Citations de Foulek Ringelheim (15)
Le mal est le propre de l'homme. L'extermination des Juifs ne fut pas le dernier génocide de l'histoire. Il semble que l'humanité soit vouée à commettre des crimes contre elle-même.
Il était imprudent de naître juif en 1938, mais y eut-il jamais, au cours de l'histoire, une période propice à la naissance d'un enfant juif ?
Si je vois passer une femme dans la rue, mon premier réflexe est de me lancer à sa conquête, mais mon arthrose me rappelle à l'ordre.
Non contents d'être des étrangers, nous étions pauvres, démentant la représentation séculaire du Juif errant et couvert d'or.
Le commandement d'Auschwitz avait donné l'ordre d'évacuer le camp. Avant de partir, les Allemands avaient dynamité les chambres à gaz afin d'effacer les preuves du crime et pouvoir mieux le nier.
Je voyais dans le goy le plus aimable un antisémite qui s'ignore. J'appréhendais le fatidique "sale Juif" qui m'eût obligé à répondre avec mes poings, alors que la violence me faisait horreur.
Par un de ces paradoxes dont les enfants ont le secret, à force de m'entendre dire que j'étais un survivant, j'en étais arrivé à me croire immortel, immortel parce que juif.
Hitler avait décrété qu'Auschwitz serait notre terre promise : renier le judaïsme eût été parachever le projet nazi.
Le col du fémur c’est ma hantise. J’ai essayé de me relever mais je retombais comme une blatte dans une baignoire. Je suis resté étendu sur le dos jusqu’au matin. J’ai regretté de ne pas pouvoir grincer des dents : elles reposaient au fond d’un verre d’eau mentholée sur ma table de nuit. J’ai un peu dormi, me semble-t-il.
Je ne me fie pas à ce que j’ai écrit. Je suis bien capable d’avoir glissé dans mon journal des anecdotes fictives pour m’égarer moi-même au cas où je m’aviserais de me relire. Je me connais : il m’arrive de me jouer des tours. Ce que ma mémoire ne me restitue pas spontanément est perdu. C’est ma règle du jeu.
J’occupe une place à part dans la confrérie des tueurs en série. Les vieux commettent de petits délits, rarement des assassinats. Le meurtre en série est une spécialité d’hommes jeunes. Le tueur sériel est violent et pervers : il fond sur sa victime comme un aigle nazi, la frappe, la viole, l’égorge, la dépèce et parfois la mange. Je suis un tueur non violent et raisonneur, je ne supporte pas de voir souffrir ma victime. Je jouis de mes crimes en éjaculateur tardif. J’ai lu quelque part que le sexe meurt mais ne se rend pas. C’est vite dit.
[...] comment pouvait-on qualifier de miséricordieux un Dieu qui était parti se cacher quand on massacrait son peuple ?
Les colons et les partis qui les soutiennent sont les fossoyeurs de l'humanisme juif. Opprimer un peuple, s'emparer de sa terre, ce n'est pas juif.
- Menteur ! Tu es allé à l'église ! Tout le monde t'a vu ! Tu veux aller à l'église ? Très bien, je te ramène tout de suite au couvent. Je t'apprendrai, moi, à aller à l'église ! Un Juif ne va pas à l'église ! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ! Je n'ai peut-être pas assez souffert ! Il fallait en plus que j'aie un Christ à la maison !
Avec la création d'un Etat, le sionisme a accompli, pour les Juifs, un prodige. Mais il n'est pas innocent du malheur palestinien.