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Citations de Frantz Fanon (154)


Au niveau des individus, on assiste à une véritable négation du bon
sens. Alors que le colon ou le policier peuvent, à longueur de journée,
frapper le colonisé, l'insulter, le faire mettre à genoux, on verra le
colonisé sortir son couteau au moindre regard hostile ou agressif d'un
autre colonisé. Car la dernière ressource du colonisé est de défendre
sa personnalité face à son congénère. Les luttes tribales ne font que
perpétuer de vieilles rancunes enfoncées dans les mémoires. En se lançant à muscles perdus dans ses vengeances, le colonisé tente de se
persuader que le colonialisme n'existe pas, que tout se passe comme
avant, que l'histoire continue. Nous saisissons là en pleine clarté, au
niveau des collectivités, ces fameuses conduites d'évitement, comme
si la plongée dans ce sang fraternel permettait de ne pas voir l'obstacle, de renvoyer à plus tard l'option pourtant inévitable, celle qui débouche sur la lutte armée contre le colonialisme
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Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence.
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L’estropié de la guerre du Pacifique dit à son frère: "accommode toi de ta couleur comme moi de mon moignon; nous sommes tous les deux des accidentés". Pourtant, de tout mon être, je refuse cette amputation. Je me sens une âme aussi vaste que le monde, véritablement une âme profonde comme la plus profonde des rivières, ma poitrine a une puissance d'expansion infinie. Je suis don et l'on me conseille l'humilité de l'infirme... Hier, en ouvrant les yeux sur le monde, je vis le ciel de part en part se révulser. Je voulus me lever, mais le silence éviscéré reflua vers moi, ses ailes paralysées. Irresponsable, à cheval entre le néant et l'Infini, je me mis à pleurer.
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Frantz Fanon
"Dans le monde où je m'achemine, je me crée interminablement".

Frantz Fanon
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Européens, ouvrez ce livre, entrez-y. Après quelques pas dans la nuit vous verrez des étrangers réunis autour d'un feu, approchez, écoutez : ils discutent du sort qu'ils réservent à vos comptoirs, aux mercenaires qui les défendent. Ils vous verront peut-être, mais ils continueront de parler entre eux, sans même baisser la voix. Cette indifférence frappe au cœur : les pères, créatures de l'ombre, vos créatures, c'étaient des âmes mortes, vous leur dispensiez la lumière, ils ne s'adressaient qu'à vous, et vous ne preniez pas la peine de répondre à ces zombies. Les fils vous ignorent : un feu les éclaire et les réchauffe, qui n'est pas le vôtre. Vous, à distance respectueuse, vous vous sentirez furtifs, nocturnes, transis : chacun son tour ; dans ces ténèbres d'où va surgir une autre aurore, les zombies, c'est vous.

Jean-Paul SARTRE
Préface , p. 13
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L’immobilité à laquelle est condamné le colonisé ne peut être remise en question que si le colonisé décide de mettre un terme à l'histoire de la colonisation, à l'histoire du pillage, pour faire exister l'histoire de la nation, l'histoire de la décolonisation.
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Tout peuple colonisé – c’est-à-dire tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d’infériorité, du fait de la mise au tombeau de l’originalité culturelle locale – se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice, c’est-à-dire de la culture métropolitaine. 
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Il n'y a pas de mission nègre ; il n'y a pas de fardeau blanc.

Je me découvre un jour dans un monde où les choses font mal ; un monde où l'on me réclame de me battre ; un monde où il est toujours question d'anéantissement ou de victoire.

Je me découvre, moi homme, dans un monde où les mots se frangent de silence ; dans un monde où l'autre, interminablement, se durcit.

Non, je n'ai pas le droit de venir et de crier ma haine au Blanc. Je n'ai pas le devoir de murmurer ma reconnaissance au Blanc.

Il y a ma vie prise au lasso de l'existence. Il y a ma liberté qui me renvoie à moi-même. Non, je n'ai pas le droit d'être un Noir.

Je n'ai pas le devoir d'être ceci ou cela...

Si le Blanc me conteste mon humanité, je lui montre rai, en faisant peser sur sa vie tout mon poids d'homme, que je ne suis pas ce « Y a bon banania » qu'il persiste à imaginer.

Je me découvre un jour dans le monde et je me reconnais un seul droit : celui d'exiger de l'autre un comportement humain, un seul devoir. Celui de ne pas renier ma liberté au travers de mes choix.

Je ne veux pas être la victime de la Ruse d'un monde noir.

Ma vie ne doit pas être consacrée à faire le bilan des valeurs nègres.

Il n'y a pas de monde blanc, il n'y a pas d'éthique blanche, pas davantage d'intelligence blanche.

Il y a de part et d'autre du monde des hommes qui cherchent.

Je ne suis pas prisonnier de l'Histoire. Je ne dois pas y chercher le sens de ma destinée.

Je dois me rappeler à tout instant que le véritable saut consiste à introduire l'invention dans l'existence.

Dans le monde où je m'achemine, je me crée interminablement.

Je suis solidaire de l'Etre dans la mesure où je le dépasse. (pp. 185-186)
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La bourgeoisie occidentale, quoique fondamentalement raciste, parvient le plus souvent à masquer ce racisme en multipliant les nuances, ce qui lui permet de conserver intacte sa proclamation de l'éminente dignité humaine.
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Frantz Fanon
Les nations européennes se vautrent dans l'opulence la plus ostentatoire.Cette opulence européenne est littéralement scandaleuse car elle a été bâtie sur le dos des esclaves,elle s'est nourrie du sang des esclaves,elle vient en droite ligne du sol et du sous-sol de ce monde sous-développé.Le bien-être et le progrès de l'Europe ont été bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres,des Arabes,des Indiens et des Jaunes.Cela nous décidons de ne plus l'oublier.
[Les Damnés de la Terre,1961]
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Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre.(...) Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. […] Ce n’est pas le monde noir qui me dicte ma conduite. Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques.
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On parle beaucoup, depuis quelque temps, de l'autocritique : mais
sait-on que c'est d'abord une institution africaine ? Que ce soit dans
les djemaas d'Afrique du Nord ou dans les réunions d'Afrique occidentale, la tradition veut que les conflits qui éclatent dans un village soient débattus en public. Autocritique en commun bien sûr, avec cependant une note d'humour parce que tout le monde est détendu, parce que nous voulons tous en dernier ressort les mêmes choses.
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"Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve [...]
C'est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c'est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d'existence idéale d'un monde humain
Supériorité ? Infériorité ?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l'autre, de sentir l'autre, de me révéler l'autre ? [...]
Mon ultime prière :
Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui s'interroge !
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Doctrinalement ils proclament la nécessité impérieuse de nationaliser le vol de la nation.
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0 mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge!
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Frantz Fanon
La conscience de soi n'est pas fermeture à la communication. La réflexion philosophique nous enseigne au contraire qu'elle en est la garantie. La conscience nationale, qui n'est pas le nationalisme, est la seule à nous donner une dimension internationale
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Monde compartimenté, manichéiste, immobile, monde de statues : la
statue du général qui a fait la conquête, la statue de l'ingénieur qui a
construit le pont. Monde sûr de lui, écrasant de ses pierres les échines
écorchées par le fouet. Voilà le monde colonial. L’indigène est un être
parqué, l'apartheid n'est qu'une modalité de la compartimentation du
monde colonial. La première chose que l'indigène apprend, c'est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites.
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Ce que nous voulons,c'est aider le Noir à se libérer de l'arsenal complexuel qui a germé au sein de la situation coloniale.
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politiser c'est ouvrir l'esprit, c'est éveiller l'esprit, mettre au monde l'esprit. C.est comme le disait Césaire: «inventer des âmes». Politiser les masses ce n'est pas. ce ne peut pas être faire un discours politique. C'est s'acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d'elles, que si nous stagnons c'est de leur faute et que si nous avançons , c'est aussi de leur faute...
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Le colonisé réussit également, par l'intermédiaire de la religion, à ne pas tenir compte du colon. Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l'oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte
ainsi la dissolution décidée par Dieu, s'aplatit devant le colon et devant
le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre
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