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Citations de Frans Masereel (23)


De l’encre de Chine au bois gravé, par Martin de Halleux – Frans Masereel dessine à l’encre de Chine l’ensemble de Mon livre d’heures, avant de le graver sur bois et les gravures sont particulièrement fidèles aux dessins préparatoires. Frans Masereel travaille sur du poirier très dur et séché pendant plusieurs années. Il se sert de blocs d’une épaisseur d’environ 23 millimètres qui permettent aux gravures d’être tirées aussi bien sur une presse mécanique que sur une presse à bras. Généralement, Masereel grave ses bocs des deux côtés. Dans un premier temps, il noircit entièrement la face à travailler, puis dessine un tracé blanc plus ou moins précis selon la complexité de la composition. Enfin, à l’aide d’un burin, d’une gouge, d’un couteau ou de petits instruments de métal, il commence son travail. Le dessin est l’image inversée de l’imprimé et Masereel vérifie continuellement son travail à l’ide d’un miroir. Il passe ensuite un rouleau encreur qui entre en contact avec la surface initiale du bloc pour y déposer une couche d’encre typographique. L’impression se fait alors sous presse à plat ou au tampon.
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Préface. Tout n’est pas blanc ni tout noir. Et pourtant si, quand on regarde un dessin de Frans Masereel. Et pourtant non, pas tout à fait. Les noirs ne sont pas tous les mêmes, les blancs non plus. Certains sont loin, au fond d’une perspective labyrinthique, d’autres sont au premier plan à deux millimètres de mon regard étonné, ravi, subjugué. Comment fait-il pour détacher ce poteau aussi noir que le ciel sombre qui l’entoure et avec lequel il se confond à certains endroits ? Ce sont deux petits traits blancs sur chacun des flancs du poteau qui font l’affaire. Comment se fait-il que le noir du poteau soit dur, dense, solide, et le noir du ciel, vide, creux, alors que c’est le même noir ? C’est un noir différent. Moins noir ou plus noir, Masereel utilise toutes les valeurs du noir alors que c’est impossible, noir c’est noir normalement. Et c’est pareil avec les blancs. Le chaos des immeubles, la foule qui ondule à ses pieds, un éclair dans le ciel, le dessin de Masereel es une symphonie de blancs et de noirs tous différents qui racontent la violence de cette ville, de notre monde, de nos désirs, ainsi que la fragilité de nos chairs et nos espoirs.
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Fiat lux. Si le style de Masereel est toujours identifiable tout au long de ces quatre-vingt-trois gravures sur bois – un contraste entre le noir et le blanc aussi tranché que le propos est tranchant -, quelque chose a changé dans la composition de ce sixième roman en images. Ce que confirmera l’auteur à Pierre Vorms : […] je pense que Idée représente également une réussite technique, […] pour la première j’ai commencé à réunir dans un même bois, en une seule image différents personnages, différentes situations et même des idées différentes. Oui, je crois que c’est dans Idée que j’ai commencé à pratiquer un certain simultanéisme. Par la suite, c’est surtout dans mes grandes planches que j’ai développé ce simultanéisme, mais Idée a été à l’origine d’une conception qui m’a souvent permis de m’exprimer (certains diront peut-être d’une manière littéraire, bien que je la croie plastiquement toujours valable). – Samuel Dégardin
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Transport critique. Sortie simultanément en France aux éditions Albert Morancé et en Allemagne chez Kurt Wolff Verlag à l’automne 1925, La Ville suscite des critiques enthousiastes. La publication reste confidentielle – à peine plus de deux-cent-cinquante exemplaires des deux côtés du Rhin – ce qui n’empêche pas le livre de devenir aussitôt un classique. […] Samuel Dégardin
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Semer à tout vent. Fort d’un tirage à quatre mille exemplaires, rapidement épuisés, Die Idée est réimprimé l’année suivante à cinq mille exemplaires – ce qui leur assurera en Allemagne, une certaine audience. L’arrivée au pouvoir par les urnes des nationaux-socialistes en 1933 y mettra fin, livrant aux flammes d’un autodafé prophétique les livres d’un Masereel qui ne cachait pas son aversion pour les idées en chemises brunes. – Samuel Dégardin
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Les gravures sur bois de ce nouveau roman en images ne le cèdent en rien à la radicalité stylistique du précédent opus. On peut juste faire remarquer que la facture des bois, plus incisive, et la narration, moins elliptique, confèrent à l’ensemble une plus pleine unité. Le roman d’apprentissage fait place ici à un propos plus ténu mais néanmoins universel : une allégorie diffuse d’une précision horlogère, pour ne pas dire suisse, qui renvoie aux scènes burlesques de l’imagerie populaire flamande. – Extrait de la postface de Samuel Dégardin
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Pacifiste, mais redoutable, Romain Rolland fait part à Masereel de ses premières impressions par voie postale : Idée est, de beaucoup, la mieux composée de toutes vos histoires sans paroles – l’invention la plus originale et la plus vivante ; - et, de plus, (ce qui m’est particulièrement sensible), vous y réalisez de la beauté – (ce dont, soit dit entre nous, vous faites trop souvent bon marché, en faveur de l’expression). – Samuel Dégardin
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En 1919, à Genève, Masereel publie Mon livre d’heures, à compte d’auteur. Cette première édition comporte 212 exemplaires. Une souscription et une avance de l’imprimeur sont néanmoins nécessaires pour que le livre paraisse. Cent et un ans après la première édition voici Mon livre d’heures, complété par de rares dessins préparatoires. Un chef d’œuvre du récit en images à glisser dans toutes les bibliothèques, flattées et ravies d’une si belle attention.
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La malice dans les détails… Les gravures de Frans Masereel prête à la déambulation du regard. Les recoins y sont nombreux où nous pouvons nous égarer, et nos yeux s’écarquiller de surprise ou se plisser de délectation, face à la découverte d’un détail malicieux… Parmi ces détails, il y a dans Mon livre d’heures, cet œil au centre d’un triangle que l’on retrouve, minuscule, dans deux scènes de café (en page 66 et 69). Longtemps ce petit élément graphique a attisé ma curiosité, d’autant qu’on le retrouve également dans d’autres gravures comme L’estaminet, publié dans Souvenir de mon pays, où il est agrémenté d’un texte en flamand : Got ziet ons. Hier vloekt men niet (Dieu nous regarde. Ici, on ne jure pas). À vrai dire, je n’ai vraiment compris sa signification que le jour où j’ai eu entre les mains cet objet que dessine régulièrement Masereel : une chromolithographie affichée dans l’ombre d’un bar de Flandre. Masereel a placé dans ses scènes de cafés l’un des éléments de décors les plus récurrents que l’on pouvait trouver au XIXe siècle et au début du XXe dans les estaminets de Belgique mais aussi du nord de la France. Ce détail placé par Masereel prend alors tout son sens et devient essentiel à mes yeux. Dans les deux planches, le personnage boit (beaucoup, quatre verres et un autre arrive sur un plateau !) et danse (avec une femme, très libre pour l’époque) et ceci sans gêne aucune, malgré la réprobation silencieuse de l’œil divin dans son cadre ! avec cet élément, Frans Mazereel fait écho, pour ceux qui peuvent le comprendre, à la phrase qui vient clore son récit : Zy zullen hem niet temmen (ils ne le dompteront pas).
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Tentaculaire. En recourant aux inventions de James Watt (la machine à vapeur), Zénobe Gramme (la dynamo), Thomas Edison (l’ampoule électrique) et Étienne Lenoir (le moteur à explosion), les révolutions industrielles des XIXe et XXe siècles vont faire de la ville l’épicentre de la modernité. La croissance exponentielle des métropoles urbaines n’est donc pas due à la phobie des champs de bataille en rase campagne, mais – entre autres facteurs sociologiques – au développement des transports qui acheminent plus rapidement les masses laborieuses à l’usine. À l’heure de l’organisation scientifique du travail mise en œuvre par l’ingénieur Frederick Winslow et de la standardisation des modes de production par l’industriel Henry Ford, la ville a choisi son camp. Si la croissance de ses murs- horizontale et verticale – favorise une minorité de privilégiés (la classe dominante, bourgeoise), la foule qui s’y presse pour gagner sa vie entérine, par sa servitude volontaire, la lutte des classes. Conquête d’un capitalisme qui met au pas un prolétariat au nom d’un progrès dont elle garde l’usufruit, la ville devient très vite un motif d’étude et d’inspiration pour les écrivains, les philosophes et les artistes. […] Samuel Dégardin
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Ce que nous raconte Masereel, au-delà de ce tour de passe-passe, c’est sa recherche de l’idée, de l’idéal et de l’avènement d’un certain idéalisme, c’est-à-dire d’une forme de déréliction. Une chute. Une vraie chute circonstanciée, décrite et vécue. Une chute sans fin puisque, sous une autre forme ou dans un autre de ses récits en images, elle se reproduira invariablement dans la variété de l’expression de son travail. Une chute universelle, reproduite partagée tout au long de son œuvre. La force de Masereel, c’est de nous faire croire que l’innocence préliminaire de ses personnages n’est pas l’effet d’un artifice narratif, mais qu’elle est vraie, réelle, devenant ainsi la condition de l’apparition de son personnage et de sa recherche de la lumière. Avec lui apparaît alors le récit, de son émergence croît un idéal et de sa chute naît l’idéalisme ; ceci répété selon un arc plus ou moins long, courbe ou saillant. À cet artifice de départ, cette chimère, vient rapidement s’opposer tout le fond social, sociétal, des intentions, des mœurs, des rapports de force, dans une opposition et une forme de lutte existentielles, bestiales. – Extrait de l’introduction de Blebolex, janvier 2020, Leipzig
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Introduction de Jacques Tardi – […] Masereel met en scène, en utilisant toutes les ressources et les codes visuels nécessaires à l’évocation expressionniste de la ville bruyante, des quartiers ouvriers, des intérieurs divers, de la foule de la rue, et aussi les tourments intimes du personnage qu’il incarne. Il court, se moque, s’épuise, rit et pleure. Désespoir et colère s’expriment tour à tour. Partir à la campagne, faire du patin à glace, aller au théâtre, acheter un chou-fleur sur le marché et le faire cuire dans cuisine, boire, jouer de l’accordéon, danser, grimper au sommet du mât de cocagne, labourer un champ, participer à une réunion syndicale, s’informer s’instruire de la réalité sociale, des luttes ouvrières, ne pas être dupe, partager avec ses semblables… désillusion amoureuse, une autre femme, et la mort au bout de cette nouvelle aventure. Oublier, voyager, rentrer, boire, refuser de porter les armes, refuser la médaille, montrer son cul à un ecclésiastique et mourir au milieu des tournesols, le cœur brisé, la tête dans les étoiles !
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Vingt-quatre heures de la vie d’une ville. Sans être tout à fait un roman en images comparable à 25 images de la passion d’un homme (1918) ou Mon livre d’heures (1919), La Ville comme sujet et comme représentation n’est pas davantage une simple suite de cent bois gravés sur le thème de la vie moderne. La narration, plus elliptique que jamais, privilégie la multiplicité des points de vue. L’espace d’une journée, Masereel nous livre une vision cinématique et kaléidoscopique mêlée. Débarrassée du symbolisme d’Histoires sans paroles (1920) et du simultanéise d’Idée (1920), La ville offre une synthèse remarquable de l’œuvre au noir de son auteur. […] Samuel Dégardin
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Premier film d’animation expérimental destiné à un public adulte, L’Idée bénéficie d’une bande-son orchestrée par les ondes musicales Martenot d’Arthur Honegger. Considéré avant même sa sortie sur les écrans comme un poème vivant, humain de douleur et de révolte, le film reçoit des premières projections u accueil enthousiaste. Programmée quatre fois par jour à partir de novembre 1935 au Studio Raspail, L’Idée de Bartosch fera ainsi vibrer l’Idée de Masereel 24 fois par seconde en 35 millimètres, pendant 30 minutes – le temps pour elle de naître, de vivre et de mourir. – Samuel Dégardin.
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Donner suite. En ce début d’année 1920, Frans Masereel ne semble toujours pas connaître la paix. Partageant son temps suisse pour livrer des dessins satiriques au journal pacifiste La Feuille, et des illustrations aux Éditions du Sablier, il se consacre également à l’écriture de tomans en images. Pour ces derniers, pas de stylo à pompe ou de machine à écrire sur sa table de travail, mais quelques gouges affutées pour entamer ces petits blocs en bois de poirier qui, une fois encrés et passés dans une presse, donneront vie à un récit xylographique. Ce n’est pas la première fois que le graveur belge fait de la littérature à coup de burin. – Samuel Dégardin
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Extrait de la préface de Lola Lafon – Si Idée questionne la place des mots par leur absence, raconter reste une affaire de langue et celle de Masereel est acérée, qui met en images un monde conjugué au masculin pluriel. Vêtus de costumes noirs, les sourcils froncés, ils font corps, une foule d’inquiets hargneux face à celle qui est nue. L’est-elle car elle vient de naître, l’Idée, ou use-t-elle de sa nudité comme d’un texte, d’une revendication ? […] Préfacer un roman sans mots tout sauf muet n’est qu’un paradoxe de plus dans l’histoire de cette Idée qui emprunte un langage ancestral – la gravure sur bois – pour innover et tracer les prémices du roman graphique ; des pochoirs de sa silhouette ornaient les trottoirs de Paris lors d’une récente marche de nuit féministe : l’Idée n’a toujours pas dit son dernier mot…
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La première édition d’Idée de Frans Masereel, sous le titre : Idée, sa naissance, sa vie, a été publiée en 1920 aux éditions Ollendorff à Paris. Son tirage confidentiel se limitait alors à 853 exemplaires. Après des années d’oubli, cette nouvelle édition vient remettre dans toutes les bonnes bibliothèques ce chef-d’œuvre du récit en images, précurseur du roman graphique contemporain.
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Au lendemain de la première guerre mondiale, alors qu’il semblait avoir déserté un ciel plombé par d’incessants orages d’acier, le soleil brille de nouveau dans les œuvres d’artistes à jamais marqués par une guerre des tranchées qui avait quelque peu fait pâlir ses couleurs. Otto Panhok amorce ainsi en 1919 un cycle de gravures sur le soleil dans une veine expressionniste (Sonne), tandis que George Grosz et Otto Dix le représentant tourmenté, tel un soleil de nuit éclairant une humanité hagarde. Au printemps 1919, Masereel ouvre à son tour les fenêtres de son atelier pour laisser passer la lumière et réaliser les soixante-trois gravures sur bois de son nouveau roman en images : Le soleil. – Extrait de la postface de Samuel Dégardin
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Aujourd’hui, je suis toujours autant impressionné par les images de Frans Masereel, mais aussi par la manière dont il arrive à raconter des histoires. Dans 25 images de la passion d’un homme, Masereel raconte quelque chose de très intense, c’est une passion, c’est un film noir. Dès le début, on sait que ça va mal se passer, les images se succèdent comme des coups de poing. Le jeune homme est attrapé et, dès la page suivante, claque le dessin de cachot, sans transition. Pas de trajet dans un fourgon, pas de procès, pas de supplique. Rien que le noir de la cellule à peine évoqué par quelques traits blancs sur la page. Masereel est aussi sobre et radical dans son récit que dans son dessin. – Thomas Ott
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En 1919, à Genève, Frans Masereel publie Le soleil aux éditions du Sablier. Cette première édition comporte 451 exemplaires. 62 gravures agrémentées d’un autoportrait en frontispice. Cent et un ans après la première édition, voici Le soleil. Chef-d’œuvre du maître du roman sans paroles à réserver dans les meilleures places de nos bibliothèques exigeantes.
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