sont des voies exigeantes où l'émotion donne le vertige. Souvent, grisée par la beauté des mots de cet auteur, je voudrais ne jamais en revenir. Douce hypoxie littéraire...



Ces entretiens se savourent comme des confidences tant l'on sent que Philippe Claudel se livre et se dévoile quand il parle de la montagne. Le lieu essentiel, c'est celui où l'on ne se dissimule pas, ni aux autres ni à soi-même. « Je me trouve au diapason de moi-même. Elle me donne le la. » (p. 76) L'ouvrage s'achève sur quelques textes choisis où la montagne est plus qu'un élément du décor : elle en est la justification.



Fabrice Lardreau est l'auteur des excellents Nord absolu et Un certain Petrovitch.
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Le lieu essentiel

Si vous aimez Philippe Claudel, vous devriez aimer ce livre. Si vous aimez la montagne, vous devriez probablement aimé ce livre. Si comme moi vous aimez Philippe Claudel et la montagne, vous devriez vraiment adorer ce livre !



Publié chez Arthaud, dans la collection Versant Intime, dans une jolie édition à la couverture à effet carton recyclé, ce livre d’entretiens avec le journaliste à La Montagne & Alpinisme Fabrice Lardreau est un pur régal.



Philippe Claudel y évoque sa relation à la montagne depuis son enfance, l’influence des destinations de vacances d’abord et de ses nombreuses lectures montagnardes enfin. Côtoyer les sommets, un rêve de gosse devenu réalité pour un adulte toujours passionné.



« Je me souviens très bien de ces heures de lecture, dans cette salle peu éclairée, qui sentait la cire, le bois lavé et aussi la poussière. Ce décor balzacien disparaissait. J'étais immédiatement, par la magie du verbe des auteurs de montagne, transporté dans un univers de glaciers et de parois tourmentés. Je respirais l'air des cimes. J'éprouvais la fatigue et la joie. »



De sa lecture tout gosse de La Chèvre de M. Seguin d’Alphonse Daudet à Glace, neige et roc de Gaston Rébuffat en passant par les Premiers de Cordée de Frisson-Roche, les livres de Primo Levi ou de Mario Rigoni Stern, on découvre sa passion à travers le prisme de ses lectures alpines.



Des correspondances se font jour, comme une évidence, entre alpinisme et écriture, montagne et littérature…



Je vous laisse imaginer le sourire sur mes lèvres en découvrant qu’il a lui aussi rêvé de montagnes à travers ses lectures d’Heidi. D’un coup, je me suis senti moins seul ! ;)



« Je me souviens que je retrouvais dans Heidi - dont l'auteur, Johanna Spiry, n'est pas autrichienne mais suisse - les impressions que me procuraient ces brèves vacances répétées. J'ai lu et relu ces romans pour enfants jusqu'à l'âge de quinze ou seize ans. Je n'avais pas du tout honte de lire ce genre de livres : ces histoires se passaient en montagne. Ils étaient pour moi des prétextes à quantité de réminiscences et des tremplins pour mes rêveries. »



Si je suis bien loin d’être un alpiniste chevronné, ce livre m’a replongé dans certaines de mes lectures d’enfance et dans quelques randonnées mémorables durant mes échappées savoyardes, les bouquetins s’en souviennent encore ! La beauté inouïe des paysages, leur diversité à chaque détour de sentiers, les moments de doutes, la sensation de dépassement de soi, la satisfaction de la mission accomplie, j’ai tout retrouvé dans ces quelques pages…



En fin d’ouvrages, plusieurs textes issus de lectures montagnardes dont je retiendrai surtout les quelques vers magnifiques d’un poème consacré au « Mont Blanc » issu d’un ouvrage intitulé Histoire d’un voyage de six semaines cosigné par une certaine Mary Shelley et de son époux Percy.



Une soudaine envie de tutoyer les sommets ? Partez donc à la découverte du Lieu essentiel de Philippe Claudel !





Merci à Babelio et aux Éditions Arthaud !


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Le lieu essentiel

Un livre à lire par tous les inconditionnels de l’écrivain. Philippe Claudel fait partie du Top 10 des écrivains qui me sont chers.

Le lieu essentiel édité par Arthaud dans sa collection Versant intime dirigée par Fabrice Landreau est, en partie, un dialogue entre celui-ci et Philippe Claudel.

La lecture de « Le lieu essentiel » m’a révélé des facettes méconnues de Philippe Claudel ; je l’appréciais beaucoup, je l’apprécie encore plus.

Ci-après un mot de l’auteur repris sur la 4ème de couverture :



« Ce qui me plaît dans la montagne

comme dans l’écriture, c’est de me trouver

confronté à quelque chose qui me dépasse,

de façon humaine, et d’essayer d’y trouver ma voie,

que ce soit sur une paroi ou dans un roman. »

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Le lieu essentiel

Le livre " le Lieu Essentiel" de Philippe Claudel rassemble les entretiens de l'écrivain avec Fabrice Lardreau. Au centre de leurs échanges il y a l'essentiel, l'essentiel pour Claudel c'est la montagne, une présence de pierres, inerte pour un homme de science, vivante, envoûtante même pour l'alpiniste.



Mais que faire là-haut, comme perché au-dessus des hommes, contaminé par un virus, une passion, une addiction, ou poussé par l'appel insensé comme celui qui ronge la vie de la chèvre de Monsieur Seguin. Il faut avoir franchi les paliers de la démesure, pour commencer à percevoir les étoiles de midi, l’âme grisée par l'ivresse des cimes.





Philippe Claudel n'a jamais rencontré René Demaison, comme tous les grimpeurs il a abandonné la PA (Pierre Allain), pour la mythique RD, capable de faire tenir un grimpeur sur un gratton de 3 mm, comme sur le fil d'un rasoir.



Je déguste ces pages, comme si elle racontait ma propre histoire, tous ces noms, Rébuffat, Bonatti, Frison-Roche, je les ai caressés plus tard dans les livres, et notamment celui de Lionel terray « Les Vainqueurs de l'Inutile », dans lequel je plonge encore avec saveur.



Mon itinéraire d'escalade allait s'achever à 18 ans, au sommet des Ecrins, avec notre prof de français Pierre Gillet, après une belle diagonale derrière l'immense Paul Keller. Nous étions 10 bacheliers, autour de Pierre, dont Bertrand futur guide, qui réussira en solo la Croix de Fer ( https://www.dailymotion.com/video/x6uioc ).



Dans le récit de Philippe Claudel, j'ai toutefois un regret, il manque un regard, pour évoquer Gary Hemming, si proche de Demaison, et le héros de l'Annapurna Louis Lachenal, ou Armand Charlet le beau-père de Pierre Gillet, grand pionnier de l'alpinisme chamoniard.





Le dépassement de soi, selon Philippe Claudel, à travers le parcours initiatique que constitue la conquête d'un sommet vertigineux, est la grande vertu d'humilité, que nous enseigne la montagne. « Trouver la voie que ce soit sur une paroi ou dans un roman, procède d'une seule éthique, faire de la vie, l' essentiel ce que Bachelard appelle page 12 cette fameuse contemplation monarchique du monde.



Le conte d'Alphonse Daudet, en dit peut-être plus que tout autre parole, vivre la liberté, et accomplir ses rêves est plus important que tout autre chose, la mort inévitable de doit pas être un frein à notre liberté. "L'idéal de vie, c'est le monde vu d'en haut, au sommet, tout est grand, large, infini. Un infini enivrant que seule la mort est à même de borner", P117.



Les vainqueurs de l'inutile sont aussi les apôtres de l'indispensable, les vainqueurs du " Lieu Essentiel".



C'est un hymne à la vie que je salue avec bonheur, et un grand merci à masse critique de ce choix.

A lire aussi, pour prolonger cette féérie, de Jean-Claude Charlet de Fils en Aiguilles (éd A-O )

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Le lieu essentiel

Dans cette très belle collection, Fabrice Lardreau retranscrit ses entretiens avec des personnalités de lettres, des arts, des sciences ou du voyage, pour qui l'univers de la montagne tient une place prépondérante dans leur vie. En deuxième partie du livre, on retrouve quatre extraits d'ouvrages sélectionnés et commentés par l'auteur. Ces textes permettent de découvrir bon nombre de classiques, de Ramuz à Thomas Mann, en passant par Alphonse Daudet.

A travers ces conversations, Fabrice LARDREAU retrace le parcours de ces personnalités pour qui la montagne est source de joie, et bien souvent synonyme de souvenirs d'enfance et d'amitié.

La collection s'ouvre avec l'un de ces deux premiers titres :

"Le lieu essentiel" : entretiens avec Philippe CLAUDEL.

Lorsque l'on évoque Philippe Claudel, on pense à l'écrivain ou au cinéaste. Mais il est aussi un homme de la montagne. Pourtant né loin de celles-ci, il sera attiré déjà enfant de façon viscérale par la montagne. Songeant même un temps à devenir guide de haute-montagne, il s'adonnera à l'escalade, la randonnée et l'alpinisme. Passionné, il est aussi un grand lecteur de récits de montagne et plus particulièrement d'alpinisme, admirateur des grands pionniers en la matière. La montagne l'accompagne tout au long de sa vie car selon lui, c'est le seul espace où il peut pleinement être lui-même. Il évoque ainsi une belle métaphore musicale : "Cela peut se comparer, en musique, au moment où l'on prend un diapason pour avoir le la, avant d'accorder son instrument : je me trouve au diapason de moi-même en montagne. Elle me donne le la".
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