Cher Béru, comme l’existence est réelle pour lui ! Comme elle est solide pour cet homme dépourvu de toute angoisse métaphysique !
Pas étonnant qu’ils veulent s’expanser, les Chinetocks, s’ils ont que la mer de sable d’Ermenonville en guise de potager !
Nous partons. La voiture tangote sur les cailloux. A perte de vue ce n’est que caillasse et encore caillasse.
Béru lève les yeux et fait de l’œil à la lune.
- C’est poilant, dit-il, j’ai l’impression qu’on se baguenaude sur la lune et que c’est la terre qu’on voit briller tout là-haut !
Il y a des relents de « Marseillaise » dans le gaz carbonique qu’il expulse. Son œil bleu et blanc se cerne de rouge.
Quand j’ai rentré à la cabane j’avais le cerveau comme un gros chou-fleur et je causais en pointillés. Je m’ai zonné avec la menteuse collée au plafond de ma bouche. Je continuais de voir l’avenir en gevacolor. Seulement, le lendemain, lorsque je m’ai réveillé, bien ramoné des cellules, l’hideuse réalité m’est apparue. J’ai compris que j’avais trop tartariné. Que j’allais filer droit à l’abattoir, moi aussi. Car enfin, qu’est-ce que tu veux que j’aille branler en Chine vu que je cause pas le chinetock et que, même si j’aurais la jaunisse et une cirrhose, je pourrais jamais passer pour un gars de là-bas !
Les gens finissent toujours par se soumettre aux circonstances ; c'est de la folie que d'accorder de l'importance à leurs opinions.
Ce sont les amis d'enfance qui deviennent les ennemis les plus acharnés de l'âge mûr.
Presque tous les crimes sont motivés par la violence, l'amour, la haine, la jalousie, la cupidité.
Les gens surveillent davantage leurs biens que leur vie.