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Citations de Frank Delaney (59)


Les pensées refoulées,lorsqu'on les débusque,sont plus dangereuses que des animaux aux abois.
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C’est vert et soyeux à mes yeux, et les nuages ont commencé leur lent et gros voyage à travers le ciel, aucune terre au monde ne peut inspirer un tel amour à un homme ordinaire.
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Le chagrin revenait me relancer chaque nuit tel un créancier implacable et je me découvris une nouvelle compagne, l'insomnie.
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J’avais été secoué d’apprendre qu’elle était juive. J’avais été secoué d’apprendre que quelque chose d’aussi fondamental pour une juive que sa judéité ait pu m’être dissimulé – à moi, l’homme qui l’avait si souvent pénétrée (« le seul », affirmait-elle). J’avais commencé par la maudire de m’avoir dissimulé cette vérité fondamentale. Plus tard, un embryon de prise de conscience m’avait incité à m’accuser de ne l’avoir pas découverte moi-même. Elle avait fini par me la révéler, juste avant sa mort, dans une longue lettre. Que la police avait retrouvée, et j’eus un choc supplémentaire en apprenant que l’existence de cette lettre n’avait fait qu’accroître les soupçons de l’inspecteur principal Christian à mon encontre :

– La plupart des victimes connaissent leur meurtrier, m’avait-il dit.
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Quand je sors sur la route d’un matin, quand j’ai eu une nuit de sommeil et peut-être un petit-déjeuner, et que le soleil éclaire une colline au loin, je sais que je marcherai une heure ou deux à partir de là, et c’est vert et soyeux à mes yeux, les nuages ont commencé leur lent et lourd voyage à travers le ciel, aucune terre au monde ne peut inspirer un tel amour à un homme ordinaire.
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Le sadisme. Voilà pourquoi j'avais toujours refusé de dire Madeleine que je l'aimais, décidai-je. Mon silence me permettait d'exercer sur elle un pouvoir sadique.
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La meilleure chose que de Gaulle ait faite pendant la guerre, me dit Claire. Il est venu ici en 1945, et il a décrété que pas une pierre ne serait déplacée. Il faut que tout reste en l'état pour toujours, a-t-il dit. Oh! et une information qui devrait vous intéresser: tous les bâtiments du nouveau village d'Oradour - c'est par là - sont peints en gris. En signe de deuil.
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5 juillet 1988

Cher Nicholas,

Mon Nicholas chéri, mon amour, mon seul et unique amour. Je t’ai dit un jour que les mots me manquaient – et pas seulement parce que l’anglais n’est pas ma langue maternelle, ce que tu ne sais pas vraiment, si ? –, que les mots me manquaient, donc, pour te dire combien je t’aime. Il est dix heures du soir, tu viens de me quitter pour regagner ta garçonnière et je me sens seule, perdue. Pourquoi m’as-tu fait ça ? Tu aurais pu rester jusqu’à demain matin, non ? Est-ce par peur de me faire violence ? Pourquoi cette attitude ? Pourquoi faut-il que tu t’en ailles ?

Chaque fois que tu me quittes ainsi, j’ai l’impression que je vais mourir, et, parce que j’ai cette impression, j’ai décidé de t’écrire comme si j’allais mourir. Je sens encore la trace de tes mains sur mes épaules, je sens encore ta hanche osseuse contre la mienne (tu vois, j’ai fini par admettre que tu es de ce que tu appelles « la race des lévriers » et que je n’ai aucune chance de réussir à t’engraisser). Comment un homme aussi passionné que toi pendant l’acte d’amour peut-il ensuite redevenir aussi distant, aussi lointain ? Par qui – ou par quoi – as-tu été blessé ? Quand et comment ? Cette façon que tu as de chasser cette longue mèche de ton front me donne envie de me jeter à ton cou, de te couvrir de baisers et de te serrer dans mes bras. Mais jamais tu ne tolérerais une telle spontanéité, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas ton ennemie, je n’ai ni la volonté ni le désir de devenir une étrangère pour toi. Lorsque tu me quittes aussi froidement que tu viens de le faire, alors que je suis encore tout inondée de toi, de ta sueur, de la mienne et du reste, je sens l’enfant qui est en toi à la façon dont tu rentres le cou dans les épaules en traversant le seuil – la façon dont tu me fuis, maudit homme ! Je ne crois pas que ce soit notre différence d’âge (j’y reviendrai tout à l’heure) qui te rende aussi vulnérable. Car tu l’es, vulnérable, profondément – mais tu l’ignores, n’est-ce pas, toi qui affrontes fièrement le monde, les promoteurs, les politiciens, les urbanistes, toi qui fréquentes les pages des magazines et les rêves des puissants ?
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Mon amour, ma Madeleine adorée… mais quelle malhonnêteté de ma part de l’appeler « mon amour » après sa mort – si je l’avais fait, ne fût-ce qu’une fois de son vivant, peut-être serait-elle toujours là. Concrètement, j’aurais pu être à ses côtés la nuit du crime. Et de façon plus intangible, peut-être aurait-elle été protégée par notre décision de former un couple, une décision que je n’avais pas prise, que j’étais incapable de prendre.
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APRÈS SA MORT, J’AVAIS DÉCOUVERT la cause de sa discrétion : Madeleine était une enfant de l’Holocauste. Je ne m’en étais jamais douté. Je ne voyais (par le prisme de mon indifférence) qu’une créature à la fois volcanique et glaciale, ombrageuse, secrète, passionnée et prête à tout. Que connaissions--nous de cette réalité-là dans notre silencieuse campagne du Herefordshire, nous qui avions toujours eu le choix ? Bien sûr, j’avais entendu dans un documentaire un des libérateurs de Bergen-Belsen déclarer d’un ton monocorde : « Ç’a été le pire jour de ma vie. » Devais-je pour autant me sentir personnellement concerné ? Non, non et non. Rien à voir avec moi, les gars, la guerre était finie depuis presque dix ans quand je suis né.
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– Tu ne m’aimes pas ! Tu ne m’aimes pas !
– C’est difficile d’aimer une femme qui ne veut rien dire de son passé ni de sa vie. Ni de sa famille.
La question des origines avait fini par dresser une barrière entre nous.
– D’où viens-tu, Madeleine ?
– De quelque part en Europe, esquivait-elle, de Hollande ou d’Allemagne, par là.
Et ce alors qu’elle adorait m’entendre parler de mes racines et de ma famille, de la campagne, de la rivière qui bordait la ferme de mon enfance, du Herefordshire et des collines de Malvern.
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Ils avaient eu un moment de panique, je finirais par l’apprendre, en me voyant reconnaître si évidemment la statuette. Des circonstances ayant entouré sa disparition, ces deux-là savaient tout. Et un coup de téléphone leur confirma peu après mon rôle dans la vie de Madeleine.
Il me fallut plus d’un an, une année de terreur et de barbarie, pour tout comprendre. Je continue à me demander si j’aurais pu stopper net cet horrible cirque dès le premier soir, à Zoug. J’étais déjà en état d’alerte, l’esprit plein de questions. Que savaient-ils ? Où s’étaient-ils procurés la statuette ? Qui étaient-ils ? Que devais-je faire ? Réponses : aucune.
J’étudiai longuement le cliché. Pas de doute, c’était bien la tour Eiffel en améthyste à laquelle Madeleine tenait si fort, dont elle ne voulait jamais me parler mais que je l’avais vue serrer contre son cœur après une de nos plus cinglantes disputes.
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Je suis un tantinet voyeur. Je regarde par les fenêtres dès que j’en ai l’occasion, et la vision des affaires d’autrui m’exci-te – presque sexuellement. J’écoute aux portes, je passe en revue tout ce qui traîne sur les bureaux et, même si ce n’est pas vraiment à mon honneur, je suis capable de lire le courrier et les journaux intimes. J’ouvre les placards des salles de bains, j’ai même envisagé un temps de m’acheter du matériel d’écoute. Et j’ai toujours rêvé qu’on me passe commande d’une maison truffée de miroirs sans tain. En visitant la suite des Ikar, malgré mes larmes de douleur et la peur qui me tordait les boyaux, je ressentis une sorte de jubilation. Les robes et en-sembles de Mme Ikar étaient suspendus à deux longues tringl-es – je reconnus la jupe noire à panneaux rouges. Les tiroirs débordaient de soyeux dessous crème et noirs ; un bataillon d’escarpins attendait au garde-à-vous sur le parquet sombre du dressing.
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Pensées recuites et remords minables : à aucun moment je n’avais su prendre aisément Madeleine dans mes bras, ni la toucher avec assez de tendresse, et je savais bien que c’était ma faute, que ç’avait toujours été ma faute. Quand nous marchions, c’était systématiquement elle qui devait passer son bras sous le mien, m’attirer plus près ; jamais je n’en prenais l’initiative. Sauf quand je voulais la posséder, affirmer mon pouvoir sexuel.
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Rien ne se passa cette nuit-là. Sinon que je dormis tout au plus une heure ou deux, et encore d’un sommeil troublé, grouillant d’images fugaces dont je ne me souvenais plus le matin. Sinon que je fus pris d’une violente diarrhée, que je tentai comme d’habitude de mettre sur le compte de mon alimentation. Sinon que je me relevai en pleine nuit pour aller à la fenêtre, bouleversé et en nage, d’où je vis les derniers souffles du vent nocturne froisser le lac tout là-bas, du côté de l’ondoyant collier d’ambre des réverbères. Était-elle revenue ? N’était-ce pas la silhouette de Madeleine que je devinais dans l’ombre, au bord des marches descendant jusqu’à l’eau ? Je secouai la tête – moi, l’architecte que le prince de Galles portait aux nues, victime d’un mirage par une venteuse nuit suisse ?
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Pourquoi ? Pourquoi ce silence ?
La sidération, sans doute, ou une peur intuitive. Peut-être eus-je un instant, dans ma vanité, l’impression que les dieux s’étaient trompés de sphère céleste. Mais toutes les voix de ma bande-son intérieure se firent entendre à l’unisson, signe indéniable de danger. Toutes me disaient : « C’est une coïncidence. Une coïncidence. Une coïncidence. » Avec d’autant plus de véhémence que je ne crois pas aux coïncidences. Elles n’ont aucune place dans mes plans. Ni sur les chantiers. Et pourtant – c’est dire la profondeur de mon clivage intérieur – je refusais avec plus de force encore de croire au destin. Aussi décidai-je pour finir de transiger, en choisissant la coïncidence plutôt que le destin. Et comme toujours à l’époque, j’eus à la fois raison et tort.
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LES IKAR ME VIRENT RÉAGIR à la photographie de la tour Eiffel disparue. Sans se consulter, tous deux me dévisagèrent avec une lueur électrique dans le regard. Ce n’était qu’une impression à l’époque ; c’est aujourd’hui une certitude. Lui se fit suave et distant alors que je sentis plutôt, chez elle, une bouffée de sympathie. Je restai muet.
Pourquoi ? Pourquoi ce silence ?
La sidération, sans doute, ou une peur intuitive.
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Madeleine possède, euh, possédait… un bijou de grande valeur, non, plutôt une statuette. Très précieuse pour elle. Vous voyez de quoi je parle ?
Pendant des mois et des mois, il me suffirait de prononcer son prénom pour que ma bouche devienne sèche.
– Pas de vol d’argent, me rappela l’inspecteur.
– Non.
– Ni de bijoux. Ni de rien d’autre, en fait.
– Mais tout de même, cet objet, est-ce que vous l’avez vu ? Haut d’une trentaine de centimètres. Très joli, une miniature. Vous voyez ce que je veux dire ?
– Oui. Une miniature. Je vois. Une miniature.
– Une statuette.
– Une tour Eiffel ? lança un homme de loin.
– De cette taille-là, répondis-je en plaçant une main au-dessus de l’autre.
– En quoi ? En or ?
– Vous connaissez l’améthyste ?
– C’est de quelle couleur, ça ? Bleu ?
– Non, répondis-je. Plutôt violet, tirant sur le lavande.
– Ah, ouais ! La pierre de guérison. Ma mère en portait une au doigt.
– La pierre de guérison ?
Madeleine n’avait jamais rien mentionné de tel.
L’inspecteur principal parcourut sa liste.
– Non. Pas là, conclut-il. Pas là du tout.
Et il avait raison. Sauf qu’elle était maintenant ici, entre mes mains – sur une photo que je tenais dans le salon de cet hôtel où ils changent vos draps chaque fois que vous faites la sieste, et je la faisais tous les après-midi parce que, trois ans après le drame, entre mon cerveau sous le choc et mes intestins en perpétuelle éruption, je restais incapable de dormir une nuit complète.
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On n’avait pris ni son argent, ni ses cartes de crédit, ni ses bijoux, juste une petite tour Eiffel en améthyste. Elle m’avait dit plus d’une fois que cette tour Eiffel avait été taillée spécialement pour elle et qu’elle y était passionnément attachée, comme à un héritage sacré ; je l’avais encore vue la tenir entre ses mains à la façon d’un calice la veille de sa mort.
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