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Critiques de Georges Simenon (2964)
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Chez les flamands

Ambiance humide et grise chez les flamands!

Maigret mène l’enquête de façon officieuse !



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Chez les flamands

Simenon, qui a d'ailleurs eu sa propre péniche où il a composé quelques romans, aime les fleuves et les mariniers. Simenon aime bien aussi emmener son Maigret vers la Belgique. Ici il s'arrête à la frontière pour nous décrire le portrait vivant d'une ville presque morte, le récit sans temps mort d'une cité pétrie d'ennui. Dans ce monde oublié de tous, où le fleuve impose son rythme à la maigre agitation frontalière, Simenon ne pouvait qu'imaginer un être hors du commun, assez monstrueux et pourtant terriblement humain.

Magistral.
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Chez les flamands

Pas de Belgique ici, zut ! Mais le Nord – Grand-Est de la France, les Ardennes, à la frontière belge, à Givet précisément. Une région francophone ou les flamands sont regardés d’un œil pas forcément bienveillant. Surtout s’ils sont riches



Une « pseudo-enquête » de Maigret, appelé au secours par une connaissance d’un cousin. Et là encore, les coupables trop évidents seront vite écartés par un commissaire en dilettante qui, curieusement, se souciera bien plus de comprendre que de juger.



Histoires de familles, d'enfants reconnus, de devoir et de la vie qui emprisonne dans une ambiance bien lourdasse...
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Chez les flamands

Ambiance frontalière entre la France et la Belgique, le long de la Meuse qui a débordé de son lit et a contraint les péniches à rester à quai et les mariniers à tromper leur ennui au bistrot. Dans le village frontalier de Givet, une jeune femme d'un milieu pauvre, Germaine Piedboeuf, mère d'un enfant de deux ans, a disparu. Les membres d'une famille flamande et riche, les Peeters, sont soupçonnés d'avoir fomenté un meurtre pour empêcher le mariage prévu entre le fils Peeters, Joseph, et Germaine car Joseph serait le père de l'enfant de Germaine. Maigret débarque à Givet pour tirer tout cela au clair. L'enquête (plutôt dénuée d'intérêt) n'est ici qu'un prétexte pour permettre à Simenon de nous faire découvrir les coulisses de ce petit monde divisé entre les riches épiciers flamands et les pauvres ouvriers français. Avec les mariniers entre les deux, qui semblent sortis tout droit de la chanson "L'éclusier" de Jacques Brel :



Les mariniers

Savent ma trogne

Ils me plaisantent

Et ils ont tort

Moitié sorcier

Moitié ivrogne

Je jette un sort

À tout c'qui chante

Dans mon métier

C'est en automne

Qu'on cueille les pommes

Et les noyés

...
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Chez les flamands

Par un concours de circonstances, Maigret est amené à Givet, non pour réellement enquêter, mais pour prouver l'innocence de la famille Peeters, ou plus précisément, de Joseph Peeters. Première difficulté : Maigret n'est pas officiellement chargé de l'enquête, il n'est qu'un "consultant", comme on dirait de nos jours. Il le fait par amitié pour le cousin de sa femme, l'inspecteur Machère reste seul en charge du dossier. Deuxième difficulté : il n'y a pas d'affaire, à proprement parler. Germaine Piedboeuf a disparu. Il serait pratique de croire que cette jeune ouvrière, tuberculeuse de surcroit, ait suivi un galant et ait choisi de ne plus donner signe de vie. Ce serait déjà à peine crédible si elle n'avait un petit garçon de trois ans, fils de Joseph Peeters. Il ne reste que deux hypothèses : soit elle est séquestrée (dans quel but ?) soit elle a été tuée.

Lire une enquête du commissaire Maigret revient à prendre le temps de découvrir le milieu dans lequel le crime a eu lieu. Givet est une petite ville à la frontière belge, qui vit essentiellement grâce aux mariniers qui s'y arrêtent, passage obligé avant la frontière, et les Peeters, les "flamands" sont unanimement détestés. Parce qu'ils sont riches. Parce que leur clientèle est presque exclusivement composée de mariniers flamands, qui préfèrent s'approvisionner chez eux, dans un bistrot qui leur rappelle la Flandre, plutôt que d'aller dans un estaminet français. Parce que Maria, la fille aînée, est régente chez les Ursulines de Namur, l'aristocratie enseignante. Parce qu'ils veulent faire de leur fils Joseph un avocat, il poursuit scrupuleusement ses études à Nancy. Parce qu'il circule des rumeurs sur la cause de leur richesse, contrebande et marché noir pendant la seconde guerre mondiale. Parce que Joseph devait épouser la fille unique d'un médecin et qu'il était hors de question pour sa famille de le voir épouser une petite ouvrière poitrinaire, qu'ils ont tout fait pour discréditer à ses yeux. Ce n'était pas très difficile, puisque Joseph n'a jamais eu l'intention d'épouser Germaine. Il se contente de laisser sa famille payer pension pour le petit Jojo.

Le corps de Germaine est finalement retrouvé. Le rapport d'autopsie n'est pas beau à lire. Maigret ne l'épargne pas au Peeters. Il attend. Une réaction. Il sait qu'il ne peut rien prouver - il sait aussi que l'inspecteur Machère accrédite le suspect qu'on lui a livré en patûre (suspect qui prendra opinément la fuite et qui ne sera jamais retrouvé). Il attend. Que le coupable craque. Pour se faire, il faudrait que le monde idéal dans lequel il vit se fissure. Dans le monde idéal de la famille Peeters, j'appelle Joseph, le fils. Ni très beau, ni très intelligent, il suscite pourtant l'amour passionné de sa vaporeuse cousine Marguerite, créature à la naïveté presque trop grande pour être honnête, trop amoureuse pour ne pas teinter de romantisme le moindre geste de son Joseph. Dans sa famille, il a pris la place du père, ancien vannier. L'octogénaire n'est guère qu'un meuble qu'on déplace de temps à autre. Il suscite la dévotion de sa mère, de sa soeur Maria et surtout, celle d'Anna - l'attachement envers son frère est à la limite de l'inceste. Ces cinq femmes sont-elles capables de tuer pour lui ? Je ne vous donnerai pas la réponse. Sachez seulement que la sauvagerie du crime (Germaine a été tuée à coup de marteau) n'a rien à envier à nos romans policiers modernes et que si la coupable ne sera jamais jugée (à ce stade de mon billet, je peux désormais employer le féminin), ce à quoi elle assistera, une année seulement après la clôture de l'affaire sera sans doute le pire des châitments.
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Chez les flamands

Pour cette enquête (« sans aucune mission, sans titre officiel », Maigret se rend dans les Ardennes, à la frontière belge, dans une ville où les « Flamands » (les Peeters, des commerçants aisés) doivent faire face à l'hostilité des autres habitants. Plus particulièrement depuis qu'une fille du village, qui a eu un enfant du fils de la famille, a disparu.



La Meuse joue un rôle central dans Chez les Flamands avec ses péniches et leurs mariniers fréquentant le commerce des Peeters. le statut de ville-frontière de Givet est également au coeur du récit. Mais ce sont surtout les difficultés d'une famille d'origine étrangère dans une ville de province que Simenon met en avant, comme les différences sociales entre les Piedboeuf (« Des petites gens… Un gardien d'usine… La fille était dactylographe dans la même maison… le fils y est encore employé… ») et les Peeters (« Toute la ville est contre nous, parce que nous sommes des Flamands et que nous avons de l'argent… »).



L'ambiance est pesante. Sous une pluie battante et glacée, alors que les péniches sont bloquées par la crue de la Meuse, Maigret est confronté à l'hostilité générale, perçu comme celui venu de Paris pour défendre les riches, les Peeters, forcément coupables. Il découvrira bien sur la triste vérité mais reprendra le train pour Paris sans livrer l'auteur du crime à la justice. Un faux coupable, que l'on ne retrouvera pas, fera l'affaire.



On sait que, soit par bonté d'âme, soit parce qu'il se veut un « raccommodeur de destins », le commissaire ne vas pas toujours au bout de la procédure policière. Mais il sait que la vie, plus que la justice, peut punir durement.






Lien : https://maigret-paris.fr/202..
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Chez les flamands

C'est pour complaire à un cousin de Mme Maigret que son mari accepte de se rendre à Givet, à la frontière franco-belge, afin d'y enquêter, à titre officieux, sur la disparition de Germaine Piedboeuf, une jeune mère célibataire évanouie une nuit dans une nature humide, très sombre et peu sympathique, et qui, selon l'opinion publique majoritaire, aurait été assassinée par Joseph Peeters, jeune homme de bonne famille certes, étudiant en droit de surcroît mais qui présente pour beaucoup la tare d'être de souche flamande pure et dure. Les Peeters ont du bien, de l'éducation, un fils donc qui deviendra avocat, une fille (Maria) qui ne rêve que d'entrer chez les Ursulines, et une autre (Anna) dont on ne sait trop ce qu'elle fera mais qui, pour l'instant, est la perle de la maison. La preuve : c'est elle qui a eu l'idée de mettre Maigret dans le coup. Ajoutez à cela que le mariage de Joseph est déjà programmé avec une cousine elle aussi d'origine flamande, Marguerite Van de Weert. Le père de la future est médecin.



A côté de cela, et bien qu'ils soient Givetois pur-sang, que pèsent les Piedboeuf ? Rien. En tous cas pas grand chose. Germaine était légère mais s'entêtait à proclamer partout que le bébé, malheureusement un peu attardé, qui lui était né était le fils de Joseph Peeters. Et ce dernier devait avoir quelques bonnes raisons de se sentir responsable puisque ses parents versaient cent francs par mois pour l'entretien de l'enfant. Quelque années plus tôt, le frère de Germaine, Gérard, mettant à profit une excursion commune, avait eu une aventure d'un après-midi avec Anna Peeters mais là, heureusement, aucune naissance n'était survenue et tout était resté dans l'ombre. Cependant, si stagnant qu'il soit, un grief reste un grief ... Le père Piedboeuf, homme d'intelligence médiocre ainsi que nous confie l'auteur, parle peu et travaille de nuit en tant que gardien d'usine. La mère, elle, n'est plus là. Bref, comme tout le monde peut le constater sous toutes les coutures, une famille simple, très simple ... une famille dont la simplicité besogneuse et un tantinet populacière déparerait celle, toute en retenue bourgeoise et bien-pensante, des Peeters.



Outre la traditionnelle barrière Flamands/Français, la réussite financière de Peeters Père, débarqué dans le pays sans grand chose sur le dos plus de vingt ans plus tôt, ne fait qu'aigrir une atmosphère déjà empoisonnée. Même les notables français, à commencer par l'inspecteur Machère, officiellement chargé de l'enquête sur ce qui se révèle bientôt un meurtre, le cadavre de Germaine étant finalement retrouvé dans la Meuse, ont l'air de la lui reprocher. On en arrive même à des raisonnements du style : "ILS ont tués Germaine parce qu'elle n'était qu'une simple petite dactylographe et qu'ils ne la trouvaient pas assez bien pour leur fils, sans oublier qu'elle était française ..." Tandis que, dans le camp adverse, ça ne tourne pas plus rond puisqu'on entend ad nauseam : "ILS nous accusent parce que nous, nous sommes travailleurs et nous avons de l'argent. Et puis parce qu'ils ne peuvent pas supporter que nous soyons flamands."



Un pied chez les Peeters où tantôt Anna, tantôt Marguerite, telles les jeunes filles si bien élevées du "Pot-Bouille" de Zola, égrènent au piano d'incroyables couplets sentimentaux, un pied dans le Gevet français où, du notaire jusqu'au dernier des mariniers, toute cette musique apparaît comme horriblement déplacée, Maigret est bien embarrassé. Et quand Maigret est embarrassé, il s'énerve. Il le sait bien : ici, c'est comme partout ailleurs. Et pas plus ces Flamands altiers et ces Wallons hostiles n'y pourront quoi que ce soit : certains mentent ou ne disent pas tout ce qu'ils savent. Et que ceux-là soient flamands ou français, le commissaire s'en fout royalement. Tous l'irritent prodigieusement ! Alors il s'enfonce, il s'immerge intégralement dans sa vieille méthode, celle qu'il a appris à cultiver avec Xavier Girard, du temps où tous deux poursuivaient la Bande à Bonnot : penser comme eux, victimes et assassins, agir comme eux, voir aussi loin - ou aussi myope - qu'eux.



Ca marche, bien sûr. Et le commissaire, soupirant et creusant les épaules, détourne un instant les yeux. Après tout, pourquoi ne pas laisser faire les choses ? ... Quelques années plus tard, la fin du roman, avec son cinglant raccourci cinématographique, prouvera à Maigret qu'il a eu amplement raison : mais tout cela, cette mort inepte surtout, pour un tel résultat ... Maigret hausse les épaules et reprend son chemin : d'autres cadavres l'attendent.



Une enquête officieuse et qui, par conséquent, donne au commissaire certaines "facilités" dont il n'aurait pu jouir au 36, Quai des Orfèvres. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Le cousin de Mme Maigret est content, c'est déjà ça. Pour les autres ... Ma foi, lisez "Chez Les Flamands" et venez nous donner votre avis : à l'heure qu'il est, nous avouons sans honte que ces Flamands pourtant hospitaliers nous ont laissé bien plus perplexes que les anciens "conjurés" du "Pendu de Saint-Pholien." ;o)
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Chez les flamands

Les Peteers sont des Flamands, tenanciers d'une épicerie bar au bord de la Meuse à Givet, dans le No Man's Land entre la douane française et la douane belge. Ils sont peu aimés de la population française, jugés « riches », trafiquants notoires, servant de l'alcool aux mariniers sur un petit comptoir aménagé dans l'épicerie.

Le fils Joseph étudie pour devenir avocat. Il doit épouser sa cousine Marguerite fille d'un oncle médecin, van de Weert.

Mais voilà, il a eu une aventure avec Germaine Piedboeuf la fille du veilleur de nuit de l'usine et lui a fait un enfant.

Très vite cette affaire prend des proportions de guerre entre Flamands et Wallons. Lorsque Germaine disparait, le fils Joseph est accusé de meurtre par tout Givet.

Maigret est appelé à la rescousse par un vague cousin de sa femme qui connait la soeur de Joseph, Anna Peteers.

Roman le plus politiquement incorrect de Simenon. Ecrit en 1932. Maigret y apparait coupé à la hache, n'ayant pas encore acquis la rondeur, la discrétion et la diplomatie du héros de Simenon.

Dans cette histoire, il intervient à titre officieux, se joue de l'inspecteur Machère officiellement en charge de l'enquête, provoque les protagonistes, notamment au Bar de la Mairie, s'incruste dans les réunions de famille des Peteers, se sert lui-même de genièvre, bourre sa pipe sans souci.

Pourtant, il parviendra, une fois de plus direz-vous, à déjouer tous les pronostics, s'attirant la confiance des Ursulines du couvent où une autre soeur de Joseph, Maria, est institutrice.

Il découvre la vérité mais ne la livre pas à Machère, conserve des preuves par devers lui, puis finalement les remet à Machère, décide de régler le sort de l'assassin de la pauvre Germaine à l'amiable, confirmant d'une certaine façon ce que pense de lui Gérard Piedboeuf le frère de la victime :

« - L'ami des Flamands…

- Tu comprends Ninie, quand tu seras riche, tu n'auras plus rien à craindre de la police. »

Un roman époustouflant par l'atmosphère lourde et confinée de Givet, la façon dont les personnages sont croqués par Simenon, la pluie battante tout au long du récit, le grondement de la Meuse, l'alcoolisme des mariniers, le désespoir de la famille Piedboeuf, la tenue de bon aloi des Peteers, chacune des deux étant sûre de son bon droit.

Un document de référence sur la société de l'entre-deux guerres. A lire.


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Chez les flamands

Boucs émissaires, ou pas ?



Givet, petite ville bordant la Meuse, à la frontière franco-belge.

Les flamands, c'est la famille Peeters.

Il y a les parents bien sûr, et surtout Joseph, leur fils et suspect N°1 dans la disparition de Germaine, une fille du pays avec qui il a eu un enfant.

Puis ses sœurs, Anna qui a sollicité Maigret pour les aider dans cette épreuve, et Maria, institutrice.

Et enfin la cousine, Marguerite... fiancée à Joseph.



Une famille de commerçants aisés et d'un naturel fier donc, que les autres villageois ne portent pas vraiment dans leur cœur.



Quand le corps de Germaine va être repêché dans la Meuse en crue, les événements vont s'accélérer...



Une famille assez spéciale, une lecture emplie d'une atmosphère hivernale et de situations quelque peu crispantes, qui ne manqueront pas d'occasionner des sautes d'humeur inhabituelles chez notre commissaire, un brin provocateur.



Même envers son collègue chargé de l'affaire, Machère.

Intéressant, mais pas plus marquant que cela.

(plus d'avis sur PP)
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Chez les flamands

« Chez les Flamands » est un roman de Georges Simenon publié en 1932.



Il conte une nouvelle enquête du fameux commissaire à la pipe, Jules Maigret, mais une enquête, cette fois, officieuse.



Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter l’auteur ni le personnage, aussi, passons directement au titre du jour.

Le commissaire Maigret, via un membre de la famille de sa femme, est convié à aider à prouver l’innocence des Peeters, des commerçants flamands, dans la disparition d’une jeune femme.



Celle-ci a eu une relation, et un enfant, avec le fils des commerçants, un jeune homme promis à un bel avenir, et appelé à épouser sa cousine.



Tous les sujets préférés de Georges Simenon sont présents dans cet ouvrage :



– Les marins... même s’il s’agit ici de marine fluviale.



– La pluie.



– Une observation et une critique des classes sociales.



Les marins... car l’enquête se déroule à Givet, une ville fluviale très proche de la frontière belge. Des bateaux sont ancrés dans le port et un marinier devient suspect...



La pluie... la pluie... toujours la pluie. Il a tant plu que la Meuse a enflée et empêche les navires de naviguer, que les rues sont boueuse, le temps est gris....



Et, enfin, l’histoire fait s’affronter, non seulement, deux classes sociales, mais également deux nationalités.



Effectivement, d’un côté, une famille française pauvre. De l’autre, une famille flamande enrichie par le commerce...



Entre les deux, le commissaire Maigret qui, une nouvelle fois, observe, analyse, comprend...



On retrouve ici la plume de Simenon, en plus de ses obsessions déjà citées.



Sa façon de se concentrer sur des détails, pour appuyer sa réflexion sur les gens, les genres, autant que pour exprimer la pensée de son personnage.



Car, d’une part, en revenant, par exemple, sur l’habitude du père de la famille française, de jeter ses pommes de terre dans les cendres, la nuit, durant sa garde, il exprime une certaine idée de la simplicité autant que de la modicité d’une certaine classe sociale.



D’autre part, avec l’obsession de Maigret à faire rejouer, à la fille des Peeters, de façon sempiternelle, une chanson au piano, Simenon fait tourner la solution dans le crâne de son héros et donne un indice au lecteur sur le nœud de l’intrigue.



L’ambiance est lourde... allourdie par un temps pluvieux... par une atmosphère de tension entre les nationalités, les classes... par les conventions... par les coutumes... par la nature humaine...



Et si Maigret, de coutume, est un excellent observateur, prenant le temps de s’imprégner des lieux, des gens, avant de réfléchir, conclure et parfois agir, ici, il se contente, jusqu’au bout, de son rôle témoin, se contentant, de pousser le coupable à la confession...



Le roman s’achève sur une scène post-enquête, chose assez rare dans les premiers épisodes de la série, une scène se déroulant plusieurs mois, années, après les faits et qui se pose comme une conclusion morale... de justice divine où tout un chacun, un jour est amené à payer le prix de ses actes...



Au final, encore un bon « Commissaire Maigret » qui se déroule dans les conditions dans lesquelles et l’auteur et le personnage s’épanouissent le mieux.
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Chez les flamands

Début des années 30’s, Givet, un gros bourg ardennais proche de la Belgique. De part et d’autre de la frontière, la traditionnelle opposition entre deux communautés voisines. Au cœur de l’hiver, la Meuse en crue. Des centaines de péniches à l’amarrage, coincées, agglutinées en amont du pont presque submergé qui coupe la cité en deux. Une aubaine pour le commerce local. Au-dessus du fleuve et de la ville : la pluie battante et le vent glacé, le froid persistant, les gens tôt le soir calfeutrés chez eux près du poêle ronflant, la lumière de chiches lampes à pétrole derrière les volets clos sur de vilains secrets cachés.



Une atmosphère à la Simenon : lourde et pesante. Les écharpes de brumes comme des serpillières mouillées autour des cous, le gris terne des jours sans soleil, la boue crottant les semelles cloutées des mariniers, le reflet des réverbères allumés sur l’eau gelée des caniveaux, les cols de pardessus relevés sur les épaules rentrées … Un paysage grisâtre, des gens en noir et blanc, sous des cieux plombés, de tristes et pesants destins en attente. Le drame couve, Maigret s’y montrera en arbitre, en re-conciliateur plus qu’en investigateur. Mais a-t-il eu raison ? Le lecteur se pose la question.



Une famille flamande, les Peeters, côté pile ; une autre française, les Piedbœuf, côté face.



Les premiers, aisés, détestés et jalousés, tiennent une modeste mais fructueuse épicerie-buvette à cheval sur la frontière. Le père, perdu dans les brumes du grand-âge. La mère, toute entière dévouée à son mari et ses enfants. Deux filles, Anna (gérante du commerce) et Maria (institutrice chez les Sœurs à Namur), tournées vers le bel avenir promis au frère, Joseph, qui fait son droit à Nancy et doit épouser sa cousine, Marguerite, fille d’un médecin généraliste local. Un futur espéré radieux, si ce n’est que ce garçon idolâtré par les siens a fait un enfant, il y a 3 ans maintenant, et sans formellement le reconnaitre, à une dactylo de Givet, Germaine Piedbœuf. Cette dernière disparait. L’a-t-on tuée ? Les soupçons se portent logiquement sur Joseph, son arrestation est proche. Anna, sur recommandation, s’en va à Paris demander l’aide de Maigret qui, fasciné par cette femme froide, au physique de vielle fille laissée pour compte, mais sûre d’elle-même, impassible et qu’il ne peut vraiment cerner, accepte.



Les seconds, les Piedbœuf: aux antipodes des Peeters, leur versant pauvre ; le père gardien de nuit dans une usine ; le frère Gérard, simple employé, naïf et matamore, ponctuel buveur colérique ; sa sœur Germaine à qui l’on prêtait quelques aventures.



Deux familles qui s’affrontent, se haïssent … s’accusent l’une l’autre : d’avoir tué, fait disparaitre Germaine pour l’une ; de réclamer indument pension, dommages et intérêts pour l’enfant abandonné qui ne peut être celui de Joseph pour l’autre.



A la croisée des deux familles, deux policiers :

_Machère, l’inspecteur en charge de l’affaire qui remonte en vain le fil de sa logique policière, celle des indices concrets, des horaires de trains, des sempiternelles preuves matérielles ;

_Maigret : Au-delà du fait qu’il n’est pas en service commandé, se posant en spectateur attentif et patient de chacun, le commissaire est poussé d’un clan à l’autre comme un coin forcé dans une souche, tiré d’un bord l’autre, à hue et à dia … il peine à imposer sa neutralité.



Le commissaire tournera quatre jours durant autour de chacun des personnages, creusant leurs psychologies, sondant leurs âmes, leurs faiblesses et forces, avant de se convaincre que ….



Et tandis que la pluie peu à peu faiblit, que la Meuse amorce lentement sa décrue, que les péniches s’échappent au compte-gouttes vers l’aval, Maigret arrache lentement et difficilement des bribes de compréhension au mystère, jusqu’à la révélation finale qu’il gardera pour lui et la personne qu’il démasque mais laisse en liberté … il prend le train du retour pour Paris sans référer à quiconque de ses conclusions.



Comme d’habitude chez Simenon, loin de la simplicité apparente du style, « Maigret chez les flamands » cache une intrigue où le moindre détail compte, où tout est dense et complexe mais elliptiquement travaillé et amené à un épilogue étonnant où le non-dit allusif prend tout son poids. Gare à celui qui perdrait un détail d’importance sous peine de se perdre dans un récit désormais sans tête, alors qu’au final tout se tient dans une finesse et une finalité toutes deux d’importance, un équilibre méticuleux entre ce qui est dit et ce qui est suggéré. Il faut quelques heures de réflexion pour, qu’à postériori, le lecteur tire toutes les implications de la situation. C’est à çà que l’on reconnait les bons bouquins, quand lecture close, il en reste encore des bouts qui trainent et interrogent. Et là, il y à faire .. !



Reste, néanmoins, que le positionnement final de Maigret pose questions. Au-delà du fait que le Commissaire n’est pas en service commandé, le coupable à mon sens ne méritait pas tant de mansuétude. Même si, selon toute vraisemblance, il n’y aura jamais récidive de sa part, il y a eu crapulerie, meurtre avec préméditation, subornation de témoins, violences aux portes de la folie (un crane explosé à coups de marteau, quand même). Quid des circonstances atténuantes ? Perso je n’en vois pas. Ce coupable en liberté ne me plait pas alors qu’un faux meurtrier acheté courre toujours et que tous les personnages, ici, ont leurs parts de responsabilité dans un drame qui aurait pu trouver une solution autre … Une pièce de puzzle manque (à moins de ne pas l'avoir perçu). Maigret semble t’il se mettre aux ordres de la recommandation première qui lui demandait de protéger les Peeters (il ne s’offre pas ainsi le beau rôle, ce n'est pas conforme à son image). Maigret ressent t’il un petit faible inconscient pour Anna (oui, non ? Je ne sais pas) ?



Néanmoins, malgré le questionnement final, « Chez les flamands » est un des meilleurs Maigret qui soient .. ! Il laisse des bouts de lui-même derrière lui et, trois jours plus tard après l'avoir refermé, je ne sais pas toujours quoi penser: coupable et policier me trottent dans la tête.



Bruno Cremer, en 1992 à la TV, reprend, après Jean Richard en 1976, le rôle de Maigret chez les flamands. Le téléfilm fait l’impasse sur la crue, sur l’hiver (juin au lieu de janvier) ; une bien jolie et charmante Anna remplace son aller-ego romanesque ; on y parle d’Occupation et de Résistance alors que le livre fut écrit en 32 … En somme, les miracles des adaptations ciné sont de sortie ; mais l’essentiel est bien présent : une atmosphère lourde et pesante, des sourires contraints et de minces chuchotis prudents sur des lèvres à peine entrebâillées, des regards impénétrables et durs, apeurés ou haineux …. Et un coupable toujours aussi étonnamment mystérieux, avec qui Maigret va entretenir un duel voilé et trouble qui fait tout le charme du roman.


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Correspondance 1938-1950 : André Gide / Georg..

Quel émerveillement, cet échange de correspondance entre Gide, écrivain consacré, fondateur de la NRF et Simenon, au début jeune écrivain quémandant une reconnaissance des lettres françaises ! Que d'intelligence dans ces échanges, et en même temps beaucoup de tendresse lorsque Simenon parle de ses enfants auxquels Gide adresse "un sourire"...

Ce livre est édifiant, et intelligemment présenté et commenté.
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Cour d'assises

Certains romans de Simenon sont intemporels tel ce "Cour d'assises" dont pas mal de propos sont encore d'actualité de nos jours. Il dresse dans ce roman de 1941 un furieux réquisitoire contre l'inhumanité de la justice qui lorsqu'elle veut un coupable ne garde que ce qui l'intéresse. Bien sûr le personnage principal de récit le dénommé Petit Louis n'est pas un saint et la première partie décrit parfaitement ce petit voleur, un peu escroc vivant aux crochets des femmes jusqu'au meurtre de sa protectrice. Ce qui compte ici est bien la seconde partie où l'on voit un juge instruire uniquement à charge,des preuves créées de toutes pièce et des témoins peut crédibles et cette phrase terrible de l'un deux au sujet de l'inspecteur qui l'interrogeait " Il faisait les questions et les réponses". Un Simenon qui comme souvent dépeint également la société dans laquelle il vit et fait évoluer ses personnages." Cours d'assises" est également un roman très cinématographique et à sa lecture je voyais littéralement sous mes yeux se dérouler l'action. Un roman à classer dans les meilleurs de l'auteur.
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Cour d'assises

Georges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes.

Son roman, Cour d’assises (1941), qui n’est ni un « Maigret », ni particulièrement connu, vient tout juste d’être réédité dans la collection Folio Policier. On notera que Simenon renonça à intituler Petit Louis, son roman Cour d'assises, après que Gallimard lui eut fait remarquer qu'il avait déjà un Petit-Louis dans son catalogue, sous la signature d'Eugène Dabit. Par ailleurs, le roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1987 par Jean-Charles Tacchella, avec Xavier Leduc et Anouck Ferjac.

Petit Louis, vingt-quatre ans, est un petit proxénète, surtout frimeur, impliqué dans le casse d’une Poste sur la Côte d’Azur. Il s'installe à Nice chez une femme âgée dotée d'une jolie fortune, Constance Ropiquet, qui se fait appeler comtesse d'Orval. Peu de temps après, il héberge Lulu, qu'il fait passer pour sa sœur, en fait une prostituée arrachée à la coupe du nommé Gène. Après un moment de bonheur à trois, Petit Louis s'enfuit pour un temps à Cannes afin d'éviter les représailles du souteneur, mais lorsqu'il revient chez Constance, il trouve celle-ci assassinée. Il n'est pas douteux que le coupable est Gène. Pris de panique, Petit Louis fait disparaître le cadavre et les traces du meurtre. Profitant de l'occasion et subtilisant les biens de Constance, Petit Louis mène dès lors grand train sur la Côte comme si c'était lui, en somme, qui avait fait le coup. Bientôt cependant la police le repère et il est écroué. Commence alors pour lui un long procès qui n'est qu'une parodie de justice, tous les témoignages l'accusent, toutes ses actions se retournent contre lui. Il sera condamné à vingt ans de bagne pour un crime qu'il n'a pas commis.

Si je révèle la fin du roman, c’est qu’elle n’a pas réellement d’importance, dans le sens que ce n’est pas un roman à suspense. Georges Simenon n’écrit pas des intrigues très compliquées, ce n’est pas son propos, l’écrivain ici comme dans le reste de son œuvre s’attache plus aux lieux, aux sensations et surtout aux personnages. « Tous mes romans, toute ma vie, n’ont été qu’une recherche de l’homme nu » déclarait l’écrivain dans un entretien au Magazine Littéraire en décembre 1975.

Si Cour d’assises n’est pas à proprement parler, un grand roman de Simenon, il en porte néanmoins toutes les caractéristiques. Son héros, Petit Louis, petit mac prétentieux au début du livre, nous devient plus sympathique au cour du procès, car s’il n’est pas blanc comme neige, du moins est-il innocent du crime dont on l’accuse. Et de voir ce gamin, tombé dans un traquenard ourdi par un Gène qu’on devine bien plus dangereux que lui, se faire broyer par une machine judiciaire aveugle et sourde aux évidences, soulignée par l’ironie de l’écrivain « Il y en avait qui, à huit ans de distance, donnaient des dates et jusqu’à l’heure de tel ou tel évènement », inverse les sentiments du lecteurs. Le machiavélisme de Simenon oblige le lecteur à assister à l’anéantissement inexorable de Petit Louis, tout en le persuadant qu’il ne mérite pas ce sort puisqu’il est innocent du crime dont on l’accuse. « Je ne crois pas qu’il y ait des coupables. L’homme est tellement mal armé pour la vie que le supposer coupable, c’est presque en faire un surhomme » dixit Simenon dans le même entretien.

Si Cour d’assises est peut-être un roman mineur dans l’œuvre de Georges Simenon, il reste néanmoins une valeur sûre pour ceux qui veulent lire un bon bouquin.

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Crime impuni

Le Hibook a lu « Crime impuni» de Georges Simenon Elie est moche, timide et pauvre . Mais dans cette sorte de pension Vauquer pour étudiants étrangers il a trouvé une peu de vie sociale , entre Mme Lange qui le materne et ,sa fille Louise qu’il contemple en amoureux transi . Mais voilà que débarque Michel , séduisant ,effronté et riche qui fait voler en éclat ce fragile cocon . Simenon démonte avec finesse la mécanique de la rancœur , le poison de l’humiliation qui peut amener qui sait à quoi…. Une narration pleine de surprises et la patte d’un maître.
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Crime impuni

Liège 1926 : un étudiant polonais, Elie, loue une chambre chez madame Lange. Très pauvre, il sort peu et se satisfait des rapports presque amicaux qu’il entretient avec sa logeuse. Tout change quand Michel, étudiant roumain, arrive à la pension : inconsciemment Elie jalouse son aisance tant financière que physique et ne supporte pas que Michel entretienne une liaison avec la fille de sa logeuse, au point de chercher à le tuer.



Après ce méfait, Elie abandonne Liège et ses études et nous le retrouvons des années plus tard portier d’un hôtel de Carlson City, ville minière d’Arizona. Le nouveau propriétaire de la mine arrive, c’est Michel. Elie veut le rencontrer, lui demander son pardon, mais Michel l’ignore et Elie lui tire dessus. La partie Liégeoise aurait suffit, les retrouvailles ratées de Carlson City ne m’ont pas convaincues.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Crime impuni

Pauvre comme Job et aussi laid de l'intérieur que de l'extérieur, la face de crapaud d'Elie et ses odeurs corporelles de jeune homme négligé n'inspirent que dégoût et pitié à son entourage. Oubliant ses réticences premières, sa logeuse finit par s'habituer à sa présence d'étudiant famélique, lui accordant même certains privilèges, lors d'épisodiques excès de bonté. Aussi, quand Michel s'installe dans la pension de famille où il séjourne depuis trois ans, Elie voit rouge, ne supportant pas la beauté et l'aisance naturelle de ce garçon né sous de biens meilleurs auspices que lui. Dernier arrivé, son rival récupère la plus belle chambre et devient bientôt l'objet de toutes les attentions de la logeuse, béate d'admiration devant cet étudiant fortuné. Refusant l'amitié que Michel lui propose, Elie en vient à le haïr, surtout quand il découvre que son adversaire a séduit la fille de la maison. Ce dernier, amusé par la situation, se divertit en le narguant de sa bonne fortune. Pris d'une folie meurtrière, Elie tire un coup de revolver dans la tête de son ennemi et prend la fuite, sans se douter que ce dernier a survécu à ses blessures. Vingt-cinq ans plus tard, les deux hommes vont se retrouver face à face par le plus grand des hasards...



D'une rare noirceur, ce roman décrit les tourments intérieurs d'un être veule et jaloux qui ne supporte pas la vision du bonheur d'autrui et qui fera tout pour y mettre fin. Avec la minutie d'un orfèvre, Simenon nous dépeint les pensées confuses et torturées d'Elie, qui se pose en victime incomprise de celui qu'il n'aura de cesse de détruire, considérant la chance insolente dans laquelle baigne ce dernier comme une provocation à son égard.

Ecrit en 1954, ce roman n'a pas pris une ride. J'ai pu à nouveau savourer la plume intemporelle de Georges Simenon, un auteur qui savait habilement nous décrire les vilenies et autres faiblesses dont l'être humain peut se rendre coupable, maîtrisant l'art de donner vie à des personnages de fiction qui semblaient plus vrais que nature !



Un bourreau.

Une victime.

Mais qui est le plus perfide des deux ?


Lien : http://leslecturesdisabello...
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Des phoques aux cocotiers ... L'Amérique en a..

Les US (cote est) décris par un oeil neuf en 1946 qui tout en tentant de rester factuel, apparait relativement bluffé par la modernité outre-atlantique. Rafraichissant, intéressant pour le coté historique, et distrayant a travers quantité d'anectodes, comme la découverte du concept de supermarché ou de plat préparé.
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Des phoques aux cocotiers ... L'Amérique en a..

Un Simenon léger



Lecteur invétéré et admirateur de Simenon, je dois concéder que sa vision de l'homme est pour le moins sombre si ce n'est désespérée.



Ces chroniques sont à l'opposé de cela.

Ecrites par un observateur du passé sur un monde qui n'existe plus, elles ont un petit côté nostalgique fort agréable pour un lecteur du XXIe siècle.



NB: Il existe un autre volume 'Simenon en bateau' que je vais m'empresser d'acquérir.
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Des phoques aux cocotiers ... L'Amérique en a..

Georges Simenon s'est rendu aux Etats-Unis, y a vécu, y a situé l'action de plusieurs de ses romans (je pense notamment à Maigret à New York ou au moins connu La boule noire). Là, il traverse les Etats-Unis, non pas de l'Est à l'Ouest, mais du Nord au Sud, du Maine à la Floride. Il n'est pas seul : dans la première voiture, sa secrétaire (et future épouse) Denyse et son fils aîné Marc, né en 1939. Dans la seconde voiture, sa femme Tigy et l'institutrice privée de son fils.

Ce qui intéresse Simenon dans ce voyage ? La découverte du Sud - il accorde beaucoup d'importance à la Virginie - mais aussi la rencontre avec les américains et leur mode de vie. Les premiers supermarchés sont là, la nourriture offerte dans les "restaurants" est bien différente de ce que l'on trouve en France, et je ne parle pas de l'alcool non plus. Les grands hôtels sont bondés, Simenon et les siens usent alors d'un autre mode d'hébergement - sans être cependant contraints de dormir dans la voiture. Il leur est arrivé de tomber sur un hôtel ... où il aura plus envie de fuir que de rester. Plus qu'à la couleur locale (ah ! cette maison de bois qui déménage), Simenon s'intéresse aux paysages et aux personnes qu'il croise. Le pays est jeune, et déjà la société de consommation, la société de loisirs est là puisque les employés de bureau écourtent leur pause déjeuner afin de partir plus tôt. Il existe des musées, aussi, là où un objet de cinquante ans est déjà digne d'y figurer. Rien ne dure vraiment et comme le dit Simenon non sans humour : Comprenez-vous l'avantage des maisons en bois ? Au moins on peut y mettre le feu avant qu'elles ne deviennent des curiosités historiques !

Amérique de rêve ? Oui, un peu aussi. Georges Simenon note déjà l'individualisme grandissant, dans un pays où le maître-mot est la liberté. Il note aussi la faiblesse culturelle de l'éducation donnée, et aussi l'un des objectifs de cette éducation : donner confiance à chacun en ses possibilités. Ne va-t-il pas jusqu'à dire : Ne vaut-il mieux pas laisser les angoisses philosophiques à quelques-uns qui sont assez solides pour les supporter, au lieu de semer une graine aussi dangereuse dans des terrains mal préparés?

L'Amérique en auto nous offre une promenade plaisante mais forcément parcellaire : "Parce que l'Amérique est si multiple qu'on n'a qu'à choisir. Et c'est sans doute ç cause de cela qu'il est difficile d'en parler. "
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