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Critiques de Flannery O`Connor (62)
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Plusieurs nouvelles.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Plusieurs nouvelles :

- Les braves gens ne courent pas les rues

- Le fleuve

- C'est peut-être votre vie que vous sauvez

- Un heureux événement

- Les temples du Saint-Esprit

- Le nègre factice

- Un cercle dans le feu

- Tardive rencontre avec l'ennemi

- Braves gens dans la campagne

- La personne déplacée
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Il me semble avoir noté ces nouvelles après avoir écouté un extrait ou même une nouvelle entière de Flannery O'Connor à la radio, et cela m'avait donné envie de pousser plus loin. La première nouvelle, qui donne son titre à l'ensemble, met en scène une famille lors d'une excursion où un enchaînement de circonstances va faire tourner la journée au drame. Dans la seconde, le fleuve, quelques lignes suffisent encore à l'auteur pour camper les personnages et la situation. Et tout aussi remarquables sont Un cercle dans le feu, le nègre factice, Braves gens de la campagne ou La personne déplacée : il faudrait les citer toutes ! Ce qui est remarquable chez Flannery O'Connor, c'est cette économie de mots, ce dépouillement au service d'un mélange de drame et de comédie dont les personnages ne peuvent pas réchapper sans dommage. Ce sont des petits blancs pauvres et incultes pour la plupart, pour qui la religion revêt une grande importance, des gens à l'esprit étroit qui fonctionne par raccourcis, et qui mettent toute leur mauvaise foi dans les approximations qu'ils profèrent. L'auteure n'ayant aucune complaisance pour eux, leur sort qu'elle leur réserve n'est pas des plus tendres.

Dans ces dix textes, les enfants ont souvent le jugement plus acéré et redoutable que celui des adultes, qu'ils observent, comme Flannery elle-même, sans indulgence aucune.

Ce sont là des nouvelles qui pourraient et devraient servir de modèles à tous les aspirants écrivains, des exemples parfaits du genre. Les paysages du sud, dépeints en quelques mots, prennent vie comme par magie sous les yeux du lecteur. Et que dire des personnages, croqués en trois traits cinglants [...]
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Et ce sont les violents qui l'emportent.

Un roman placé sous le signe du bien et du mal et de la guerre qu’ils se livrent depuis Caïn et Abel.

C’est une plongée dans les ténèbres que ce roman qui démarre sur une sorte de coup de folie. Un vieil homme, certain d’être un élu de dieu, a kidnappé son petit-neveu tout bébé, il a élevé celui-ci dans la certitude d’être un prophète, il l’a soustrait à toutes les influences qu’il considérait comme pernicieuses, pas d’amis, pas d’école, pas de distractions à part les sermons dont il abreuve largement le monde alentour et l’accès à son alambic.



A sa mort Francis Marion Tarwater va se retrouver seul et entame un retour vers ses origines. Il part à la recherche de George Rayber un oncle qui a tenté de le soustraire à la folie du vieil homme mais l’a abandonné à son sort, il a quatorze ans et ne connait que haine et colère comme sentiments.

Le mal est fait, il entend des voix, son grand-père lui a intimé l’ordre de baptiser Bishop l’enfant handicapé de son oncle, il s’y refuse mais l’emprise du vieil homme est encore très prégnante et quand il découvre l’enfant qui « avait les yeux légèrement enfoncés sous le front, et ses pommettes étaient plus basses qu’elles n’auraient dû être. Il était là, debout, sombre et ancien, comme un enfant qui serait enfant depuis des siècles. » il ne sait plus.



La tragédie est en marche sur fond de fournaise sudiste



Cette histoire est traitée avec un humour corrosif et féroce que j’avais rarement rencontré jusqu’ici. Flannery O’Connor nous montre la face cachée de la foi religieuse, celle qui déclenche souffrance, cruauté, superstitions ridicules mais dangereuses c'est d'autant plus courageux et surprenant qu'elle était elle-même très croyante.



C’est l’Amérique sous l’emprise de la Bible et des prédicateurs de tous poils.

On ne sait ce qui l’emporte, le grotesque ou l’effroi, l’auteur utilise les sentences bibliques comme des fers rouges, le titre du roman sortant de l'Evangile de Matthieu, ses personnages se dirigent droit vers la damnation.



Il y a du Jérôme Bosch dans ce roman, comme le peintre Flannery O'Connor mêle l’enfer et le grotesque.

Son biographe et traducteur Maurice-Edgar Coindreau dit qu’elle n’avait « aucune illusion sur la vraie nature d'une humanité qu'elle estimait plus ridicule encore que méchante ».

Flannery O’Connor a écrit deux romans ayant pour acteurs le prophète grotesque qui nous ferait rire s’il n’était aussi dangereux, les héros marginaux dont on aurait pitié s’ils n’étaient aussi violents. C’est absolument saisissant et éprouvant à la fois.



C’est le premier roman que je lis de l’auteur mais je sais que j’y reviendrai.
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Je crois qu'on peut avoir dit l'essentiel sur ces deux nouvelles, "Un heureux événement" et "La Personne Déplacée" (bravo à Henri Morisset pour la traduction allusive des titres) en disant qu'elles sont tirées du recueil tant célébré il y a dix ans par Rinaldi "Les Braves gens ne courent pas les rues" (Folio n°1258). Quelle cour des miracles, en effet ! Quelques personnages semblent sortir de "Dogville".
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Tout est dans le titre. Sur les thèmes de la confrontation du quotidien avec l'étranger (dans tous les sens du terme), de la trahison, navigant entre enfants détestables et vieillards capricieux, les braves gens ne courent pas les pages !



Les nouvelles se passent entre la campagne de Géorgie et Atlanta, dans de petits mondes clos à la fois accueillants et agressés ; on y retrouve propriétaires terrains, colporteurs, "nègres" attachés à la terre, ancien combattant de la guerre de Sécession, vieilles filles diminuées et enfants insolents (qui sont parfois les mêmes). On pense à la part de double et de triple degré qu'il a fallu à Flannery O'Connor, fort malade elle-même et prisonnière de ce monde, pour en parler avec cette acuité et ce silencieux rire amer.



Mais chaque nouvelle est traitée avec un naturel, une transparence et une complexité tout à fait unique et j'ai vraiment bien fait de ne pas différer plus longtemps la lecture de ce recueil dont je n'avais lu, pour l'instant, que deux titres chez Folio.

Cf. destination des liens sur mon blog.
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Deux nouvelles de l'écrivain "du Sud" Flannery O'Connor. La première nouvelle m'a laissé un peu sceptique (j'avoue ne pas avoir compris la chute de l'histoire). En revanche j'ai adoré la seconde nouvelle qui raconte l'arrivée après la seconde guerre mondiale d'une famille de réfugiés polonais dans une ferme tenue par une veuve acariâtre. Les rapports entre ces nouveaux arrivants, la patronne, les ouvriers agricoles blancs et les noirs sont décrits de façon admirable. Cette nouvelle est un roman en miniature et c'est souvent ce que j'aime dans les nouvelles !

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Les braves Gens ne courent pas les rues

Etonnamment, c'est par Katherine Pancol que je suis arrivée à Flannery O'Connor. La Katherine Pancol des débuts, je précise, pas celle des derniers temps et des best-sellers démagos. Celle qui s'est inspirée de 'Les braves gens ne courent pas les rues' pour choisir le titre d'un de ses meilleurs romans 'Les hommes cruels ne courent pas les rues' et a fait étudier à son héroïne les nouvelles de Flannery O'Connor dans un cours de creative writing...



Longtemps après cette lecture, je m'en suis souvenue et j'ai décidé de suivre à mon tour les braves gens du Sud des Années 1950. Le bilan est toutefois un peu mitigé : j'ai beaucoup apprécié le style, à la fois précis et très évocateur, ainsi que la façon de camper en 5 lignes au début de chaque nouvelle une histoire et des personnages. Ca m'a fait penser à Alice Munroe, l'écrivain qui m'a fait aimer les nouvelles. Une qualité d'écriture qui ne court pas les rues...



Cela dit, c'est difficile d'être marqué par des histoires si courtes, tantôt vaines et tantôt insensées, en tout cas au message souvent mystérieux pour moi. Ainsi des deux premières nouvelles du recueil, celles du serial-killer en vacances et du petit garçon qui se jette dans le fleuve, que j'ai terminées en me demandant 'et alors ?'. J'ai mieux aimé 'La personne déplacée', chronique brillante et terrifiante du racisme et de la méchanceté ordinaires ou même 'Un heureux événement' qui nous met dans la tête d'une drôle de femme...



Parfois datées et pas politiquement correctes dans leur vocabulaire, les histoires nous plongent vraiment dans les Etats du Sud des Etats-Unis juste après la seconde guerre mondiale. Une ambiance très rurale, souvent déprimante avec son lot d'intolérance, de bêtise et d'obscurantisme religieux. Mais une ambiance intéressante à découvrir.
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Et ce sont les violents qui l'emportent.

J'ai globalement bien aimé ce roman, subjuguée par le mélange de tendresse et de violence que nous transmet la prose envoûtante de Flannery O'Connor.

Mais je suis sûre de ne pas avoir compris tous les enjeux philosophico-religieux, ni la symbolique qui les sous-tend.

Comme une œuvre un peu magique, mais on reste à l'extérieur, avec sa petite frustration de candide, exclue d'un petit cercle averti, à même de tout appréhender.
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L'Habitude d'être

Je me suis plongée dans la correspondance de Flannery O’Connor suite à la lecture de Savannah de Jean Rolin où il relit, au cours de son voyage de retour sur les pas de Kate Barry sa compagne disparue, « L’habitude d’être » dans un exemplaire ayant appartenu à celle-ci. Elle y a souligné de nombreux passages dont celui-ci :

Il faut aimer ce monde tout en luttant pour le supporter. » et cela résume toute la vie de Flannery et peut-être aussi celle de Kate.



J’avais aimé les romans et nouvelles de cette auteure et je peux dire après la lecture de cette correspondance qu’elle est devenue pour moi une amie précieuse qui m’a conquise avant tout par sa vivacité, son regard acéré auquel rien n’échappe, son attention envers ses correspondants et envers son entourage et enfin sa simplicité et son courage.

Flannery O’Connor communique une envie de vivre et une énergie qui vous sort de tous les moments d’abattement.

Cette correspondance avec ses amis éditeurs, écrivains ou simples lecteurs permet de mieux comprendre son oeuvre où l’on retrouve des personnages et des anecdotes de sa vie quotidienne que l’on aurait pu croire étriquée, restreinte par la maladie contraignante dont elle souffre alors qu’elle exacerbe son intelligence aigüe des êtres et des choses qu’elle observent d’un oeil parfois impitoyable mais toujours en exerçant son sens de l’humour et non sans un fond de tendresse. J’aime aussi son humilité et qu’elle ne se sente pas au-dessus du lot :



"Je n’ai vraiment pas l’impression que l’artiste ait le droit de se situer au-dessus du commun des mortels. Et d’abord c’est qui le commun des mortels ? J’avoue que je l’ignore. J’en viens à détester ce titre d’artiste, s’il vous place au-dessus des autres alors qu’il ne désigne qu’un certain métier, une façon d’essayer de communiquer et l’espoir d’y parvenir. La matière employée n’est pas plus noble qu’une autre et la volonté de faire de son mieux existe dans n’importe quelle sorte d’activité."





Pour mieux cerner cette jeune femme pleine de vie voilà ce que dit d’elle, dans sa postface intitulée « Dans l’amitié de Flannery" , Gabrielle Rolin qui l’a rencontrée une fois et a correspondu avec elle :

… derrière ses lunettes d’écaille, ses yeux s’ouvrirent, clairs, aigus, si gourmands de vie, qu’ils forçaient le sourire (…) L’irrespect lui fouettait les sangs. Adossée à l’oreiller, elle me décrivit les plaisirs de la ferme : araignées géantes, moustiques venimeux, orties empoisonnées, et des fous comme s’il en pleuvait.



(…)Sa résignation tenait du défi, son sens du comique se nourrissait d’épreuves. Jamais je n’ai rencontré un esprit aussi libre, aussi indifférent aux mode, catégories, étiquettes, volant aussi droit au but : sa vérité



(…) Son drame , c’est qu’il ne savait pas quoi faire de sa souffrance, dit-elle un jour à propos d’un jeune suicidé. Pour sa part, elle en avait l’usage. Elle tirait de ses épreuves, de son angoisse, de ses doutes, la force de les supporter. Non pas de les apprivoiser mais d’en découvrir les richesses, la face cachée, le mystère et la promesse, d’y puiser une raison d’être et d’écrire.



Il n’y a rien à ajouter si ce n’est « Lisez Flannery O’Connor ! » en particulier cette correspondance qui donne envie de découvrir ou redécouvrir ses textes.

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La sagesse dans le sang

La Sagesse dans le sang, publié en 1952, est l’un des deux romans écrits par l’Américaine Flannery O’Connor (morte à 39 ans en 1964 d’une forme de lupus) aussi connue pour ses nouvelles et notamment Les Braves gens ne courent pas les rues.

Hazel Motes, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, revient du front hanté et perturbé. Il affirme à tous ceux qu’il rencontre que Jésus n’est pas Leur Sauveur, qu’il ne rachètera pas leurs pêchés. Dans la rue, il prêche un nouveau ministère : l’Eglise sans Christ. Il croise des gens aussi fêlés que lui : un gamin de 18 ans qui lui collera aux basques, un évangéliste faussement aveugle et sa fille nymphomane, une logeuse qui prendra soin de lui de sa lente agonie (il se brûlera les yeux à la chaux, s’entourera le torse de fils barbelés et marchera avec des cailloux dans les chaussures) jusqu’à sa mort.

Un roman fiévreux, angoissé et angoissant. Un classique de la littérature américaine.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Merci à Guillaume Galienne et sa magnifique émission "ça ne peut pas faire de mal" sur France Inter. C'est grâce à lui que j'ai acheté ce recueil de nouvelles. Je suis très surprise d'être la première à en faire la critique, et un peu intimidée, du coup...

C'est excellent. C'est du grand art, d'autant que l'art de la nouvelle n'est certainement pas des plus aisés. C'est concis, percutant, parfois glaçant. Elle nous conte le destin de petites gens dans le sud des Etats Unis, des destins sombres, parfois terribles: une famille partant en vacances, enfants insupportables et belle-mère envahissante, qui rencontre un serial killer; un jeune garçon, délaissé par ses parents, tombant sous la coupe délétère d'un prédicateur illuminé...

En quelques mots, l'atmosphère est donnée, une atmosphère lourde, où couvent violence, racisme, méchanceté et peur de l'autre.

Une grande plume, qui rivalise sans peine avec les novellistes talentueux que sont Raymond Carver et Alice Munroe.
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Un heureux événement, par Flannery O'Connor. Deux nouvelles d'un auteur qu'il (me) fallait connaître, dont la réputation comporte à la fois un catholicisme militant et une vision critique, une analyse intrusive autant que morale du Sud des Etats-Unis, une écriture au scalpel.

Ruby, le visage méconnaissable ("Sur la joue, droite une feuille craquelante de chou vert était collée : elle avait dû faire la moitié du chemin avec"), femme simplette, ignorante, "dont la silhouette évoquait une urne funéraire", Rufus, "une lavette", un "bon à rien intégral", Laverne, célibataire, moqueuse, voire méchante, et ridicule aussi, … la montée des escaliers jusqu'à son appartement va apprendre à Ruby ce qu'elle ne veut pas entendre. L'heureux événement qui l'attend n'est pas ce qu'elle croit !

Flannery 0'Connor exécute ses personnages, sans pitié, et même avec une certaine cruauté. Ils sont grossiers et rustres ou foldingues et ridicules Les aime-t-elle ? On se le demande. On se demande où se situe la morale dans cette première nouvelle.

La deuxième, "La personne déplacée", est plus longue, plus complexe, plus intéressante. Elle va plus au fond des personnages, Madame Mc Intyre, propriétaire terrienne, veuve ou divorcée de ses quatre maris successifs, emploie deux "nègres" plutôt nonchalants, un couple, Mr et Mme Shortley, qui s'occupe des vaches et de la laiterie, et qui ne fait pas de zèle, enfin, sur les conseils d'un prêtre, une famille polonaise ("personnes déplacées") dont le chef de famille, Mr Guizac, est un travailleur compétent et acharné qui permet à la propriété de renouer avec les bénéfices. Mais l'ardeur du Polonais ne plaît pas à tout le monde, et il le paiera cher. La chute de la maison Mc Intyre est dès lors programmée.

Des thèmes comme le racisme et l'antiracisme, le patriotisme étroit et l'universalisme, la lutte sourde entre le catholicisme et le christianisme réformé (le protestantisme), la misogynie, sont abordés avec distance et finesse. La culpabilité de Mme Mc Intyre hésitant à renvoyer le Polonais, atténue la brutalité des rapports humains, la méfiance que les uns et les autres se vouent. Mais le drame semble inévitable…

On peut alors avoir envie d'approfondir l'œuvre de Flannery O'Connor.

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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

C'est avec deux nouvelles que j'ai découvert le style de Flannery O'Connor.

La première, "Un heureux événement" est une micro-nouvelle centrée sur le personnage de Ruby, une femme à qui il a été prédit que toute cette période se finirait par un heureux événement.

Le lecteur se doute bien de quel événement il est question, sauf que pour Ruby, il ne peut s'agir que d'un déménagement, et c'est à ses dépens qu'elle va apprendre la nouvelle et que cette perspective va devoir faire son chemin.

Ruby est malmenée tout au long de la nouvelle, tout d'abord par son corps qui la trahit en lui faisant défaut pour une simple montée d'escalier, par un voisin qui la retient en lui posant d'étranges questions, et par une voisine qui finira par lui faire admettre la réalité tout en se moquant de son physique "gonflé".

Mais au-delà de tout cela, Ruby est une femme qui a peur et qui a comme réflexe pour se préserver de se voiler la vérité, tout en devenant méchante avec les personnes qui cherchent en un sens à l'aider : "Si j'étais aussi célibataire que toi, j'irais pas me mêler de dire aux gens mariés ce qu'ils ont à faire."

La deuxième nouvelle s'intéresse à Mrs Mc Intyre qui vient d'embaucher pour l'aider dans sa ferme un polonais avec sa femme et ses enfants.

Désigné par le terme de "Personne Déplacée" parce qu'il a fui avec sa famille les persécutions nazies, ce discret petit homme ne parlant pas un mot d'anglais va vite s'attirer la haine des autres personnes présentes dans la ferme.

Car contrairement aux autres, il travaille dur, il se donne du mal, et il réussit, très vite il attise l'envie des Shortley et des Noirs présents à la ferme, alors qu'il apparaît aux yeux de Mrs Mc Intyre comme un sauveur : "Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cet homme là-bas, et du doigt, elle désigna le point lointain où avait disparu la Personne Déplacée, il faut qu'il travaille ! Il a besoin de travailler ! [...] Cet homme est mon salut.".

Mais Mrs Mc Intyre est une femme qui se laisse influencer, et celui qu'elle voyait comme un sauveur va finir par devenir encombrant.

Elle est aussi rongée par la peur de ne pas avoir assez d'argent pour payer les personnes qui travaillent pour elle et surtout pour avoir de quoi vivre, elle est de toute façon pauvre mais comme elle a tendance à jouer sur la corde sensible il est difficile de percevoir jusqu'à quel point elle l'est.

Au-delà de l'envie, tout comme Mrs Mc Intyre, Mrs Shortley est elle aussi rongée par la peur, mais une peur universelle, celle de l'autre.

Et tout comme dans la première nouvelle, la peur engendre ici aussi la méchanceté, à commencer par celle de Mrs Shortley qui n'hésite d'ailleurs pas à penser que les Européens sont attardés par rapport aux Américains : "C'était le genre de choses qui arrivaient tous les jours en Europe, où les gens n'étaient pas aussi avancés qu'ici.".

Ce n'est pas du racisme, mais bien la peur de l'autre, de ce qu'il représente et du danger qu'il pourrait avoir sur soi-même.

Ces deux nouvelles permettent assez bien de cerner le style de Flannery O'Connor, très ancré dans le sud des Etats-Unis, avec une présence de la religion catholique et des questions morales qu'elle soulève, ceci se ressentant particulièrement dans la nouvelle "La personne déplacée".

J'ai beaucoup aimé sa plume et l'analyse qu'elle fait de la nature humaine dans les interactions entre les différents personnages, mais ces deux nouvelles sont malheureusement trop courtes pour permettre de bien cerner et apprécier son style, elles laissent un goût de trop peu que je manquerais pas de combler en lisant soit l'un des deux romans écrits par Flannery O'Connor soit un recueil complet de nouvelles, voire même les deux.



"Une heureux événement" et "La personne déplacée" sont deux courtes nouvelles donnant un assez bon aperçu du style littéraire de Flannery O'Connor sans toutefois le dévoiler complètement.

Une bonne entrée en matière que je souhaite désormais combler car ce que j'ai pu lire jusqu'à présent m'a donné envie de continuer à découvrir cette auteur et son style qualifié de "Southern Gothic".
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Le Sud des Etats Unis des années 30 et le racisme, la religion, les petits blancs, les noirs nonchalants: les nouvelles de Flannery O’connor se lisent comme du Faulkner à la sauce féminine, la même violence mais du poison dans le potage plutôt que coup de poing dans l’estomac.



Le titre anglais extrait d’une phrase de la première nouvelle du recueil me parle plus : « A good man is hard to find ». Un homme bon est dur à trouver. Manifestement, durant sa courte vie, Flannery O’Connor a échoué dans sa recherche. Elle aurait pu ajouter « A good woman and a good child too » parce que les femmes et les enfants ne suscitent pas plus d’indulgence.

Dans ses nouvelles elle projette son jus acide sur tous les âges et les sexes avec une égale jubilation : pas de quartier pour l’humanité.






Lien : http://n.giroud.free.fr
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Dix nouvelles dont j'attendais plus à vrai dire. Force est de reconnaitre la qualité des textes réunis ici mais je n'ai pas été particulièrement sensible au style de Flannery O'Connor. Rien à dire par contre sur l'ambiance fidèle à ce que j'attendais : Ça fleure bon le sud américain, la moiteur, la transpiration, les superstitions et les préjugés. Il est vrai par contre que l'auteur suspend son jugement et c'est sans doute ce qui fait la force de ce récit, livré brut et sans fioriture.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

assez sinistre dans l ensemble . ce recueil de nouvelles acheve de vous mettre le moral a zero si vous ne l avez pas!
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Un écrivain du sud des Etats-Unis peu connue, contrairement à son homologue masculin Faulkner, peut-être à cause de sa vision très religieuse dont elle fait état dans ses autres récits. Pourtant son écriture et le monde qu'elle décrit est très proche de ceux de Faulkner.



La 1ère nouvelle était bien, sans plus. En revanche la 2ème (La Personne Déplacée) est vraiment très bien, d'une cruauté et d'une vérité incroyables. Un récit très poignant à découvrir.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

On trouve chez Flannery O'Connor un art du récit et un don d'un implacable humour. Un même thème se dégage de ces dix nouvelles. Qu'il s'agisse de jeunes pensionnaires, d'un très vieux général, du Polonais, de "La Personne Déplacée", nous retrouvons chaque fois un monde grouillant de passions sans grandeur, mais qui n'en sont pas moins cruelles. De la vanité mesquine à la froide méchanceté, de l'amour sordide et laid à la haine qui tue, c'est, mise en scène, une humanité bête, sournoise ou violente. Vision d'un monde qui n'est point beau, mais qui témoigne d'une observation rigoureuse et originale. Sans recherche, quelques images, quelques traits suffisent à l'auteur pour rendre sensible le pittoresque des milieux et des situations et créer des personnages étrangement vivants et divers.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Mary Flannery O'Connor écrivain américaine est née en 1925 à Savannah, Georgie (Etats-Unis) et décédée en 1964 dans son vaste domaine à Milledgeville (Georgie) où sa santé fragile la condamnait à la réclusion. Elle est l'auteur de deux romans (La sagesse dans le sang ainsi que Et ce sont les violents qui l’emportent) et d’une trentaine de nouvelles.

Les braves gens ne courent pas les rues est un recueil de dix nouvelles écrites entre 1953 et 1955 par lesquelles l’auteur nous plonge dans le Sud des Etats-Unis, cette région où se croisent charlatans et prédicateurs, où de petits fermiers blancs emploient des noirs, où les mentalités esclavagistes et ségrégationnistes sont encore présentes. Néanmoins travail, sueur et larmes sont le lot partagé par tous, un monde dur et âpre de vies misérables, peuplé d’hommes et de femmes ordinaires pourrait-on dire, si Flannery O’Connor ne s’ingéniait à nous faire ingurgiter la méchanceté crasse et les haines mesquines qui embrument les petits cerveaux de ses personnages. Car l’écrivain n’est pas une optimiste, elle ne s’illusionne pas sur la nature humaine, d’ailleurs le titre de l’ouvrage ne le cache pas.

Le premier texte éponyme qui débute le recueil donne le ton et m’a interloqué, surtout si on le replace dans son contexte, les années 50. Une famille quelconque, les parents, enfants et la grand-mère, part en vacances lorsqu’un accident de voiture la met en présence d’un forçat évadé avec ses complices. Avec des mots d’une rare froideur et d’une grande sobriété, O’Connor va faire assassiner toute la famille, un par un, par les malfrats. Le récit est net et sans bavure, aucune pleurnicherie ni pathos, des faits décrits tout simplement, comme si tout cela était presque naturel. En moins de trente pages vous êtes sonné, dérouté par l’écart entre l’horreur décrite et le style épuré de l’écriture.

Les autres nouvelles vous feront croiser les destins d’une sourde-muette, d’un général de cent quatre ans, d’une jeune femme cultivée ayant une jambe de bois, d’un travailleur immigré Polonais assassiné par des « gens ordinaires », une cour des miracles vivant au soleil.

Flannery O’Connor livre personnages et situations, sans fioritures et surtout sans le moindre jugement de sa part, comme une entomologiste qui observerait et décrirait une société d’insectes, le plus objectivement possible. Pourtant parfois, au détour d’un dialogue on peut imaginer que l’écrivain laisse échapper une réflexion personnelle, « ces jeunes générations de malotrus qui avaient mis le monde sens dessus dessous et bouleversé toutes les normes d’une vie décente », ou encore « Nous sommes tous damnés, dit-elle, mais quelques uns d’entre nous ont arraché leurs œillères et voient qu’il n’y a rien à voir. C’est une espèce de salut. » Mais peut-être n’est-ce qu’une impression de lecteur, mis de force face à une humanité quotidienne peu encourageante, faite de bêtise et de petites méchancetés.

Un bouquin chaudement recommandable.

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