Citations de Friedrich Nietzsche (3499)
L’éclair et le pin (1882)
J’ai poussé plus haut que l’homme et l’animal,
Et si je parle, – nul ne me parle, à moi.
J’ai poussé trop solitaire et trop haut :
J’attends : qu’est-ce donc encor que j’attends ?
Le siège des nuages est trop près de moi, –
Ce que j’attends, c’est le premier éclair.
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Voici un musicien qui, plus qu'aucun de ses pareils, est passé maître dans l'art de trouver les accents qui sortent du royaume des âmes souffrantes, opprimées, martyrisées, et de faire parler jusqu'aux misères muettes. Nul ne l'égale dans les teintes de fin d'automne, dans le bonheur indiciblement émouvant d'une dernière, d'une toute dernière, d'une trop courte jouissance, il connaît la tonalité qui convient à ces minuits de l'âme secrets et inquiétants où cause et effet semblent avoir été déboîtés, où à chaque instant quelque chose peut naître du "néant". Mieux que quiconque, il puise tout au fond du bonheur humain [...] Il a le regard effarouché de la douleur cachée, de la compréhension qui ne console pas, des adieux sans aveux ;
C'est avec tes poisons que tu t'es préparé ton baume; tu as trait la vache Affliction, maintenant tu bois le doux lait de ses mamelles. Et rien de mal ne naît plus de toi, si ce n'est le mal qui naît de la lutte de tes vertus.
L'erreur, mère de tout ce qui vit.
Ce qui est fait par amour s'accomplit toujours par delà le bien et le mal.
Après-demain seul m'appartient. D'aucuns naissent posthumes.
La décision chrétienne de trouver le monde laid et méchant a rendu le monde laid et méchant.
L'amour pardonne jusqu'au désir de l'être aimé.
La femme est une surface qui mime la profondeur.
Si tu regardes l'âbime, l'âbime regarde en toi.
Seule la grandeur de la pensée confère de la grandeur à une action ou à une cause
La vertu reste le plus coûteux des vices, il faut qu'elle le reste.
C’est à coups de tonnerre et de feux d’artifice célestes qu’il faut parler aux Hommes aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas : elle ne s’insinue que dans les âmes les plus éveillées.
L'homme sera pour le surhomme ce que le singe est pour l'homme, une dérision et une honte douloureuse
En vérité, celui qui possède peu est d’autant moins possédé : bénie soit la petite pauvreté.
Beaucoup trop d’hommes viennent au monde : l’État a été inventé pour ceux qui sont superflus ! Voyez donc comme il les attire, les superflus ! Comme il les enlace, comme il les mâche et les remâche.
Vous tous, vous qui aimez le travail sauvage et tout ce qui est rapide, nouveau, étrange, – vous vous supportez mal vous-mêmes, votre activité est une fuite et c’est la volonté de s’oublier soi-même. Si vous aviez plus de foi en la vie, vous vous abandonneriez moins au moment. Mais vous n’avez pas assez de valeur intérieure pour l’attente – et vous n’en avez pas même assez pour la paresse !
Jadis ils songeaient à devenir des héros : maintenant ils ne sont plus que des jouisseurs. L’image du héros leur cause de l’affliction et de l’effroi.
Votre plus haute pensée, permettez que je vous la commande – la voici : l’homme est quelque chose qui doit être surmonté.
Que chacun ait le droit d’apprendre à lire, cela gâte à la longue, non seulement l’écriture, mais encore la pensée. Jadis l’esprit était Dieu, puis il devint homme, maintenant il s’est fait populace.