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Citations de Géraldine Schwarz (52)


En 2006, Grass révéla qu’à l’âge de 17 ans, en octobre 1944, il s’était enrôlé dans les Waffen-SS. Cet aveu de la part du gardien allemand de la morale suscita l’indignation, mais elle apportait également une nouvelle profondeur au travail édifiant de cet intellectuel qui, comme aucun autre, a questionné et croisé les mémoires, collective et personnelle, et raconté cet enchevêtrement de culpabilité, déni et confession qui caractérise l’Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale.
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Böll n’était pas le seul intellectuel à s’alarmer des nouvelles méthodes de l’État fédéral au point d’adopter une attitude ambiguë envers le terrorisme d’extrême gauche. Mais aucun ne franchit la ligne rouge autant que Jean-Paul Sartre. Le 4 décembre 1974, ce dernier rendit visite à Andreas Baader en prison. À sa sortie, le philosophe français, qui avait une grande influence auprès des militants de gauche internationaux, déclara à la presse que les détenus de la RAF étaient enfermés dans des cellules isolées, insonorisées et soumis à un éclairage permanent : « Ce n’est pas la même torture que chez les nazis » mais « une autre torture, une torture qui vise à entraîner des perturbations psychiques ». Ces accusations étaient fausses. Sartre n’avait jamais vu la cellule de Baader et les détenus de la RAF n’étaient pas en cellule d’isolement mais pouvaient se rendre visite les uns les autres, même entre sexes opposés, ce qui était un privilège par rapport aux autres prisonniers.
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Des indices affluaient grâce à des sources dans l’armée allemande, à des représentants juifs et à des résistants polonais. Le 17 décembre 1942, les Alliés condamnèrent unanimement ces « méthodes d’extermination bestiale ». La radio britannique BBC retransmit la déclaration qui affirmait notamment : « Personne n’a jamais plus rien entendu des déportés. Ceux qui peuvent travailler sont exploités dans les camps jusqu’à ce qu’ils meurent d’épuisement. Les malades et les faibles meurent de froid ou de faim ou sont froidement assassinés. »
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L'ouvrage est passionnant et fort bien documenté, sans toutefois être exempt d'inexactitudes. Exemple (à la page 186 de la version brochée Libres Champs) : "En 1965, Berlin-Est présenta à la presse internationale un livre intitulé LIVRE NOIR : criminels nazis et criminels de guerre en RFA ...", titre erroné puisqu'ils s'intitulait "LIVRE BRUN : Les criminels de guerre et criminels nazis en RFA et Berlin-Ouest". (titre d'origine : BRAUNBUCH : Kriegs- un Naziverbrechen in der Bundesrepublik und in Westberlin).
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Cette victimisation était symptomatique de l'Allemagne dans les années cinquante, où le manque de sentiment de culpabilité, l'aveuglement conscient et solidaire permettaient au peuple de nier ce qui s'était passé et de s'apitoyer inlassablement sur son sort.
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Il fallait enseigner aux soldats la loyauté et la discipline tout en invitant au sens critique et à l’indépendance d’esprit.
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Le passé que mes grands-parents pensaient enfoui à jamais sous les ruines du IIIe Reich resurgit en janvier 1948 dans la boîte aux lettres, où Karl trouva une enveloppe dont le nom de l’expéditeur annonçait d’emblée l’oiseau de mauvais augure : Dr Rebstein-Metz, avocate – Mannheim. Dans la lettre, brève, l’avocate annonçait que son client, un certain Julius Löbmann vivant à Chicago, réclamait à la Schwarz & Co. Mineralölgesellschaft environ 11 000 Reichsmarks en vertu d’une loi instaurée dans la zone américaine prévoyant des réparations pour les juifs spoliés sous le national-socialisme.
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Je n’étais pas spécialement prédestinée à m’intéresser aux nazis. Les parents de mon père n’avaient été ni du côté des victimes, ni du côté des bourreaux. Ils ne s’étaient pas distingués par des actes de bravoure, mais n’avaient pas non plus péché par excès de zèle. Ils étaient simplement des Mitläufer, des personnes « qui marchent avec le courant ».
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Dès mon adolescence, j'ai toujours vécu le rapport sain des Allemands à l'autorité, à la hiérarchie, comme une grande liberté, une source d'inspiration pour avoir confiance en soi.

(p.328)
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Il y a dans l’air comme le présage d’un orage inéluctable comme si le monde qui m’avait vu naître et grandir se dérobait, comme si les rêves pour lesquelles mes parents ont oeuvré mouraient à petit feu sous mes yeux, comme si l’amnésie était en train de contaminer l’Europe. Les partis politiques à l’origine de mon malaise manient pourtant certains messages qui devraient me plaire : ils affirment vouloir incarner une démocratie plus juste en représentant réellement le peuple, préserver l’Europe de l’islamisme obscurantiste, défendre la liberté d’opinion contre la censure du politically correct et protéger les citoyens contre les excès de la globalisation. Liberté, Europe, démocratie, respect du territoire que de causes que je chéris ! Serais-je en train de verser dans l’alarmisme, la paranoïa ?
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En enquêtant pour ce livre, une question complexe n’a cessé de me tarauder. Dans quelle mesure était-il possible pour des hommes et des femmes ordinaires comme mes grands-parents de ne pas être nazis sois le troisième Reich ? De dire non sans avoir l’étoffe d’un héros ? Sans risquer sa vie ou la déportation dans un camp ? Dans quelle mesure était-il possible de pas être un mitläufer ? Le régime nazi était à double tranchant : d’un côté il déployait un arsenal de séduction suscitant l’admiration, de l’autre il disposait d’un système répressif redoutable inspirant la peur et décourageant toute dissidence. J’imagine qu’il était difficile de ne pas se laisser intimider par la violence des SA, le meurtre et l’envoi de communistes et de sociaux-démocrates dans des camps de concentration. A fortiori lorsque la répression commença à s’étendre aux « asociaux » et « aux ennemis de la communauté » faisant planer la menace d’une arrestation au-dessus de beaucoup de têtes susceptibles d’entrer dans ces catégories aux contours très flous.
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Des hauts gradés de l’armée issus de familles conservatrices aux valeurs chrétiennes bien ancrées allaient organiser le massacre de prisonniers de guerre et de villages entiers. De brillants juristes allaient se fendre de rapports méticuleux destinés à légitimer dans un langage glacial les crimes du Reich. Des experts en civilisation et langues anciennes allaient prêter leurs connaissances pour savoir si telle tribu du fin fond des campagnes de Russie avait au nom du « sang juif », qui avait droit à la vie, qui à la mort. Des médecins allaient se transformer en bourreaux sadiques. Le carriérisme et le conformisme ne suffisent pas à expliquer les métamorphoses qui révèlent du mystère du mal.
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Ils posèrent la question à leurs parents : et vous qu'avez-vous fait sous le IIIè Reich ? Il ne s'agissait plus seulement d'accuser les pires criminels nazis, les hauts responsables, les meurtriers, les monstres, mais de lever le voile sur 'attitude des autres, ces dizaines de millions de Mitläufer qui s'étaient fait oublier à la faveur du tabou qui pesait sur le fait que la majorité du peuple allemand avait été solidaire avec le Führer.
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La société civile en France doit responsabiliser les citoyens quant à leurs devoirs dans une démocratie et mieux s'organiser pour faire entendre sa voix auprès d'un Etat très centralisé.
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Les survivants de l'enfer, soit 3% des 76000 juifs déportés de France, des fantômes vidés de tout, préféraient garder le silence pour ne pas être marginalisés par une société qui, à l'évidence, avait choisi de passer à autre chose. Les rares qui voulaient parler prenaient le risque de ne pas être crus et de subir des comparaisons absurdes entre leurs indicibles épreuves et celles des privations des Français pendant la guerre. p.210
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Ne pas divulguer le secret était la condition sine qua non du bon fonctionnement de la Solution Finale. "Si les gens avaient su, explique une autre victime dans le film, il y aurait évidemment eu un mouvement de panique et les SS auraient tiré sur la foule. Il y aurait eu du sang partout, il aurait fallu laver, transporter les corps, cela aurait été la faille dans la machinerie nazie. Or ils ne pouvaient pas se permettre de perdre une minute car le prochain train entrait déjà en gare."
Cette méconnaissance de la finalité exacte des camps ne dédouane pas le peuple allemand de sa responsabilité de Mitlaüfer, d'avoir laissé persécuter et piller ses voisins, ses collègues, les commerçants de sa rue, d'y avoir parfois participé et d'avoir assisté sans protester aux déportations. Car s'il est vrai qu'il était difficile d'imaginer Auschwitz, il était impossible de n'avoir "rien vu, rien entendu" et, pour certains aussi "rien fait", comme la génération de mes grands-parents a prétendu jusqu'à sa mort. p.194
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"La protestation, c'est lorsque je dis : je n'aime pas ceci, cela. La résistance, c'est lorsque je fais en sorte que ce qui se passe n’arrive plus. La protestation ,c'est lorsque je dis : désormais je ne participe plus. La résistance, c'est lorsque je fais en sorte que tous les autres aussi ne participent plus." Ulrike Meinhof p.153
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"Les procès devraient nous réapprendre ce qui a été totalement oublié en Allemagne au cours des cent dernières années : l'affirmation claire qu'il y a certaines choses qu'on ne peut pas faire sur terre, car elles sont par nature contre toutes les religions et toutes les morales. Lorsque quelque chose qui est exigé est illicite, que ce soit une loi ou un ordre, alors on doit dire non." Selon le procureur, à Auschwitz, l'ensemble du personnel était pareillement coupable de meurtre, qu'il ait été chargé de collecter les vêtements des juifs ou d'exécuter ces derniers. Car, comme il était inconcevable pour quiconque travaillant dans le camp de ne pas en connaître la finalité, chacun remplissait sa mission dans l'entière conscience qu'il servait in fine à faire fonctionner une machine à tuer. p.134
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Toutes les femmes ne vénéraient pas Hitler. Car pour celles qui avaient goûté aux prémices de l'émancipation pendant les années vingt, le régime nazi équivalait à un cinglant recul. En septembre 1934, le Führer dit : "Le terme d'émancipation de la femme est un mot inventé par l'intellect juif. Nous n'estimons pas correct qu'une femme se mêle du monde de l'homme, pour nous il est naturel que les deux mondes restent séparés." p.115
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Des quelques 3500 juifs de Mannheim, qui avaient réussi à s’exiler, près de la moitié s'étaient rendu aux Etats-Unis. Il est aussi possible que justement Julius les évitait, ces rescapés de l'horreur, et que, comme ce sera le cas pour la majorité des survivants de l'Holocauste, pendant des décennies, il préférera garder pour lui les traumatismes endurés.
Lorsque ces témoins silencieux se décideront finalement à parler, vingt, trente ans après la fin de la guerre, ils diront qu'un étrange sentiment de honte les avait rendus muets, celui d'avoir survécu et pas les autres, de ne pas s'être assez battus aussi. p.80
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