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Citations de Géraldine Schwarz (52)


Je me demande souvent ce que j'aurais fait. Je ne le saurai jamais. Ce qui importe, je l'ai compris en lisant ces lignes de l'historien Norbert Frei : que nous ne sachions pas comment nous nous serions comportés "ne veut pas dire que nous ne sachions pas comment nous aurions dû nous comporter". Et comment nous devrions nous comporter à l'avenir.
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Une partie importante de l’élite éduquée adhéra au IIIe Reich, séduite par la mission exaltante de faire renaître un pays de ses cendres pour en construire un nouveau, militarisé, économiquement puissant, respecté dans le monde, lavé de l’humiliation du traité de Versailles. Quant aux commerçants et aux industriels, ils voyaient dans le Reich l’occasion de faire des affaires grâce à la relance de l’économie et étaient rassurés de voir s’éloigner le danger du bolchevisme avec un régime qui proposait d’unir les entrepreneurs et les ouvriers, et non de les opposer
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« Ce n’est pas un Berlusconi qu’il nous faut, il est corrompu, il est vulgaire, c’est un businessman. Il nous faut un homme d’État, un vrai, un homme comme Mussolini. » Devant ma mine décomposée, son voisin expliqua : « Cela fait plus de soixante ans que l’Italie est une démocratie, et quel est le résultat ? Un échec total. La démocratie, ça fonctionne peut-être en Allemagne, mais pas ici. Les Italiens ont besoin d’un pouvoir fort, d’un homme fort. » Les autres acquiescèrent et, en trois coups de fourchette, la démocratie fut mise à mort et le fascisme célébré comme un âge d’or.
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Je vois dans ce décalage les conséquences persistantes du déni de l’Histoire dans lequel la RDA a maintenu son peuple en refusant d’assumer l’héritage du IIIe Reich, sur la base du postulat qu’elle représentait seulement les Allemands communistes, ceux qui avaient combattu le fascisme, et pas les autres. Seulement, avant d’être contrainte de devenir communiste, l’immense majorité du peuple est-allemand avait été nazie. Dans cette construction mensongère, la RDA se voyait logiquement comme une victime du national-socialisme, et c’est sous ce seul angle, et non celui du bourreau qui se repent, qu’était commémorée la guerre. Une grande place était aussi accordée aux souffrances de l’Armée rouge, mais quasiment aucune à celles des juifs
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« Qu’est-ce que je viens d’apprendre, que tu te maries avec un boche c’est une honte pour la famille je savais qu’il y avait des simples d’esprit dans la famille je ne savais pas qu’il y avait une folle, ton père est aussi fou que toi, vous avez réellement perdu la raison, je crois qu’il y a assez de Français sans que tu aies à te marier avec cette sale race. […] Si ta pauvre mère vivait qu’est-ce qu’elle dirait elle qui sait ce que c’est les guerres, elle qui a tant pris, enduré la faim et tout, et toi qui te donnes en pâture à ces hulans. »
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En Estonie ...
Ainsi, en 2012, la publicité pour une pilule amaigrissante montrait une photo de victimes squelettiques d’un camp de concentration nazi accompagnée de la légende suivante : « Les pilules amaigrissantes de Dr Mengele feront un miracle avec toi ! Il n’y avait pas un seul gros à Buchenwald. » Peu avant, une compagnie de chauffage au gaz avait repris la photo d’une grille d’entrée des camps nazis à des fins publicitaires, assortie du texte : « Le chauffage au gaz est souple, commode et efficace. 
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Le Département d’État et la Maison-Blanche avaient décidé de ne pas les laisser entrer, encouragés par une population américaine que le chômage généré par la crise économique avait rendue allergique à l’immigration, surtout à celle des juifs dont on redoutait la concurrence aux États-Unis davantage qu’on ne plaignait leur situation en Allemagne.
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Ma tante se souvient du désespoir de sa mère. « Les Américains étaient déjà dans le pays et ma mère disait : “Nous ne perdrons pas la guerre ! Le Führer gagnera ! Si nous perdons la guerre, je me tue !”
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Comme j'aime cette ville. Parfois, le soir, en rentrant d'un dîner, je flâne à vélo dans le centre historique de Berlin, déserté à cette heure tardive, pour saluer les lieux à l'histoire tourmentée dont je connais les blessures comme si c'étaient les miennes.
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Il y a dans l’air comme le présage d’un orage inéluctable comme si le monde qui m’avait vu naître et grandir se dérobait, comme si les rêves pour lesquelles mes parents ont oeuvré mouraient à petit feu sous mes yeux, comme si l’amnésie était en train de contaminer l’Europe. Les partis politiques à l’origine de mon malaise manient pourtant certains messages qui devraient me plaire : ils affirment vouloir incarner une démocratie plus juste en représentant réellement le peuple, préserver l’Europe de l’islamisme obscurantiste, défendre la liberté d’opinion contre la censure du politically correct et protéger les citoyens contre les excès de la globalisation. Liberté, Europe, démocratie, respect du territoire que de causes que je chéris ! Serais-je en train de verser dans l’alarmisme, la paranoïa ?
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Que pensaient donc Maurice Papon et ses acolytes du service public français lorsque les Allemands leur demandèrent de leur livrer les juifs pour les jeter dans des trains vers l’Est ? Quel intérêt pouvait bien avoir l’occupant d’avoir une France Judenrein, sinon de servir une pure folie génocidaire ?
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Je me demande souvent ce que j’aurais fait. Je ne le saurai jamais. Ce qui importe, je l’ai compris en lisant ces lignes de l’historien Norbert Frei : « que nous nous sachions pas comment nous nous serions comportés « ne veut pas dire que nous ne sachions pas comment nous aurions dû nous comporter ». Et comment nous devrions nous comporter à l’avenir.
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En enquêtant pour ce livre, une question complexe n’a cessé de me tarauder. Dans quelle mesure était-il possible pour des hommes et des femmes ordinaires comme mes grands-parents de ne pas être nazis sois le troisième Reich ? De dire non sans avoir l’étoffe d’un héros ? Sans risquer sa vie ou la déportation dans un camp ? Dans quelle mesure était-il possible de pas être un mitläufer ? Le régime nazi était à double tranchant : d’un côté il déployait un arsenal de séduction suscitant l’admiration, de l’autre il disposait d’un système répressif redoutable inspirant la peur et décourageant toute dissidence. J’imagine qu’il était difficile de ne pas se laisser intimider par la violence des SA, le meurtre et l’envoi de communistes et de sociaux-démocrates dans des camps de concentration. A fortiori lorsque la répression commença à s’étendre aux « asociaux » et « aux ennemis de la communauté » faisant planer la menace d’une arrestation au-dessus de beaucoup de têtes susceptibles d’entrer dans ces catégories aux contours très flous.
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Des hauts gradés de l’armée issus de familles conservatrices aux valeurs chrétiennes bien ancrées allaient organiser le massacre de prisonniers de guerre et de villages entiers. De brillants juristes allaient se fendre de rapports méticuleux destinés à légitimer dans un langage glacial les crimes du Reich. Des experts en civilisation et langues anciennes allaient prêter leurs connaissances pour savoir si telle tribu du fin fond des campagnes de Russie avait au nom du « sang juif », qui avait droit à la vie, qui à la mort. Des médecins allaient se transformer en bourreaux sadiques. Le carriérisme et le conformisme ne suffisent pas à expliquer les métamorphoses qui révèlent du mystère du mal.
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Cette quête de pureté et d'essence, je la retrouve au plus profond de l'âme allemande, dans son dégoût pour la légèreté, son inclination pour l'absolu, dans l'infâme comme dans le beau. Dans sa vision de l'amour aussi, où Goethe et les romantiques allemands ont laissé un héritage indélébile, un amour mystique et prédestiné, unique, torturé et irrationnel, une valeur absolue qui se passe de réciprocité pour exister, quitte à mener au désespoir et à la mort. (...)
Quel contraste avec la "manière d'aimer" à la française, inspirée de l'écriture libertine du XVIIIe siècle puis revisitée par Stendhal, Flaubert et Balzac, où la séduction est érigée en art psychologique et stratégique, où le jeu et la sensualité jouent une part essentielle, où l'on pense avant de ressentir.
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Je n'étais pas spécialement prédestinée à m'intéresser aux nazis. Les parents de mon père n'avaient été ni du côté des victimes, ni du côté des bourreaux. Ils ne s'étaient pas distingués par des actes de bravoure, mais n'avaient pas non plus péché par excès de zèle. Ils étaient simplement des Mitläufer, des personnes "qui marchent avec le courant". Simplement au sens où leur attitude avait été celle de la majorité du peuple allemand, une accumulation de petits aveuglements et de petites lâchetés qui, mis bout à bout, avaient créé les conditions nécessaires au déroulement de l'un des pires crimes d'État organisé que l'humanité ait connu. Après la défaite et pendant de longues années, le recul manqua à mes grands-parents comme à la plupart des Allemands pour réaliser que sans la participation des Mitläufer, même infime à l'échelle individuelle, Hitler n'aurait pas été en mesure de commettre des crimes d'une telle ampleur.
Le Führer lui-même le pressentait et prenait régulièrement la température de son peuple pour voir jusqu'où il pouvait aller, ce qui passait et ne passait pas, tout en l'inondant de propagande nazie et antisémite.
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Ils posèrent la question à leurs parents : et vous qu'avez-vous fait sous le IIIè Reich ? Il ne s'agissait plus seulement d'accuser les pires criminels nazis, les hauts responsables, les meurtriers, les monstres, mais de lever le voile sur 'attitude des autres, ces dizaines de millions de Mitläufer qui s'étaient fait oublier à la faveur du tabou qui pesait sur le fait que la majorité du peuple allemand avait été solidaire avec le Führer.
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La société civile en France doit responsabiliser les citoyens quant à leurs devoirs dans une démocratie et mieux s'organiser pour faire entendre sa voix auprès d'un Etat très centralisé.
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Dès mon adolescence, j'ai toujours vécu le rapport sain des Allemands à l'autorité, à la hiérarchie, comme une grande liberté, une source d'inspiration pour avoir confiance en soi.

(p.328)
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L'ouvrage est passionnant et fort bien documenté, sans toutefois être exempt d'inexactitudes. Exemple (à la page 186 de la version brochée Libres Champs) : "En 1965, Berlin-Est présenta à la presse internationale un livre intitulé LIVRE NOIR : criminels nazis et criminels de guerre en RFA ...", titre erroné puisqu'ils s'intitulait "LIVRE BRUN : Les criminels de guerre et criminels nazis en RFA et Berlin-Ouest". (titre d'origine : BRAUNBUCH : Kriegs- un Naziverbrechen in der Bundesrepublik und in Westberlin).
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