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Citations de François Roux (158)


Et puis arriva la fin du mois de juillet et, avec elle, le temps des vacances. Ce mot révulsait Nicolas, il le renvoyait à son étymologie : vacance, à l'origine, ne signifiait pas autre chose qu'être sans. Sans, Nicolas l'était depuis très longtemps. Sans travail, sans joie, sans désir. Inutile donc d'adjoindre le moindre vide à un vide, déjà considérable.
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Le plus pénible maintenant, c'était d'être seul chez soi, tout le temps, à ne rien faire ou presque. L'appartement était devenu son ennemi, sans cesse il semblait désigner Nicolas et le convier à admettre qu'il n'aurait jamais dû se trouver là, en cet endroit, à cette heure, sur cette chaise, dans ce fauteuil, sur ce lit, affalé devant cet ordinateur ou télévision. Les déjeuners par exemple, qui constituaient une transition naturelle, un sas légitime dans la journée bien remplie de n'importe quel travailleur, stigmatisaient pour lui l'infinie lenteur d'heures passées sans aucun projet, sans aucune perspective, la répétition ininterrompue d'une même vacuité, un mitan douloureux où la moitié de la journée était encore à affronter alors que l'autre moitié venait à peine de péniblement se conclure.
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Au fur et à mesure, cependant, à force d'échouer à évoquer brutalement son licenciement auprès de ses meilleurs alliés, il ressentit le désir d'en parler enfin ouvertement.
A quelques occasions, il se montra un peu trop insistant, un peu trop maladroit, il commença à en ennuyer certains, les déjeuners devinrent moins drôles, quelques bons amis se révélèrent en réalité beaucoup plus frileux - et donc beaucoup moins bons amis - que Nicolas s'y attendait.
"Ecoute Nico, je veux bien te refiler le nom de leur DRH mais surtout, surtout, tu ne mentionnes pas que cela vient de moi!"
Nicolas réalisa petit à petit qu'il avait échoué à convoquer sur son sort l'attention de ces personnes qui lui paraissaient auparavant si proches.
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Un seul oiseau ne contient pas assez d’eau dans son bec pour éteindre un incendie, mais un million d’oiseaux en contiennent suffisamment pour le faire.
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"(..) en général les gens aimaient surtout se saouler de leurs propres paroles, ce que les autres avaient à leur dire ou à leur transmettre ne les intéressait finalement qu'assez peu."
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Le doigt du bon Dieu s'est posé sur tes lèvres et t'a forcé à la boucler enfin. Tu vois, même le bon Dieu en avait marre que tu continues à parler, que tu persistes à répandre tes sales idées de voyou et ta sale méchanceté, il en avait marre que tu empêches tous les gens autour de toi d'exister et en particulier ta femme et ta fille. Au fond, ce n'est peut-être pas seulement son doigt sur tes lèvres qu'il a mis, le bon Dieu, c'est carrément son poing entier qu'il t'a foutu dans la gueule pour te faire comprendre qu'il fallait que tu la fermes une bonne fois pour toutes. Je veux croire que tout cela fait partie d'une vaste opération de rééquilibrage du monde et que tu es le premier d'une longue série de cons à être enfin réduits au silence.
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La plupart d’entre vous sont mieux placés que moi pour le savoir, le chômage ne ronge pas uniquement votre pouvoir d’achat, il n’affecte pas seulement votre capacité à vous procurer des biens matériels, le chômage a aussi un impact considérable, le plus souvent ignoré, sur la manière dont vous vous percevez en tant qu’individus, sur la façon dont vous vous comportez dans votre famille, avec vos amis, avec les autres en général. Être privé d’emploi vous atteint en profondeur.
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D'une manière générale, tu n'as jamais eu à te frotterà tes propres contradictions car ça existe les contradictions, figure-toi, c'est même probablement ce qui est le plus admirable chez un être humain, qu'il arrive à survivre et à tenir debout malgré le poids incroyable de ses contradictions et des contraintes insensées auxquelles il est soumis de manière continue.
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La nouveauté des choses, même les plus pénibles, même les plus rébarbatives, à partir du moment où elle vient briser le cercle vicieux de l'ennui, est toujours profitable, c'est probablement cela qu'on appelle l'énergie du désespoir.
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« - C’est quand même une drôle de famille non tu ne trouves pas ? déclara Justine …
- C’est une famille de merde, compléta Adèle…
- C’est une famille malgré tout, dit Nicolas d’un ton abrupt.
Justine savait ce qu’il voulait dire, il le lui avait cent fois répété : mieux vaut une famille bancale que pas de famille du tout. En dépit de ce qu’elle savait de sa souffrance, elle n’arrivait pas à lui donner entièrement raison. »

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Le serveur, observant leurs verres vide s' approcha avec empresssement:
-Vous reprendrez la même chose, messieurs-dames?
Ils se regardèrent et ne purent s' empêcher de sourire du double sens que pouvait revêtir cette proposition en ce qui les concernait.
-Tu reprendrais la même chose, toi? Demanda-t-il sur un ton mêlant ironie et sérieux.
-Pourquoi pas? Fit Justine.
-Alors la même chose pour moi aussi.Et toujours aussi frais,s' il vous plaît! dit Nicolas, ému et joyeux.
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- Est-ce que tu connais une seule personne de plus de quarante ans qui est ne serait-ce qu'un peu heureuse et équilibrée ? On fait tous avec, crois moi.
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Comme vous n'êtes jamais arrivé à rien, ça vous ennuie que les autres arrivent à quelque chose. C'est même ce que vous détestez le plus chez eux, il me semble. Et pire encore chez vos enfants. Vous êtes maladivement jaloux de tout.
En fait, je crois que vous n'êtes pas méchant, Joseph, vous êtes juste un raté malheureux et aussi un raté très seul.
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Et puis arriva la fin du mois de juillet, et, avec elle, le temps des vacances. Ce mot révulsait Nicolas, il le renvoyait à son étymologie : vacance, à l'origine, ne signifiait pas autre chose qu'être sans. Sans, Nicolas l'était depuis trop longtemps. Sans travail, sans joie, sans désir. Inutile d'adjoindre le moindre vide à un vide déjà considérable.
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Au fond, c'était une intelligence imbécile, se disait Justine quand elle en avait assez de se battre. En tout état de cause, une intelligence stérile qui n'avait pour seul but que d'écraser les gens et de les spolier de leur capacité à réfléchir et à comprendre. Il n'y avait rien de bon dans cette intelligence-là, elle ne voulait rien engendrer hormis la haine et la discorde. Impossible de l'ébranler, impossible de la faire reculer, c'était un bloc inaltérable et la seule chose envisageable était de s'y casser les dents.
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Je ne me fais aucune illusion, Marie-Ange, plus personne ne voudra d'un type comme moi. Même toi, tu ne veux plus de moi. Je suis une merde. Grâce à toi, je suis une merde rasée de frais, une merde emballée dans de jolis costumes bleu marine, une merde impeccablement coiffée et épilée, mais je suis une merde malgré tout.
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Des larmes lui montèrent aux yeux, sa poitrine lui faisait presque mal, c'était comme si, à l'intérieur, son coeur se contractait. Se pouvait-il que lui, ce pauvre chômeur- ce pauvre type, il n'y avait pas d'autre mot -, qui n'était jamais parvenu à quoi que ce soit de glorieux dans son existence, qui ne s'était jamais réellement soucié du sort de son prochain autrement que de façon consensuelle et distante, oui, se pouvait-il qu'il ait réussi le miracle d'engendrer une jeune femme aussi remarquable, quelqu'un à même de prendre la parole devant une foule aussi exigeante et aussi désespérée, quelqu'un capable de mobiliser toutes ses forces pour le bien commun ? Il en ressentit un sursaut de fierté.
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Une pensée le cloua sur place. L'adolescente qui l'avait accompagnée s'était subitement muée en une jeune femme à la détermination manifeste, Adèle n'était plus sa petite fille chérie, elle avait grandi d'un coup, il ne la reconnaissait plus, elle était devenue une autre personne, une étrangère d'une certaine façon. Le père en lui fut ébranlé, comme si une part de son intimité, la plus vibrante, la plus sacrée sans aucun doute, venait brutalement de lui être arrachée. Sa première pensée fut que, désormais, Adèle n'allait plus avoir besoin de lui pour exister. Il en fut à la fois ému et attristé. Heureux de la voir s'élever, grandir, et désolé de la voir s'éloigner de lui.
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Aujourd'hui, plus personne - et surtout pas elle- ne croyait à l'absolu politique, plus personne n'osait encore affirmer que demain on raserait gratis ou que le Grand Soir puisse encore advenir, c'était fini tout ça, la confiance vis-à-vis de toutes les entreprises idéologiques du passé s'était définitivement écornée, le cynisme, les mensonges, l'affairisme des uns et des autres avaient dégoûté la plupart de conserver le moindre espoir.
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– Je ne suis plus rien, tu comprends ? Je n'existe plus, je ne compte plus. Rayé de la carte, mon vieux. Alors deux, faites ce que vous avez à faire.
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