Le jeu d'échec est-il un support au scénario de politique fiction ou la société politique et la lutte sociale sont le prétexte pour présenter une partie d'échec. C'est les deux, jamais l'un prend le dessus sur l'autre, l'équilibre est ténu, chaque phrase, chaque référence tourne autour du jeu d'échecs, d'un autre côté, on retrouve tous les ingrédients d'un bon récit de politique fiction, magouilles politiques, barbouzes, lutte de pouvoir, système qui protège les plus gros, qui n'hésite pas à sacrifier les petits, les pions bien sûr...
Le graphisme est évidemment en noir et blanc, tout en contrastes, la ville se présente comme un plateau d'échec mais possède aussi sa banlieue défavorisée, ses immigrés parqués dans des camps, les dames du jeu de dames, ses fous subversifs, ses junkies... Les auteurs ont créé un univers, un monde imaginaire s'apparentant tout à fait à du fantastique, la structure sociale possède ses des tours, ses chevaux, ses fous, ses pions évidemment, c'est génialement imaginé. Dans cette lecture, on ne cesse de rechercher les analogies, aussi bien dans le jeu d'échecs, sa complexité, que dans la réalité, on passe de l'un à l'autre, c'est un jeu dans le jeu, l'équilibre est parfait, c'en est même le point fort. le récit est dur, violent, réaliste, dans l'esprit du roman noir, et au final, cette bande dessinée est vraiment très déroutante, une très bonne surprise.
Commenter  J’apprécie         325
Les frères Gry on réussi à créer un univers unique à partir du jeu d’échecs, avec beaucoup de minutie, de soin, de subtilités, c’est assez impressionnant.
Cette bande dessinée propose une intrigue de politique fiction autour du thème du complot, conçue comme une partie d’échecs, les blancs contre les noirs, mais avec des tonnes de complications. D’autres jeux de société viennent s'immiscer, les dames, le go, le backgammon… Et les auteurs ont créé tout un monde autour de ces jeux, un monde citadin, avec ses banlieues, politique avec ses sphères de pouvoir, social avec ses castes, les tours, les pions, les chevaux, les fous… et toujours ses références aux grandes parties d’échecs, avec des citations de joueurs réels en exergue de chaque chapitre, parfois apocryphes ou fantaisiste, un brin d’humour dans cette noirceur tranchante. On ne sait jamais s’il s’agit d’une critique de la politique par les échecs interposés, où une réelle partie d’échec où chaque coup, chaque avancée de pion nous raconte un moment d’histoire politique, avec corruptions, influences, magouilles, trahisons, crimes politiques, coups d’éclats…
Le graphisme est toujours dans la confrontation du noir et du blanc, les personnages sont des pièces de jeu aux silhouettes épurées. Les plans surplombent le plateau, comme si on y jouait nous même, puis on se retrouve écrasé comme dans le rôle du pion sacrifié. Et toujours ce quadrillage obsédant…
Il y a eu de grandes parties d’échecs dans l’histoire, celle-ci en est une, pas besoin d’être un expert dans ce jeu, il n’en reste que l’esprit, mais il est à son paroxysme, tendu, impitoyable et romanesque, aussi tranchant que les contrastes agressifs du graphisme.
Ce troisième tome en appelle un quatrième, je ne m’en lasse pas.
Commenter  J’apprécie         210
Un vrai ovni...mais quelle idée géniale.
Une île qui est un plateau de jeu...
Des personnages qui sont des pions d'échecs (en tout cas pour les natifs, les migrants dont des pions du jeu de dame) et, par là même, sont cantonnés dans le rôle que le destin leur a confié. le roi est le roi, les pions sont la masse populaire, la proportion sacrifiable, les cavaliers sont les policiers, ceux qu'aucuns barrage n'arrête etc.
Sur cette base prend place une histoire politico sociale plutôt bien foutue, entre fous rebelles, dames indic des cavaliers et tours politiciennes prêtes à tout pour acquérir plus de pouvoir.
J'ai trouvé les noms des personnages très malins (je laisse la surprise aux futurs lecteurs). Petite mention aussi pour de nombreuses répliques...
Le dessin est traité dans un noir et blanc (bien sur) franc et très efficace.
J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie         170
Je réitère mon impression pour le premier tome :
Le jeu d'échec est-il un support au scénario de politique fiction ou la société politique et la lutte sociale sont le prétexte pour présenter une partie d'échec. C'est les deux, jamais l'un prend le dessus sur l'autre, l'équilibre est ténu, chaque phrase, chaque référence tourne autour du jeu d'échecs, d'un autre côté, on retrouve tous les ingrédients d'un bon récit de politique fiction, magouilles politiques, barbouzes, lutte de pouvoir, système qui protège les plus gros, qui n'hésite pas à sacrifier les petits, les pions bien sûr...
Le graphisme est évidemment en noir et blanc, tout en contrastes, la ville se présente comme un plateau d'échec mais possède aussi sa banlieue défavorisée, ses immigrés parqués dans des camps, les dames du jeu de dames, ses fous subversifs, ses junkies... Les auteurs ont créé un univers, un monde imaginaire s'apparentant tout à fait à du fantastique, la structure sociale possède ses des tours, ses chevaux, ses fous, ses pions évidemment, c'est génialement imaginé. Dans cette lecture, on ne cesse de rechercher les analogies, aussi bien dans le jeu d'échecs, sa complexité, que dans la réalité, on passe de l'un à l'autre, c'est un jeu dans le jeu, l'équilibre est parfait, c'en est même le point fort. le récit est dur, violent, réaliste, dans l'esprit du roman noir, et au final, cette bande dessinée est vraiment très déroutante, une très bonne surprise.
Le deuxième tome tient toutes les promesses du premier tome, avec des retournements de situation des trahisons, des coup fourrés, des révélations improbables, et toujours cet univers du jeu d'échecs maîtrisé. Les frères Gry ont réussi un véritable coup de maître, leur projet est extrêmement ambitieux, et pour le moment, car ce n'est pas fini, ils sont tout à fait à la hauteur.
C'est une bande dessinée à découvrir absolument, d'une originalité déconcertante, d'une grand puissance graphique, inventive et narrative, elle arrive même à nous faire voir les échecs d'une autre manière. Il est certain qu'elle mérite une bien plus grande notoriété.
Commenter  J’apprécie         170
Cette BD est une sorte de polar politique, tout en noir et blanc. Sa grande originalité est la transposition de notre monde sur le plateau d'un jeu d'échec. J'ai d'abord eu peur d'être génée par l'absence de couleur mais pas du tout car ce dessin correspond parfaitement au thème.J'ai beaucoup aimé le jeu des perspectives qui nous plonge dans l'action ou, au contraire, nous fait prendre de la hauteur. Les sujets abordés sont bien de notre monde! manipulation politique, presse à la botte du pouvoir, violence policière, stratégie meurtrière, immigration, sexisme...Le vocabulaire des échecs appliqué à ce polar est succulent! Merci à Jamik dont la critique m'a donné envie de lire cet album.
Commenter  J’apprécie         170
Cette BD est tout simplement époustouflante ! Tant par le graphisme que par le sujet politique, c'est un travail de maitre. L'ironie est totalement maitrisée et on rit jaune à chaque page ! Un chef d'oeuvre en 3 tomes. Les amateurs d'échecs y trouveront de nombreuses références au jeu, mais les débutants ou ceux qui ne connaissent pas ce domaine seront également surpris de trouver ça fascinant.
Commenter  J’apprécie         20
La simplicité et la rigueur d'un jeu de plateau (Dames, Échecs, Go, Backgammon, Awale, etc.) sont les clés des combinaisons stratégiques qu'il permet à ses joueurs de créer et donc de l'intérêt qu'il suscite.
Ulysse et Gaspard Gry se sont inventé un jeu de plateau pictural et narratif à la mesure de leur art où ils font évoluer avec virtuosité graphismes, mots et concepts pour le plus grand plaisir de leur lecteur.
Dans un exercice de style radical digne de l'OuLiPo, où le roman noir percole comme un ristretto dans le strict Noir&Blanc des Échecs, leur audacieuse maîtrise de l'image (photo)graphique, du cadrage et des jeux de mots ainsi que des réalités et des poncifs journalistiques contemporains met en scène les turpitudes les plus décriées du monde occidental dans une succession palpitante d'affrontements entre des personnages pour la plupart attachants. Et tous ne sont pas tout noirs ou tout blancs.
Un jeu d'une franche cruauté, aussi beau que du Franck Miller, aussi prenant que du Dashiel Hammett. On en redemande ... Justement, deux autres tomes sont déjà sortis et le dernier, ce 27 août 2021.
Commenter  J’apprécie         20
Superbe découverte! Une satire politique qui m'a fait penser au livre d'Orwell, la ferme des animaux. Avec ici, le penchant jeux. Effectivement le contraste noir/blanc demande un peu de temps pour s'y habituer (pour ma part), mais ça fourmille de détails bien vu (jeux de mots entre autres). Histoire et dessins au top!
Commenter  J’apprécie         10
Vous connaissez l'expression "échiquier politique"? Eh ben là, c'est exactement ça.
Cette BD en noir et blanc décrit une société et ses tensions au sein d'un monde où les personnages sont des tours, des cavaliers, des pions ou des fous... Ce qui fait le charme de cette BD, c'est que le concept est exploré à fond: la culture des échecs (fi du hasard, sacralisation des joueurs d'échecs, etc.), l'intrigue montre des calculs stratégiques, sans parler des pastiches des couvertures de magazines et de tous les détournements de notre culture... Visuellement, linguistiquement, scénaristiquement, tout est pensé sur le mode des échecs.
Une pépite. Hâte de lire la suite.
Commenter  J’apprécie         00