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Critiques de Francisco Suniaga (19)
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L'île invisible

Marguerite, margherita, Margarita…la mystérieuse perle des Caraïbes !



Dans notre belle langue française, hormis pour le sens premier de la fleur blanche au centre jaune si caractéristique, Marguerite évoque pour moi le nom de la vache dans le film avec Fernandel « La Vache et le Prisonnier ».



Ajouter un h et un i et vous obtiendrez en italien la pizza Margherita , simple mais savoureuse avec ses tomates, sa mozzarella et son basilic arrosée d’huile d'olive.



Dans la version espagnole, je pensais que seul le cocktail à base de téquila, la Margarita (1), portait ce joli nom d’origine mexicaine.



Eh bien, que nenni ! Margarita est également une île des Caraïbes proche des côtes du Venezuela située dans le sud des petites Antilles. Pour l’anecdote, dans le roman de Francisco Suniaga, le croissant des Antilles est appelé de manière beaucoup moins poétique « saucisse ». Comprenez, à chacun ses traditions culinaires !



Mais alors que se cache-t-il de si mystérieux dans cette île dite invisible ?



Serait-ce les circonstances de la mort de l’allemand Wolfgang Kreutzer, excellent nageur par ailleurs, retrouvé sans vie sur la plage de Playa El Agua alors qu’il se baignait seulement avec de l’eau jusqu’à la taille ?



Sinon, pourrait-il s’agir de l’enquête diligentée par Edeltraud Kreutzer, la mère de Wolfgang, et menée par Jose Alberto Benitez, avocat Vénézuélien plutôt curieux préférant la littérature au droit ?



Ou bien encore, faut-il aller chercher plus loin dans l’histoire de ce pays dont les dogmes communistes ont laminé le niveau de vie des habitants du Venezuela ?



Afin de garantir le suspense, je ne vous en dirai pas plus sur ce splendide roman de Francisco Suniaga, ancien avocat natif de Margarita, dont l’écriture est tout à fait remarquable.



Pour un premier roman de l’auteur, j’ai été fasciné par la progressivité du récit dévoilant par petites touches les tenants et aboutissants de la mort mystérieuse de cet allemand. Sans concession sur les difficultés de son pays, Suniaga livre un roman engagé et touchant sans s’enfermer dans un genre de littérature proprement dit.



Pour conclure, ce livre hispanique s’avère être un découverte passionnante et originale dont les dernières pages et le tout dernier paragraphe m’ont finalement convaincu d’attribuer la note maximale. Ouvrez grand les yeux et partez voyager (sans subir les onze d’avion) sur « l’île invisible » de Francisco Suniaga…



Ps : Ayant eu la chance de découvrir durant les fêtes une autre île tropicale, j’ai été d’autant plus absorbé par la lecture de ce roman relativement courte.





(1) Ce cocktail aurait été créé en 1948 à Acapulco par une Américaine, Margaret Sames, dite « Margarita », et porte comme nom la traduction en espagnol du prénom Margaret.

Une autre version dit qu'il fut créé par Carlos « Danny » Herrera dans son restaurant au sud de Tijuana en hommage à une actrice américaine nommée Marjorie King

On évoque aussi le cocktail Tequila Daisy (« marguerite » en français, «margarita» en espagnol) comme source possible du nom.

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L'île invisible

Le paradis est ailleurs et nombreux sont les touristes qui se risquent à poser définitivement leurs valises sous les tropiques pour commencer une nouvelle vie. L'Allemand Wolfgang Kreutzer est de ceux-là. Séduit par Margarita, la perle des Caraïbes, il décide d'y ouvrir un bar avec son épouse. On retrouvera son corps sur la plage. Sa mère Edeltraud qui ne croit pas à la thèse de la noyade charge l'avocat Jose Alberto Benitez de mener l'enquête.

La mort de Kreutzer est le point de départ d'une réflexion sur la géographie d'une île de carte postale, lorsque derrière ce décor se dissimule une autre réalité, perceptible par celui qui accepte de s'y perdre. L'île invisible de Suniaga s'ouvre sur la séduction exercée par ce "tercer mundo" tropical, malgré les différences d'abord évidentes entre lui et les pays occidentaux, entre ce morceau de Vénézuéla perdu au large des côtes et l'Allemagne.

Aux yeux des touristes de passage, la beauté de l'île séduit malgré les vérités vite perceptibles et dérangeantes, l'organisation du pays, le poids de la bureaucratie, la relation au temps qui passe, l'indolence, la sexualité... Les stéréotypes affluent, Dieter, Edeltraud, ne peuvent s'empêcher de mettre en balance l'ici et l'ailleurs... Mais l'étranger, puis le lecteur, perçoivent peu à peu une autre Margarita, tentaculaire, complexe, plurielle. Il y a celle qui différencie subtilement les îliens des Vénézuéliens du continent, celle qui porte le poids du militantisme et du communisme qui la rapproche et l'éloigne des "pays frères", celle curieuse du mode de vie des Européens et qui garde en mémoire une trace de leur passage et enfin, celle qui exerce une étrange et irrationnelle attraction sur les Occidentaux. Wolfgang happé par les combats de coqs, ne maîtrisera plus sa vie, sa femme Renata quant à elle se découvrira une nouvelle féminité...

Un souffle de réalisme magique passe au-dessus de Margarita, les rêves murmurent à l'oreille des hommes - avec en filigrane les mots de Conrad et de Rulfo- ne laissant aucune chance à celui qui s'y installe: "Ce qui l'en a empêché, c'est cette chance, le mécanisme magique de cette île, celui qui laisse la vie et la mort entre les mains de la fortune et qui semble se trouver derrière toute chose."

L'habile construction du roman, à partir d'un système d'isotopies, avec des personnages qui s'organisent et fonctionnent par couple, nous guide et nous perd tout à la fois. L'individu est lui-même et un autre que lui -même: Benitez, l'avocat plus intéressé par la littérature que par le Droit et Pedro Boada, le psychiatre qui ne peut exercer, l'Allemand Wolfgang, obsédé par l'entraînement des coqs de combat et son mentor Fucho... Suniaga ne créé aucun héros, aucun personnage salvateur ou omniscient pour nous dire toute la vérité sur l'affaire Wolgang Kreutzer.

Se greffent à cette structure narrative complexe de très belles pages sur les combats de coqs -qui nous rappellent Le gouverneur des dés de Raphaël Confiant- et l'univers des parieurs au sein duquel l'agressivité est canalisée, ritualisée dans l'enceinte des gallodromes pour prévenir la violence latente.

Dans ce surprenant et remarquable premier roman, Francisco Suniaga montre habilement que l'île invisible est celle d'un peuple métissé dont la culture est née de toutes les cultures, et que pour comprendre la vérité de Margarita, il ne faut pas l'opposer à la vérité de l'Occident.
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L'île invisible

Edeltraud Kreutzer décide de se rendre sur l’ile de Margarita car elle n’a aucune certitude sur la cause de la mort de son fils. Wolfgang a été retrouvé noyé sur la plage où il tenait un bar avec sa femme Renata. Dans le dossier envoyé par l’ambassade d’Allemagne, pas de document du médecin légiste où elle aurait pu avoir des précisions sur sa mort. Ses soupçons se sont accentués quand elle reçoit un courrier anonyme indiquant que c’était Renata et son amant qui l’avait tué. Accident ou meurtre ? Impossible pour cette mère de ne pas savoir les circonstances exactes de la mort de son fils. Elle va faire appel à José Alberto Benitez, un avocat local pour entamer les démarches et découvrir la vérité.

L’enquête de l’avocat va monter la face cachée de l’ile avec son propre fonctionnent au niveau de l’administration, du rythme de vie, des passe-droits mais aussi des combats de coqs qui ont tant fasciné Wolfgang.

L’auteur met en lumière l’île de Margarita où il est né et vit actuellement. Dans son roman, le lecteur va être loin des images annoncées par les agences de voyages montrant une île paradisiaque.

Un roman dépaysant au rythme lent dont la force réside dans les descriptions détaillées.

A la fin du roman vous trouvez une playlist, des morceaux sélectionnés par l’auteur afin d’accompagner et prolonger notre lecture. Vous pouvez les écouter sur le site : www.asphalte-editions.com

J’ai reçu ce livre dans la box littéraire « lumière la box ». Un envoi soigné, un bon choix de livre qui m’a permis de découvrir un livre peu connu (malheureusement) et de mettre en avant cette maison d’édition indépendante. J’ai également apprécié les petites plus qui accompagnaient le livre (marque-pages, sachet de graines). Si vous cherchez à vous abonner à une box littéraire, n’hésitez pas à tester celle-ci.

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L'île invisible

Si Edeltraud Kreutzer a quitté son vieux mari, trop fatigué pour voyager, et le froid hivernal de l'Allemagne, ce n'est pas pour profiter du climat tropical, des plages de sable blanc et des eaux transparentes de Margarita. Pour elle, la "perle des Caraïbes" n'est pas le paradis dont rêvent les touristes européens, mais le petit bout d'enfer où son fils Wolfgang est mort noyé. Et si elle a entrepris ce long voyage, c'est pour éclaircir les circonstances de ce décès. Wolfgang était jeune et bon nageur, comment a-t-il pu se noyer alors que, selon les témoins, il n'avait de l'eau que jusqu'à la taille ? A-t-il été éliminé par sa femme et son amant comme l'affirme la lettre anonyme qu'elle a reçue ? Pour pouvoir faire son deuil, Edeltraud a besoin de réponses mais, seule dans un pays auquel elle ne comprend rien, ses chances sont minces. Sur les conseils du vice-consul, elle engage José Alberto Benitez, avocat idéaliste et désargenté, qui va l'aider à voir, derrière l'image de carte postale, le vrai visage de l'île.





Une petite île des Caraïbes, rattachée au Vénézuela...Chacun vient y chercher le bonheur sur terre dans un décor de rêve. Pour Wolfgang Kreutzer, il s'agissait de suivre sa ravissante et ambitieuse épouse qui avait eu le coup de foudre pour le sable chaud, les palmiers et la douceur de vivre. Mais tandis que Renata s'épanouissait sous le soleil des tropiques, Wolfgang connaissait le doute. Margarita, incompatible avec son tempérament allemand, a causé sa perte. Derrière l'île paradisiaque, se cache une autre île, une île invisible faite de violence, de crimes et de sang. C'est cette île qui a perdu Wolfgang. Le rêve de sa femme n'était pas le sien et il a eu besoin de se trouver un but, une passion et ce furent les coqs. D'abord réticent, il a fini par être englouti par ce monde brutal et cruel sans trouver le recul et l'indolence nécessaires pour s'impliquer sans se perdre. Les découvertes de l'avocat Benitez au fil de son enquête dévoilent un homme détruit par sa quête, celle de lui-même, celle de la perfection, celle de vivre à fond.

Si quelquefois, on se perd dans les considérations philosophiques et même psychiatriques de l'avocat-enquêteur, il n'en demeure pas moins que L'île invisible agit comme un envoûtement sur le lecteur. On se croirait dans les rues de Porlamar ou d'Asuncion, on en ressent la chaleur moite, on en découvre la violence derrière la nonchalance, les vices derrière les sourires. Une belle réflexion sur le sens de la vie, la recherche du bonheur confrontés à la réalité souvent cruelle. Un beau et grand roman.
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L'île invisible

Margarita, un nom qui sonne comme une caresse langoureuse et ensorcelante. Un nom qui ne peut être porté que par une île des Caraïbes où les rivages promènent une chaleur languissante et le doux parfum d’arbres tropicaux.

Amoureux de son île natale, Francisco Suniaga cherche néanmoins à creuser l’envers de cette vision idyllique dans son roman L’île invisible.

D’abord avec la mort brutale et incompréhensible d’un allemand incitant la mère de celui-ci à faire le voyage pour obtenir une explication convaincante, l’auteur remonte alors à travers un avocat local le fil de l’histoire avec abnégation et bienveillance. Mais aussi avec une lenteur teintée de mélancolie. Car ce roman est surtout une plongée dans la réalité quotidienne margaritaine faite d‘improvisation, de corruption et de nonchalance. Il y a une progression régulière, quelque chose de calme qui mène à une vérité floue. Et l’idée que les personnages sont bien impuissants face à elle.

L’auteur vénézuélien ne trace pas de trajectoire droite mais propose un récit à lacets dans cette île montagneuse, emprunte les chemins dans lesquels Wolfgang kreutzer s’est perdu avant de se noyer.

Le lecteur, loin de se sentir égaré, se laisse guider par la simplicité élégante et la lucidité intuitive de la plume de l’auteur qui maîtrise parfaitement les tensions et respirations. On est même quelque peu envoûté par ce récit et son atmosphère qui nous pénètre dés les premières pages et ne nous lâche pas. Au milieu des mysticismes et de quelques vestiges communistes, on est forcément saisi par une sorte de sensualité tantôt nostalgique tantôt féroce. A défaut de trahir la vérité, elle donne au récit une belle dimension.

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L'île invisible

L'ile de Margarita est un île paradisiaque au large des côtes Vénézuélienne. Mais pas pour Edeltraud Kreutzer, originaire de Düsseldorf, qui y mets les pieds pour la première fois pour trouver des réponses. Des réponses sur la mort de fils, Wolfgang, retrouvé semble t'il noyé il y a deux mois de cela.

Non, pour Edeltraud Kreutzer, Margarita est l'île des labyrinthes administratifs, des passes-droits et surtout, c'est l'île qui lui a ravit son fils. Pour l'aider sa quête de vérité, elle va s'adresser à l'avocat Alberto Benitez qui va tout faire pour trouver des réponses à ses questions.



En commençant ce livre, j'ai pensé que j'allais m'embarquer dans une enquête policière, au milieu de Caraïbes. Mais que nenni. Il s'agit plus d'un roman philo-politico-social.

Philo, car une bonne partie du livre est consacrée à la quête de la signification d'un rêve que l'avocat Benitez a fait.

Politico, car on y parle beaucoup de l'ambiance communiste qui enveloppe l'île en cette période (2003).

Social, car Francisco Suniaga nous montre la descente aux enfers de Wolfgang qui est devenu addict aux combats de coqs.

Je n'ai pas vraiment accroché à ce livre. Déja, je pensais lire un policier. Ensuite, les descriptions des combats de coqs m'ont un peu rebutés. Ce n'est pas un domaine que j'affectionne particulièrement. Mais je comprends que ces passages étaient nécessaire pour comprendre la vie d Wolfgang. Au contraire des passages sur le rêve étrange de Benitez. Pour moi, ces passages ne s'insèrent pas dans le récit, et n'y apportent aucune plus value. Mais paradoxalement, ce sont les passages que j'ai préféré...



Finalement, si je devais résumer ce livre en une phrase ce serait : Tout paradis peut cacher un enfer personnel.



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L'île invisible

Edeltraud Kreutzer se rend sur l’île vénézuélienne de Margarita pour éclaircir les circonstances de la mort de son fils, Wolfgang, parti y racheter un bar avec sa femme, Renata, quelques années auparavant, et retrouvé noyé à proximité de celui-ci. Circonstances qui se doivent en effet d’être éclaircies puisqu’a été reçu, en Allemagne, une lettre anonyme qui accuse indirectement sa femme d’être à l’origine de cette mort. En arrivant sur l’île, et grâce à l’aide du consul d’Allemagne, la septuagénaire fera appel à un avocat, José Alberto Benitez, pour enquêter sur cette histoire trouble, à cause de laquelle elle ne parvient pas à faire le deuil de son fils.



Roman qui démarre comme un policier, L’île invisible nous détourne finalement de son but premier, qui est d’élucider la mort de Wolfgang, pour nous conter l’île de Margarita. C’est une île en effet dans laquelle l’on prend son temps, où le mot d’ordre est « mañana », dans laquelle il est donc bien compliqué de mener une enquête en quinze jours – c’est le temps qu’a Edeltraud avant de repartir. Elle nous est ainsi décrite, par un style indolent, prenant tout autant son temps que ses habitants, sous toutes les coutures, de l’importance de l’immigration allemande qui a changé son essence, jusqu’à ses lieux clés, paradoxalement bien peu exotiques et attirants pour une immigration de ce type. Nous aurons tout de même, d’une certaine façon, le fin mot de l’histoire, mais ce qui nous aura finalement importé, plus que de savoir ce qui est arrivé à Wolfgang, c’est pourquoi cela lui est arrivé : roman davantage psychologique en somme, que policier, et c’est ce qui, à mon sens, en a fait son intérêt.
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L'île invisible

Edeltraud Kreutzer, de Düsseldorf, se rend à Margarita, île vénézuélienne des Petites Antilles afin de lever les doutes qu’elle a sur la mort de son fils, Wolfgang, qui tenait un bar sur la plage et a été retrouvé noyé. José Alberto Benítez, avocat, est le conseil d’Edeltraud dans cette quête de vérité, l’interface entre elle et les autorités. C’est lui qui va peu à peu lever le voile sur la vie de Wolfgang à Margarita et sur les rituels qui président au quotidien des insulaires, mais il est par ailleurs absorbé par la quête de l’interprétation d’un rêve étrange qu’il a fait peu avant l’arrivée d’Edeltraud.



Sauf à considérer que s’il y a meurtre et enquête il s’agit d’un polar ou que si l’atmosphère est pesante on a automatiquement affaire à un roman noir, L’île invisible n’est ni l’un ni l’autre. C’est en tout cas un étrange roman dans lequel l’auteur joue constamment avec l’être et le paraître, que ce soit à travers l’île dans son ensemble, haut-lieu du tourisme attirant des Européens en mal de soleil mais dissimulant une réalité – cette île invisible – bien loin de la carte postale, ou sa population : nul n’est vraiment ce qu’il paraît, du psychiatre sans diplôme à l’avocat doutant de ce qu’il cache en son cœur après un épisode onirique, en passant par Fucho l’éleveur de coqs de combats loin du cliché, et bien entendu Wolfgang, qui s’enfonce dans les tréfonds de l’île et de la folie et sa compagne Renata dont on ne sait si elle a organisé sa mort.

Tout se joue donc sur cette opposition constante à laquelle se heurte Edeltraud dont la rigidité germanique peine à s’accommoder de l’indolence caribéenne et des affres d’une administration alliant la complexité inhérente à un État socialiste aux affinités ou aux antagonismes entre des insulaires qui se connaissent depuis toujours.

L’enquête autour de la mort de Wolfgang Kreutzer prend donc l’apparence d’une double quête. De vérité pour Edeltraud. De sens pour Benítez comme pour Wolfgang dont, grâce à un journal intime, on suit le parcours durant ses derniers mois phagocytés par l’obsession des combats de coqs. Sens dans l’acception de « sens de la vie » plus que de « sens des événements » tant les événements qui se déroulent à Margarita et dans les vies de l’avocat ou de l’immigré allemand obéissent à une logique qui les dépasse et les empêche d’avoir une quelconque prise sur eux.



Cela donne au final un roman envoutant, plein d’une violence rentrée qui n’explose vraiment que sporadiquement par le biais de combats de coqs qui sont autant de paraboles de la condition humaine ; un livre séduisant et mystérieux en ce qu’il n’apporte pas forcément de réponses toutes faites aux interrogations qu’il pose. Intelligent.


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L'île invisible

Margarita est une île paradisiaque, prisée des touristes, vénézuélienne de par son identité, caribéenne de par sa géographie et son rythme de vie. Un restaurateur allemand est mort par noyade, sa vieille mère débarque sur place pour connaître les véritables causes de ce décès, qu'elle juge suspect. L'enquête, menée par un avocat local, commence. L'île invisible serait donc un roman policier ? Que nenni; Francisco Suniaga, lui-même natif de Margarita, et venu tard à la littérature, nous offre un petit bijou littéraire aux confluents de bien des genres, en brassant toute une panoplie de thèmes : la signification des rêves, l'addiction (aux combats de coqs), les illusions perdues (pour d'anciens communistes), la violence derrière la langueur, le choc des cultures, etc. Le plus étonnant est la façon dont Suniaga glisse d'un personnage à un autre, de façon feutrée, élégante et naturelle et s'offre des digressions psychologiques ou philosophiques, comptant sur le lecteur pour le suivre dans ce qui se révèle être un portrait sensible, fascinant et réaliste d'un petit bout de terre qui derrière une façade exotique dissimule sa secrète nature. Le livre est d'une incroyable fluidité, portée par un style ondoyant, vaguement ironique dans une noirceur qui contraste avec la somptuosité des paysages. Un roman magnifique et envoutant, peuplé de personnages ambigus à l'âme tortueuse, admirablement campés. Ce livre complexe et pourtant d'un abord facile est la perle "invisible" de la rentrée littéraire.
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L'île invisible

Dans ce premier roman, en accompagnant cette femme en quête de la compréhension indispensable au deuil, nous découvrons une vie, une culture, totalement à l'opposé de notre mode de vie européen. Le contraste est d'autant plus flagrant que Suniaga confronte un peuple vivant en fonction de ses envie, sans contrainte de temps, de cadre, de règles, à une femme et quelques compatriotes d'origine allemande, à peine trop caricaturés sur leur rigueur et leur respect du cadre. L'enquête sur la disparition de Wolfgang apparaît comme un simple prétexte pour lever le voile sur l'envers du décor, pour nous embarquer dans les ruelles loin des hôtels à touristes, et notamment dans les gallodromes où s'affrontent des coqs de combat.



Pour nous conter cette histoire, Suniaga nous fait passer de l'un à l'autre des personnages, n'hésitant parfois pas à intégrer des chapitres qui sont de simples monologues de l'un des protagonistes. Il ne faut pas chercher un rythme soutenu, l'enquête étant régulièrement rompue par les rencontres de Benitez avec l'un de ses amis, rencontres dont, je l'avoue, j'ai eu du mal à saisir l'intérêt : les deux hommes tentent de décortiquer un rêve de l'avocat, mais en dehors de nous parler des bienfaits de la littérature et de la culture, aucun réel rapport avec notre histoire de base... A ce petit bémol, s'ajoute un regret : celui de ne pas avoir eu assez d'éléments sur l'hitoire de cette île. Néanmoins, le tout est compensé par une plume fort agréable et parfois même poétique, nous amenant indirectement à une réflexion sur le temps et sur le monde...
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L'île invisible

Un enquêteur attachant pour démythifier, sans acrimonie, le paradis touristique tropical.



Publié en 2005, traduit en français en septembre 2013 par Marta Martinez Valls chez Asphalte, le premier roman du vénézuélien Francisco Suniaga s'appuie avec bonheur sur l'authentique vie de son auteur, avocat natif de l'Isla Margarita, venu sur le tard (50 ans) à l'écriture.



L'Isla Margarita peut faire figure de "véritable" paradis caraïbe : zone franche vénézuélienne, havre du tourisme et du duty-free, protégée des cyclones par sa situation géographique, quelques centaines de kilomètres à l'ouest, en retrait, de l'arc exposé des petites Antilles et de Trinité-Tobago, elle exploite paisiblement ses vols directs de vacances la reliant aux grandes métropoles européennes, notamment allemandes.



Et c'est au sein de cette forte communauté d'expatriés allemands, propriétaires de bars de plage, de restaurants ou encore de clubs de plongée que tout démarre lorsque l'un d'eux, le jeune Wolfgang, est retrouvé noyé sur la plage, accidentellement semble-t-il. Mais une curieuse lettre anonyme adressée en Allemagne aux parents du défunt pousse la mère de celui-ci, retraitée digne et imperturbable dans son sens du devoir, à entreprendre le voyage pour tenter de tirer les choses au clair, en embauchant pour cela, sur place, l'avocat Benitez, qui va donc "mener l'enquête".



Bien curieux personnage, paisible, baroque et quelque peu rêveur, Benitez (qui deviendra par la suite un personnage récurrent de plusieurs romans de Francisco Suniaga), parfait connaisseur de ce terrain bien particulier qu'est l'Isla Margarita, va entreprendre, mine de rien, de rassembler les faits et les opinions, entre autorités plus ou moins gentiment inertielles, parapluies déjà grands ouverts, ragots complaisants et douces folies locales, entre le pouvoir parfois bien sombre de l'alcool tropical , et celui, magique et potentiellement cruel, de l'aficion des combats de coqs. Tout en résolvant un autre mystère, apparemment sans lien aucun, celui d'un rêve poétique en anglais qui semble surgi de nulle part et contre toute vraisemblance...



Une douce immersion particulièrement réussie : Suniaga mène son lecteur avec une apparente mollesse qui, comme l'île elle-même, cache son jeu jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour lui résister, et que le destin, peut-être, démon tragique et indolent, se manifeste...



Un beau personnage dans un cadre inhabituel pour démythifier, mine de rien, mais sans acrimonie, le tropical paradis touristique.

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L'île invisible

Edeltraud Kreutzer, originaire de Düsseldorf, débarque sur l’île des Caraïbes de Margarita pour tenter de comprendre pourquoi son fils, Wolfgang y a trouvé la mort, noyé. Pour l’aider dans sa quête, elle fait appel aux services de José Alberto Benítez, un avocat local qui a l’avantage de connaître les us et coutumes de cette île. Durant cette enquête, le lecteur découvrira l’envers du décor. Car si elle est une île paradisiaque pour les touristes, Margarita est aussi l’île des imbroglios bureaucratiques, des faveurs et des renvois d’ascenseur. Elle est aussi le lieu où s’épanouissent les combats de coq qui ont totalement happés Wolfgang.



Dépaysement garanti avec ce roman qui nous fait découvrir les méandres de cette île qui ne se laisse pas si facilement apprivoiser. Si on pense, au départ, lire une sorte de livre policier à travers l’enquête menée par l’avocat pour découvrir ce qui est arrivé à Wolfgang, on délaisse bien vite ce style pour arriver à un récit plus sociologique et psychologique qui analyse le fonctionnement de la bureaucratie, qui dénonce les travers de cette société.



Ce récit est le drame d’un homme qui n’a pas su ou pas pu épouser le rêve que lui offrait Margarita et qui est tombé dans les excès que l’île lui proposait. Ces excès, ce sont les combats de coqs que Francisco Suniaga décrit avec beaucoup de force mais sans tomber dans un trop plein d’hémoglobine. Même si on est immanquablement écœuré par la violence faite à ces animaux, on ressent aussi l’excitation et la passion qui se sont emparées de Wolfgang au point de lui faire perdre toute mesure et de l’entraîner à la ruine.



C’est un roman au charme mystérieux, qui ne répond pas forcément à toutes les questions mais qui transporte le lecteur tout au long de ses pages vers des paysages extérieurs et intérieurs inconnus qu’on se plaît à explorer.
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L'île invisible

Je suis un peu passée à côté de cette histoire bien que je me sois parfois laissée captiver par des paragraphes.

Margarita est une petite île vénézuélienne des Caraïbes. Renata et Wolfgang, un jeune couple allemand, tombent sous le charme, lors de vacances, de ce paradis tropical . Ils décident de s’y installer, achètent un bar et se lancent dans l’aventure. Seulement derrière le rêve exotique il y a l’île invisible où l’on peut s’engluer dans un rythme indolent, un temps hors du temps, un soleil brûlant. Tandis que Renata s’y développe Wolfgang s’éteint petit à Petit jusqu’à sa découverte du combat de coq.

Le roman débute sur l’arrivée de la mère de Wolfgang qui cherche à comprendre comment son fils a trouvé la mort, noyé sur une plage. Suicide, mort naturelle ou assassinat c’est ce qu’elle voudrait savoir. Pour mener l’enquête elle rencontre Benitez un avocat amoureux de littérature. Ce sera notre guide sur cette île aux deux visages.

On découvre alors un Wolfgang addict absolu aux combats de coqs qui y brule sa vie et son couple. Des descriptions qui semblent hyperréalistes de ces combats en disent long sur la folie et la cruauté des humains mais là n’est pas le sujet quoique ….

Beaucoup de questions restent sans réponse, j’ai trouvé les digressions et les descriptions trop longues m’éloignant du récit. Au fil des pages les situations d’enquête se répètent pour signifier l’indolence et l’enlisement bureaucratique, comme en écho l’enquête va elle aussi faire du surplace. Elle nous conduit vers les arrières boutiques sombres d’une ile aux charmes enchanteurs mais parfois fallacieux. Edeltraud Kreutzer (la mère) repartira comme elle est venue.
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L'île invisible

Les éditions Asphalte ont eu la bonne idée de rééditer ce roman paru une première fois en 2013.



Il rencontre un immense succès au Venezuela, véritable best-seller, le livre en est à sa treizième édition.



Ce roman exotique nous fait voyager entre ici et ailleurs, entre passé et présent bien loin des ambiances de cartes postales, dévoilant son intrigue au rythme de l’île.



Ce roman absolument passionnant nous envoûte dès les premières pages. Au cœur de cette île qui semble à première vue paradisiaque, on va vite découvrir l’envers du décor, face à une violence sauvage qui pousse certains à la folie.



Les insulaires semblent aussi perdus sur cette île, que l’île elle-même face à une bureaucratie défaillante, ils sont vite oubliés et deviennent vite invisibles.



Un délicieux cocktail caribéen, doux, rafraîchissant tout en étant pimenté, mettant tous vos sens en éveil.



Une très belle surprise de cette rentrée, un roman latino-américain à découvrir absolument.



Chronique complète sur mon blog ma dose d’encre : lien ci-dessous :
Lien : https://madosedencre.overblo..
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L'île invisible

Résumé de l'éditeur:

Margarita : un paradis caribéen pour touristes européens. Edeltraud Kreutzer, originaire de Düsseldorf, se rend sur cette île pour comprendre les circonstances de la mort de son fils, Wolfgang, retrouvé noyé sur la plage où il tenait un bar. Perdue dans cet environnement radicalement étranger, elle fait appel à José Alberto Benítez, un avocat local qui va l’aider dans ses démarches.



Leurs recherches mettront au jour une autre île, bien éloignée des hôtels all-inclusive : la Margarita de la jungle bureaucratique, des passe-droits en tout genre, mais aussi celle des combats de coqs qui ont tant fasciné Wolfgang…



Avec L’Île invisible, Francisco Suniaga nous emmène dans un Venezuela peu connu des lecteurs européens, loin de tout exotisme ou romantisation. Une œuvre foisonnante, érudite, désabusée, qui touche à la quintessence du grand roman latino-américain.



Mon avis:

Moi qui exècre tout ce qui concerne de près ou de loin la violence faites aux animaux, autant vous dire que j'étais plus que sceptique à la lecture de la 4ème de couverture de ce roman (déjà publié en 2013, republié récemment par la même maison d'édition). Et pourtant, je me suis laissée emporter par l'atmosphère étouffante, moite, violente et pourtant poétique, loufoque de ce roman. Je n'en dévoilerai pas plus sur l'intrigue, au risque de divulgâcher quoi que ce soit. Mais en un mot, foncez ! (Âmes sensibles, attention toutefois aux scènes de combats de coqs, parfois insoutenables).
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L'île invisible

Entre psychiatrie , étude des rêves, meurtres, combats de coqs et recherche de La vérité, entrez dans un roman qui ne trouve d’égal que dans l’affolante réalité.



Edeltraud KREUTZER apprned la mort brutale de son fils, noyé, dans une petite île des Caraïbes. Île oubliée, île invisible, île dont on ne sait rien, pas même si elle est vraiment dans les Caraïbes, pas même si elle existe.



Suite à ce décès, la mère reçoit un courrier chez elle, en Allemagne, qui lui dit que tout est manigancé, que c’est un meurtre orchestré par la femme du défunt et son amant.



Dans le doute, elle décide de prendre l’avion, seule, pour la première fois, de braver les contrôles d’identités la tête haute, de ne jamais baisser les bras. Seulement elle ne pensait pas que ce serait si compliquer. L’île réserve beaucoup de surprises. Le temps n’y est pas le même que dans sa bourgade, que dans le monde en général. Les montres n’existent pas, le temps est aléatoire, et il est bien souvent "entre 5 et 6h", ou alors "entre 19 et 20h". Le soleil est la seule mesure de temps; tout le monde se connait, et personne ne se fait confiance. Le trafic va bon train et si on n’est pas entre de mains experte, la difficulté de récolter des informations est forte.



C’est pourquoi, après avoir rencontré l’ambassadeur Edeltraud décide de faire appel à un avocat qui sera chargé de l’enquête.



C’est alors que commence un long périple vers la vérité au milieu des touristes allemands qui, malgré leurs sourires courtois, sont loin de toute sainteté.



Mais les touristes ne seront pas les seuls barrages. L’avocat fera des découvertes surprenante, notamment sur les passions et les paris du jeune garçon, devenu accro aux combats de coqs.



C’est alors plus qu’un périple qui débute. Au-delà d’un roman, c’est une immersion dans une réalité souvent inconnue, inimaginable et ponctuée de folie qui nous submerge.



En parallèle, l’histoire des rêves beaucoup moins terre à terre de l’avocat entre en jeu. Il a rêvé en anglais et il lui semble avoir entendu une voix au creux de son oreille pendant la nuit lui chuchoter comme de la poésie. Son ami psychiatre l’aidera a trouver une voie vers la paix en se servant de références comme Freud, Shakespeare ou même Conrad.











"De mes quatre coqs, le blanc a été me pire. Les autres ont prouvé qu’ils étaient de race et que s’ils devaient mourir ils le feraient avec courage. [...] On se moquait de moi et de mon coq. A ce moment, sans me rendre compte de ce que je faisais, j’ai laissé jaillir toute la rage que j’avais en moi. Je ne lui ai pas écrasé la tête contre une poutre, je ne lui pas tordu le cou avant de le jeter par terre et le regarder battre des ailes en agonisant, comme font les autres entraîneurs. Sans décoller le coq de ma poitrine, en immobilisant ses pattes et ses ailes avec mon avant-bras, je l’ai tenu par la tête et j’ai tiré dessus jusqu’à sentir les vertèbres de son cou se séparer l’une après l’autre, puis sa peau se déchirer, jusqu’à ce que sa tête ensanglantée me reste dans la main et que son sang chaud trempe ma chemise."





Vous l’aurez compris, L’île invisible est le roman à ne pas louper lors de cette rentrée littéraire. Les îles Caribéennes, la plage de sable fin, le courant qui peut être mortel… Pour vous souvenir de vos vacances passées, c’est au top.



L’écriture y est agréable, les yeux parcourent les pages, ils se promènent sans jamais se fatiguer et demandent à aller toujours plus loin.



Une intrigue forte qui pourrait avoir des airs de déjà vu mais ne ressemble en rien à ce que vous avez pu lire, une critique sociale d’une île oubliée qui passe son temps et son argent dans des jeux de combats de coq, qui regarde l’occident, le continent, comme une folie créée par les hommes.



De l’humanisme, de la pitié, du trafic mais aussi de l’honnêteté. Tous ces caractères qui font de l’humain un être si complexe sont ici mis sur scène parfois pour nous déranger, parfois pour nous faire prendre conscience, mais toujours avec goût, simplicité et de manière très fine.



C’est un dépaysement total dans un roman de fond qui tient en haleine au point d’empêcher de dormir…







Ouvrage disponible à partir du 12 Septembre 2013 aux excellentes éditions Asphalte.
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L'île invisible

A travers les descriptions splendides d’un univers tropical avec ciel ensoleillé, plage de sable fin et eaux turquoise, le récit nous fait entrevoir une réalité beaucoup plus trouble masqué par ce décor de pacotille pour touristique européen. Une île à la dérive où espoirs et rêves finissent par échouer pour laisser place à une certaine claustrophobie, à des regrets inhibant et parfois a une animalité, exacerbée par la chaleur ambiante. L’auteur donne à ses personnages une psyché très riche nous en faisant découvrir les multiples facettes et états d’âmes avec une grande justesse. Le tout est agrémenté par quelques traits d’humours moqueurs qui dynamisent le récit et lui donnent toute sa subtilité. Un très bon roman de littéraire Sud Américaine qui est déjà un grand succès au Venezuela et fera, assurément, parler de lui sous nos latitudes…
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L'île invisible

conseillé par Manuel
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L'île invisible

Francisco Suniaga y est né en 1954 et ce premier roman traduit en français a été un best-seller dans son pays. Lui-même est un ancien avocat, ce qui ajoute sans doute à l’aspect documentaire du texte.
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