Citations de Frédérique Chamayou (100)
La bouche tiède du volcan s'ouvrit et la femme aux longs cheveux blancs sortit du cratère en s'élevant dans les airs. Vêtue d'un voile d'étoiles scintillantes qui lui faisaient une traîne, on aurait pu la croire encore jeune tant elle se tenait droite.
Tiré de la nouvelle Surréaliste
Valentin, confortablement installé sur le canapé de la salle à manger de ses grands parents, regardait avec intérêt les photos qu’il avait sous les yeux. Il s’était arrêté sur celle d’un adolescent blond qu’il n’avait pas reconnu : son grand père.
– Vous vous êtes connus comment, papi et toi ? demanda t il.
– Nous étions tous les deux au CES de Castelnau, répondit sa mamie.
Rapidement des notes de musique parvinrent à leurs oreilles, ce qui eut pour effet d'accélérer le pas d'Alice qui se mit presque à courir. Elle tenait d'une main son chapeau pour qu'il ne s'envole pas. De l'autre elle remontait sa robe pour mieux courir, dégageant de petites bottines noires.
Durant le reste du chemin il apprit à Valentin comment, des rivières gelées près de l'Espérou, la glace était extraite à coups de piques et de pelles. Il lui raconta le froid rigoureux, les sentiers périlleux et glissants, les éboulis, les accidents… Il lui parla de camaraderie, de liens particuliers tissés entre les hommes, indispensables dans une nature inhospitalière et dangereuse.
Ta barbe chenue
Témoigne de ta sagesse
Oh ! belle âme ancienne
- Finalement tu peux faire faire ce que tu veux à tes personnages. Tu as le pouvoir de vie et de mort sur eux.
- Oui, toute puissante. Je peux créer des situations, des vies, des histoires, et les défaire à l’envi. Un vrai plaisir !
- Tu t’es bien amusée pas vrai ?
- Oui, j’avoue…
« Son énergie semblait augmenter à chaque seconde. Il fallait que
« ça » sorte, que « ça » explose… »
Tiré de la nouvelle Contraire
– « Bonjour et bienvenue à Sextantio. Je suis votre guide. Ceci est pour vous ».
Les trois amis tournèrent la tête en même temps vers la voix qu’ils venaient d’entendre. Elle provenait d’un vieil homme aux cheveux blancs assis en tailleur sur un gros rocher. Il tenait dans une main un rouleau de papier parcheminé.
Le soleil de ce mois d'août chauffait à blanc. Les cigales crissaient de manière incessante et sonore. La Tramontane soufflait, rendant la chaleur à peine plus supportable.
Alerté Valentin regarda vers le haut de l'église et s'aperçut, ébahi, qu'elle était en chantier. Des ouvriers torse nu s'activaient sur l'un des murs en pierre. Des échafaudages en bois leur permettaient de travailler en hauteur afin de fixer des pierres taillées à même le sol et élevées grâce à des sortes de roues. Plusieurs échelles avaient été adossées au bâtiment en construction. Une poussière blanche se déposait partout.
– N'oublie pas, le prévint-il, au douzième coup de midi le rocher se refermera et si ton chien et toi n'êtes pas sortis vous resterez enfermés pour toujours.
L'horloge du clocher sonne quatre coups au moment où Valentin perçoit un parfum de fleur. Il se rapproche du petit escalier de quatre marches sur sa gauche et de la fresque murale en trompe-l'œil qui le longe. Elle semble tellement réelle ! L'odeur de fleur devient presque entêtante. On dirait qu'elle provient de la glycine peinte sur le mur ocre. Le bourdonnement d'une abeille pourrait même laisser croire que la plante violette est vraie.
Le frère de la gamine se baissa pour saisir une pierre. Valentin arrêta le bras de l'assaillant ce qui permit à Chifoumi de détaler sans demander son reste. Une bagarre commença sous les cris des autres enfants. La petite fille continuait à pleurer en regardant sa main sans sucette. Roulant dans l'herbe les deux garçons se frappaient avec les poings et les pieds.
- Oh là ! Arrêtez ça tout de suite !
Un homme en redingote noire et haut-de-forme venait d'attraper Valentin par le col de son teeshirt.
- Si vous voulez vous battre allez plutôt vous mesurer aux Olympiades, elles commencent dans...
L'homme sortit une montre à gousset de son gilet.
- Elles vont commencer, rectifia-t-il. Allez, oust !
Les enfants s'éparpillèrent comme des pigeons dérangés par un chat.
Seul Valentin resta près de son sauveur.
- Et toi ? Que fais-tu planté là ?
- Si tu cherches ton chien il est parti dans cette direction, fit une voix proche.
Il s'agissait d'un peintre, assis en bras de chemise sur une chaise face au Lez et que les cris des enfants avaient détourné de son travail artistique. Il pointait son doigt vers les barques en aval. L'homme à la redingote s'était rapproché de lui.
- Monsieur Bazille ! Toujours en plein travail !
- Monsieur Castan ! Oui, je m'inspire de la nature… toujours insaisissable !
- Comme mes administrés, ironisa le magistrat.
Mais déjà Valentin n'entendait plus les deux hommes. Se dirigeant vers les embarcations désignées par le peintre, il se demandait si ce « Bazille » pouvait être de la famille de l’artiste dont il avait vu les œuvres au musée Fabre à Montpellier.
Soudain les eaux du Lez s'écartèrent pour laisser apparaître un étroit chemin, juste devant Valentin qui n'osait pas bouger. Le sentier s'arrêtait sur la berge opposée, au niveau de l'énorme rocher gris parcouru de plantes grimpantes encore plus sombres que lui.
Il ne se passa rien pendant quelques minutes durant lesquelles le temps sembla suspendu. Puis, au bout du chemin, un homme vêtu d'un grand manteau noir à capuche, armé d'un long bâton, s'avança de deux ou trois pas.
Chifoumi grogna.
L'homme tapa le sol avec son bâton et le rocher s'écarta sur le côté pour laisser la place à une ouverture noire comme les ténèbres.
Dans ces eaux timides ou tumultueuses, dans ces berges rocailleuses, vivent des êtres qui ne se laissent pas facilement voir.
Depuis son adolescence elle était en quête d’un sens à sa vie, un but suprême qui la ferait se lever le matin et qui serait son “œuvre personnelle” qu’elle léguerait à la postérité.
C’est par la régularité, et la répétition incessante que vous prendrez le pouvoir sur votre vie et le pouvoir de créer un monde parfait.
J’ignore aujourd’hui comment je suis devenue toute petite. Mais c’est arrivé. Ça, j’en suis sûre. Et encore, « petite » est un mot bien faible pour décrire la situation dans laquelle je me trouve. « Petite » ne veut pas dire un enfant. Pas plus qu’une diminution de ma taille. Je mesure toujours un mètre soixante-quatre et, même si avec le temps je me ratatine un peu, cela est à la marge. Pourtant je suis vraiment devenue toute petite, plus petite qu’une mouche, plus légère qu’une plume, plus insignifiante qu’un grain de sable. J’ai quasiment disparu. Je me suis perdue quelque part, sans m’en rendre compte, petit à petit, entre aujourd’hui et ce moment indatable où mon amie est entrée dans ma vie.
Des hamsters blottis dans les copeaux de leur cage dormaient à côté de leur mangeoire et de leur abreuvoir sous les yeux des passants. Voilà ce qu'ils avaient été pendant dix jours : des cobayes.