Ou mémoires d’Ebenezer Le Page. Mémoires qui vont de 1880 à 1960, presque un siècle. Mémoires immobiles, puisqu’Ebenezer n’a pour ainsi dire jamais quitté son île, Guernesey, le seul voyage évoqué est celui d’une journée à Jersey….
Nous voyons évoluer tous ceux qui furent proches d’Ebenezer, ses parents, sa sœur, son frère, oncles, tantes, cousins ou amis ou voisins. Ebenezer a l’art d’observer, de saisir le petit détail qui caractérise chaque personne. Il ne rate rien, ne pardonne rien, il voit plus facilement le mal que le bien, les faiblesses plus que les qualités. Mais il est sensible à la lumière qui émane de certains êtres, capables de donner et de penser aux autres avant de le faire à eux-mêmes. Il a ainsi vécu de grandes amitiés, avec Jim et aussi avec son cousin Raymond. Mais de tels êtres sont rares, et Ebenezer préfère garder ses distances. Il se livre peu aux autres, se protège. Il préfère être un spectateur qu’un acteur de premier plan. Ce qui en fait un témoin privilégié de la grande comédie humaine, et aussi de tous les événements qui sont survenus durant ces 80 années, les deux guerres mondiales entre autres.
Mais n’être qu’un observateur, tenir les autres à distances, ne pas s’engager affectivement, et ne même pas être capable de dire son amour à quelques rares personnes pour qui on l’éprouve fait qu’Ebenezer se retrouve seul, et qu’à la fin de sa vie cette solitude lui pèse. D’une certaine façon il se pose la question de la justesse des choix qu’il a fait. Et c’est pour cela qu’il écrit ses mémoires, surtout les longs soirs d’hiver, où il n’y a pas grand-chose à faire, dans sa maison solitaire, dans un monde qu’il comprend de moins en moins, et dans lequel il se sent de plus en plus la survivance d’une époque révolue que tout le monde a oublié.
L’auteur a dressé un portrait hallucinant de justesse de son personnage principal et de tous ceux qu’il a approchés. Son personnage n’est ni blanc ni noir, il a ses défauts et ses qualités, et il est infiniment humain. G.B. Edwards dépasse les cadres du roman, il atteint une authenticité qui n’est plus complètement celle d’une fiction. C’est rare dans la littérature, un auteur qui insuffle à ce point vie à son personnage. Et même si la fin m’a paru un peu trop forcée, trop optimiste, ce qui pour un vieil sceptique comme Ebenezer est un comble, j’ai vraiment adoré ce livre, si touchant alors qu’à l’image de son héros il est si contenu dans la façon de raconter les évènements, y compris les plus poignants. Une merveilleuse lecture, par moments drôle, par moments triste, par moments grave et d’autres légère comme une belle journée. Comme une vie.
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Un immense roman , époustouflant ,une biographie que l'on quitte difficilement ,
Sorte de Cheval d'Orgueil ....
Pour tous les amoureux des îles sauvages ( Lewis et tant d'autres gaéliques ...
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Un livre à emporter sur une île déserte!
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Très bien écrit et mené, excellent livre qui nous donne l'impression d'avoir vécu près de cent ans à Gernesey avec Ebenezer Le Page des Moulins.
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« Nous n’avons pas l’impression de lire, mais d’être plongés dans la vie même »
Tout est dit !
Que j’ai aimé ce livre* ! Même si j’ai souvent été perdue au milieu de tous les personnages…
Que j’ai aimé ce personnage qui raconte sa vie et son île, Guernesey.
Que de sourires et d’émotions !
Un vrai coup de cœur !
*livre découvert grâce à un commentaire sur Babelio de #polipoo !
Merci pour votre commentaire !
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Quel livre étonnant! On part très vite avec Ebenezer dans ses souvenirs. Cette plume est si fluide. J’étais totalement partie la bas, dans une autre vie. De personnage en personnage, de souvenir en souvenir, il nous explique sa vie, la vie des gens qu’il a côtoyé.
Les pages défilent sans que cela ne soit jamais lourd ou lent. On s’attache (comme lui) a certaines personnes et honnêtement, on ressent tout ce qu’il explique.❤
C’est vraiment émouvant de voir le passé à travers les yeux de cet homme, de connaitre les personnages de son entourage et de voir la vie avancer tout simplement.
On assistera a tout, les peines de coeur, les trahisons, les naissance, les décès, les joies et les peines,…
Il s’attardera sur certains qui étaient plus importants que d’autres pour lui, sans jamais rien cacher. Il y aura des erreurs, des regrets aussi mais jamais il ne s’en cache. 🤗 J’ai trouvé cette lecture emprunte d’une très grande sagesse car c’est un vieux monsieur qui explique sa vie, qui explique la ou il aurait du faire autrement, du dire ou faire autre chose. ❤ On sent une vieille âme qui pose les mots sur une vie et ses rencontres, sans essayer de se flatter ou d’embellir les souvenirs. J’ai refermé ce livre avec un sentiment magnifique. Je suis partie avec Ebenezer Le Page dans sa vie, a la rencontre des autres et j’y ai passé un merveilleux moment. Ce livre est vraiment une pépite d’une vie tellement riche, tellement belle, tellement humaine au fond.❤
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Une amie m'a prêtée ce livre que je ne connaissais pas. Sarnia est l'ancien nom de Guernesey , l'histoire d'un homme qui n'a jamais quitté son île , de la fin du 19 eme siecle à l'époque moderne. Une île où tout le monde se connait, où les parentés sont nombreuses et complexes , les alliances qui se forment au gré des mariages. Ebeneze nous raconte son île de son enfance à ses vieux jours avec sa famille, ses oncles et tantes , cousins, cousines et ses amis. Une vie simple traversée par les 2 guerres, le deuil , la solitude mais aussi les petits bonheurs du partage , de la solidarité et l'amitié et une bonne dose d'humour. Chaque personnage est décrit minutieusement, avec clairvoyance et honnêteté sans médisance. Ebeneze est un sage à l'aube de sa vie.
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Honnêtement, je m'attendais à un peu plus de ce livre. L'histoire de la vie racontée par Ebenezer Le Page, écrite dans la vieillesse, a certainement son charme. Surtout le microcosme qu'est l'île de Guernesey, proche de la côte franco-normande mais toujours anglaise, prend tout son sens, et le 'patois' anglo-français (qu'Edwards explique en détail dans une annexe) donne de la couleur à l'histoire. Le style est à l'ancienne avec beaucoup de clichés sur le passage à l'âge adulte, surtout au début. De plus, ce livre nécessite une certaine endurance de la part du lecteur en raison de la liste interminable de parents et de connaissances, de leurs relations mutuelles et de leurs querelles. Les hauts et les bas des destins, les opportunités manquées et les secrets cachés du narrateur Ebenezer et de nombreux autres amis et membres de la famille semblent également très clichés. Mais Edwards a donné à son protagoniste suffisamment de caractère pour s'élever au-dessus de cela, aboutissant à sa démission silencieuse à la fin de sa vie. Avec cela, ce roman appartient clairement au genre des (auto)biographies sereines et sages, comme ‘Stoner’ de Williams et 'A Whole Life' de Seethaler.
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J’ai mis du temps à finir Sarnia mais plus par manque de temps que par ennui. J’ai apprécié cette lecture comme on fait une balade tranquille sur une barque le long d’une rivière. Le style de l’auteur coule tout seul. L’œuvre gagne à être connue.
Je n’ai pas eu la révélation à laquelle je m’attendais avec les critiques que j’ai pu lire mais j’ai passé un très agréable moment à lire cette histoire avec plein de détails et de personnages très vrais, et donc délicieusement imparfaits.
On s’attache aux gens, à leur histoire et on apprécie de passer ce moment en leur compagnie.
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