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Citations de Fritz Zorn (204)


Cette politesse a aussi un autre aspect - très répandu, pas seulement réservé à ma famille - c'est qu'elle permet d'éviter de jamais devoir être reconnaissant envers qui que ce soit. Celui qui n'accepte jamais rien ne doit jamais, non plus, dire merci et peut ainsi se soustraire à la pénible obligation d'être un jour redevable à quelqu'un de quelque chose. Cette sorte de politesse n'est rien d'autre que de l'égoïsme. J'ai toujours défendu le point de vue que donner - du moins dans notre société suralimentée, où l'on ignore le besoin matériel - rend beaucoup beaucoup moins heureux que prendre. En effet, donner, n'importe quel millionnaire peut le faire (et, sur la Rive dorée, il n'y a que des millionnaires), mais accepter quelque chose avec gratitude et ne pas envoyer, dès le lendemain, un cadeau de même valeur en échange, cela, rares sont les gens entre Zurich et Rapperswil qui en sont capables. (p. 70)
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Peut-être dois-je payer de ma mort ma volonté d'être autre que mes parents. [...] Je serais devenu un traître à moi-même. Le fait que cela ne se soit pas produit représente malgré tout pour moi, à l'intérieur de l'immense défaite, une petite victoire.
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Telle est ma vie. J'ai grandi dans le meilleur, le plus sain, le plus harmonieux, le plus stérile et le plus faux de tous les mondes ; aujourd'hui je me trouve devant un tas de débris. Tout de même, n'est-ce pas mille dois mieux de se trouver devant un tas de débris plutôt que devant un arbre de Noël branlant, et obligé de subir la peur terrible que cet infirme stupide malgré tout ne tombe, se casse et soit fichu ! Ce qui m'amène à la morale de cette histoire : Plutôt le cancer que l'harmonie. Ou, en espagnol : ! Viva la muerte !
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Il m'est difficile de présenter en une formule élégante la différence exacte de sens entre "malheureux" et "déprimé", mais il est évident que "malheureux" est moins grave que "déprimé". Pour reprendre l'exemple des larmes rentrées, on peut dire que celui qui pleure est malheureux, tandis que le déprimé a déjà perdu la faculté de pleurer.
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Je m'aperçus de ce qu'on pouvait échouer de toutes sortes de façon ; ce n'était pas si grave. Mais sur le plan sexuel, on n'avait pas le droit d'être un raté. C'était honteux et impardonnable. [...] l'amour est tabou et on doit faire comme s'il n'existait pas ; telle est notre mode. Mais on n'a pas le droit d'être un raté en amour ; qui n'est pas apte à l'amour, celui-là, il n'y a rien à en tirer.
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De la psychothérapie je ne pouvais pas dire qu'elle m'eût rendu plus heureux. Tout au contraire, jusqu'à présent elle s'était acquittée de la tâche qui consistait à briser en mille morceaux ma vie passée - ou mieux : l'illusion que j'avais eu de ma vie passée - et l'on comprendra aisément que cette façon de procéder m'apporta non pas la joie mais de nouvelles crises de dépression.
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Je trouve ma mère sympathique mais l'idée qu'elle est ma mère ne m'apparaît plus que dans un sens comique.
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De mon père, qui est mort, se dégageait l'impression qu'il avait toujours été mort et même qu'il n'avait jamais vécu.
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J'avais perdu l'illusion d'être "normal", mais, en revanche, j'avais compris qu'en fait je pouvais me conduire normalement dans de nombreux domaines sans avoir à redouter d'être, là aussi, anormal.
Ce que j'ai dit au sujet du cancer est également valable pour la névrose. La névrose n'a rien de très joli non plus et elle entraîne de grandes souffrances ; mais même quand il ne s'agit plus d'une maladie du corps mais d'une maladie de l'âme, savoir ce dont on souffre est plutôt une consolation qu'un poids supplémentaire pour le patient.
Tel fut donc le premier résultat de ma psychothérapie ; j'étais névrosé et ce n'était pas depuis peu, je l'étais déjà depuis des années, peut-être l'avais-je été toute ma vie.
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... personne ne se hasarde à prononcer le mot "cancer" ; rien d'étonnant à ce qu'on n'ait pas pu, jusqu'à présent, vaincre le cancer. [...] je crois aussi que le cancer est, en premier lieu, une maladie de l'âme [...].
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Je n'étais pas triste parce qu'il me manquait quelque chose de prévis, j'étais triste bien qu'il ne manquât rien - ou qu'apparemment rien ne me manquât. Contrairement à bien des gens tristes, je n'avais pas de raison de l'être ; et c'était justement là qu'était la différence, c'était justement là ce qu'il y avait d'anormal dans ma tristesse.
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Plus je me rapprochais en apparence de l'image qu'on se fait d'un jeune homme normal, moins je trouvais les raisons pour lesquelles il se trouvait que je ne l'étais pas. Cette discordance était de moins en moins due au fait que l'une ou l'autre chose m'aurait manqué, de plus en plus au contraire elle était "simplement comme ça", sans raison fatale, imposée par un destin défavorable.
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Je suis persuadé qu'une foule de gens sentent, sans en avoir conscience, que le psychiatre justement sait la vérité sur eux, et c'est bien pour cela qu'ils éprouvent le besoin de tomber à bras raccourcis sur les psychiatres. (Evidemment il y a aussi de mauvais psychiatres. mais il y a aussi de mauvais bouchers et ce n'est pas pour cela que quelqu'un, par principe, prendrait parti contre les bouchers. Quant aux papetiers qui sont tous stupides, même contre eux il n'y a pas de prévention généralisée.)
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Pour moi, être artiste ne pouvait comporter que mélancolie, dépression et frustration, c'était pour moi une honte et une désolation. L'air artiste apparemment léger que je m'efforçais de prendre n'appartenait qu'à mon masque.
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Dans mon for intérieur je savais que j'étais un raté mais je ne voulais pas me l'avouer. Je savais aussi, au fond, que si j'étais un raté, c'était parce que je n'avais pas de femme, puisque "femme", c'était tout bonnement le symbole et le point crucial de tout ce qui me faisait défaut, mais cela aussi je me le camouflais et j'inventais une foule d'autres raisons pour lesquelles j'étais tout le temps déprimé.
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Je me dit que nous étions aussi comme ces bernard-l'ermite. Par devant nous étions avantageusement cuirassés mais, par-derrière, la nudité menaçait. Seulement nous n'étions pas de très courageux bernard-l'ermite et nous préférions dépérir au milieu de nos souffrances dans notre maison trop étroite. [...] Il est naturel qu'on qualifie ce crustacé d'ermite car le refus de la mise à nu est asocial.
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J'ai déjà dit que mes parents allaient à tous les enterrements de n'importe quels obscurs parents ou connaissance à qui ils n'avaient jamais rendu visite durant leur vie, parce que cela se faisait. Les solennités, par principe ils en avaient horreur, et cependant ils n'avaient rien contre les solennités de deuil. Si mes pauvres parents faisaient donc tout pour esquiver la moindre occasion de se montrer sociable à l'égard des vivants, ils ne s'épargnaient aucun sacrifice pour rendre, comme on dit, les derniers honneurs aux morts. Cette attitude était bien typique de notre monde familier : plus on était mort, plus on vous aimait.
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... je ne peux que présumer que je dois avoir été un élève d'un ennui frisant le crime.
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Je remarquai que presque tous les autres gens faisaient sans cesse exactement ce que nous nous efforcions tellement d'éviter : ils montraient leurs points faibles...
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Les autres étaient toujours plutôt des ennemis potentiels que des amis potentiels.
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