Citations de Gaëlle Nohant (823)
Il la fixa calmement, et leurs solitudes s'effleurèrent et se reconnurent.
Observant la progression des ouvriers sur les arêtes de pierre dénudées à vingt mètres au-dessus du sol, il songea que des hommes mourraient pour détruire ce grand vaisseau de pierre, après d'autres qui étaient morts pour l'ériger, et que la beauté des villes se bâtissait sur le sang des hommes depuis des millénaires sans que personne y trouvât rien à redire.
Constance serait-elle sa drogue, son viatique, empoisonnant son sang d’une passion funeste qu’il n’aurait plus qu’à laisser s’égoutter de sa plume sur le papier.
– Pour sortir votre amie Constance de sa prison à elle, plus redoutable et définitive… Je pense…, dit-elle
d'une voix douce, que nous n'aurons pas d'autre choix que de l'enlever.
– L'enlever ? Êtes-vous sérieuse ?
– Tuer, tuer… Tout de suite les grands mots, s'irrita Léonce du fond de sa bergère. Personne ne va mourir,
voyons ! Des duels ont lieu constamment dans cette ville, allez-vous me faire croire qu'on n'y meurt à chaque
fois ?
Elle ferma les yeux, pensa à leur première entrevue dans le sanatorium des pauvres, à ces mots qu'elle l'avait entendue murmurer au jeune tuberculeux : Dans ce monde, il n'est pas de bonheur possible.
– Ecoutez, laissez-moi faire mon métier, d'accord ? Cet incendie est une catastrophe sans précédent, allez
savoir combien de morts trouvés dans ce tas ! Et les blessés, vous avez vu ces femmes ?
– Ecoutez, laissez-moi faire mon métier, d'accord ? Cet incendie est une catastrophe sans précédent, allez
savoir combien de morts trouvés dans ce tas ! Et les blessés, vous avez vu ces femmes ?
Constance commença à écrire des mots, des bouts de phrases. Elle les écrivait et les regardait, prenant conscience de l'espace qu'ils occupaient dur la feuille, qui ne se réduisait pas à la forme des caractères attachés les uns aux autres. Non, chaque mot était entouré d'un halo plus ou moins puissant, celui de l'image mentale qu'il enfantait dans son esprit.
Dans ce monde, il n'est pas de bonheur possible. Le croire est une illusion.
Il se remit à tousser de plus belle, vomissant le sirop sanglant de ses poumons avec un visage tordu de souffrance. Toute sa personne se dressait dans une dernière révolte contre le mal qui le consumait. L'envie de vivre s'était réfugiée dans cette rage qui convulsait son corps cachectique et provoquait la toux meurtrière, comme on brave l'ouragan qui va vous emporter.
Le Paris des quartiers chics, celui qui s'amusait, dansait, aimait être effrayé et choqué et dont le principal souci était de tuer l'ennui, avait pris le deuil. P.161
Le mal et la perversion pouvaient prendre les apparences les plus gracieuses, mais elle n’accordait pas une grande sûreté de jugement à sa mère, ni une grande noblesse de cœur, pour l’avoir vue à l’œuvre auprès des domestiques.
Les femmes, il en connaissait un rayon, des grisettes aux grandes dames, et trouvait qu’il y avait peu de différence entre les minauderies d’une fille tombée et celles d’une altesse.
Tant de filles sont creuses, prévisibles, elles ne sont à vingt ans que des brouillons de leur mère.
Observer son vieux chat, dont le pelage fauve tirait à présent sur le blanc et qui concentrait dans ses yeux toute la sagesse du monde, l’apaisait toujours. Il y avait un charme contenu dans ses yeux d’opale miellée qui s’insinuait en lui et dispersait le venin d’amertume qui accompagne le chagrin.
Elle n’était plus dans la première jeunesse, mais il émanait d’elle une grande délicatesse et une profonde dignité.
Dans ce monde il n’est pas de bonheur possible. Le croire est une illusion.