A la dystopie dans laquelle le monde actuel, libéral, post-moderniste et oppressant vit,
Felwine Sarr ose esquisser le projet d'une utopie généreuse et équilibrée reposant sur le principe de la relation au sein de laquelle la mise en commun des valeurs essentielles de la sécurité, la santé, l'alimentation, l'éducation et la culture serait de l'ordre d'une gouvernance des communs universels, à l'abri des égos, des convoitises et d'une propriété privative de droits.
Si dans ce monde apaisé de tensions, la Nature est également un bien partageable, il n'en demeure pas moins que nous n'en sommes que des usagers temporaires qui doivent en assurer, en bon père de famille, la gestion, la protection et la transmission aux générations futures.
Dans ce système relationnel,
Felwine Sarr évoque sans la nommer explicitement la philosophie Bantoue dont le fondement est celui de l'altérité, d'une ouverture à l'imaginaire, à la reconnaissance de l'autre. « Je suis parce que tu es » dit la philosophie Sud-Africaine qui nous rappelle la nature de ce lien profond et sincère, qui pousse à respecter chaque être humain, comme part essentielle de notre propre humanité. Nous sommes des citoyens du monde nés d'une même matrice et nous l'avons oublié en donnant la préférence à une société où le lien social se délite et où chacun à l'injonction d'affirmer sa propre identité ou communauté d'appartenance, quitte à se retrouver seul dans cet entre-soi autoproclamé. "Les appartenances ne sont pas disjointes et ne s'excluent pas. Elles s'ajoutent et se multiplient"
Ecrivain, auteur-compositeur et universitaire,
Felwine Sarr est aussi celui qui nous rappelle que par "la poésie et les arts, nous pouvons habiter l'infini du monde ainsi que ses dimensions les plus subtiles et les plus élevées"