Le motel du voyeur de
Gay Talese
Nous ne sommes jamais devenus suffisamment bons, mon frère et moi, pour jouer en Ligue majeure et envoyer la balle très loin. Nous n’avons ni l’un ni l’autre changé le monde. Au fil des années, nous avons perdu notre travail, perdu notre swing au golf, perdu confiance, perdu la foi, perdu papa. Mais, grâce à lui, nous sommes passés maîtres dans l’art de nous débrouiller, de faire en sorte que les choses avancent, en tirant le meilleur parti des opportunités qui se présentaient à nous. En faisant en sorte que, sans avoir besoin de rien d’autre que le courage qui gonfle notre cœur, ce courage qui est le nôtre quand nous empoignons la batte, nous soyons prêts à réaliser un amorti, comme papa nous l’a appris.