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Critiques de Frances Trollope (18)
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La veuve Barnaby

Si vous aimez Jane Austen, ne passez pas à côté de cette veuve Barnaby...

Bien que née juste cinq ans après Jane Austen, contrairement à elle, Frances Trollope commença sa carrière d'écrivain fort tard à 55 ans, aussi lorsque La Veuve Barnaby parait en 1839, Jane Austen est décédée (1817), et son oeuvre connue et reconnue.

Et Frances Trollope y fait allusion par de multiples clins d'oeil, à commencer par le nom de l'héroïne Agnés Willougby...Née dans le même milieu, ayant grandi pas très loin l'une de l'autre, elles décrivent toutes les deux peu ou prou la même chose, la vie de province dans la petite bourgeoisie obnubilée par l'idée de faire un beau mariage. Manigances, condition féminine , leur oeil passe au scanner le quotidien et les moeurs de l'époque, la condition des enfants "chosifiés"( pauvres petits paquets balotés de l'un à l'autre sans qu'ils aient leur mot à dire, éloignés pendant des années),avec un ton caustique et humoristique. Frances Trollope étant plus grinçante, et son histoire plus lente .

Car il faut un moment au lecteur pour que l'histoire s'envole enfin, et que Martha devienne la Veuve Barnaby. L' écrivain prenant vraiment le temps d'installer son histoire...

A la mort de Mr Compton, contrairement à l'usage , ce bon père de famille a partagé sa fortune entre ses deux enfants, son fils le révérend Josiah (à qui toute la fortune devait revenir) et sa fille Betsy Compton, malheureusement bossue . Alors que le fils dilapide sa fortune à l'aide de sa harpie de femme, et de ses filles très mal éduquées et pas d'une honnêteté scrupuleuse , Betsy Compton elle, pas dépensière pour trois sous, a su faire fructifier son bas de laine et n'aidera jamais la famille de son frère, dégoûtée par tant de vulgarité . L'une des filles se marie et meurt en couche laissant une petite Agnés , orpheline, puisque le père quitte l'Angleterre, et l'autre Martha , épouse le pharmacien local, Mr Barnaby.

Bientôt , il ne reste plus que Betsy Compton qui se chargera de l'éducation de la petite en payant une pension, et Martha devenue, Veuve Barnaby. L'éducation d'Agnés prenant fin aux dix-sept ans de la jeune fille, Betsy Compton estimant en avoir assez fait , ayant assez payé, ne voulant plus entendre parler de cette branche de la famille déshonorante, c'est Martha qui va se charger d'elle, voyant toutes les opportunités qu'elle peut tirer de son statut de "tante méritante", sortant sa pauvre nièce devant faire ses premiers pas dans le monde, profitant de sa beauté. C'est que la Veuve Barbaby n'a pas l'intention de porter le noir très longtemps... Habits de deuil qu'elle va s'empresser de refourguer à sa nièce, " c'est qu'elle fait tant pour elle !".

Alors, vous allez aimer détester ce personnage de "méchante", cette veuve qui est d'un égoïsme crasse, tournant tout à son avantage, n'en ayant strictement rien à faire de sa nièce, dépensant sans compter pour elle-même, ses toilettes , son bien-être.

Comment ne ps voir les clins d'oeil à jane Austen ?

Il y a du personnage de Mrs Bennet en elle, au niveau de sa vulgarité et de la façon dont cela dessert les membres de sa famille. Martha et sa soeur, jeunes filles, font penser aux soeurs d'Elisabeth Bennet, obsédées par leurs toilettes, cherchant à tout prix un beau militaire. Il y a dans l'abnégation d'Agnés , un peu de la Fanny Price de Mansfield Park (1814).

Mais j'ai trouvé que la veuve Barnaby faisait aussi beaucoup penser à Molière ! Qu'elle est précieuse et ridicule cette veuve, si avare pour sa nièce, si dépensière pour elle, argumentant avec beaucoup d'aplomb pour justifier ses décisions et tout tourner à son avantage, déformant la réalité. Elle est si drôle, quand on sait savourer ses répliques. Frances Trollope d'ailleurs , saura quitter le personnage d'Agnes quand elle sera (enfin) heureuse pour mieux nous raconter jusqu'à la fin, dans une ultime pirouette du destin, ce qu'il advient de la veuve Barnaby qui ne baisse jamais les bras quand il s'agit de la gent masculine.

Six cent vingt et une pages de pur bonheur, que j'ai lu lentement , histoire de faire durer le plaisir. Ciel, que ces écrivains au XIX e siècle écrivaient bien !



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La pupille

Frances Trollope, mère de l'écrivain Anthony Trollope, fut elle-même femme de lettres et auteure.



"La pupille" est un roman assez académique de structure narrative classique qui dispose autour d'un homme fortuné, veuf et père malheureux d'un héritier disparu, une foule de neveux et de nièces qui sont autant d'éventuels héritiers. On a beau être né dans la bonne société, on peut être sans scrupules et lorgner du coin de l'œil l'héritage de Tonton.



Si les personnages sont tous plus ou moins convenus voire caricaturaux, l'ambiance gentry joue son rôle habituel de séduction : un manoir, un parc à l'anglaise, des cousins à profusion, des domestiques fidèles et malins, des bals entre notables et baronnets, des parties de whist et d'innombrables thés et goûters font de "La pupille" une œuvre morale à vocation d'analyse du comportement humain. Le témoin d'une époque.



Par petites touches, le récit avance sans surprise ni véritables rebondissements mais on se laisse tout de même prendre au charme désuet de la plume soignée.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge PLUMES FEMININES 2022

Challenge XIXème siècle 2022

Challenge ABC 2021-2022

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
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Moeurs domestiques des Américains

L'enthousiasme de l'or, la terre promise, des horizons infinis à découvrir, une indépendance et une liberté absolues face à une vieille Europe considérée comme désuète, ringarde, et des moeurs américaines que je résumerais arbitrairement en quatre piliers fondamentaux : le fanatisme du commerce ; de la religion, et une obsession presque malsaine pour l'égalité et la liberté que les américains prétendent seuls détenir : voilà en quoi consiste l'essence même de cette belle utopique américaine.



Imaginez que cette terre nouvelle et ambitieuse soit minutieusement et partialement jugée par une aristocrate anglaise, rigide à sa façon mais suffisamment tolérante et douce d'apparence pour s'immiscer dans les moeurs américaines tout en étant génialement cruelle et médisante en coulisses afin d'établir de bien sévères jugements.



Compte tenu du nombre d'anecdotes et observations, je vais scinder de façon scolaire l'ouvrage en relatant les points de vue de Mistress Trollope sur la liberté ; l'égalité ; la religion ; le commerce, les arts et le savoir-vivre.



La liberté et l'égalité :



- de manière générale, les américains sont si fiers de leur indépendance et de leur modèle social qu'ils ne souffrent aucune comparaison avec les pays étrangers : irascibles et sourds au moindre petit défaut révélé sur l'état de leur route, de leur maison, du niveau de leur littérature ou peinture… ils n'entendent rien et ont naturellement la conviction qu'ils sont meilleurs dans tous les domaines ; puisqu'eux seuls sont libres et indépendants et que les étrangers sont tous sous le joug de tyrans, que leur importe toutes ces prosaïques et futiles comparaisons ? Ils sont déjà parfaits par essence !



- Rien n'est plus délicat que d'engager un domestique : ce mot est d'ailleurs un blasphème, il faut impérieusement privilégier des paraphrases ou euphémismes comme « une personne qui vous aide ».

Une fois entré à domicile, on doit veiller sans cesse à bien ménager sa susceptibilité au sens où rien ne doit trahir le sentiment inné d'égalité qu'anime l'américain : on s'adresse à lui de la même façon qu'un membre de sa famille, on l'inclut à sa propre table et on ne lui refuse aucun service même lorsqu'il demanderait à son maître d'emprunter ses beaux vêtements pour se rendre à un bal… Pour toute contrepartie, aucune… Il n'en sera que plus infidèle qu'un servile domestique européen : il faut s'attendre au contraire à ce qu'il quitte à tout moment la demeure de son maître sans le prévenir et sans remerciement.



- La charité totalement désintéressée n'existe pas : toutes les fois que l'on rend service, spontanément ou non d'ailleurs, les américains évitent autant que possible le redoutable mot : « merci » ou toute autre autre formule exprimant la plus faible des gratitudes.

Leur fierté d'indépendance et d'égalité les pousse toutefois invariablement à vous proposer une contrepartie, même faible ou illusoire.

C'est qu'il serait inconcevable, au sens américain, de donner sans recevoir immédiatement ; aussi la contrepartie fait au moins l'objet d'une promesse : « je vous rembourserai » (alors qu'on leur donne sans réserve) « je vous rendrai tel service » (alors qu'on ne leur demande strictement rien)… Accepter un don et simplement remercier, ce serait par trop ressembler à de vils mendiants européens rampant servilement devant leur bon seigneur !



- L'égalité américaine a beaucoup de charmes : un ouvrier américain peut-être chaleureusement présenté comme « l'honorable monsieur un tel » en de belles maisons bourgeoises mais cette même bourgeoisie se referme aussitôt dès qu'il s'agit de bals, de réunions officielles ou de fêtes, de salons…

Cette scission est irréversible : telle belle jeune fille, riche mais issue d'une classe ouvrière sera exclue à vie des salons de commerçants, que ces derniers soient riches ou non, de façon à ne jamais mélanger ou marier ceux qui travaillent de leurs mains et ceux qui font de la négoce ; une manière pour les américains de recréer une aristocratie.



- L'égalité est plus explicitement rompue dès qu'il s'agit de narguer les étrangers : leurs cibles favorites étant les anglais, et Mistress Trollope est ainsi régulièrement dénommée « la vieille anglaise ».

Leur principe de liberté et d'égalité ne semble pas souffrir le moins du monde également de la contradiction de l'esclavage en ce pays prétendument exemplaire et moral : Jefferson même, modèle en ce pays, prenait plaisir à se faire servir par ses propres enfants, esclaves et descendants d'esclaves.



- Il n'y a évidemment pas non plus d'égalité s'agissant du traitement cruel des indiens. comble de l'hypocrisie morale, l'anglaise visite un musée en leur honneur et tandis qu'on expose et admire l'exubérance de leur art, leurs costumes hauts en couleur et leurs bijoux originaux, les américains oublient ainsi commodément qu'on les a déportés sans ménagement de leurs terres pour mieux étendre des espaces pourtant sous-peuplés du territoire américain en ce début du siècle.

Les Indiens, d'abord chasseurs nomades, s'étaient pourtant lentement pliés aux charmes de la civilisation américaine, troquant leurs arcs pour des charrues, s'accoutumant à l'agriculture dans une harmonie presque tolérée par les standards américains. Ils n'en furent pas moins déportés progressivement et plus brutalement même à partir de 1830.



- Les inégalités sociaux-économiques sont tout autant présentes qu'en Europe mais avec quelques nuances qui paraissent typiquement américaines :

Ici, l'enfant issu d'un foyer pauvre ne s'aventure pas dans les abysses d'une mine de charbon, mais se lance plutôt dans de petites entreprises comme le commerce d'oeufs ou de volailles, jouant déjà au petit marchand.

L'argent qu'il amasse ne contribue pourtant pas à alléger les charges familiales : il le garde précieusement pour lui-même !

Cette précoce tendance à l'égoïsme semble être un trait de famille, à l'image de son père qui lui privilégie de nobles plaisirs - une consommation délirante de tabac à chiquer et whisky - avant de penser aux besoins du foyer, si tant est qu'il reste quelque chose à partager…



- L'aspect le plus inattendu de cette société naissante est la sévère division entre hommes et femmes qui étonne tout autant l'anglaise que les journaux français de l'époque.

Hormis la danse réunissant les jeunes célibataires, les deux sexes sont systématiquement scindés : à table un clan des hommes fait face à un second bloc composé de femmes ; même chose au sein des salons…

Et si cela choque tant les européens de l'époque, c'est que cette division s'accompagne en outre d'une pruderie excessive : s'il se trouve par exemple un musée exposant des oeuvres de nudités (statues ou peintures) : chaque sexe doit voir alternativement les oeuvres sans jamais se mélanger dans la même pièce.



- l'exigence d'assimilation est également une composante de l'égalité américaine : notamment à l'hôtel où, par deux fois, l'anglaise a été contrainte de prendre son repas dans un salon public, son service en chambre lui étant refusé.

Pièce commune où sont réunis à une même table une foule d'hommes brusques dînant en silence, avalant leur nourriture avec une vitesse déconcertante, silence occasionnellement rompu par de courtes discussions politiques et des échanges d'insultes…

De même, dans l'État de l'Ohio, existe une coutume consistant à laisser sa porte ouverte durant les mois chauds de façon à permettre à n'importe quel inconnu de pénétrer chez soi, d'offrir un salut, de s'asseoir puis de repartir aussitôt.



- L'esprit égalitaire semble aligner les moeurs des américains quel qu'en soit leur rang social : un riche négociant, un député, un magistrat ou des résidents new-yorkais adoptent presque tous l'immonde habitude de mâcher du tabac, puis de cracher, et accessoirement de sentir le whisky… Autant de crimes d'inélégances qui sont, cela va sans dire, inexpiables pour notre aristocrate anglaise.



- L'esprit de liberté absolue est parfois étrangement malmené par des interdictions arbitraires dans certains Etats : interdiction de jouer au billard, de vendre des cartes, interdiction de se promener en cheval le jour de fêtes…



La religion :



- le christianisme se subdivise en un festival de branches religieuses dont un bon nombre sont sectaires : sectes où chacun, du boulanger au serrurier, peut subitement se proclamer gourou sans d'ailleurs renoncer à exercer son métier.

L'anglaise peine à identifier le protestantisme comme religion dominante au sein de ce vaste brouillard de sectes et congrégations religieuses. L'important pour les américains n'est pas d'avoir telle croyance mais d'en avoir une ; ils ne deviennent intolérants qu'envers ceux qui n'appartiennent à aucune congrégation ou secte.



- Dans ce panorama où règne une anarchie, où les prêtres ou gourous sont rémunérés de façon occulte, ce qui exclut d'ailleurs les plus miséreux faute de moyens, les offices religieux prennent des allures de spectacles d'exorcisme, avec des sermons apocalyptiques et tonitruants et où de jeunes filles fidèles se tordent parfois dans des délires et des convulsions…



- Bien que la tolérance règne entre les diverses branches ou sectes religieuses, l'anglaise révèle également de sévères intolérances : la pruderie excessive déjà évoquée ou notamment l'exclusion d'un tailleur par sa corporation pour avoir travaillé exceptionnellement un dimanche.



Le commerce ; les arts, le savoir-vivre :



- Les colossales entreprises et infrastructures américaines : l'anglaise est partagée entre l'admiration béate pour le génie destructeur des américains et leur cupidité frénétique les poussant sans ménagements à défricher où bon leur semble, à bâtir des villes exclusivement industriels comme à Lockport, à réaliser de grands ouvrages tels que d'immenses canaux… Tout cela reflète leur prodigieuse ambition à soumettre n'importe quel coin de la nature à leur désir, pourvu qu'il y ait de l'argent à se faire…



- L'architecture ne l'émerveille guère : à l'exception d'une cathédrale à Baltimore, les églises sont pragmatiques, utiles, très propres, mais n'ont aucune prétention à la grandeur ou la splendeur.

Même face à des merveilles comme le Capitole qu'elle ne peut s'empêcher d'admirer, sa tendance à la médisance ressurgit inévitablement en exprimant sa surprise toute condescendante de découvrir un tel monument de ce côté-ci de l'Atlantique…



- La littérature classique et anglaise est dédaignée des américains, même des intellectuels, jugée désuète et prétentieuse. Les américains se gavent essentiellement de journaux et accessoirement de quelques romans modernes. Même ignorance pour la peinture : seul un petit nombre d'artistes connaissent des oeuvres européennes et leurs peintres ne suivent en général aucun mouvement de peinture particulier ; les académies exposent et mélangent des croûtes et des chefs d'oeuvres sans distinction…



- le savoir-vivre : brusque, abject, grossier, l'américain aime mâcher ou chiquer du tabac tout en crachant peu importe l'endroit et quel que soit son rang social ; à l'injure facile et sent souvent le whisky.

Aucun de ses faits et gestes ne sont gracieux selon l'anglaise : il ne sait ni même simplement se tenir debout et encore moins s'asseoir ; elle observe des magistrats comme des sénateurs poser comme bon leur semble leurs jambes : affalés, constamment penchés, tordus, allongés…



Les américaines sont moins vilipendées cependant elles ne savent ni marcher, danser, se maquiller (excès de poudre blanchissante), ni même s'habiller faute de goût malgré des dépenses excessives. Si quelquefois leurs vêtements sont de bon ton, c'est naturellement qu'elles ont imité les modes européennes selon la perfide anglaise !



- La nourriture est grossière comme leur tempérament : elle est copieuse et hétérogène ; on y mange du jambon et des tranches de boeuf matin, midi et soir, lesquelles tranches sont parfois mélangées dans la même assiette avec des confitures ou autre aliment sucré…



- En 1830, la capacité de la société américaine à se divertir semble fortement limitée : dans certains États, les jeux de cartes et les billards sont interdits ; les théâtres se font rares, même dans les grandes villes, surtout en comparaison avec l'Europe, et les festivités telles que les foires, les fêtes et les bals populaires sont quasiment absentes.



- La nature seule est exclue de ses sévères jugements mais il n'en reste pas moins que les paysages qu'elles préfèrent sont ceux qui lui rappellent sa douce Angleterre natale !

Cette relative clémence s'estompe cependant vite face à l'hostile faune locale : que ce soit les horribles crocodiles du Mississippi, une large variété de serpents fourbes ou encore d'insupportables concerts de grenouilles…

Et quand tout lui convient, quand elle traverse seule et sans américains sauvages qui pourraient nuire à un paysage idyllique, elle regrette néanmoins avec mélancolie de ne pas apercevoir au loin quelques bons vieux châteaux européens orner le paysage…



Du Mississippi, l'Ohio jusqu'à Washington et New-York, une bonne partie des Etats-Unis de l'époque a été traversée par cette anglaise (Mistress Trollope), mais celle-ci a surtout concentré ses observations sur l'Ohio, Etat durant lequel elle a passé la plus grande partie de son temps au sein notamment d'une communauté utopique…

Derrière certaines généralités, il y a donc des exceptions qui tiennent des spécificités de cette communauté à part. Ceci dit, cela tient surtout à quelques moeurs résiduelles comme de laisser sa porte ouverte, à des pratiques mystiques de sectes ou à une justice décadente et outrageusement laxiste…



De tous ces faits divers, amusants pour la plupart, je retiens particulièrement en ce début du XIXe siècle une forte et rigide séparation des deux sexes, bien plus accentuée qu'en Europe à la même époque ; de fortes tendances sectaires dans la sphère religieuse (et dans plusieurs Etats, les détails dans cet ouvrage sont assez fascinants et troublants), un esprit d'insubordination assez marqué (notamment illustré par l'impossibilité de garder un domestique) et une vanité américaine pleine de candeur, doublée d'une confiance absolue dans la supériorité de leur industrie ou encore de toute forme d'art.
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La veuve Barnaby

j'ai A-DO-RÉ les aventures de cette Miss Barnaby, veuve pas du tout éplorée, femme vulgaire , bête et méchante, à la recherche d'un riche mari et se servant de sa nièce comme passeport pour entrer dans le beau monde. Tout ne se passera cependant pas comme elle le souhaiterait et tant mieux pour le lecteur. C'est jubilatoire et très agréable à lire.

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Paris et les Parisiens en 1835, tome 1

L’écrivaine Frances Trollope, mère de l’écrivain Anthony Trollope, a passé l’année 1835 en France. L’occasion, pour elle, sous couvert de lettres adressées à une amie, de dresser une sorte d’état des lieux. Un témoignage d’autant plus précieux qu’il s’agit d’un regard extérieur, de celui d’une étrangère, et que 1835 est une année on ne peut plus normale, sans fait réellement marquant, exception faite peut-être du procès des prisonniers de Lyon.

L’accent va donc pouvoir être mis sur le quotidien, sur « l’ordinaire » de la vie des Parisiens. D’une certaine classe de Parisiens, plutôt. Ceux qu’elle fréquente, ceux des Salons, ceux qui lisent, vont au musée, au théâtre, au concert. Et elle nous entraîne à sa suite au spectacle, nous fait admirer le jeu des actrices, celui de la célèbre Mademoiselle Mars entre autres, vilipende les dramaturges de pacotille. À ses yeux très peu d’auteurs français contemporains, quel que soit le registre dans lequel ils s’expriment, valent la peine d’être retenus. Quant au jeune Victor Hugo, elle lui voue une haine farouche. Son œuvre ne fait rien d’autre, à ses yeux, qu’exalter les instincts les plus bas de l’être humain.





Le peuple, le « vrai » peuple, elle ne le rencontre guère pour ainsi dire qu’en gros, lorsqu’il assiste aux offices religieux, qu’il vient prendre part aux festivités données à l’occasion de l’anniversaire du roi Louis-Philippe, ou profite, ici ou là, de dimanches ensoleillés. Elle s’attendrit alors devant le spectacle familial qu’il lui offre. Le reste du temps elle ne voit en lui que saleté, mauvaises odeurs et manque d’hygiène.





C’est avec une certaine gourmandise qu’elle pousse ses interlocuteurs à lui parler politique, à prendre position. Si elle prête une oreille bienveillante aux légitimistes, dans une moindre mesure aux doctrinaires (qui espèrent pouvoir concilier révolution et monarchie), les Républicains, eux par contre, ne trouvent guère grâce à ses yeux. Elle les présente, faute sans doute de les avoir réellement approchés, comme de jeunes écervelés sans importance ni consistance. Et sans avenir. On sait ce qu’il en est en réellement advenu.



Elle ne tarit pas d’éloges sur les monuments, les places, les jardins de Paris. Elle y passe un temps considérable, tout particulièrement dans celui des Tuileries qui l’enchante. Et elle les décrit avec force détails. Au gré de ses pérégrinations on apprend que le culte voué à Napoléon était encore très vivace, qu’on déposait des couronnes de fleurs au pied de la colonne Vendôme pour lui rendre hommage, qu’une chapelle expiatoire, très fréquentée, avait été dressée à l’emplacement où Louis XVI et Marie-Antoinette avaient été ensevelis avant d’être transférés, en 1815, à la Basilique Saint-Denis. On apprend encore que les tableaux de l’exposition de peinture contemporaine du Louvre étaient curieusement suspendus par-dessus ceux des grands maîtres du passé. On apprend bien d’autres choses encore.



Une fois ce premier tome refermé, on a le sentiment d’avoir effectivement opéré une incursion fort intéressante dans le Paris de 1835, mais on a aussi le sentiment d’avoir approché de très près la personnalité de Frances Trollope, une femme raffinée, cultivée, très attachée aux valeurs traditionnelles, à l’ordre et à l’autorité, réfractaire au changement, d’une pruderie certaine et finalement convaincue, même si elle le dit en y mettant bien des formes, que les coutumes et traditions anglaises valent nettement mieux que les françaises.
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La veuve Barnaby

Dans la famille Trollope, après le fils Anthony, je demande la mère Frances.



Moins célèbre que son rejeton, elle a, grâce à ses écrits, fait bouillir la marmite et épongé quelques dettes familiales. Cela ne doit pas nous empêcher d'apprécier la prose de cette dame.



La veuve Barnaby est une "héroïne" singulière. Narcissique, vaniteuse, égoïste, mesquine, n'en rajoutons plus. Difficile d'apprécier un tel personnage mais qu'il est facile de rire, de le détester, de suivre ses péripéties et autres déconvenues.



En contrepoint, il y a d'autres personnages plus "fréquentables" tels la vertueuse et économe tante Compton, la douce et splendide Agnès, le fier et noble colonel Hubert. On découvre aussi que "le dîner de cons" n'est pas une invention de Francis Weber mais un divertissement prisé de certains nobles de l'époque.



Roman du XIXème siècle anglais oblige, les familiers du genre n'échapperont pas aux intrigues amoureuses, aux histoires de dots et de rentes, aux coups de théâtre. Frances Trollope n'a pas la subtilité d'une Jane Austen. Néanmoins, elle possède un sens de l'intrigue efficace et un humour qui force certes le trait mais qui est fort plaisant.



Les amateurs du genre ne devraient pas bouder leur plaisir.





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La veuve Barnaby

J'ai adoré ! Il faut un poil de second degré à la lecture parce que les personnages sont vraiment caricaturaux (la jeune fille incroyablement belle et gentille et douce, maltraitée par sa tante égoïste et ridicule, les personnages secondaires qui sont loyaux et beaux et cultivés ou au contraire perfides et calculateurs et... bref tu comprends).



Ce n'est pas du niveau de Jane Austen mais on retrouve la société anglaise du 19e siècle, la langue un peu surannée, les préoccupations sur mariage, les amours contrariées... C'était génial, ça se lit très bien et ceux qui aiment ce genre se régaleront !
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La veuve Barnaby

Je ne connaissais pas Frances Trollope (la mère d'Anthony) et j'ai choisi son roman un peu par hasard (le critère étant que j'avais besoin d'un roman de plage qui ait beaucoup de pages...). Et ce fut une véritable découverte ! L'héroïne, Martha, et toute la situation m'a rappelé le superbe Lady Susan de Jane Austen en plus caustique. Les personnages sont absolument savoureux, à la fois par leur bêtise (Agnès est un peu trop gentille) , leurs préjugés ( la tante Betsy est un modèle du genre buté) et par leur avarice (Martha est extrêmement réussie)



Donc on suit avec plaisir les évolutions dans la société de Martha ( la veuve joyeuse et sans éducation) et d'Agnès (la jeune ingénue perpétuellement en deuil et tellement digne) . Le vocabulaire est choisi, les descriptions précises, les dialogues sont incisifs et les personnages extrêmement construits et travaillés. Les retournements de situation d'Agnès évoquent un peu les rebondissements de la littérature gothique et on sent sous la plume de l'auteure une réelle volonté parodique grâce à ses sarcasmes.



Je ne rentrerai pas dans tous les détails de l'histoire, j'ai tellement envie qu'on la découvre par soi-même mais je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et j'ai énormément ri tant la plume de l'auteure est cynique et acide





Ce que j'aime : le style de l'auteure, ses dialogues, la manières dont elle construit ses personnages





Ce que j'aime moins : parfois l'ingénue l'est un peu trop et Betsy est un peu trop butée





En bref : Un bijou de cynisme qui décrit à merveille la société et l'avarice





Ma note





9/10
Lien : http://jessswann.blogspot.fr..
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La veuve Barnaby

[Roman audio, lu par Cocotte]

Comme d'autres romans du début du 19ème siècle, ce roman raconte l'histoire de dames dont la vie paraîtra invraisemblablement oisive aux lecteurs contemporains. Même lorsqu'on est habitué à ce type de littérature comme je suis, l'empathie pour ces préoccupations vaines et exagérément ridicule des protagonistes faibles et creux semblera impossible.

A force de lectures, il me semble que les femmes anglaises de lettres de cette époque sont tout particulièrement acharnées à nous décrire la vanité et l'inutilité de leur condition et des préoccupations féminines. Cela m'a d'ailleurs fait penser aux écrits bien connus de Jane Austen qui sont tout à fait dans le même ton.



Bref, donc, il faut s'y faire et s'y habituer. Une fois qu'on parvient à passer au-delà de ce sentiment, on peut commencer à profiter. Ce n'est pas tout particulièrement bien écrit et le roman présente quelques longueurs mais il a l'avantage de contenir quelques personnages hauts en couleurs, des situations et dialogues parfois drôles et donc un haut degré d'intérêt historique au regard des mœurs, pensées et usages de l'époque. Je ne me suis donc pas ennuyée tout au long du récit. Par contre, la fin m'a vraiment déçue par son côté "deus ex machina" tiré par les cheveux.



Quant à la lecture par Cocotte, elle manque elle aussi de finition et de qualité. Elle lit trop vite, semble essoufflée tout le temps et effectue quelques répétitions qui auraient du êtres corrigées au montage.
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La veuve Barnaby

Dans la famille Trollope, on connaît Anthony, le fils, Joanna, d'une branche plus éloignée, et maintenant, Frances, la mère! Née en 1780 en Angleterre, sa vie aventureuse la mènera en Amérique, elle en reviendra bien déçue, et à la cinquantaine se mettra à l'écriture de romans (il faut bien vivre); elle meurt à Florence en 1863.



Se faire courtiser par les beaux militaires dans une petite ville de garnison anglaise au tout début du 19ème siècle se révèle un hobby plaisant, mais à 30 ans la belle Martha n'est toujours pas mariée, tandis que sa soeur laisse une petite Agnès Willoughby après son décès et le départ du mari au bout du monde. Une tante excentrique mais avisée a bien payé une éducation correcte à Agnès, mais la crainte qu'elle ne ressemble à l'horrible Martha l'a dissuadée de plus s'en occuper.



Voilà donc la jeune Agnès, 16 ans, sous la responsabilité de Martha, qui entre temps est devenue l'épouse puis la veuve de Monsieur Barnaby. Son héritière aussi, et elle se sent pousser des ailes, à elle la belle vie dans les stations chic, et un remariage à la clé lui siérait fort.



Égocentrique, vulgaire, manipulatrice, menteuse, maltraitant quasiment Agnès, cette veuve Barnaby mérite le détour! La jeune Agnès en est bien sûr l'exact contraire. Alors que la veuve Barnaby n'attirera que des escrocs, des pleutres ou des menteurs, Agnès se fera remarquer de jeunes gens de la bonne société.



Les lecteurs attentifs auront déjà remarqué dans ma présentation quelques relents austéniens de bon augure. Frances Trollope s'amuse visiblement...



Évidemment cette veuve Barnaby est un peu forcée, mais quel plaisir de la voir évoluer, même si le cœur se serre à la pensée des conséquences pour Agnès. Après moult péripéties, tout se terminera bien, pas de crainte là-dessus. Mais le lecteur aura appris comment se tenir dans cette société très codifiée, où le maître mot est distinction, qualité nécessaire mais pas suffisante pour mener au mariage, l'argent ayant son importance.



Emportée par la plume caustique de l'auteur, j'avoue m'être régalée.



Il semblerait que ce soit le premier volume d'une trilogie (écrite dans les années 1839-1855), les deux autres intitulés



The Widow Married; A Sequel to the Widow Barnaby (La veuve remariée)

The Widow Wedded; or The Adventures of the Barnabys in America (La veuve en Amérique)


Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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La veuve Barnaby

Dire que j'ai aimé ce livre est un euphémisme.. Je l'ai juste ADORÉ! Je l'ai dévoré, j'ai passé chaque minute de mon temps libre de ces deux derniers jours penchée sur ce roman.



Frances Trollope est la mère d'Anthony Trollope, écrivain anglais bien connu, auteur de Rachel Ray et L'ange d'Alaya, entre autres. Ce roman, La veuve Barnaby, a connu, à sa sortie, un succès retentissant. Publié après les plus grands classiques de Jane Austen, je ne peux m'empêcher de comparer les deux styles et de dire que cette bonne Mrs Trollope n'a rien à envier à cette auteure que l'on aime tant, moi la première. Son style est certes un peu plus lourd et détaillé mais la lecture n'en est pour autant pas plus difficile ou moins agréable.



J'ai tout apprécié, de l'histoire aux personnages et pourtant je dois avouer que ce n'était pas gagné car nous avons ici un paquet d'énergumènes antipathiques voir même franchement détestables. Martha, la femme qui donne son nom au roman, est incroyablement égocentrique, stupide et vulgaire. C'est vraiment le personnage horripilant de l'époque. Elle se donne des grands airs, est persuadée du pouvoir de sa beauté et de son intelligence alors que les gens passent leur temps à se moquer d'elle. J'ai, quant à moi, passé le mien à la maudire et à avoir des sérieuses envies de meurtres tellement son comportement est agaçant. Elle est digne de la mère d'Elisabeth Bennett, si vous voyez ce que je veux dire. Le pire, c'est qu'elle n'est que la première d'une longue liste! Elle est en effet entourée de tout un tas de personnages secondaires très énervants qui forment une espèce de barrière au bonheur de notre jolie héroïne, la belle Agnès Willoughby. Elle, par contre, est parfaite. Elle possède toutes les qualités essentielles pour qu'on l'adore: elle est belle, intelligente, modeste, rêveuse, généreuse, et j'en passe. Cette perfection aurait pu m'énerver mais elle nous est présentée d'une façon tellement juste qu'on ne peut que l'aimer, comme tout le monde. On tremble à ses côtés face à ses malheurs, on la plaint face aux injustices qui lui rendent la vie difficile et puis.. on se pâme d'amour pour le beau colonel Hubert. Pour recommencer à comparer, lui m'a tout de suite fait penser au colonel Brandon de Raisons et sentiments. Plus âgé d'une vingtaine d'années qu'Agnès, il repousse totalement les sentiments pourtant si flagrants qu'il ressent à l'égard de la jeune fille. Il est charmant, grand, fier, bien né, riche et surtout il a ce petit côté bougon qui plaît tant.



L'histoire est, quant à elle, à la hauteur de ses acteurs. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, étonnamment, j'ai même trouvé cela terriblement haletant. Je voulais absolument savoir au plus vite comment tout cela allait finir, je voulais voir les épreuves qui allaient encore venir s'abattre sur la pauvre Agnès, qu'allait encore inventer Mrs Barnaby pour lui rendre la vie impossible.. et puis pour l'histoire d'amour, bien sûr. Je suis une incroyable midinette et je dois avouer que le côté romantique du roman m'a complètement conquise. C'est un amour touchant qui éclot devant nous, fait d’œillades timides et de déclarations retenues. Cela pourrait paraître totalement gnan-gnan mais moi j'ai trouvé ça très beau. Il y a d'autres côtés très intéressants bien sûr, comme la vie quotidienne de l'époque: les horaires de promenades, les inscriptions aux bals et à la bibliothèque, les présentations obligatoires.. Des gestes désuets remplis de règles et d'interdictions, cela fait parfois peur à voir mais moi, ça me passionne.



Bref, un réel coup de coeur donc. Je ne saurai en dire plus sans en dévoiler trop et ce n'est pas le but ici. Je tiens tout de même à préciser que nous sommes ici dans un vrai gros classique anglais du 19ème et que l'écriture s'en ressent. Les habitués ne seront pas ennuyés par sa complexité mais ce n'est pas le roman que je conseillerai à ceux qui voudraient se lancer dans ce genre. Il faut s'attendre à un beau pavé étoffé qui ne se lit pas en une heure.. tout ce que j'aime!


Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
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La veuve Barnaby

J'ai passé un délicieux moment de lecture avec ce roman !

On a l'impression d'être dans un univers à la Jane Austen, mais c'est bien plus mordant et satirique, pour notre plus grand plaisir. J'ai été happée par ce roman que j'ai dévoré.

On retrouve des ficelles très traditionnelles à la fin mais la plume de Frances Trollope ne manque décidément pas de malice.

L'aspect "romance" s'avère plaisant et sans lourdeur; mais



Il m'a semblé qu'aucun personnage n'était tout à fait exempt de défauts, même les plus héroïques, et j'ai beaucoup apprécié l'art du second degré dans ce roman.

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Moeurs domestiques des Américains

Frances Trollope a voyagé et séjourné aux Etats Unis de 1827 à 1831. Voici un témoignage intéressant à double titre : d'abord le regard excessivement critique de F Trollope, ensuite les circonstances de cette écriture et sa réception.

A l'époque, les Etats Unis étaient très jeunes : la surface du territoire représentait uniquement un tiers par rapport à ce que nous connaissons aujourd'hui. Un autre jalon historique : la guerre de Sécession arrivera 30 ans plus tard.



Dans ce récit de voyage, F Trollope s'est montrée caustique : elle a blâmé les meurs grossières et provinciales, par exemple l'habitude de mâcher du tabac et de cracher par terre à l'intérieur des habitations ; les hommes utilisant souvent les couteaux à la place des fourchettes et ensuite les mêmes couteaux à la place de cure-dents. La classe moyenne était dépourvue de culture et d'éducation ; une conversation agréable telle qu'on la menait sur le vieux continent était inexistante.



Sans oublier un point important, l'hypocrisie : on prônait la liberté et en même temps on pratiquait l'esclavage !

Autres aspects critiqués : l'obsession de l'argent, le manque de courtoisie, la familiarité excessive.



« Vous les verrez d'une main hisser le bonnet de la liberté, et de l'autre fouetter leurs esclaves. [ ] Vous les verrez une heure faire la leçon à leur populace sur les droits imprescriptibles de l'homme, et la suivante chasser de chez eux les enfants du sol, qu'ils se sont engagés à protéger par les traités les plus solennels.»





Mais ce livre de voyage est loin d'être une lecture aride : il y a de l'humour, de l'ironie, des anecdotes, des portraits vivants. Son regard ne se limite pas à la société : la voyageuse est sensible à la nature et s'attarde avec délice sur le paysage et la flore.

A sa sortie, le livre a été un bestseller. Il a suscité des réactions controversées en raison de l'aperçu excessivement critique.





La principale motivation de Mrs Trollope pour l'écrire : elle et son mari étaient désargentés suite à la faillite de leur affaire. On peut lancer une hypothèse : l'auteure a grossi le trait pour faire vendre.

Le récit de voyage marque aussi le début de sa carrière littéraire à l'âge de 55 ans. Elle a enchaîné avec des romans (par exemple La Veuve Barnaby), ce qui leur a permis d'éponger les dettes.





Avant son voyage, elle pensait que les barrières de classe étaient superflues ; après, elle trouvait désagréable d'être traitée comme l'égale de ceux qu'elle voyait comme des rustres.

Un de ses fils, Anthony Trollope, est devenu un auteur populaire de l'époque victorienne, au point d'éclipser la renommée de sa mère.

Quasiment un siècle plus tard, en 1947, une autre femme de lettres, une Française, écrira un journal de voyage aux States ; elle non plus ne sera pas tendre : Simone de Beauvoir. Mais ça c'est tout une autre histoire :

https://www.babelio.com/livres/Beauvoir-LAmerique-au-jour-le-jour--1947/89109



Les souvenirs de voyage de F Trollope commentés sur guardian (en anglais)

https://www.theguardian.com/books/2017/jun/05/100-best-nonfiction-books-no-70-domestic-manners-of-the-americans-frances-trollope

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La veuve Barnaby

Roman que l'on m'a prêté et dont je n'avais jamais entendu parler. Quel dommage que cet ouvrage soit si méconnu! Si vous aimez Jane Austen, Fanny Burney et consoeurs , vous apprécierez sans doute Frances Trollope. Quel humour! L'auteure nous livre une satire sociale et morale de première ordre. On se régale de pages en pages.
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La veuve Barnaby

Anthony Trollope avait une mère ! Ecrivaine ! Moins politique que les romans d'Anthony (pas de Parlement, de Whigs ou de Tory) mais des mariages, des tantes, veuves ou pas, de la sociabilité délicieuse. Les "page turner" du XIX è sont incomparables.
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La veuve Barnaby

Passé un moment magnifique à la lecture de ce livre d'une des nombreuses écrivaines de l'Angleterre du 19eme siècle. Cela fait penser à Jane Austen, c'est un voyage dépaysant dans une époque délicieusement policée mais également atrocement pétrie de préjugés de castes et obsédée par l'argent (bon, ça , ça n'a pas beaucoup changé , c'est vrai). Frances Trollope est la mère d'Anthony Trollope nettement plus connue. Elle a eu une vie qui ressemble à un roman de cette époque. Pour les amoureux de l'Angleterre pré victorienne à lire sans tarder...
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La pupille

Nous sommes fin 1835. M. Thorpe, un sympathique vieil homme dont l'unique fils est décédé aux Indes, invite tous ses neveux et nièces à venir séjourner chez lui pendant une quinzaine de jours. Il ne connaît aucun d'entre eux et souhaite étudier leurs caractères et leurs mérites afin de désigner celui ou celle qui héritera de son agréable domaine et de ses très confortables rentes...



La pupille, publié en 1842, est un roman parfaitement désuet, farci de clichés, peuplé de personnages caricaturaux et dépourvu de tout suspense (le lecteur voit venir tout ce qui doit arriver plusieurs chapitres avant que cela n'arrive effectivement). Bref, c'est à priori d'une facture plutôt médiocre. Imaginez du Jane Austen dont on aurait retranché l'inimitable verve et l'impétueuse vivacité…



Mais, curieusement, c'est absolument délicieux tant la poussière dont ce roman est recouvert s'est chargée de noblesse au fil des décennies. Aucun des ingrédients nécessaires à toute bonne histoire sur la gentry anglaise du 19ème siècle (manoir dans la campagne, chaleureuses flambées dans la cheminée, high teas, honorables gentlemen, hobereaux ruinés, demoiselles vertueuses, demoiselles ingénues, demoiselles arrogantes, fidèles domestiques, héritage, hypocrisie, loyauté, cupidité, mariages, etc.) ne manque à l'appel. Ils sont même présents en telles quantités que l'on en viendrait presque, au fil de la lecture, à se demander si La pupille est une parodie du roman sur la gentry terrienne ou sa quintessence. Son caractère suranné et ses innombrables stéréotypes, loin d'être des repoussoirs, participent au contraire de manière essentielle à son charme : dès les premières pages, le lecteur se retrouve projeté dans un monde qui n'est plus sans même avoir véritablement jamais été. Et, pour peu qu'il soit un amoureux de la littérature anglaise d'antan, il se laisse docilement emporter. Bien vite, il est persuadé qu'il n'a que rarement fait un séjour aussi agréable dans la campagne anglaise. Il se prend d'une amitié indéfectible pour les gentils. Il rit des (très rares) personnages malveillants plus qu'il ne les déteste. Ah, qu'il aimerait vivre dans ce voisinage exquis où les choses sont si simples et les gens, si transparents, si peu compliqués. Et où tout, of course, se finit aussi bien que possible.



À noter que La pupille (qui est bien évidemment dans le domaine public depuis belle lurette) est disponible gratuitement sur Wikisource aux formats ePub, PDF et mobi.
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La veuve Barnaby

Frances Trollope en a peut-être marre qu'on la confronte à sa célèbre contemporaine Jane Austen, mais il faut bien dire qu'elle soutient la comparaison ! Impossible de ne pas penser à Orgueil et préjugés ou Mansfield Park en lisant La veuve Barnaby.

Cependant, là où Austen manie subtilement l'ironie, la malicieuse et sémillante Mrs Trollope jubile dans la dérision. La satire s'exprime plus crûment chez cette dernière, qui ne manque décidément pas d'humour. Si l'atmosphère est plus feutrée et les caractères davantage ciselés chez Austen, ça n'en est pas moins savoureux et brillant. J'ai adoré cette lecture mais je dois dire que la chute m'a quelque peu déçue… après plus de 600 pages parfois cruelles je me serais attendue à un final moins mièvre. Mais ça ne m'empêchera pas de me plonger dans le reste de son œuvre avec délectation.



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