Citations de Gaël Aymon (295)
Elle est devenue comme un pote. On pouvait se marrer ensemble sans que ça fasse jaser. Les autres l’avaient adoptée et ils nous servaient de rempart sans s’en rendre compte. Moi, je ne pensais plus qu’à elle. C’était la meilleure amie que j’ai jamais eue. Même si notre âge nous forçait déjà à envisager que quelque chose d’autre était peut-être en train de se produire.
Les mecs méprisent ce qu'ils désirent. Ou qu'ils désirent ce qu'ils méprisent ?
Laura, 15 ans, préfère la compagnie des garçons. Les conversations de filles, ce n'est pas trop son truc. Mais lorsqu'elle repousse les avances de Sofiane, ses amis lui tournent le dos et Laura se retrouve seule et vulnérable. Seule en cours, seule au self, seule dans les couloirs. Les pires ragots circulent à son sujet sur les réseaux sociaux, la rumeur enfle et l'isolement de Laura grandit. Jusqu'à sa rencontre avec Joséphine, élève solitaire et marginale comme elle, qui va l'aider à relever la tête et dénoncer le harcèlement dont elle est victime.
Le pire, c’est que je les comprends ! A force d’être salie, je me sens sale. Je suis rentrée dans le rôle, je m’habitue. Quelle raison ils auraient de prendre ma défense, de venir vers mois, puisque même à mes yeux, je ne les vaux pas ? C’est pour ça que je ne vois pas d’issue. Je me dis que quelque part, j’ai dû chercher ce qui m’arrive.
Pas la peine de faire des recherches, la photo de moi, endormie sur le lit, apparaît partout ! Sur les blogs, les réseaux, tout le lycée l’a partagée, tous mes « amis » la font tourner ! Je lis sans arriver à y croire les commentaires d’élèves de ma classe et de gens que je ne connais même pas : « Matez ce que Sofiane vient de partager ! Il l’a niquée ! », « Pourquoi Laura s’est fait larguer comme une merde ? La réponse en image ! », « La pute ! Elle l’a bien cherché », « Elle a la bouche ouverte ! Elle dort pas, elle gémit ! »
Je n’arrive pas à comprendre. Je me trouve moche sur cette photo, mais c’est un gros plan banal : juste mon visage contre un oreiller, mon épaule nue au-dessus de la couette. La bretelle de mon top en coton a un peu glissé sur mon bras mais on voit bien que je suis habillée. Je n’ai rien fait de mal.
Maman me l'a toujours dit : les gens ne voient de toi que ce que tu leur montres. A toi de décider d'être une gagnante.
Comme à son habitude, les éditions Actes Sud Junior nous offre un roman sur les problèmes liés à l'adolescence.
Cette fois, on parle de réputation. Une bonne réputation et on est le roi du lycée/collège, une mauvais et vous êtes un paria, et tout le monde vous tourne le dos. Souvent, la réputation arrive, on ne sait pas toujours d'où elle vient. Là, Laura sait d'où elle vient : son meilleur ami. Alors la trahison est plus forte.
Isolement, mal être, Laura le vit mal, très mal.
Un roman poignant, fort, à lire absolument !
Savez-vous que ce palais n’est pas un lieu sûr pour les petits enfants pleins de vie ? A peine eut-il prononcé ces mots qu’un bruissement résonna autour d’eux. Pierre et Mariette levèrent les yeux. Des formes noires s’infiltraient entre les pierres disjointes des murs et du plafond, dégoulinant sur le sol et tombant sur leur tête. Insectes, serpents et sangsues envahissaient la cave. Pierre retint un cri, secouant ses cheveux pour en faire tomber une énorme araignée. Le flot grossissait, formant des torrents qui se déversaient sur eux.
- Voyez-vous, dit Leloup avec délectation, il se trouve que je suis le véritable maître, ici. Le vôtre. Le maître de vos peurs !
Il les contemplait depuis les marches. La marée grouillante d’horribles bestioles leur montait déjà jusqu’aux mollets. Mariette recula, se plaçant entre l’homme et Pierre, pour le protéger de son corps. Sa robe n’était plus qu’un ciel d’orage.
- Pierre, ouvre la porte ! lança-t-elle à son fils. Repoussant les bêtes qui montaient sur ses cuisses, Pierre se jeta sur la porte interdite. Leloup poussa un hurlement terrible. Pierre tourna la clé et tira le battant avant que la nuée de serpents ne le bloque. Un vent glacé s’engouffra dans la salle. Derrière la porte, il n’y avait ni trésor ni cadavre, mais un tunnel étroit traversant une forêt de ronces aux épines géantes.
P. 130 et 131
On peut rester prisonnier de son imagination, quand on en a un tout petit peu trop.
Non c'est un rêve et tu n'en es pas le maître.
- Ce sont tes poèmes pour Mademoiselle ?
Elle avait dû épier la conversation du souper. Pierre rangea son matériel.
-Ça ne te regarde pas ! fit-il en glissant l’étui dans sa poche.
Mariette haussa les épaules.
-Offrir des poésies à une jeune fille, quelle drôle d'idée ! Je suis sûre qu'elle préfère les contes.
-Comment ça ?
-Les contes sont à la mode à la cour du roi de France, tu ne le sais pas ?
Dans tous ces livres, toujours la même histoire : une fille un peu godiche, banale, pas sûre d elle, ou bien superficielle, facile à dénigrer. Et un garçon solaire, inaccessible, aux pouvoirs surhumains, d'une richesse insensée ou bien tout simplement d'une beauté si totale qu'on ne peut que céder et elles, toutes, ces Cendrillon masquées, devant sa volonté à lui, son désir implacable, sa violent, ou devant ses blessures et ses peines qu'elles vont devoir panser. Ce n est jamais elles qui sont multiples ou complexes. Elles sont inexistantes. Elles cèdent pour exister, au moins un peu, dans son regard à lui, qui les a pétrifiées. (P.117)
C'est qu'une oeuvre littéraire offre des clés pour se connaître soi-même. Un livre vous en apprendrez souvent bien plus sur le lecteur que sur l intention initiale de son auteur. (P.70)
Nous gérons un nombre d élèves considérable, dont certains se débattent de toutes leurs forces pour de sortir de ce que vous appelez une "mauvaise passe". Le temps que Mme Lepage et moi-même avons déjà consacré à Camille, y compris en échange de mails et en conversations téléphoniques, et parfois que notre temps personnel, est loin d être anodin ! (P.55)
Un jour, il faut choisir : vivre et souffrir, ou vivre par procuration
J'étais bluffé par son courage. Mais j'ai eu peur. Peur qu'on se perde. Peur qu'on n'y arrive pas. J'ai eu peur qu'on ne puisse jamais vivre autre chose que ce qu'on vivait déjà, qu'en essayant l'amour on casse tout. J'avais pourtant des désirs, des rêves d'elle. Je m'imaginais des tas de choses mais... Dès qu'on était réellement ensemble, je ne me sentais plus capable de quoi que ce soit. Laura s'est pointée à l'autre bout de la place. Alors Camille s'est penchée vers moi et m'a soufflé précipitamment à l'oreille :
_ Je t'aime.
À midi, je fais la queue au milieu du troupeau. Je m'agrippe à mon plateau pour ne surtout pas le faire tomber. Si mon assiette se renversait, si mon verre se cassait dans la cohue, je n'y survivrais pas. Souvent, je me trouve une place au bout d'une table vide, ou occupée par des terminales qui ne me connaissent pas. Je mange super lentement en comptant les secondes. Parce que le pire, c'est la traversée de la cour, après. Moins j'y suis, mieux je me porte !
Non merci, Célia ! Tu veux m'imposer tes souvenirs mais j'ai déjà les miens.
Si tu me possèdes, tu possèderas tout et ta vie m’appartiendra.
"Quand tu comprends que tu vas mourir, le plus dur, c'est d'accepter que le monde va t'oublier"