AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Francoise Gilot (14)


Braque était évidemment sensible à toutes les nuances de la situation. Il connaissait si bien son ami qu'il savait à quel point il devait rester sur ses gardes, car pour Pablo, la vie s'annonçait comme un jeu où tous les coups étaient permis. La première fois que je les ai vus ensemble, j'ai compris que Braque était très attaché à Pablo, mais qu'il n'avait pas confiance en lui, parce qu'il savait que Pablo avait toujours une idée derrière la tête et ne reculerait devant rien pour jouer gagnant. Ses coups les plus bas étaient réservés à ses amis les plus chers, et il n'aurait jamais laissé passer l'occasion d'en donner un, si on lui facilitait les choses. J'appris très vite qu'en dépit de toute l'affection qu'on pouvait lui porter, la seule manière de ne pas s'attirer son mépris était de s'attendre au pire, et d'attaquer en conséquence.
Commenter  J’apprécie          71
Max Jacob m'a demandé un jour pourquoi j'étais si gentil avec des gens qui m'importaient peu et si dur avec mes proches. Je lui ai répondu que ma bonté était une forme d'indifférence; quant à mes amis, je les voulais parfaits, j'avais donc toujours quelque critique à leur adresser et désirais les mettre à l'épreuve, de temps en temps, pour m'assurer que nos liens étaient aussi solides qu'ils devaient l'être.
Commenter  J’apprécie          60
Francoise Gilot
Tout ce qui est nouveau, tout ce qui vaut la peine d'être fait, ne peut être reconnu, car les gens ne voient pas l'avenir. Si bien que tout ce que l'on dit à propos de la libération de la culture est absurde. On peut défendre la culture au sens très général, si on désigne par là l'héritage du passé; mais le droit à la libre expression est quelque chose dont on se saisit, ce n'est pas quelque chose qu'on vous donne.... Il y a une opposition absolue entre le créateur et l'Etat.
Commenter  J’apprécie          50
Il arrive un moment où la souffrance pose une énorme pierre sur notre coeur. Alors on peut désirer s'asseoir sur une pierre comme celle-ci . Lorsque nos espoirs meurent avant nous, on ne vit plus pour soi-même, on vit autant pour la vue d'une fleur, pour un parfum ou pour un passant dans la rue, qu'on vivait pour les êtres aimés ou les désirs personnels. Nous sommes en sursis.
Commenter  J’apprécie          50
Quand je me suis rendu pour la première fois avec Derain au musée du Trocadero (1), une odeur de moisi et d'abandon m'a saisi à la gorge. J'étais si déprimé que j'aurais voulu partir tout de suite. Mais je me suis forcé à rester, à examiner ces masques, tous ces objets que les hommes avaient exécutés dans un dessein sacré, magique, pour qu'ils servent d'intermédiaire entre eux et les forces inconnues hostiles qui les entouraient, tâchant ainsi de surmonter leur frayeur en leur donnant couleur et forme.
Et alors j'ai compris que c'était le sens même de la peinture. Ce n'est pas un processus esthétique; c'est une forme de magie qui s'interpose entre l'univers hostile et nous, une façon de saisir le pouvoir en imposant une forme à nos terreurs comme à nos désirs. Le jour où j'ai compris cela, je sus que j'avais trouvé mon chemin.
Commenter  J’apprécie          40
Une de mes tâches les plus ardues était de sortir Pablo du marasme où il était plongé chaque matin. Il y avait des rites à suivre, une sorte de litanie à répéter certains jours avec plus d'insistances que d'autres.
p 160
Commenter  J’apprécie          30
Toutefois, il ne pouvait guère en être autrement, puisque, en arrivant sur la scène, j'avais eu sous les yeux le spectacle de trois actrices qui avaient essayé, tour à tour, de jouer le même rôle et étaient aussitôt tombées dans le trou du souffleur. Chacune avait commencé dans le bonheur, persuadée d'être la seule... Après tout, le sort de ces femmes n'était pas entièrement entre leurs mains: il dépendait surtout de Pablo. Et il en était de même pour moi. Elles ont toutes subi des défaites différentes, et pour des raisons différentes. Olga, par exemple, a échoué parce qu'elle exigeait trop. On aurait pu croire, peut-être, que si elle avait demandé moins, ou des choses moins absurdes, elle aurait réussi, mais Marie-Thérèse Walter ne demandait rien, elle était douce et adorable, et elle aussi a échoué. Puis vint le tour de Dora Maar, qui était fort intelligente. C'était une artiste capable de le comprendre. Elle avait été vaincue, pourtant, comme les autres, et elle avait eu foi en lui. Il m'était donc difficile d'éprouver une confiance absolue. Il les avait toutes délaissées, mais chacune était si préoccupée de son propre sort qu'elle s'imaginait être la seule femme qui eût jamais compté pour lui, alors que toutes ces vies étaient inextricablement mêlées.
Commenter  J’apprécie          20
Toutes les histoires et réminiscences de Pablo à propos d'Oméga, Marie-Thérèse et Dora Maar, ainsi que leur présence dans les coulisses, me donnèrent à songer que Pablo avait une sorte de complexe de Barbe-Bleue. Il rangeait toutes les femmes qu'il avait collectionnées dans son petit musée personnel. Mais il ne coupait pas les têtes tout à fait. Il préférait qu'un peu de vue demeure, que toutes continuent à pousser de petits cris de joie ou de douleur, à faire quelques gestes comme des poupées désarticulés, suffisamment pour prouver qu'elles avaient encore un souffle de vie suspendu à un fil dont il tenait une extrémité.
Commenter  J’apprécie          23
Quand j'étais enfant, ma mère me disait: "si tu deviens soldat, tu seras général. Si tu deviens moine, tu finiras pape." J'ai voulu être peintre, et je suis devenu Picasso!
Commenter  J’apprécie          20
Francoise Gilot
Un homme de loin n'a pas plus d'individualité qu'une épingle, si on ne le connaît pas. .....C'est le métier du sculpteur, en jouant avec les reliefs et les creux, de déterminer une identité, en soulignant les caractères essentiels, le détail inoubliable qui désigne une personne, et non pas une autre.
Commenter  J’apprécie          20
Le gardien des coffres nous regardait avec un grand sourire. Qu'est-ce qui vous amuse ? demanda Picasso. Vous avez de la chance, répondit le gardien. La plupart des clients que je vois venir depuis des années arrivent toujours avec la même femme, un peu plus âgée chaque fois. Vous, vous venez chaque fois avec une femme différente, et elle est toujours plus jeune que la précédente.
Commenter  J’apprécie          20
Francoise Gilot
"Ce Matisse a de si bon poumons ! " Soupira un jour Pablo, en sortant de chez lui. Je demandai ce qu'il voulait dire. "Dans son oeuvre, quand on trouve trois tons côte à côte - par exemple un vert, un mauve et un turquoise - leur rapport est heureux et determine une résultante qui est la couleur. Vous l'avez entendu dire: "il faut laisser à chaque ton sa zone d’expansion" Là-dessus, je suis absolument d'accord avec lui; chaque ton émet une onde qui se propage. Si l'on tente de le contenir à l’intérieur d'un graphisme noir, par exemple, on l'annihile, en tout cas sur le plan pictural: on détruit son rayonnement.
p274
Commenter  J’apprécie          20
"Tu es bien le fils de la femme qui dit: "Non""
...
Un jour que je peinais sur une toile qui me donnait beaucoup de difficulté, j'entendis un petit toc timide.
"Qu'est-ce que c'est ? demandai-je, continuant à travailler.
J'entendis la voix de Claude derrière la porte:
"Maman je t'aime."
J'eus envie de le laissez entrer, mais je ne pouvais m’arrêter à ce moment-la;
"Je t'aime aussi, mon chéri." Et je continuai à peindre.
Quelques minutes après j'entendis de nouveau la petite voix:
"Maman, j'aime ta peinture.
-merci, mon chéri. Tu es un ange."
Une minute plus tard, il reprit:
"Maman, ce que tu fais est très joli. Tu as de la fantaisie, mais ce n'est pas fantasque."
Ma main s’arrêta, mais je ne dis rien. Claude dut deviner mon hésitation. Sa voix devint plus forte:
"C'est mieux que ce que fait papa."
Alors je lui ouvris. Et nous rîmes tous les deux de notre complicité.

p 260
Commenter  J’apprécie          11
Picasso dit : "Quand j'étais enfant, ma mère me disait : " Si tu deviens soldat, tu seras général. Si tu deviens moine, tu finiras pape. " J'ai voulu être peintre, et je suis devenu Picasso !"
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Francoise Gilot (91)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
66 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

{* *}