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Critiques de Frédérique Aït-Touati (8)
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Le cri de Gaïa

Le cri de Gaïa, c'est un peu comme le cri de Dana, c'est un livre qui s'adresse à la tribu des latouriens ; mais contrairement à celle de la vieille chanson, elle n'est pas en voie de disparition, pas du tout, au contraire, à lire ces nombreuses et très variées contributions autour du penseur, on se dit que ses écrits ont de beaux jours devant eux.

Frédérique Aït Touati, Baptiste Morizot, Philippe Descola pour ne citer qu'eux, un peu plus en avant éditorialement en ce moment, prouvent à quel point la pensée latourienne est féconde d’interprétations, de filiations, de débats, d'invention.

Ce livre n'est donc en rien un résumé ou un hommage aux idées de Bruno Latour. C'est une compilation d'article autour de ses concepts et expérimentations. Vu la diversité de la chose, les articles sont assez hétérogènes, allant d'une exégèse d'Eschyle et Hésiode à un manuel d'action politique en passant par une rétrospective philosophique de l'approche de la nature.

Tout est très intéressant, à des niveaux divers et pour des raisons à chaque fois très différentes, mais globalement les articles mêmes pointus se lisent bien et s'enchaînent assez fluidement, même pour un non initié aux idées de Margulis, Lovelock, Serres et Latour lui même !

On en apprend finalement assez peu sur ce dernier, qui m'intéressait, et dont je devrait lire les livres pour en apprendre plus.

Ces interventions, pour pertinentes qu'elles soient, ne permettent pas de cerner l'idée latourienne, ce que je voulais en achetant ce livre plutôt que directement un de ceux publiés par Bruno Latour.

Et donc, échec, même si cela m'a plu, intéressé, et instruit. Peut être, rétrospectivement, après avoir lu quelques véritables livres du penseur, ces éclairages me permettront-ils d'avancer un peu plus encore.



Cela me rappelle que pour Serres, j'avais justement commencé par lire ses éclairages, trouvés d'occasion, avant de me lancer dans ses livres à proprement parler... est-ce une constante chez moi ?
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Contes de la Lune : Essai sur la fiction et..

Frédérique Aït-Touati analyse le lien entre science et fiction aux origines de la science moderne, aspect peu étudié de l'histoire des sciences et celle de la littérature, et notamment comment la fiction a pu se constituer comme oeuvre scientifique.

Science et fiction ne cohabitent pas, l'une étant rationnelle et l'autre imaginaire, onirique, se permettant tous les irrationnels. L'auteur démontre le contraire : la fiction est venue supporter la science en renforçant la crédibilité de la nouvelle vision du monde que la science propose. Les fictions ont souvent permis aux scientifiques de rallier l'opinion en racontant, sur le mode littéraire, le nouveau discours de la science, et notamment celui de l'astronomie en pleine révolution.

Par extension, on se permettra de poser de problème de la dimension fictionnelle de la science…


Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Terra Forma: Manuel de cartographies potent..

Un formidable exercice à trois voix de géographie alternative, conceptuelle et visuelle, pour inventer une nouvelle manière de cartographier le monde, mobile et vivant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/10/note-de-lecture-terra-forma-frederique-ait-touati-alexandra-arenes-axelle-gregoire/



Pour ce magnifique ouvrage finement et abondamment illustré, publié en 2019 aux éditions B42 (dont la passionnante aventure en matière d’urbanisme et d’architecture politiques nous enchante depuis de nombreuses années – souvenons-nous par exemple de leur magnifique « Lieux infinis – Construire des bâtiments ou des lieux ? » de 2018), la philosophe Frédérique Aït-Touati (qui se définit aussi, logiquement, comme historienne des sciences – on songera à son si précieux « Contes de la Lune – Essai sur la fiction et la science modernes » de 2011, par exemple – et comme metteure en scène de théâtre – on vous parlera prochainement sur ce même blog de sa « Trilogie terrestre » créée avec le si regretté Bruno Latour) a collaboré avec deux architectes dédiées au paysage et à la stratégie territoriale, Alexandra Arènes et Axelle Grégoire. Comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage (« Manuel de cartographies potentielles »), elles sont ici « réunies autour d’une fascination commune pour la capacité des cartes à déployer des mondes », pour nous proposer une intense réflexion et un défrichage conceptuel, visuel (naturellement) et technique autour des possibilités désormais offertes, à qui voudrait enfin les saisir, de penser autrement nos cartographies d’un monde qui ne soit plus figé et offert au mieux capitalisé, mais mobile, vivant et radicalement soucieux d’altérité.



Portées par le souffle des mutations de la cartographie, pas tant dans la technologie, finalement, que dans l’esprit et la substance (toujours plus systémique), il s’agit bien pour elles de porter les indispensables changements de référentiels et de systèmes de mesures. « C’est le point de vue qui terraforme les localités du globe, mais il ne le fait pas seul » : en passant minutieusement en revue (par une saisissante interaction du texte et du dessin) ces mutations en cours pouvant être étendues et généralisées, mobilisant aussi bien les travaux des géographes de métier, bien entendu, que ceux, plus hybrides et transversaux, d’Anna Tsing, de Donna Haraway ou de Francesco Careri, parmi bien d’autres, elles ouvrent aussi (ce qui ne nous surprend pas et nous réjouit) des espaces d’interaction avec la poésie et avec la fiction. « De la peau au territoire-monde, la carte est accompagnée d’une série de coupes qui établissent des liens directs et transversaux entre la physiologie biologique et la physiologie du territoire » : Philippe Vasset (avec son « Livre blanc » comme avec sa « Conjuration ») est fort logiquement directement cité, mais on pourrait aisément capter en filigrane les présences de Gary Snyder et de ses bassins versants (« Le sens des lieux »), d’Emmanuel Ruben et de ses frontières archipélagiques (avec « Sous les serpents du ciel » comme avec « Terminus Schengen »), d’Albert Sanchez Piñol et de ses frontières pyrénéennes à la brume fantasmagorique (« Fungus – Le roi des Pyrénées »), de Catherine Leroux et de ses espaces fluvio-sylvestres réinventés dans les friches et les déchetteries (« L’avenir »), de luvan et de ses « Splines » ultra-mémorielles, voire de Malvina Majoux et de ses taupes anarchisantes (on trouvera en effet ici, entre autres merveilles, un « synopsis de la création d’un paysage entre un agent commercial, une taupe et un micro-organisme »). On trouvera aussi, sous forme de cas d’école particulièrement savoureux d’une médication obsolète, la « ventouse », ou « mise sous cloche d’un territoire pour exploitation des ressources », et c’est ainsi que les trois autrices, avec rigueur et imagination, rendent aussi un formidable et paradoxal hommage à Yves Lacoste, en démontrant avec éclat que la géographie peut ne pas d’abord servir à faire la guerre (économique ou non).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Contes de la Lune : Essai sur la fiction et..

En analysant de près le recours à la littérature par les scientifiques du XVIIème siècle, une passionnante exploration du lien puissant, trop négligé, entre productions de fiction et avancées de science.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/10/note-de-lecture-contes-de-la-lune-essai-sur-la-fiction-et-la-science-modernes-frederique-ait-touati/



C’est en 2011, dans la collection NRF Essais de Gallimard, que Frédérique Aït-Touati, historienne de la littérature et des sciences modernes, initialement spécialiste du XVIIe siècle, chercheuse au CNRS et à l’EHESS – on vous parlera aussi prochainement sur ce blog de son passionnant « Terra Forma – Manuel de cartographies potentielles » de 2019 -, nous offrait ce superbe essai, questionnant de très près le lien entre la création littéraire de fiction et la science dans son développement historique. En s’appuyant sur des textes majoritairement scientifiques ou majoritairement littéraires, et souvent volontiers paradoxaux, tels que « Discussion avec le Messager céleste » (Kepler, 1610), « Astronomie nouvelle » (Kepler, 1609), « Le Songe ou l’Astronomie lunaire » (Kepler, écrit en 1608 mais publié de façon posthume en 1634), « Instauratio Magna » (Francis Bacon, 1620), « Discours sur un nouveau monde et une nouvelle planète » (John Wilkins, 1638), « Micrographie » (Robert Hooke, 1665), « L’Homme dans la Lune » (Francis Godwin, 1638), « L’Autre Monde ou les États et Empires de la Lune » (Cyrano de Bergerac, 1657), et même les plus tardifs « Entretiens sur la pluralité des mondes » (Fontenelle, 1686), où les pouvoirs de l’analogie et le rôle de véritable machine de guerre intellectuelle assigné à la fiction prennent une puissance sans doute encore jamais atteinte, l’autrice défriche avec allant et érudition certaines conditions réelles de production de la science, et certaines alliances objectives avec la littérature que les sciences (surtout dites « dures ») ont bien souvent à cœur d’oublier ou d’occulter.



Ce travail de Frédérique Aït-Touati est précieux à de nombreux titres. Explorant un possible point aveugle de la « Structure des révolutions scientifiques » de Thomas Kuhn, effleuré avec une forte intuition en son temps par Alexandre Koyré, elle rappelle, comme Michel Serres qu’elle cite dès la page 26 (le Michel Serres de « Feux et signaux de brume », en 1965 : « Il distingue deux types de diffusion de la science : lente, lorsque la science considérée est très technique ; rapide, lorsqu’elle émerge dans un contexte mythique prêt à la recevoir. »), comme le Bruno Latour de « La vie de laboratoire » (1979) en sociologie des sciences et comme le Gregory Benford de « Un paysage du temps » (1980) en science-fiction réputée pure, que la science, loin des canons officiels, se produit aussi beaucoup en mélangeant et en touillant. Elle peut ainsi établir avec détermination les caractéristiques décisives de l’expérience de pensée scientifique utilisant les armes propres de la fiction.



Jouant fort sérieusement à l’occasion avec des motifs faisant écho à ceux d’Alain Nadaud (à propos de globes terrestres, tout particulièrement) ou de Carlo Ginzburg (à propos d’explication de texte utilisée en défense judiciaire), elle fonde notamment en raison, tout en se démarquant subtilement de la science-fiction lorsqu’elle est « simple » littérature, à la fois la puissance particulière des imaginaires du futur, comme chez Fredric Jameson ou Ariel Kyrou, et une démarche de construction active de mythologie contemporaine tous azimuts telle que celle du Nouvel épique italien des Wu Ming ou de Valerio Evangelisti : « l’intérêt du recours au registre « littéraire » est de court-circuiter les précautions oratoires qui accompagnent normalement les discours hypothétiques » – et donc de permettre une audace imaginative plus performante en matière de constructions sociales et politiques, par exemple.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le théâtre de la Terre : Inside suivi de Movi..

Une somptueuse et radicale manière d’envisager le théâtre scientifique pour modifier notre rapport au vivant et au sens d’habiter sur Terre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/02/20/note-de-lecture-trilogie-terrestre-frederique-ait-touati-bruno-latour/



« Inside » (2016), « Moving Earths » (2019), « Viral » (2021) : trois pièces de théâtre, trois « performances » dans tous les sens du terme ou presque, trois mises en résonance d’installations scénographiques à vocation également muséographique (il suffit pour s’en convaincre de parcourir les espaces physiques et numériques de l’impressionnante « Critical Zones », conçue au ZKM de Karlsruhe – et voyageant désormais dans le monde entier – par une vaste équipe pluri-disciplinaire incluant les deux auteurs de cette « Trilogie terrestre »), issues de la collaboration étroite entre le sociologue, anthropologue et philosophe des sciences Bruno Latour et de l’historienne des sciences, philosophe et dramaturge Frédérique Aït-Touati. Construisant sur les expériences théâtrales légèrement plus anciennes de « Cosmocolosse » (2010), de « Gaia Global Circus » (2013) et du « Théâtre des négociations (Make It Work) » (2015), mais s’alignant aussi en parallèle au travail sur l’espace à redimensionner conduit dans « Terra forma » (2019), les deux partenaires nous offrent avec cette œuvre triple, dont la superbe « version papier » (subtilement et richement illustrée) a été publiée en 2022 aux éditions B42 (dont on doit à nouveau saluer le salutaire travail), une incursion proprement vitale dans le système que forment aujourd’hui (et doivent former encore davantage) l’humain, le vivant, le scientifique et le terrestre. La préface proposée ici par Frédérique Aït-Touati, « Pour un théâtre-laboratoire », actualise avec intelligence et brio, en intégrant l’impressionnant chemin parcouru ensemble depuis lors, l’article programmatique signé par les deux chercheurs, déjà, en 2009 (« De la paillasse aux planches, dialogue (sans conclusion) sur le théâtre de l’expérience »).



Comme Frédérique Aït-Touati le rappelle dans sa préface, ce télescopage organisé entre la pratique théâtrale, l’installation artistique et la philosophie de l’habitat terrestre et du rapport au vivant n’est pas en soi un « théâtre scientifique » au sens classique du terme, mais une subversion de son habitus le plus canonique. On mesurera ainsi aisément la distance qui sépare cette trilogie explosive et étoilée de créations pourtant impressionnantes, mais fort différentes dans leur usage du monde, telles que le « Apologie d’un mathématicien » (2007) du collectif théâtral londonien Complicite, le « Marbourg » (2010) de Guillem Clua ou même le « Doggerland » (2019) d’Élisabeth Filhol. De la part d’une chercheuse qui, davantage encore que Bruno Latour, a su dès l’origine se pencher avec scientificité et brio sur les liens entre la fiction et la science « en train de se faire » (on se souvient de son précieux « Contes de la Lune » de 2011), il n’est donc pas surprenant que certains passages de ces puissantes mises en théâtre se mettent à résonner à leur tour avec, par exemple, le grand « Un paysage du temps » (1980) de Gregory Benford (qui constituait lui-même en son temps un extraordinaire pendant fictif à « La vie de laboratoire » (1979) de Bruno Latour, justement !), le « Aurora » (2015) de Kim Stanley Robinson (avec sa ruse narrative solide autour de l’absence, précisément, de « Planète B », cette fameuse alternative pour milliardaires visionnaires au saccage inexorable de la Terre) ou encore le « Omniscience » (2017) d’André Ourednik (dont le travail rejoint souvent, par des chemins subtils et détournés, celui incarné par le duo Bruno Latour / Frédérique Aït-Touati). Pour en savoir plus, avant, après ou pendant la lecture de cet ouvrage important, on pourra utilement se référer au bel entretien de Frédérique Aït-Touati avec Chloé Déchery pour Thaêtre (dont sont issues les photographies qui illustrent cette note), à lire ici.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Repousser les frontières ?

Quelques passages intéressant notamment sur la question des migrants...Mais le texte tombe trop souvent dans un discours compliqué où les auteurs se complaisent..; Très difficile d'accès, beaucoup de bla-bla...Au final, un livre assez ennuyeux ! Toutefois, François Morel sauve la fin de cet essai par son intervention à la fois drôle et intelligente.

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Terra Forma: Manuel de cartographies potent..

Un travail formidable qui permet d'appréhender le monde autrement que par la vision dominante du plan...par le mouvement, la vie, l'épaisseur, la circulation des autres vivants, le relief. Des outils pour une nouvelle cartographie, très concrètement. Nécessaire.
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Théâtres du monde: Fabriques de la nature en ..

Comment faire entrer le monde dans un théâtre ? Telle est la question que se pose Frédérique Aït-Touati, et à laquelle elle répond de deux manières qui se complètent. A la fois historienne des sciences et metteure en scène, elle vient de publier « Théâtres du monde » (La Découverte) et a présenté à Chaillot la trilogie qu’elle avait co-écrite avec le sociologue et philosophe Bruno Latour, fruit d’un compagnonnage qui a duré jusqu’à la mort de celui-ci en 2022.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..
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