Citations de France Quéré (57)
Les Apocryphes étant fort nombreux, nous avons choisi de ne présenter que les plus anciens. Parmi ces derniers, nous avons encore éliminé l’Evangile selon Philippe, en raison de sa longueur et de son caractère ésotérique ; nous avons également laissé de côté l’Evangile de Barthélémy, récit abscons et fastidieux, qui a jusqu’à ce jour découragé les traducteurs de langue française.
-Introduction-
Papyrus 1
Jésus dit : « J’étais au milieu du monde et je me suis montré à eux dans la chair. Et je les ai tous trouvés ivres et n’en ai pas vu un qui fût assoiffé. »
9.1. […] A nouveau, Pilate interpella tout le peuple des Juifs : « Vous savez, dit-il, que c’est chez vous une coutume, à la fête des Azymes, que je vous relâche un prisonnier. J’ai sous les verrous un condamné du nom de Barabbas, et j’ai aussi celui qui vient de comparaître devant vous, ce Jésus en qui ne je trouve aucun motif de condamnation. Lequel voulez-vous que je relâche ?
-Barabbas, hurlèrent-ils. Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, celui que l’on appelle le Christ ?
-Crucifie-le ! répondent-ils.
-Les actes de Pilate-
[A propos de l'Histoire de Joseph le charpentier]
C’est le premier document qui témoigne d’un culte rendu à Saint Joseph, particulièrement vénéré par les moines coptes d’Egypte. On y décèle, derrière une interprétation chrétienne, de vieux mythes égyptiens et des rites du culte d’Osiris.
[…] les Evangiles sont terminés quand les Apocryphes commencent à fleurir. Le décalage pour certains est très faible, mais il est décisif. Ils viennent en seconde place, dans le temps et dans le ton. Réaction à la parole nouvelle, ils expriment l’émoi et les tiraillements d’une sensibilité surprise.
Clément d’Alexandrie, Stromates : Selon eux, dans les Traditions, l’apôtre Matthieu disait : « Si le voisin d’un élu a péché, c’est l’élu qui a péché ; car s’il s’était conduit comme la Parole l’y invite, même son voisin aurait rougi de son attitude et n’aurait pas péché. »
[A propos des traditions de Matthieu]
Petits fragments datés du début du second siècle, d’un évangile destiné à des cercles gnostiques égyptiens, qui se réclamaient de Matthieu. Le texte a été retrouvé en1947 parmi les écrits gnostiques coptes découverts en Haute Egypte. Il avait mauvaise presse dans l’Antiquité : « Œuvre de mâle mort, infestée d’hérésies », dit Eusèbe.
Jérôme
Commentaire 3 sur Ephésiens 5, 4
Dans l’évangile des Hébreux aussi, nous lisons que le Seigneur, parlant à ses disciples, dit : « Ne soyez jamais joyeux que lorsque vous regarderez votre frère avec amour. »
Qui faut-il servir ? La Loi ou l’homme pour qui elle est faite ? L’Evangile présente les pharisiens comme des gens qui ont absolutisé et pour ainsi dire déifié la Loi. Sous aucun prétexte, ils n’en violent les règles, même si une urgence humaine implore une dérogation. Pour le Christ, cette obéissance mécanique est incompatible avec la charité. Trop rigide, la Loi réintroduit la violence qu’elle était censée abolir. L’esprit doit donc gouverner la lettre, la Loi se subordonner à la misère humaine, à la volonté de guérir et de pardonner.
2. Jésus dit : « Si ceux qui vous entraînent vous disent : « Voici, le Royaume est dans le ciel ! » -alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent : « Il est dans la mer ! » -alors, les poissons y seront avant vous. Mais le Royaume est au-dedans de vous et il est au-dehors de vous ! »
-L'évangile de Thomas-
Les actes de Pilate, plus tard appelés Evangiles de Nicodème, se composent de deux parties tardivement rattachées l’une à l’autre. L’ensemble a vraisemblablement été écrit au IVe siècle, ou du moins une forme ancienne dont dérive la présente. Ces Actes auraient été rédigés en réplique à de faux actes que l’empereur Maximin Daïa (311-312) avait fait écrire pour vilipender le Christ, et qu’il avait imposés dans les écoles.
[…] L’intention apologétique est évidente : Pilate devient le témoin privilégie de l’innocence et de la divinité de Jésus.
[A propos de l'évangile des Egyptiens]
Cet apocryphe est de la seconde moitié du second siècle. […] On y repère aisément les théories gnostiques sur l’âme, le rigorisme des encratites qui condamnent le mariage, les erreurs trinitaires des sabelliens.
Epiphane, Hérésies, 22 : Aux disciples qui disaient : « Où veux-tu que nous te préparions la Pâque que tu mangeras ? », (les ébionites) firent répondre à Jésus : « Pouvez-vous croire que j’ai désiré d’un grand désir manger avec vous de la viande pour cette Pâque ? »
55. […] Si [les gens] vous demandent : « Quel signe de votre Père est en vous ? » -dites-leur : « C’est un mouvement et un repos. »
-L'évangile de Thomas-
[A propos de l'Evangile des Ebionites]
C’est un écrit grec de la première moitié du second siècle. Jérôme et Origène le vilipendent, comme œuvre hérétique. Le texte a vu le jour dans la secte ébionite ; gnostiques judaïsant, tirant leur nom d’un mot hébreux signifiant « pauvres ». Ces gens voulaient imposer aux païens avec leurs mœurs austères, le joug de la Loi et niaient la divinité de Jésus. Opposés aux sacrifices, ils font professer le végétarisme à Jean comme au Christ.
31. […] Chaque fois que Dieu voit quelqu’un pervertir ses voies, il raccourcit sa vie.
-Histoire de Joseph le Charpentier-
14. Il advint ensuite qu’il [Jésus] se rendit à Nazareth, la ville qu’il habitait. Et il s’alita de la maladie dont il allait mourir selon la destinée de tout homme.
-Histoire de Joseph le Charpentier-
4.1. Une autre fois, Jésus se promenait dans le village, quand un enfant, en courant, le heurta à l’épaule. Irrité, Jésus lui dit : « Tu ne poursuivras pas ta route. » A l’instant, l’enfant s’écroula, mort.
-Evangile du Pseudo-Thomas-
2e épître de Clément de Rome, 5, 2-4 et 8,5
Le Seigneur dit dans l’Evangile : « Si vous n’avez pas gardé ce qui est modeste, qui vous confiera ce qui est important ? Je vous le dis : celui qui est fidèle dans les moindres choses, l’est aussi dans les plus grandes. »
20. A cet instant, le voile du temple de Jérusalem se déchira en deux. 21. Alors ils retirèrent les clous des mains du Seigneur et l’étendirent sur le sol. Et toute la terre trembla, et il y eut une grande frayeur. 22. Puis le soleil se remit à briller : c’était la neuvième heure.