Citations de François Lévesque (60)
Comme ses yeux rivières, il suivra son cours.
(Tête première, p.258)
Ce n’était pas le Pérou – un lit amovible, une table de chevet, une toilette munie d’un lavabo, un fauteuil et une fenêtre –, mais Agathe y était tranquille.
Rien ici ne pouvait permettre à la vieille dame de se blesser dans un moment de confusion. Pas de vase, pas de photo enfermée dans un cadre… Pas de souvenirs.
Jacynthe est une dilettante épicurienne. Elle aime ce qu’elle aime le temps qu’elle aime ça. Elle a aimé être mariée un boute, elle a aimé être mère un boute, et là, elle a envie de triper toute seule un boute. Ses mots.
Plus on repousse le moment de dire les choses, pire c’est.
Reprenant sa marche nonchalante, il fut presque aussitôt rattrapé par ses souvenirs imprudemment réveillés, comme un nid de guêpes qu’il aurait eu l’étourderie de secouer en croyant s’en tirer sans piqûre.
À vrai dire, tout n’était pas noir dans son passé. Personne ne l’avait violenté ou n’avait abusé de lui comme tel. Pas physiquement, en tout cas. On était loin d’un parcours à la Dickens.
Et je ne parle pas des mauvais élèves, Dominic, poursuivit-elle. Je dois même admettre que j’avais un faible pour eux. C’étaient eux qui avaient le plus besoin de mon aide, qu’ils en veuillent ou non. Non, je parle de… des monstres. Ceux qui n’ont peur de rien parce qu’ils ne tiennent à rien. Ceux qui détruisent tout pour passer le temps. Ceux qu’on aime en vain. Avec eux, ce n’est pas que l’amour ne suffit pas. C’est que l’amour ne les atteint pas.
Quand on est capable de nommer les choses, on est en mesure de mieux les comprendre.
Il était comme les pingouins : quand il s’accouplait, c’était dans le but que ce soit pour la vie.
Les aléas du divorce conjugués à ceux de l’adolescence constituaient le pire cocktail émotionnel qui fût...
Emménager dans la maison familiale lui permettrait certes de réaliser des économies, de voir venir et d’assurer un futur sans nuages ou presque à sa fille, mais cela lui donnerait surtout l’occasion d’exorciser une fois pour toutes ce passé qui demeurait tapi à la lisière de son inconscient, comme un monstre prêt à se manifester au moindre signe de faiblesse.
Une bonne diction est toujours de bon ton.
Avec sa minijupe noire échancrée à la cuisse et son haut en limé doré qui moulait ses bourrelets autant que son abondante poitrine tombante, la femme accusait un triste refus de laisser aller une jeunesse sexy qui l’avait pourtant désertée depuis longtemps. Les regards intoxiqués mais encore capables de cruauté et de mépris racontaient cela, au mot près. Rien pour guérir Francis de sa misanthropie.
Les symboles pouvaient exercer une puissante influence sur le psychisme, et Francis comptait là-dessus. Il était pragmatique, il était calculateur, mais il savait que le cerveau répondait toujours favorablement à la logique.
Parler à Dieu m’a fait beaucoup de bien, après ça. J’ai essayé d’être le plus proche possible de Lui le reste de ma vie. Je sais que tu ne partages pas mes croyances. Ce n’est plus à la mode et je comprends. Mais j’aimerais que tu trouves l’équivalent pour toi. Moi, c’est ce qui m’a permis de continuer à vivre en demeurant saine d’esprit.
Je suis convaincu que c’est le dessin et la peinture qui peuvent te guérir de peu importe ce qui nous gruge l’âme. La peinture, c’est une des choses qui m’a aidée. Il n’est pas trop tard pour toi. Dans le fond, c’est juste ça que je voulais te dire, mais par écrit. C’est plus facile à dire par écrit.
Il le gravit en évitant de faire craquer les marches traîtresses, les points sensibles de chacune étant demeurés gravés dans sa mémoire. Les monter et les descendre ainsi relevait maintenant du réflexe.
Le scénariste était celui qui racontait au premier chef, tirant les ficelles narratives dans l’ombre. C’était tout lui, ça.
Francis ne pouvait s’empêcher de peindre et ne souhaitait pas s’arrêter, mais la notoriété l’horripilait. C’était d’ailleurs pour cela qu’il employait une panoplie d’alias dans son métier de scénariste. Il aimait gagner beaucoup d’argent, mais il ne voulait rien savoir de la célébrité. Il avait été assez connu comme cela, à petite échelle, certes, mais c’était bien suffisant. Voilà pourquoi le monde du cinéma continuerait de tout ignorer de lui.
On ne pouvait pas avoir mal dans les rêves, même quand on rêvait qu’on tombait d’un gratte-ciel.