Félix-Antoine Savard

Ne défendre que son petit bien propre en deçà de ses clôtures, fermer l'oeil sur l'empiètement de l'étranger, c'était trahir, se condamner à n'être bientôt q'un peuple d'esclaves.
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Non! Etre libre, c'était , partout où l'on va dans le pays , sentir sous ses pieds, le son de la terre répondre aux battements de son coeur, c'était entendre partout la voix du sol, des bois, des eaux dire:
---" J'appartiens à ta race et je t'attends ! "
Etre libre, c'était goûter dans l'air ce que l'on goûte en mangeant le pain de son blé.

C'était bien vrai, ce qu'avait dit Menaud , la veille. Tandis qu'eux, les pauvres draveurs ,ils s'effiellaient le jour et grelottaient la nuit, les étrangers encaissaient tout le profit de ces misères.

[T]ransmettre son nom, son sang, ce n'est pas cela qui contente le cœur ; mais, dans la chair qui vient de soi, sentir battre les mêmes amours, voir des pas devenir le prolongement de ses pas, voilà le désir qui fait vivre quand on regarde ses enfants.

La liberté (...) est en toi-même. On commence à vaincre dès qu'on commence à vouloir; (p. 53)

Belle pièce d'homme (...) ce Délié ! Planté droit ; haut en couleurs, et des yeux noirs tapis comme ceux d'un fauve sous la broussaille ombreuse des sourcils. (p. 29)

C'est à l'occasion, vers 1934, d'une visite faite à des draveurs de la rivière Malbaie que le récit - qui attendait depuis longtemps, prit enfin corps et âme. Oh ! je me rappelle bien toutes les circonstances. C'était au lieu-dit le Vieux-Pont, près de la Boulonnière où la Noire écumeuse et folle se jette dans la rivière Malbaie. C'est là qu'étaient dressées les tentes. Et je couchais dans celle de celui qui devait être Menaud. - L'homme était beau à voir. Droit et fort...

Le nationalisme de F.-A. Savard a fait couler beaucoup d'encre et suscité bien des malentendus, sans doute parce que peu de notions ont été plus galvaudées que celle-ci, surtout depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Le nationalisme, en tant que système qui vise à promouvoir les intérêts collectifs d'une communauté nationale, est «une valeur polymorphe qui épouse des idéologies diverses». Comme l'a montré Fernande Roy, «diverses variétés [de nationalisme] ont fleuri au Québec, selon les contextes historiques». En répétant à l'envi que le nationalisme canadien-français a été pendant plus d'un siècle «relié à des causes conservatrices et à la perpétuation d'une société traditionnelle», française, rurale et catholique, on a caricaturé la société québécoise.