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Citations de Gerard Donovan (72)


De retour au chalet, alors que je tisonnais le feu, il m'a manqué pour la première fois. Mon coeur a cogné comme un fou, moment terrible où l'on saisit le sens de l'expression "disparu à jamais". Elle signifie que plus personne ne vous regarde vivre, ne voit ce que vous faites.
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Si la neige est tardive ,l'hiver arrive porté par une tempete de vent qui chasse toutes les couleurs sauf le blanc,transforme les lacs en crachats gelés,tandis que les arbres dénudés éclatent et se fendent et que les forets s'étendent jusqu'à la peau illuminée et frémissante des aurores boréales.
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Auparavant, une douloureuse sensation d'absence avait parfois troublé l habituel bonheur de ma solitude. On devient pierre, bois, épine sur le sol, vent chargé d'échardes. Avec, pour remède empoisonné, les fleurs avivant toute cette grisaille, le contact d'une main sur le bras, le mot gentil surgi d 'un sourire, baume qui vous apaise, puis vous laisse plus mal en point.
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La buée glaciale de mon haleine s'élevait dans l'air, surgissant de ma bouche, tel un esprit.
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Le silence s'enroulant dans toute la maison comme un lierre et ne se brisant que lorsque l'un de nous se levait pour préparer du thé ou des tartines beurrées. C'était un homme doux et facile à vivre parce qu'il occupait très peu d'espace. Certains êtres sont ainsi mais ils sont rares, et c'est lui qui m'a appris à demeurer tranquille. Nous avions vécu seuls tous les deux, car il ne s'était jamais remarié. Il disait qu'il était l'homme d'une seule femme, même si celle-ci était morte. Voilà comment j'ai appris le sens du mot "fidélité", comment envelopper de chair le terme nu et lui insuffler la vie.
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Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu’à un certain moment j’ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans.
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[...] la vie des chiens étant brève, ils jouissent intensément de chaque instant qui passe. Ils mangent de tout coeur, jouent de tout coeur et dorment de tout coeur.
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le Maine, étoile blanche qui scintille à partir de novembre et domine un coin de ciel glacial. Seules les phrases courtes et les longues pensées peuvent survivre en ce lieu. Si vous n’êtes pas septentrional des pieds à la tête et habitué à passer de longs moments tout seul, ne vous aventurez plus alors dans cette contrée. Les distances s’effondrent, le temps vole en éclats. Les enfants inscrivent leur nom en patinant sur les lacs, des luges tirent des chiens devant elles. On combat l’hiver en lisant toute la nuit, tournant les pages cent fois plus vite que tournent les aiguilles, de petites roues en actionnant une plus grande pendant tous ces mois. Un hiver dure cinquante livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé, vos phrases se replient en un seul mot, le temps suspend son vol, midi ou minuit c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Chaque pas s’enfonce vers le nord. Voilà l’heure du Maine, l’heure blanche.”
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J’ai jeté sur mon ami le monde entier à coups de pelle et en ai ressenti le poids, comme si j’étais étendu à ses côtés dans ces ténèbres. p28
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L'absence d'un être arrive comme un nouvelle saison. Elle se manifeste d'abord par bribes et on la perçoit longtemps avant l'éloignement définitif
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Mon père disait que son père portait tant de guerres sur sa poitrine que c'était un miracle qu'il ait pu se tenir droit : médailles gagnées durant la guerre des Boers, la Première Guerre mondiale, ainsi qu'au cours de petites guerres dont on n'entend plus du tout parler. Escarmouches dans la brousse, par exemple, des vingtaines, voire des centaines de morts.(...)
La Première Guerre mondiale, la bataille de la Somme, la morne terre agricole française où sont tombés un million d'hommes. A ton avis, Julius, combien de personnes gardent le moindre souvenir de cet épisode?
Pas grand-monde, peut-être personne, ai-je répondu.
Mon père a pris sur l'étagère un coffret couvert de velours bleu foncé et l'a ouvert. Voilà donc les médailles.
J'ai gardé les médailles de mon grand-père dans le coffret de velours.
On ne jette pas un million d'hommes comme cela.
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Trop et trop peu n'est pas mesure, disait mon père.
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Mon père était si avare de ses mots qu'il fallait leur ajouter de l'eau pour les faire gonfler afin qu'ils deviennent une phrase compréhensible.
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J'ai du mal à croire à la malchance qu'a eue ton grand-père d'être ainsi rattrapé, m'avait dit mon père.
Rattrapé? avais-je répété.
Oui. Ils (les nombreux soldats sur lesquels il avait tiré en tant que tireur d'élite) l'ont rattrapé. Ca arrive après la bataille.
Voilà. Un fusil quitte le champ de bataille chargé de morts. Ton grand-père avait dû souvent voir leur visage dans la lunette de visée, la mine surprise de l'homme touché, qui se demande pourquoi c'est lui qui a été blessé et non pas son voisin ou un homme à l'autre bout du rang, voire un soldat sur un autre champ de bataille.
Ils avaient été tellement stupéfaits, ces hommes, qu'ils ont rampé sur les mains durant 20 ans, et quand ils ont fini par l'atteindre il dormait dans son lit. Ils ont alors appuyé le bout de leurs doigts sur ses rêves et les ont crevés comme si c'était de la gelée, y ont pénétré, puis se sont redressés. Il les a vus dans cette gelée, absolument tous, vêtus de leur uniforme, les pieds en capilotade dans leurs brodequins, après le long voyage pour envahir ses rêves. Ils ont pointé un doigt sur lui en disant : Tu te souviens de moi? Tu m'as tué.
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Mais il paraît que les yeux restent identiques durant toute la vie : les yeux qui sont témoins de l'enfance le sont également de la vieillesse. Le même cœur bat comme avant la naissance. Je n'avais rien manqué. En fait, lorsque j'y pensais, seules quelques années et quelques expériences nous séparaient, cet enfant et moi, voire la même expérience répétée au cours de nombreuses années. Albert ne devait pas se faire du souci à propos du degré d'intimité que nous allions atteindre avec le temps.
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Je l'avais emmené avec moi pour donner quelque chose à aimer à l’amour qui était en moi.
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Don Quichotte ?
Homme qui avait tant de connaissances dans la tête que cela forçait son esprit à s'envoler hors de son crâne.
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A la question que je n'ai pas posée il a répondu que certains hommes doivent faire souffrir d'autres êtres pour moins sentir la douleur en eux-mêmes.
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Les gens ont leurs raisons et si on est forcé de poser une question a ce propos, c'est donc une question de trop.
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J'ai fait flamber le feu très fort en y jetant de nouvelles bûches puis, une grande tasse de thé à la main, je me suis installé devant le poêle pour regarder les flammes rugir à travers le verre trempé.A ce moment-là,c'est-à-dire avant que je me mette à lire, le silence s'emparait parfois de moi.
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