AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Franck Chanloup (20)


Nous aspergeons son visage, qui reprend des couleurs. Il murmure des paroles incompréhensibles et un nuage de bave cerne sa bouche. Je reste avec lui longtemps, lui parle en caressant ses cheveux. Plus tard Villers réapparaît. Il nous dépasse sans un mot ni un regard, puis s’éloigne vers l’entrée du camp.
Grégoire s’éteint au coucher du soleil.
Il s’affaisse et cesse de respirer d’un coup.
Des correcteurs s’emparent du corps et l’emmènent vers le cimetière aux croix tordues.
Je ne regarde pas.
Commenter  J’apprécie          50
Les murs suintent , ça sent le champignon et le sous- bois. Pas la douce odeur de l'automne,non celle du fumier, des corps en souffrance, celle des aliments qu'on aurait laissé pourrir au soleil, celle de la croûte qui recouvre le fromage. Bref, ça pue et les visages que j'observe autour de moi sont ternes, ils respirent la vermine et la maladie.
Commenter  J’apprécie          50
Être un cafard à l'île Nous est pire que la mort.Ceux qui dénoncent perdent toute dignité et beaucoup sont retrouvés le corps en lambeaux,jetés dans un fossé.
Commenter  J’apprécie          40
En attendant nous cramons et nos fronts sont en nage. Des nuees de mouches et de moustiques attirés par l'odeur slaloment dans les rangs. Gare à celui qui fera un geste pour les chasser.
Commenter  J’apprécie          40
En tant que déporté simple, je ne suis pas obligé de travailler et c’est une chance quand je vois leur état. Leurs jambes sont noueuses et leurs ventres rentrés, il n’y a plus rien dans leurs yeux, et leurs tuniques de coton flottent sur leurs corps suppliciés. Plus loin, un prisonnier est couché dans le fossé, il porte la double chaîne et je crois qu’il agonise. Nous passons notre chemin en baissant la tête, puis nous apercevons un gardien bedonnant qui s’en vient. Je le connais celui-là, une vraie barrique de mauvais vin qu’il vaut mieux éviter. Il nous dépasse et, d’après les bruits, s’enfonce dans le fossé pour achever l’enchaîné. Les coups font un bruit sourd et humide que j’entends encore dans ma tête au moment où nous pénétrons dans les baraquements.
Commenter  J’apprécie          20
D’après la rumeur, nous sommes entrés en guerre.
Pour nous autres, ça ne change pas grand-chose, mais les gardiens semblent d’un coup plus nerveux et leurs hurlements sont plus fréquents.
Lapierre surtout. Il est sur notre dos toute la journée et les coups pleuvent dès que quelque chose ne lui va pas. Hier il a bastonné un vieillard qui a tardé à manger sa pitance, le pauvre vieux a fini à terre, son écuelle de fèves renversée sur le visage. Il a évité le cachot de peu, mais d’autres n’ont pas eu cette chance. Il punit pour tout, ce salopard : une armoire mal rangée, un regard de biais, une parole dans son dos, et vous voilà au mitard à compter les cafards.
Commenter  J’apprécie          20
Ils nous ont sortis presque nus. Le jour venait de se lever et une carriole avec une cage attendait en bas sur le trottoir. On aurait dit que tout le voisinage était là, on nous a craché dessus, j’ai entendu des « on le savait que c’étaient des brigands, des pendez-moi-cette-mauvaise-graine, des à-la-guillotine ». J’ai aussi entendu gueuler une garce qui me fixait. Elle leur disait de ne pas toucher à ma gueule d’ange, que ce serait du gâchis, puis elle a tourné les talons et je ne l’ai plus revue. Après, des gamins se sont moqués d’Alphonse qui essayait de remettre son œil en place, d’autres ont tenté de s’agripper aux rouflaquettes du vieux, certains ont grimacé et ont passé leur chemin, mais ils étaient rares.
Et puis on a commencé à recevoir des cailloux.
Commenter  J’apprécie          20
J'ouvre les yeux sur l'océan, prêt à en finir, prêt enfin à quitter ce monde de souffrances et de privatisations.
Commenter  J’apprécie          20
Pas un mauvais garçon, encore un qui a voulu s'élever et s'est retrouvé le nez dans le ruisseau et les fers aux mollets avant d'avoir eu le temps d'avoir du poil au menton.
Commenter  J’apprécie          20
...les conditions de vie au bagne de Toulon se sont bien améliorées depuis qu'on se dispute avec les allemands.
Commenter  J’apprécie          20
C'est difficile à expliquer, c'est comme si je n'étais plus le même, comme si une force nouvelle coulait dans mes veines et qu'une peau épaisse me couvrait maintenant, une peau qui met à l'abri des autres et de la souffrance. Quand j'y pense, plus grand-chose ne peut m'atteindre et c'est un peu effrayant.
Commenter  J’apprécie          10
Adepte de Proudhon, sale anarchiste, vaurien !
______________________________________________________________
Eugène, il te reste un petit truc pour mon ami ?
_______________________________________________________________
Mais parfois je me dis que pour un condamné à vie, la falaise doit paraître bien attirante.
_______________________________________________________________
Commenter  J’apprécie          10
Gorée
Avril 1872
Nous avons accosté sur l’île de Gorée ce matin au lever du soleil.
Le navire s’est amarré sur l’un des deux quais enserrant la plage de sable blanc. On nous a mis les fers sur le pont, puis en file indienne nous sommes descendus sur la terre ferme.
Gorée, c’est minuscule. Un débarcadère, du sable, quelques bâtiments blanchis à la chaux et des palmiers qui suivent les courbes de la côte. Et puis il fait chaud, je me liquéfie sur le quai et le ciment devient plus brûlant à mesure que le soleil s’élève dans le ciel.
Léo a repris des forces, il explique aux autres ce qu’était Gorée du temps de la traite négrière.
Commenter  J’apprécie          10
Il m’a aussi beaucoup parlé de Nouméa et de la transportation. Il m’a dit que les conditions là-bas étaient très dures, mais qu’après leur peine, beaucoup de bagnards prennent des concessions et restent sur l’île. Pour les droits communs, c’est un nouveau départ sur une terre vierge, une terre peuplée de quelques indigènes, une terre où tout est possible. C’est vrai que j’y pense parfois, cultiver un petit lopin, je ne suis pas contre même si ça a l’air d’être une rude besogne. Pour lui, c’est différent. Le Léopold, il ne pense qu’à une chose, c’est de revenir à Paris pour y faire sa révolution.
Commenter  J’apprécie          10
Ce soir-là, je m’endors avec le ventre douloureux. De ma vie, je n’ai jamais dépassé les limites de la ville et je m’apprête à traverser la France pour aller là-bas.
J’ai seize ans depuis quelques jours et je m’en vais rejoindre le bagne.
Commenter  J’apprécie          10
Le plus dur à la maison d’arrêt du Vert-Galant, c’est le froid. Depuis quelques semaines il s’infiltre de partout, ne nous laisse aucun répit. Avec Gabriel, on passe nos journées sous la couverture et, lorsqu’on parle, de la fumée s’échappe de nos bouches. Le seul moment agréable, c’est la promenade, trente minutes par jour. Là on s’active, on marche dans la cour rectangulaire, on bouge les bras et on a l’impression que nos corps reprennent vie. Comme dit Gabi, c’est un peu de bonheur avant la potence, profitons que nos têtes soient encore rattachées à nos cous !
Commenter  J’apprécie          10
Au moment où il me dépasse, son bras fait un tour et le dos de sa main vient s’écraser sur mon nez. Le choc est violent mais je ne tombe pas, des larmes envahissent mes yeux et un filet de sang s’échappe d’entre mes doigts.
- Ça t’apprendra à dépasser ton père, sale vaurien !
Sa voix n’est qu’un filet, un froissement de haine.
Le père nous indique le chemin. Tout danger est maintenant écarté, alors nous ralentissons le pas. De la brume s’échappe de la terre et couvre nos godillots.
Commenter  J’apprécie          10
Les prières n'ont jamais sauvé personne.
Commenter  J’apprécie          10
Ce monde est blanc, sans vie, peuplé d'ombres que l'on distingue à peine. Un voile givré recouvre tout, les vivants comme les morts.
Commenter  J’apprécie          10
Je n'ai plus peur.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Franck Chanloup (44)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz assez facile sur la littérature américaine contemporaine (10 prix Pulitzer des 30 dernières années)

2009 : le titre lauréat de Elizabeth Strout

Olive et Marius
Olive et Popeye
Olive Kitteridge
Huile d'Olive

10 questions
275 lecteurs ont répondu
Thèmes : états-unis , littérature contemporaine , littérature américaineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}