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Citations de François Bizot (47)


Comment accepter que certains décident eux-même leur salut en imposant le sacrifice d'autrui ?
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Quand va-t-on cesser de faire mourir les hommes au nom de l'homme ?
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En même temps, bien que la disparition de mon père ait laissé en moi une fureur inextinguible, elle me rappelle un tel amour que je trouve aussi du bonheur à y penser souvent.
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Je repris ma course et passai, après le Phnom, devant le grand immeuble ocre de la Banque nationale du Cambodge. Des dizaines de milliers de coupures de cinq cents riels jonchaient la chaussée et les trottoirs, encombrés de sacs de sable et de fils barbelés. Ce qui représentait, hier encore, une immense fortune, s'envolait devant moi, billets éphémères qui, en quelques heures, avaient perdu toute leur valeur. J'en venais maintenant à regarder ce monde détruit, ces avenues à l'abandon, comme un spectacle, et à en rire.
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Douch ne faisait qu'exécuter les décisions de l'Angkar. Le condamné était emmené en forêt, sans avoir jamais eu connaissance du jugement. Si d'instinct il flairait le péril imminent, la consigne était de lui répondre par des mots d'apaisement. Le lieu d'exécution n'était pas très éloigné, mais on n'entendait jamais rien: Thép affirmait que l'arme était un bêchoir ou un gros bâton.
C'était un principe général de cacher la vérité mais, plus que de mensonge, il s'agissait ici d'un objectif moral; éviter le plus longtemps possible le spectacle affligeant de la panique. Les bourreaux mettaient leur point d'honneur à repousser au maximum le moment de honte où le condamné, pris d'un irrésistible affolement, se laisse aller à des sanglots pitoyables, à des spasmes pathétiques. Ils niaient l'évidence même lorsqu'ils faisaient creuser sa fosse au malheureux. Ils savaient aussi que, passé ces instants terribles, le sujet, pendant les secondes qui précèdent le choc fatal, se fige docilement. Dans les exécutions collectives, quand les prisonniers, côte à côte, attendent leur tour à genoux, déjà tout est joué. Le corps s'amollit, le cerveau se brouille, l'ouïe se perd. Les ordres sont alors criés; il ne s'agit plus que de consignes pratiques:
- Restez immobiles! Penchez la tête! Il est interdit de rentrer la nuque dans les épaules.
Les Khmers rouges connaissaient instinctivement cette loi du fond des âges et l'utilisaient sans chercher à comprendre: l'homme s'occit plus facilement que l'animal. Est-ce un effet tragique de son tragiquement de son développement intellectuel? Combien de crimes auraient tourné court s'il avait pu mordre jusqu'au bout comme le chat ou le cochon!
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[...] Chez Rénot, c'était tôt ou tard un préalable, une règle infrangible, un test : il avait reçu des khmers que la richesse d'une rencontre se joue à la qualité du silence qu'on est en mesure d'établir. Ce n'est qu'en se taisant qu'on peut percer l'autre, éprouver son ambiance, détecter ses intentions, atteindre son âme sous l'intelligence.
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Sans les mots, l'homme se livre, il avance sans défense. Notre vraie vie est faite de ces silences, comme nos amours de ceux que l'on instaure avec une femme. D'ailleurs, n'est-ce pas pour plus d'intimité entre eux que les moines s'en font une règle aussi ? Parler, c'est fuir l'instant donné, tenir l'autre à distance, mettre sa présence hors d'atteinte. Donc : apprendre à se taire.
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Le grésillement syncopé des insectes faisait contrepoint aux accents mélodiques de la section de anches batraciennes, laissant, entre les riffs ellingtoniens, s'installer des silences. L'innébranlable masse de la nuit s'y engouffrait avec des effets si beaux, si mélancoliques, que dans ces vides s'abîmait aussi mon angoisse.
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Elles avaient pour séduire cet épanouissement que revêt l’éclat des êtres en pleine maturité.
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La richesse d'une rencontre se joue à la qualité du silence qu'on est en mesure d'établir. Ce n'est qu'en se taisant qu'on peut percer l'autre, éprouver son ambiance, détecter ses intentions, atteindre son âme sous l'intelligence.
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L'homme depuis toujours veut débusquer la vie à coups de pensées profondes sans soupçonner que c'est peut-être à la surface que ses mystères se cèlent. C'est dans la beauté des formes auxquelles nos yeux ont un accès que se contemplent les lois de la nature. Alors qu'ils passaient par des villages étroits, entre des haies de cases vides et de cocotiers à l'abandon, Boni se sentait malgré lui , agité de sentiments confus, débouchant sur un malaise presque insupportable.
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Réaffirmer, au risque d'être taxé d ' hérésie, la vérité devant laquelle nous reculons depuis les origines : l'humanité du monstre.
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Un autre homme était toujours mon semblable, jusque dans l'abîme
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« Telle une âme libérée – pour la seconde fois – par le juge des morts, je sortis de l’enfer cambodgien, en passant le pont des transmigrations. »
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[...] Rénot était très sensible aux femmes. Leur chair exerçait sur lui un pouvoir magique. Le grain duveté, combiné à l'odeur, provoquait en lui de tels transports qu'il n'imaginait pas de séparation entre l'âme et le corps.
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"Empêtrée dans ses contradictions, la France comprit trop tard que les Khmers rouges, qui ignoraient l'art de la laine, ne sauraient pas qu'il fallait tondre le mouton, au lieu de l'écorcher vif. Tous ces livres de l'École (...) furent brûlés avec d'autres, dans un pathétique autodafé (...)"
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A mesure que l'on observe sans feindre la monstruosité des autres, on finit tôt ou tard par la reconnaître en soi.

Le bourreau khmer rouge, dans le même uniforme soudain que le bourreau nazi, dévoile sa sensibilité et ses doutes, expose en plein jour les caractères fondamentaux de son humanité, de quelle manière il fut un homme violent, lâche, léger; et par là profondément humain.
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Derrière le masque du monstre il faut s'efforcer de voir l'être humain.
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Il avait tellement pris l’habitude de regarder sa petite vie mesquine comme si elle était grande qu’il n’existait plus autrement que dans l’amplification.
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Tu rentres au lieu de sortir ; le corps avant l'esprit. Les Khmers disent que c'est notre seul moyen d'action. Tu n'as rien d'autre sur terre. Le boudhisme, en gros, ça se résume à ça.
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