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Citations de Frances Trollope (103)


D'après vos dires, cette jolie personne semble être une perle de grand prix, mais, par malheur, elle se trouve dans la coque de l'huître la plus méprisable, la plus grande, la plus grosse, la plus commune, la plus haïssable qu'on ait jamais pêchée !
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A cette époque, miss Betsy avait environ cinquante ans et, quoique les défauts de son corps n'eussent certainement pas diminué avec l'âge, elle n'en demeurait pas moins une petite vieille agréable à regarder.
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L'absence totale des politesses habituelles de la table, la promptitude vorace avec laquelle les viandes étaient saisies et dévorées, l'étrangeté des phrases, la dureté de la prononciation, l'expectoration continuelle contre laquelle il était impossible de garantir nos vêtements, la manière effrayante dont les Américains se servent de leur couteau, enfonçant la lame dans leur bouche jusqu'au manche, et celle, plus effrayante encore, de se nettoyer les dents, après dîner, avec un canif qu'ils portent à cet usage dans leurs poches, toutes ces causes réunies nous empêchaient de penser que nous fussions entourées de généraux, de colonels et de majors de l'ancien monde, et de trouver que les heures de nos repas fussent des moments agréables.

Le peu de conversation qui avait lieu pendant le dîner était entièrement politique, et les droits respectifs d’Adam et de Jackson étaient discutés avec plus de véhémence et surtout de serments que je n’en avais jamais entendu.

Une fois un colonel fut sur le point d’insulter un major, lorsqu’un énorme gentleman du Kentucky, marchand de chevaux de profession, pria le ciel de les confondre tous les deux, et leur ordonna de se rasseoir ou d’aller au diable.
Comme nous craignions d’être compromises dans cette sentence, nous nous tînmes fort tranquilles ce jour-là, et depuis nous ne restâmes dans la salle des repas que le temps nécessaire pour manger.

(…)
Toutefois, c'était vraiment un spectacle repoussant que de voir cette belle salle, ornée avec tant de luxe et de magnificence, remplie d'hommes assis dans les attitudes les plus inconvenantes, la plupart le chapeau sur la tête, et crachant presque tous d'une manière que je n'oserais vraiment pas décrire.

(…)
Le théâtre n'était pas ouvert quand nous étions à Washington, mais je revins le visiter ensuite.
La salle est petite et mal décorée, si l'on considère que c'est le seul lieu d'amusement public que la ville renferme.
J'ai déjà parlé des manières par trop sans façon des spectateurs au théâtre de Cincinnati ; celui de Washington ne lui cédait en rien sous ce rapport, et c'était un laisser-aller, ou, si vous voulez, une liberté qui semblait dédaigner les lisières de la civilisation.

Un homme du parterre fut pris d'un violent vomissement qui ne parut nullement surprendre ni incommoder ses voisins, et par une heureuse coïncidence, un des personnages de la pièce, qui se trouvait être un médecin, étant venu à paraître sur le théâtre, ce fut le signal de bruyants éclats de rire et de vives acclamations qui redoublèrent lorsque l'acteur dit en s'approchant de la rampe : « Il paraît qu'on a besoin ici de mes services. »

C'était de tous côtés un crachement continuel et il n'y avait pas un spectateur sur dix qui fût assis d'une manière convenable.

Tantôt c'étaient des jambes qui s'étendaient sur le devant de la loge, ou même par-dessus, tantôt c'était un sénateur qui se couchait tout de son long sur un banc ; j'en ai même vu qui s'asseyaient sur la balustrade.

Je vis un jeune homme, qu'à sa mise élégante et recherchée je reconnus pour un personnage important, prendre dans la poche de son gilet de soie une poignée de tabac et la déposer délicatement dans sa bouche.

Je suis portée à croire que cette habitude grossière et universelle de mâcher du tabac est la cause d'une particularité remarquable que présente la physionomie des Américains : ils ont presque tous les lèvres minces et rétrécies.

M'appuyant sur la théorie de Lavater, je l'attribuais d'abord au tempérament aride des habitants ; mais l'habitude dont je parle, commune à toutes les classes, les gens de lettres exceptés, l'explique suffisamment ; et la position que les lèvres sont forcées de prendre pour exprimer le jus de cette herbe fétide donne cette expression remarquable à la figure américaine.
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Mes voisines ne me désignaient entre elles que sous le titre de « la vieille femme anglaise »,
M. Trollope (l’époux de la narratrice) était aussi constamment appelé « le fils de l'Amiral », tandis que des charretiers, des garçons bouchers, des ouvriers sur le canal, recevaient invariablement la dénomination de gentlemen.
J'ai même vu un jour l'un des citoyens les plus distingués de Cincinnati présenter à un de ses amis un pauvre diable en simple veste, et les manches de sa chemise horriblement sales, avec la formule : « Mon cher, permettez-moi de vous présenter ce gentleman ».

Je tenais certainement fort peu à nos titres respectifs, mais les éternelles poignées de main de ces ladies et de ces gentlemen étaient réellement une chose insupportable, surtout quand, en s'approchant d'eux, leur qualité s'annonçait de loin par l'odeur du whiskey et du tabac (…)

Mais ce qui me déplaisait par-dessus tout de cette égalité républicaine, c'étaient les fréquentes visites qu'elle me procurait.
Fermer sa porte est une chose dont personne ne s'avise dans l'ouest de l'Amérique.
On m'avertit qu'une telle licence serait considérée comme un affront par tout le voisinage. J'étais ainsi exposée à me voir troublée à chaque instant et de la manière la plus déplaisante, par des gens que souvent je n'avais jamais vus, et dont plus souvent encore les noms m'étaient absolument inconnus.

Vingt fois j'ai vu des personnes de ma connaissance ainsi envahies par des visites, sans avoir l'air d'en être le moins du monde troublées ; elles continuaient leur occupation ou leur conversation avec moi, à peu près comme si de rien n'eût été.
Quand le visiteur entrait, elles lui disaient : « Comment vous portez-vous ? » et lui secouaient la main. « Très bien, merci, et vous ? » était la réponse du visiteur, et là se bornaient les civilités.
Si le nouveau-venu était une femme, elle ôtait son chapeau ; si c'était un homme, il gardait le sien ; puis, prenant possession de la première chaise qu'il trouvait, il s'y établissait, et restait là une heure sans dire un seul mot.
A la fin, il se levait tout à coup en disant : « Il est temps que je m'en aille, je crois. »
Puis, après une nouvelle poignée de main, il s'en allait avec l'air parfaitement satisfait de la réception qu'on lui avait faite.
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Nous y étions un jour, lorsque nous aperçûmes dans un champ tout à côté des projets de travaux qui nous causèrent quelques inquiétudes.
Nous nous hâtâmes de nous rendre sur les lieux pour nous informer quel était le bâtiment qu'on avait l'intention de construire.

« C'est un abattoir pour les cochons, » nous répondit-on.
Comme il y avait plusieurs familles distinguées dans le voisinage, je demandai si elles ne s'y opposeraient pas pour cause d'incommodité.

« Pour cause de quoi ? » reprit un ouvrier.

« D'incommodité, » répétai-je, et j'expliquai ce que je voulais dire.

« Non, non, madame, ce serait bon dans un pays de tyrannie comme le vôtre, où l'on pense plus au nez d'un riche qu'à l'estomac d'un pauvre ; mais les cochons sont ici d'un bon produit, et nous sommes trop libres pour des lois de cette espèce. »
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Il y avait beaucoup d'étrangers à Philadelphie, et surtout de Français.
À Paris, j'ai souvent remarqué que c'était la mode de parler de l'Amérique comme d'une nouvelle utopie, notamment par les jeunes libéraux, qui, avant l'heureux avènement de Louis-Philippe, s'imaginaient qu'un pays sans roi était la terre promise ; mais je me suis dit souvent qu'il en est de l'Amérique comme de beaucoup d'autres belles choses, qui perdent de leur éclat quand on les voit de trop près.
Voici une question et une réponse que s'adressèrent devant moi deux jeunes Français qui paraissaient se voir pour la première fois :

-- Eh bien, monsieur, comment trouvez-vous la liberté et l'égalité mises en action ?

-- Mais, monsieur, je vous avoue que le beau idéal que nous autres, nous avons conçu de tout cela à Paris, avait quelque chose de plus poétique que ce que nous trouvons ici.
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Il y avait aussi au fond de son cœur une autre passion qu'elle avait cachée jusqu'alors : c'était l'ambition de devenir lady en épousant le beau et charmant baronnet. C'était là son but le plus cher, maintenant qu'elle possédait cette superbe fortune, et quoiqu'elle sût fort bien que sir Charles ne pouvait pas la souffrir, elle n'en était pas moins confiante en ses moyens de séduction.
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Un des spectacles qui nous causa le plus de surprise fut la simplicité républicaine des cours de justice. Nous avions entendu dire que les juges se permettaient sur les bancs ces attitudes que sans doute une conformation particulière aux Américains leur rend si commodes.

Nous voulions en juger par nous-mêmes et nous entrâmes dans la salle d'audience au moment où trois magistrats étaient dans leur stalle.
Celui du milieu avait les pieds au niveau de la tête, les jambes étant appuyées sur une balustrade ; les deux autres dormaient ou en avaient l'air : ils étaient couchés dans différentes positions.
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Les femmes se réunissent entre elles dans quelque coin de la chambre, et les hommes dans un autre (…)
Quelquefois, une tentative de musique produit une réunion partielle.
Quelques-uns des plus téméraires jeunes gens, animés par la satisfaction que leur procurent des cheveux frisés et un gilet élégant, s'approchent du piano, et se hasardent à parler un peu à de jolies jeunes filles à moitié habillées qui s'amusent entre elles à compter le nombre des leçons de musique qu'elles ont prises.

Les messieurs crachent, parlent des élections, du prix des marchandises, et crachent encore.

Les dames regardent la toilette les unes des autres jusqu'à ce qu'elles sachent par cœur jusqu'à la dernière épingle, parlent du dernier sermon de tel ministre sur le jugement dernier, des nouvelles pilules du docteur tel autre contre les maux d'estomac, jusqu'à ce qu'on vienne annoncer que le thé est servi ; alors elles se consolent de tout ce qu'elles ont eu à souffrir pour se tenir éveillées, devant une table couverte de plus de thé, de café, de gâteaux chauds à la crème, de gâteaux froids de toute espèce, de gaufres, de pêches confites, de cornichons, de jambon, de dindon, de bœuf salé, de sauce aux pommes et d'huîtres marinées, qu'on n'en a jamais couvert aucune autre table dans l'ancien monde.

Lorsque ce repas substantiel est terminé, elles retournent dans le salon où il m'a toujours paru qu'elles restaient aussi longtemps que cela leur était possible, sans dormir ; puis elles se lèvent en masse, mettent leurs manteaux, leurs chapeaux et leurs schals, et retournent chez elles.
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Il y avait une maison dans le village qui était remarquable par son aspect misérable ; elle avait un air de pauvreté indécente qui m'empêcha longtemps d'y entrer.

Mais plus tard, lorsque j'appris que je pourrais y acheter des poulets et des œufs quand j'en aurais besoin, je me hasardai de passer le seuil de la porte.
En entrant, j'abandonnai presque mon dessein ; je n'avais jamais contemplé tant de saleté et de misère.

Une femme, véritable image de la souffrance, tenait un enfant décharné sur son bras gauche, tandis qu'elle pétrissait sa pâte avec la main droite.
Une grande fille pâle et maigre, d'environ douze ans, était assise sur un baril, rongeant un blé de Turquie.

Lorsque j'expliquai ce que je désirais, la femme me répondit : « Je n'ai ni poulets ni œufs à vendre, mais mon fils en aura, je l'espère. » « Ici, Nick, » cria-t-elle, au bas d'une échelle, « voici une vieille femme qui a besoin de poulets. »
Nick fut descendu en un instant, et je m'aperçus que mon marchand était un des gamins déguenillés que j'avais souvent rencontrés dans mes promenades, jouant aux billes dans la poussière, et jurant comme un charretier ; il avait environ dix ans.

- Avez-vous des poulets à vendre, mon garçon ?
- Oui, et des œufs aussi, plus que vous n'en voudrez acheter.

Ayant demandé le prix, je me rappelai que j'étais habituée à donner au marché la même somme qu'il exigeait, et que cependant les poulets du marché étaient plumés et prêts pour la table.
Je lui dis que les siens ne devaient pas être si chers :

- Oh, quant à cela, je puis les retrousser tout aussi bien que ceux que vous achetez au marché.
- Vous pouvez les retrousser ?
- Oui. Pourquoi pas ?
- Je croyais que vous aimiez trop à jouer aux billes.

Il me lança un regard fin et me dit : « Oh, vous ne me connaissez pas. Quand aurez-vous besoin des poulets ? »

Il me les apporta le jour que je lui avais indiqué, et parfaitement bien préparés.
Je lui en achetai souvent dans la suite.
Lorsque je le payais, il mettait toujours la main dans la poche de sa culotte qui, étant sa caisse je le suppose, était mieux fortifiée que le reste de ses vêtements en guenilles.
Il en retirait plus de dollars, de demi-dollars et de monnaies que sa petite main sale ne pouvait en contenir. Ma curiosité était excitée, et, bien que je sentisse un dégoût involontaire pour ce petit, je causais souvent avec lui :

- Vous êtes bien riche, Nick ? lui dis-je, un jour qu'il tirait avec affectation son argent pour me rendre de la monnaie. Il sourit avec une expression qui n'appartenait nullement à l'enfance et me répondit :
- Il me semble que je ne serais pas trop riche, si c'était là tout ce que je possède.

Je le questionnai sur son commerce, et il me répondit qu'il achetait des œufs par centaines et des poulets maigres par vingtaines, aux marchands qui passaient en charrettes, devant leur porte, pour se rendre au marché ; qu'il engraisssait ces derniers dans des mues qu'il avait faites lui-même, ce qui pouvait facilement en doubler le prix ; que ses œufs lui rapportaient aussi un bon bénéfice en les vendant à la douzaine.

- Et donnez-vous l'argent que vous gagnez à votre mère ?
- J'espère bien que non, reprit le jeune marchand, avec un second regard rempli de cupidité.
- Qu'est-ce que vous en faites, Nick ?

Son regard signifia clairement, "qu'est-ce que cela vous fait ?" Cependant, il me répondit assez poliment : « J'y prends garde, madame. »

Comment Nick gagna-t-il son premier dollar ? C'est une chose difficile à savoir. J'ai entendu dire que, lorsqu'il entrait dans une boutique du village, la personne qui servait appelait toujours à son aide un autre surveillant.
Mais enfin, de quelque manière qu'il l'ait eu, l'activité et l'industrie qui augmentaient son trésor eussent été délicieuses dans un de ces jolis petits garçons de Miss Edgeworth, qui aurait tout porté à sa mère.

Mais dans Nick, tous ces avantages étaient une malédiction du ciel. Aucun sentiment humain ne semblait échauffer son jeune cœur, pas même l'amour de lui-même, car il était sale et déguenillé, il avait l'air de mourir de faim, et je ne doute pas que la moitié de ses dîners et de ses soupers ne servît à engraisser ses poulets.

Je ne donne pas cette histoire de Nick comme une anecdote caractéristique de l’Amérique ; tout ce qui peut avoir rapport à ce pays, c'est l'indépendance de ce petit homme, et le caractère sec, égoïste et rempli de calculs qui en résultait.
Probablement, Nick sera un jour fort riche.
Peut-être deviendra-t-il président. Je fus un jour si sévèrement grondée pour avoir dit que je ne croyais pas que tous les Américains fussent également éligibles, relativement à cette place, que je me garderais bien maintenant de douter des droits du plus mince d'entre eux.
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J'avais souvent entendu dire, avant mon voyage en Amérique, qu'un des plus grands bienfaits de sa constitution était l'absence d'une religion nationale.
Par là, me disait-on, le pays se trouve déchargé de l'entretien du clergé et ceux-là seuls paient les prêtres qui s'en servent.

Mon séjour en Amérique m'a prouvé que la tyrannie religieuse peut très bien s'exercer sans l'assistance du gouvernement, et d'une manière beaucoup plus oppressive que par le paiement de la dîme, et que la seule différence entre les deux régimes, c'est que le plus libéral substitue une licence effrénée à ce décorum salutaire qui est le résultat d'une forme religieuse consacrée.

Il est impossible de demeurer quelque temps dans le pays sans être frappé des étranges anomalies produites par le système religieux qui y domine (…)

La population des États-Unis est, pour ainsi dire, partagée en une multitude infinie de factions religieuses, et l'on m'assura que, pour être bien accueilli dans la société, il était indispensable de se déclarer le partisan de l'une d'elles.
Quelle que puisse être votre croyance, vous n'êtes point chrétien, si vous n'appartenez pas à l'une de ces congrégations.

Outre les grandes catégories des épiscopaux, des catholiques, des presbytériens, des calvinistes, des baptistes, des quakers, des swedenborgiens, des universalistes, des dunkeristes, etc., etc. que tout le monde connaît, on trouve en Amérique une innombrable quantité de sectes particulières qui sont comme les ramifications des premières, et qui toutes ont leur gouvernement spécial.

Chacune de ces congrégations a invariablement à sa tête le plus intrigant et le plus ambitieux de ses membres ; et, pour expliquer et justifier par-devant le public son existence indépendante, chacune introduit dans le culte quelque pratique bizarre qui la distingue, ce qui a pour inévitable effet d'exposer à un mépris commun les cérémonies et les pratiques de toutes.
(…)

Je me crois moi-même aussi tolérante que personne, mais cette tolérance ne va pas jusqu'à l'aveuglement, et il faudrait être aveugle pour ne pas apercevoir que le but des pratiques religieuses est infiniment mieux atteint, quand le gouvernement de l'église est confié à la sagesse et à l'expérience des hommes les plus vénérables, que lorsqu'il est placé entre les mains du premier cordonnier et du premier tanneur qui juge à propos de s'en emparer.

(…)

Dans les villes et les bourgs, les prayer-meetings tiennent lieu de presque tout autre amusement.
Mais la population de la plupart des villages étant trop faible pour donner des meetings, ou trop pauvre pour payer des prêtres, on est obligé d'y naître, de s'y marier et d'y mourir sans eux.

Un étranger qui vient s'établir dans une ville des États-Unis peut croire que les Américains sont le peuple le plus religieux du monde ; mais que le hasard le conduise dans les villages des états de l'ouest, il changera d'opinion. Là, sauf les horribles saturnales des camp-meetings, il ne rencontrera aucune trace de culte, ni église, ni chapelle, ni prêtre qui prie, ni prêtre qui prêche.
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Les heures de récréation sont importantes pour tous les hommes, et partout nous voyons ces derniers en tirer le plus de parti possible.

Ceux qui ne s'amusent qu'en société, soit par leur goût pour la conversation ou les plaisirs de la table, font de pauvres figures lorsqu'ils sont forcés de se contenter des douceurs de la solitude ; tandis que, d'un autre côté, ceux qui trouvent leur unique plaisir à être seuls font peu de frais pour le monde, et y reçoivent peu d'hommages.

Dans des pays où les plus grands amusements se trouvent au milieu des scènes où les sexes sont réunis, tous les deux tâcheront d'y paraître avec le plus d'avantage. Les hommes ne se permettent pas de chiquer du tabac, ni même de cracher, et les femmes essaient d'être capables de jouer un autre rôle que celui de faiseuses de thé.

En Amérique, si l'on en excepte le bal, où la danse est presque réservée aux personnes non mariées, les hommes ne trouvent de plaisir qu'en l'absence du beau sexe.
Ils dînent, ils jouent aux cartes, ils ont des concerts des soupers fort nombreux, et toujours sans femmes.

Si cela n'était l'habitude, les Américains qui ont de la fortune pourraient trouver quelque expédient pour épargner à leurs femmes et à leurs filles les détails les plus bas du ménage, dont elles s'occupent dans toutes les familles.

Dans les états même où l'esclavage existe, quoique les femmes n'emploient pas la moitié du jour à faire de l'empois et à repasser, à boulanger des gâteaux, apprêter des puddings, et l'autre moitié à les faire cuire, les plus riches cependant s'occupent des détails de leur ménage, de manière à leur ôter la possibilité de s'instruire, d'acquérir des talents, enfin de devenir des femmes aimables.

J'ai vu quelques exceptions à Baltimore, à Philadelphie et à New-York mais, en parlant des États-Unis en général, ce que j'avance est de la plus grande exactitude.
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Les Américains pauvres sont habitués à manger de la viande trois fois par jour ; c'est une chose que j'ai remarquée chez tous les paysans de l’ouest (…)
Les liqueurs fortes, quoique d'un bon marché déplorable, coûtent cependant quelque chose, et l'usage en est universel avec plus ou moins de discrétion, suivant le caractère de chaque individu (…)
Le whiskey coule abondamment partout à un prix malheureusement modique ; et les effets horribles qu'il produit sont visibles sur la physionomie de chaque homme que vous rencontrez (…)

Le tabac croît à chaque porte et n'est point imposé, mais il coûte encore quelque chose et les Américains se priveraient plutôt d'air que de chiquer du tabac.
Je n'en suis pas maintenant à faire remarquer les inconvénients de boire de l'eau-de-vie, mais dans un pays où cette habitude domine généralement, et souvent jusqu'à l'excès le plus effrayant, on doit en tirer la conséquence que l'argent dépensé pour un verre d'eau-de-vie est moins considérable que l'argent perdu par le temps employé à le boire.
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Partout où vous allez, c'est la même chose; chaque être vivant, homme ou femme, s'imagine qu'il est spécialement chargé d'arranger la situation politique de l'Europe.
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En causant avec des Américaines sur les coutumes et les manières de l'Europe, je remarquai qu'elles avaient une grande propension à juger sévèrement toutes les choses auxquelles elles n'étaient pas habituées.

Je dis un jour à une jeune dame qu'il me semblait qu'un pique-nique serait une chose très agréable et que j'en proposerais un à quelques-unes de nos amies.
Elle avoua que ce serait délicieux, mais elle ajouta : "Je crains que vous ne réussissiez pas ; nous n'avons pas ici l'habitude de ces sortes de parties, et je sais qu'on trouve fort inconvenant que des messieurs et des dames s'asseyent ensemble sur l'herbe."
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Des livres, des livres ! S’il existe une chose oiseuse, c’est bien la lecture ! Passer son temps à épeler des lignes les unes après les autres, et qu’en retire-t-on ? Là ! Voici déjà une feuille de faite, attendez un instant, vous allez voir une grappe de raisin apparaître en relief ! Il y a un sens là-dedans, mais demeurer les yeux fixés sur une masse de misérables mots est un vrai péché, car c’est gaspiller le temps que le ciel nous a accordé sans faire aucun bien pour nos semblables.
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(...)la sagesse nous dit que la possibilité d'un malheur à venir ne doit pas nous empêcher de jouir d'un bonheur présent.
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Le ridicule qui accompagne le célibat des femmes est si bien connu et si grossièrement manifesté, qu'il faut une bien grande dignité de caractère dans une femme pour lui donner le courage de le braver, plutôt que de manquer à ce qu'elle croit juste et raisonnable.
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Mais dans cette cité de contradictions, on ne peut jamais conclure avec certitude de ce que l'on voit. À peine avez-vous fixé votre opinion, que l'on vient vous dire que vous êtes dans une erreur complète, et que la vérité est exactement le contraire de ce que vous imaginez.
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La révolution de 1830 paraît avoir mis en mouvement tous les esprits de second ordre. Il n'y a pas d'enfant sortant de l'école, pas d'ouvrier ignorant qui ne se croie à la fois le pouvoir et le droit d'instruire le monde.
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