La grande histoire du Louvre, Georges Poisson
il faut se méfier de la tendance qu'on a toujours à vouloir essayer de confondre l'auteur et son œuvre.
Il existe à travers la France plus de cent maisons ainsi liées à la mémoire de ceux et celles qui ont constitué notre patrimoine culturel, travaillé au progrès du genre humain, et acquis une célébrité propre à nous séduire et à nous les rendre attachants. Autant de buts de promenades ou d'étapes originales, fructueuses au cours d'un voyage?Une manière différente de faire du tourisme.
Candidat déclaré, le socialiste Vincent Auriol, vieux routier de la politique, ne cachait pas son inquiétude : les voix socialistes et communistes, dont il était assuré, ne suffiraient pas pour atteindre la majorité absolue. Les députés noirs, qui lui semblaient favorables, arriveraient-ils à Versailles à temps? Le ministre Jules Moch lui promit de les faire venir par avion au jour dit.
À quatorze heures, la séance s'ouvrit sous la présidence de Vincent Auriol, président de l'Assemblée. Il était rassuré, l'avion d'Afrique était arrivé. « Quand je pense, s'étonnait un député, dans le style du temps, que le choix du chef de l'État va dépendre de six nègres tombés du ciel! » La décision fut en effet acquise dès le premier tour : aux voix communistes et socialistes s'étaient jointes celles des députés noirs et musulmans.
Éducation intellectuelle et morale poussée, conçue pour lui permettre de remplir son rôle futur de duc et pair, fait d’autant de droits que de devoirs. Il y a là, voulue par ses parents, et en particulier par la duchesse, une sorte de conditionnement qu’on ne trouve guère, à l’époque, poussé à ce point que dans les familles royales, et encore pas toujours. C’est dès l’enfance que Saint-Simon a été imprégné d’une certaine doctrine, qui est son devoir d’état, et qu’il est trop facile d’assimiler à des préjugés: un duc a des droits, des devoirs, un rôle à remplir. Cette doctrine et ces principes, il les gardera intacts en lui malgré toutes les déceptions. Il ne s’est jamais, comme nous disons aujourd’hui, « recyclé » : c’est ce qui marque ses limites, mais fait aussi sa grandeur et sa force.
Ainsi, après dix-sept ans de marasme dans la morosité des garnisons, le capitaine de Laclos, pour la première fois investi d'une mission importante, la débordait, et tentait d'attirer l'attention sur lui en présentant non seulement des idées réformatrices, mais révolutionnaires, basées sur des connaissances techniques qu'il estimait indiscutables, affirmant ainsi une audace et une naïveté conjuguées qu'il assumera vingt-cinq ans durant et le mèneront bien près de la guillotine. Il n'avait pas compris, ne comprendra jamais pleinement -à son honneur- que le plus sûr moyen d'arriver, dans l'administration militaire ou civile, est de ne pas se faire remarquer.
La situation financière du royaume était catastrophique et exigeait des mesures révolutionnaires. Un édit préparé au château imposa un impôt nouveau, le dixième, qui aura un effet désastreux car il se surajoutera à tous les impôts existants. Cela ne suffit donc pas à ramener l'équilibre, mais, les armes s'étant un peu tues, Louis XIV put se livrer à ce qui était pour lui un dogme et un divertissement, en décidant du rang des princesses de sang en certaines circonstances. On était le 4 mars 1710, l'hiver avait été terrible, la guerre allait reprendre, on envoyait la vaisselle plate à la Monnaie, et le roi fixait le rang de préséance de ses cousins...
Dans le même temps, le roi se trouvait en butte, et pour quarante-cinq ans, à l'opposition des parlementaires ligués contre lui, bloquant toutes les réformes. « De 1725 à 1770, les cours souveraines n'ont pas cessé de grogner, s'opposer au roi, contester les arrêts du Conseil ou ses édits, contraindre Louis XV à convoquer des lits de justice » (F. Bluche). Opposition aveugle et stupide découlant du droit de remontrance rendu par le Régent et essentiellement motivée par la défense des privilèges, en premier lieu l'immunité fiscale des gens de robe.
Le dauphin et la dauphine s'astreignaient à suivre un cérémonial suranné où les repas pris en public constituaient toujours une attraction très prisée. « Les huissiers, écrit Mme Campan, laissaient entrer tous les gens proprement mis, ce spectacle faisait le bonheur des provinciaux ; à l'heure des dîners, on ne rencontrait dans les escaliers que des braves gens qui, après avoir vu la Dauphine manger sa soupe, allaient voir les princes manger leur bouilli et qui couraient ensemble à perdre haleine pour aller voir Mesdames manger leur dessert. »
L'état sanitaire du château ne s'était pas amélioré depuis le Grand Roi. « Il est, écrit La Morandière, le réceptacle de toutes les horreurs de l'humanité... Le parc, les jardins, le château même font soulever le cœur par leurs mauvaises odeurs. Les passages de communication, les cours, les bâtiments en ailes, les corridors sont remplis d'urine et matières fécales ; au pied même de l'aile des Ministres, un charcutier saigne et grille ses porcs tous les matins ; l'avenue de Saint-Cloud est couverte d'eaux croupissantes et de chats crevés. »
En réalité, Louis XVIII n'aimait personne; mais il s'attendrissait et de la foule entassée montait une grande rumeur où se mêlaient les pleurs d'émotion, les cris de joie et les gestes d'enthousiasme.