Citations de Felwine Sarr (23)
Lors que la joie qui accompagne l’amour ne se fait plus entendre que par intermittence, et qu’il ne reste plus que remords, culpabilité et crainte de quitter ses habitudes, il est temps de se lever et d’émigrer vers une autre région de cet immense pays qu’est l’Amour.
L’amour ne s’apprend qu’en son absence.
Habiter ce monde, c'est partir d'un lieu certes, un lieu-matrice, mais dont on apprend à se déprendre pour l'articuler à d'autres lieux. Apprendre à se dé-situer pour habiter un espace plus vaste.
Bouhel. Il me plaît ce prénom. Tout ce qu'il ne dit pas. On ne sait pas d'où il vient et ce que j'aime tant. Hier, je lui ai parlé. Au début, il était peu disert. Puis on s'est mis à discuter de musique, de poésie, et là il ne s'arrêtait plus, comme un fût percé.
Nul ne connaît son heure (sauf quelques-uns). C’est ce qui rend l’aventure (le voyage) unique, singulière, déterminante à chaque instant.
Etre, c'est être relié. La relation nous accomplit et nous révèle. Elle est ce par quoi s'articulent les êtres, les choses, ainsi que les éléments d'une totalité. Elle en définit les rapports et les modes d'appariement, par liaison, coalescence, combinaison, résonnance, dissonance, disjonction ou disruption. Elle peut être vampirique, énergivore et chronophage ; mais également nourricière, vivifiante ou féconde.
Ce livre est un jihad. Une guerre intérieure. Un jihad pour sortir de moi-même, de ma race, de mon sexe, de ma religion, de mes déterminations. Un jihad pour aller vers moi-même. C'est un désir de naissance, donc de mort. Exister par ma volonté de vie, comme Ptah l'émergent. Ce livre, c'est le mot qui déborde. Celui que je contiens plus. Celui que n'étouffent pas mes préoccupations quotidiennes. Ce mot qui résiste au trajet du tram, à la journée de travail, à la prose quotidienne, aux vicissitudes quotidiennes. Ecrire comme par débordement, comme par excès. Ce mot qui survit. Ce mot qui résiste à l'assignation au temps social, à la confiscation du présent, à la dilapidation du temps, à la résignation, à la fatigue, à l'abdication, à la mort lente. Ces mots rescapés qui se tiennent la main pour résister à la prochaine bourrasque. Ce livre est une promesse tenue. une potentialité qui finit par advenir. Un postmaturé, un tard né. Ce livre, ce n'est pas Zugafar, l'épée à deux têtes d'Ali qui tranche les têtes des infidèles à la bataille de Badr. Ce n'est pas non plus une confession, car il n'y a rien à avouer. C'est un combat spirituel. Pas celui que mènent les anachorètes ni les ascètes. Il ne vise pas à libérer l'âme du corps, l'esprit de la chair. Il est tentative de "posséder la vérité dans une âme et un corps". Ce livre est une kalachnikov. L'arme du désir de liberté. Celle qui envoie des rafales contre le tank social. Contre ses chenilles qui aplatissent, nivellent et asservissent les corps et les esprits.
Jouer de la musique, c’est non seulement ne pas rajouter à la brutalité du monde, mais l’adoucir par un sentiment purifié et porté à incandescence.
Échapper au soi solidifié. Le liquéfier, le gazéifier, le disperser aux mille vents.
EN PARLANT DE LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE:
"Ce qu'il faut relever, c'est qu'elle est, avant tout, morale, philosophique et spirituelle. C'est la crise d'une civilisation matérielle et technicienne qui a perdu le sens des priorités."
La poésie a un prix (qui se paye). La solitude, le chavirement et la souffrance acceptés et fermement endurés.
Il paraît que le sommeil est un voyage.
Habiter le monde, c'est habiter pleinement ses géographies et pour cela pouvoir y circuler librement.
Dans l'espace et dans le temps , la dimension de Dahij est immense et transversale . Elle est une rétrospection , une mutation une profonde méditation , vers le monde de la liberté , de l'émergence.
Les ressources de cette planète, ainsi que le patrimoine cognitif et culturel des sociétés, relèvent du bien commun ; ce dernier est le fruit de toute l'expérience humaine. Le simple fait d'appartenir à l'humanité devrait donner le droit d'y accéder.
On assiste cependant à une irruption d'une société humaine mondiale qui tisse des rapports de plus en plus fondés sur la solidarité et la réciprocité. Il existe un décalage grandissant entre le langage des gouvernants, empreint d'une rhétorique de la ligne de front, et des pratiques sociales qui structurent de plus en plus les relations intersociales et qui luttent contre la fragmentation et la déliaison des sociétés humaines.
J'aimais mon travail, il occupait mes journées mais ne remplissait pas mon âme.
Habiter le monde, c'est se concevoir comme appartenant à un espace plus large que son groupe ethnique, sa nation, le continent qui vous a vu naître, ceux qui ont la même couleur d'yeux que vous, ceux que avec qui vous partagez le même niveau de richesse, le groupe culturel initial dont on est issu. C'est pleinement habiter les histoires et les cultures de l'humanité : endosser ses multiples visages, se sentir héritier des gisements de sens provenant de ses cultures plurielles. Ne plus être d'une culture particulière, mais partir de celle-ci pour habiter les imaginaires multiples, riches et féconds des langues du monde, de ses mythes, des déclinaisons multiples des opérations de mise en sens que ces imaginaires permettent. Habiter les cultures du monde comme on se promène dans une garde-robe riche de différents vêtements pour toutes les saisons.
Faire société humaine et plus largement construire une société du vivant est le défi de notre époque. Édifier une société qui reconnaît tous ses membres en élargissant le spectre de ceux qui appartiennent à la communauté aux étrangers, aux espèces animales et végétales, aux ancêtres disparus, à la Terre-Mère, à ceux qui ne sont pas encore là.
Nous avons désormais la possibilité d'être psychiquement et émotionnellement présents en plusieurs lieux, en conservant les liens tissés et en les nourrissant. Les appartenances ne sont pas disjointes et ne s'excluent pas. Elles s'ajoutent et se multiplient.