Valentin et le roc de Substantion

Soudain les eaux du Lez s'écartèrent pour laisser apparaître un étroit chemin, juste devant Valentin qui n'osait pas bouger. Le sentier s'arrêtait sur la berge opposée, au niveau de l'énorme rocher gris parcouru de plantes grimpantes encore plus sombres que lui.
Il ne se passa rien pendant quelques minutes durant lesquelles le temps sembla suspendu. Puis, au bout du chemin, un homme vêtu d'un grand manteau noir à capuche, armé d'un long bâton, s'avança de deux ou trois pas.
Chifoumi grogna.
L'homme tapa le sol avec son bâton et le rocher s'écarta sur le côté pour laisser la place à une ouverture noire comme les ténèbres.

C'est alors qu'il eut envie de retourner sur ses pas pour ne prendre qu'une seule pièce en or pour le cadeau de sa mère. Mais il se rappela le conseil de l'homme en blanc : « Surtout ne te retourne pas » et continua sa course vers la sortie qu'il atteignit au moment où le douzième coup de midi sonnait à l'horloge de l'église.

Même les oiseaux s'étaient arrêtés de chanter. Il n'y avait pas un son, pas un souffle.
Chifoumi émit un gémissement craintif. Les oreilles baissées il se rapprocha de son maître, oubliant ses envies de palmipède.

– N'oublie pas, le prévint-il, au douzième coup de midi le rocher se refermera et si ton chien et toi n'êtes pas sortis vous resterez enfermés pour toujours.

Aujourd'hui, jour de la Saint Jean, c'est l'anniversaire de la maman de Valentin et il n'a pas suffisamment d'argent pour lui acheter le cadeau qu'il a vu dans la vitrine du bijoutier : un petit cœur en cristal.